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dimanche 27 mars 2011

Les 10 mots de la révolution tunisienne - 4. "Blogueur"

Envoyés spéciaux du Nouvelobs.com en Tunisie, nos trois reporters ont rapporté dans leur besace des petites provisions linguistiques : dix mots qui résument l'incroyable changement opéré dans ce petit pays depuis le 14 janvier dernier. > Par Nathalie Funès, Céline Lussato et François Reynaert

4 - BLOGUEUR

Le soir de mon arrivée à Tunis trois semaines après le départ du président Ben Ali, je me rends place de la Kasbah, centre névralgique de la contestation, qui, malgré le départ du dictateur, ne désemplissait guère de manifestants.

J'engage la conversation avec quelques personnes. Quelles sont les raisons de leur présence ici ? Participent-ils au mouvement depuis longtemps ? Pourquoi ? L'habituelle prise de contact journalistique à destination du révolutionnaire tunisien... Mes deux, puis trois, interlocuteurs, tous de jeunes hommes, me racontent leur parcours d'étudiant, puis diplômé, puis chômeur... Mais au fait, que font-ils dans la vie? "Blogueurs", me disent-ils.
Pas des journalistes sans emploi, ni des intellectuels menacés par le pouvoir autoritaire de Ben Ali ni même des cyber-poètes maudits. Non, ils sont "blogueurs".
Les réseaux sociaux (Facebook, twitter...) ont joué un rôle primordial dans l'aboutissement de la Révolution tunisienne, puis égyptienne et continuent d'être le ciment de la contestation qui perdure dans le monde arabe en favorisant la diffusion rapide de l'information. Les blogs, par leur côté plus détaillé ont joué et jouent encore dans d'autres pays, un rôle plus proche de celui de la presse alors que celle-ci est muselée.
Si bien que beaucoup de contestataires se sont créés des pages pour témoigner de ce qu'ils voyaient durant les événements, au point de faire de "blogueur" un statut social. Et pas des moindres. Dans la bouche des Tunisois, je finis par avoir l'impression que même le gendre idéal est blogueur. Il faut dire que le nouveau ministre de la Jeunesse est un blogueur...
Quelques jours après, je rencontre donc Slim Amamou. Riche de mon expérience de la soirée à la Kasbah, j'engage la conversation : "- Donc avant d'accéder à vos responsabilités ministérielles vous étiez blogueur? –Euh... j'avais un blog oui mais enfin sinon j'avais une petite société d'applications web". Retour à la normale.

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