7- SEPT
La chasse aux "sept" a commencé. Ben Ali, comme chacun sait, était un brin superstitieux et croyait aux forces occultes (madame aussi). Arrivé au pouvoir le 7 novembre 1987 après voir fait venir sept médecins pour constater les défaillances de son prédécesseur, Habib Bourguiba, il en avait tiré l'implacable conclusion que ce chiffre lui portait bonheur. Inutile de préciser qu'en vingt-trois ans de règne, le raïs a eu le temps d'essaimer son gri-gri. Les rues, avenues, places et monuments du 7 novembre ont envahi les endroits les plus reculés du pays. Les billets de banque, timbres, cartes d'identité ont tous été ornés du fabuleux chiffre. La télévision nationale avait été glorieusement baptisée TV7, l'aéroport international de Tabarka, estampillé "7 novembre". Même les épiceries, coiffeurs, pharmacies et autres petits commerces s'étaient mis à arborer un "7" sur leur devanture, histoire d'amadouer le puissant dictateur... Aujourd'hui, bien sûr, on débaptise à tout va. Le groupe Facebook "Contre le ridicule culte du chiffre 7 en Tunisie" et ses 1351 amis sont en pointe sur le dossier. La compagnie aérienne Sevenair, née le 7/07/2007, a ainsi opté pour un plus neutre Tunisair Express. Idem pour TV7 qui a préféré se faire oublier avec l'impartiale : "Télévision tunisienne nationale". Les appellations les plus en vogues ? "Mohamed Bouazizi", du nom du jeune marchand ambulant de Sidi Bouzid qui s'est immolé par le feu le 17 décembre. Ou mieux : le nouveau chiffre fétiche, celui du jour où Ben Ali a déguerpi. Dans la capitale, la place du 14 janvier (feue la place du 7 novembre) est désormais l'endroit où il faut s'arrêter. Même si, d'après nos calculs, 14, c'est toujours 2 fois 7. Les chauffeurs de taxis s'emmêlent un peu les pinceaux. Mais ils en ont tiré une nouvelle maxime. "Ici, c'est la rue de la Liberté. Avant, on disait qu'on savait où était la rue, mais pas la liberté. Maintenant, c'est le contraire".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire