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vendredi 1 avril 2011

Jalloul Ayed dévoile 17 mesures pour sauver la Tunisie de la banqueroute


"Le ministère des Finances se trouve face à une équation difficile : d’une part gérer les pressions sociales et économiques, et d’autre part préserver les grands équilibres du pays".  A fortiori que l’économie tunisienne traverse une période délicate où tous les voyants sont au rouge. La réponse du gouvernement provisoire à l’urgence socio-économique a été donnée ce vendredi par Jalloul Ayed, ministre des Finances, lors d’une conférence de presse tenue au siège du Premier ministère à la Kasbah.

D’une sérénité digne d’un mélomane, le ministre a reconnu que la situation économique est difficile, avec une baisse de l’activité et de l’investissement dans de nombreux secteurs clés à l’instar du tourisme, du transport, du commerce, du phosphate et des travaux publics, ainsi que la baisse des exportations des biens et services, nonobstant une croissance des exportations des biens au cours des deux premiers mois de l’année.

A cet effet, et en l’absence de mesures urgentes, il est attendu que tous les indicateurs seront en net repli au terme de l’année 2011, avec une croissance variant de 0 à 1%, une baisse des investissements de l’ordre de 1500 MD dont 1000 MD sous forme d’investissements directs étranges (IDE), la création de 15 mille postes d’emplois contre les 80.000 prévus initialement,  un déficit budgétaire de 5 % et une augmentation des besoins en financement extérieur de l’ordre de 5000 MD. Une situation des plus inquiétantes et qui requiert une mobilisation collective, dira Jalloul Ayed, faute de quoi les conséquences seraient dramatiques pour des centaines de milliers de salariés, ce qui risque de torpiller la transition démocratique.

Le  tableau n’est pas rose certes, mais le ministre se dit confiant en la solidité des équilibres généraux de la Tunisie pour qu’elle puisse franchir le cap. "La Tunisie compte respecter ses engagements extérieurs et n’a pas l’intention de demander un rééchelonnement de sa dette, compte tenu de la menace que constitue une telle démarche sur l’indépendance du pays", a-t-il rassuré.

Le ministre des Finances a par la suite décliné les tenants et aboutissants de ce programme d’urgence en 17 mesures horizontales et sectorielles visant à parer au plus pressé, à relancer l’activité des entreprises, et à améliorer, autant que faire se peut, le niveau de vie et le pouvoir d’achat, notamment de nos concitoyens des régions les plus démunies.

Ces mesures s’articulent autour de cinq priorités : sécurité, emploi, appui à l’économie et son financement, développement régional et actions sociales.

Création de 40.000 emplois dont 20 mille dans la fonction publique

Tout d’abord, on ne le répétera jamais assez, la préservation de la sécurité et le retour de la stabilité constituent les préalables primordiaux pour garantir la bonne marche des entreprises, et la relance de l’économie, comme l’a souligné Jelloul Ayed, relevant une amélioration sensible de la situation sécuritaire. Deuxième priorité : l’emploi. Le ministre a fait état de l’aggravation du chômage, annonçant un programme de recrutements exceptionnels de 40.000 emplois, réparti à égalité entre la fonction publique et le secteur privé. Par ailleurs, quelque 200 mille jeunes seront pris en charge à traves les mécanismes de l’emploi dont le programme Amel. La troisième mesure a trait au doublement des montants alloués aux programmes d’utilités publiques dans les régions.

Au volet de l’appui de l’économie et son financement, il est prévu de mettre en place un programme d’appui et de relance des entreprises traversant des difficultés économiques conjoncturelles, de restructurer le dispositif de microcrédits et de financement des PME, de créer des pôles bancaires dans les régions, et d’instituer des mesures fiscales et financières en vue de la relance de l’économe nationale, notamment dans les régions prioritaires, etc.

Quatrième priorité : le développement régional. Et là, le ministre a reconnu que ce programme n’a pas la prétention de faire disparaître le hiatus entre les régions, mais vise à améliorer les conditions de vie dans l’arrière-pays. Il sera ainsi procédé à la révision du budget de l’Etat et de la loi de Finances 2011, avec une réallocation significative des dépenses en faveur des régions prioritaires. Des dotations budgétaires seront allouées aux autorités régionales pour actionner les mécanismes d’emploi et d’aides sociales. La loi de finances rectificative sera publiée fin mai, comme ça été annoncé par le Premier ministre.

Le programme économique et social à court terme comporte, de surcroit, des actions sociales, portant notamment sur le renforcement des aides aux familles vivant sous le seuil de pauvreté, soit 185.000 familles. Par ailleurs, une aide sera accordée aux Tunisiens revenant de Libye, soit 400 dinars par personne et 600 dinars par famille, ainsi que d’autres facilités pour l’accès aux financements.

Ce faisant, le gouvernement provisoire appelle au démarrage des négociations sociales en vue de répondre aux revendications salariales toute en préservant la compétitivité des entreprises. A ce sujet, le ministre qui reconnait le droit de grève, a estimé que ce droit obéit à des règles et ne doit pas aller à l’encontre de l’intérêt national et des objectifs de la révolution.

En réponse aux questions des journalistes, Jalloul Ayed a souligné que le financement de ce programme d’urgence requiert 4 mille MD, dont les sources sont diverses. La Tunisie est en discussion avec les bailleurs de fonds dont la banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la BAD, en vue de contracter des crédits d’appui au budget,  a-t-il fait savoir, écartant tout recours au marché financier. A l’heure qu’il est, le taux d’endettement de la Tunisie est approximativement de 16 milliard de dinars, a-t-il indiqué. Interrogé sur le retard qu’a pris la nomination de PDG à la tête de certaines banques, une question qui revient avec insistance, le ministre a dit "qu’il ne faut pas se précipiter et qu’on doit faire preuve de circonspection pour choisir les personnes idoines en termes de compétence et de qualité professionnelles à même d’accomplir leur mission comme il se doit". Quid du montant des fonds détournés par l’ex-Président ? le ministre a dit ne pas avoir une réponse à cette question, rappelant que des commissions ont été constituées à cet effet.

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