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samedi 28 mai 2011

Près d'un quart des Tunisiens sous le seuil de pauvreté

Près d'un quart de la population tunisienne vit actuellement en dessous du seuil de pauvreté, et le chômage touche dans le pays 700 000 personnes, dont une majorité de jeunes, selon le ministère tunisien des Affaires sociales, cité par l'agence officielle TAP. Selon les standards internationaux, qui fixent le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour et par habitant, 24,7 % des Tunisiens sont pauvres, d'après les statistiques officielles. L'ouest du pays est le plus touché par la pauvreté, précise le ministère.
Le nombre de chômeurs en Tunisie est, quant à lui, estimé à 700 000 personnes, dont 170 000 titulaires de diplômes universitaires, selon le ministre des Affaires sociales, Mohamed Naceur. Quelque 69 % des chômeurs tunisiens sont âgés de moins de 30 ans. La croissance économique en Tunisie devrait se situer entre 0 et 1 % à peine en 2011, en raison notamment de la crise du tourisme. Ce secteur assure près de 7 % du PIB, mais est à la peine depuis la révolution, qui a mis fin le 14 janvier au régime autoritaire du président Zine el-Abidine Ben Ali. Le gouvernement redoute que le chômage, autour de 13 % de la population active en 2010, ne monte aux alentours de 20 % cette année.
Vendredi, les pays du G8 se sont engagés à octroyer des dizaines de milliards de dollars aux pays du "printemps arabe", dont la Tunisie fait partie, dans le cadre d'un partenariat liant aide au développement, progrès de la démocratie et réformes économiques. Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà annoncé une aide française d'un milliard d'euros à la Tunisie et à l'Égypte.

Tunisie: nouvelles défections de militaires libyens

Vingt-deux militaires libyens, dont plusieurs officiers supérieurs, ont fait défection au régime de Kadhafi et se trouvent actuellement en Tunisie, a-t-on appris samedi de bonne source. Ils sont arrivés vendredi en provenance de Misrata à bord de deux petites embarcations qui ont accosté dans le port de Ketf, près de Ben Guerdane, une ville proche de la frontière avec la Libye.
Bastion rebelle, Misrata (ouest) est le théâtre de combats acharnés depuis le début des affrontements avec les forces loyales à Moammar Kadhafi.
Selon l'agence officielle TAP, les deux barques transportaient au total 34 personnes, dont les militaires, pour "la plupart de hauts gradés". Parmi les civils, deux étaient blessés par balle -l'un à une jambe, l'autre à un bras- et ont été transférés dans un hôpital militaire. Les militaires étaient quant à eux munis de leurs armes qu'ils ont remis à l'armée tunisienne, a-t-on précisé de même source.
Ils se sont refusés à dévoiler leur identité de crainte que leur famille ne soit exposée à des représailles et que l'étau ne se resserre sur d'autres militaires qui voudraient faire défection. Le 15 mai, trois officiers étaient arrivés dans le port de Zarzis (sud) tunisien à bord d'une embarcation. Ils avaient été précédés de plusieurs autres ayant fui également par voie maritime.

Le document de présentation de la Tunisie distribué au G8


Le document de présentation de la Tunisie distribué au G8

Lors d’une séance consacrée «au printemps arabe», le Premier Ministre tunisien Béji Caïd Essebsi, présentera vendredi, un plan économique nécessitant un apport de 25 milliards de dollars (environ 34,5 milliards de dinars) sur 5 ans, dont 5 milliards de dollars à court terme (6,9 milliards de dinars).

Pour aider les journalistes dans leur tâche, les organisateurs du sommet distribueront le texte suivant sur la Tunisie:

« Le peuple tunisien a, en un temps très court, et par la seule force de ses convictions démocratiques, réalisé une révolution pacifique qui fera date dans l’histoire de l’humanité. Les slogans lancés au cours de la révolution par notre peuple tunisien, et par sa jeunesse en particulier, ont puisé leurs sources dans les valeurs universelles : liberté, justice et démocratie. En tant que peuple majoritairement musulman, il a montré que l’Islam et la Démocratie sont deux notions parfaitement compatibles.

Aujourd’hui, la Tunisie se retrouve à un tournant de son histoire. Le pays est au seuil d’un processus de démocratisation fondamental qui peut s’appuyer sur des grands acquis, mais qui doit également faire face à de graves dangers qui risquent de grever le processus de transition démocratique. La Tunisie compte sur ses propres forces pour faire aboutir ce processus, mais elle a aussi besoin du support volontariste de la communauté internationale pour réussir sa transition économique et sociale.

A cette fin, la Tunisie a engagé un Programme de développement économique ambitieux articulé autour de cinq priorités :

• améliorer la gouvernance publique,
• accélérer l’équipement en infrastructures,
• développer le capital humain,
• Approfondir l’intégration économique dans les marchés internationaux,
• moderniser le secteur financier pour financer la croissance.

Le support du G8 sera déterminant pour la mise en œuvre de ce programme et donc pour la réussite de la transition économique, politique et sociale de la Tunisie.

La Tunisie est également persuadée qu’un partenariat réel passe par une meilleure compréhension entre les peuples. Elle appelle à l’établissement de programmes en faveur des jeunes dans le cadre d’échanges culturels et d’échange de jeunes volontaires ; en particulier,

• la participation dans les réseaux et programmes de l'Union Européenne dans le domaine de l’enseignement et de la recherche et la reconnaissance mutuelle des diplômes,

• la mise en place d’un partenariat de mobilité touchant notamment les étudiants, les enseignants, les chercheurs et les personnes d’affaires (bourses d’études, stages, etc.),

• une gestion concertée des flux migratoires dans une approche de co-développement.

La Tunisie mesure pleinement l’effort qu’elle sollicite auprès de la Communauté internationale et elle prendra naturellement toutes les dispositions pour assurer à la fois une efficacité et une transparence maximale pour cette aide. La Tunisie entend engager un véritable partenariat avec les bailleurs internationaux, fondé sur un dialogue régulier, avec des engagements mutuels par étapes.

I - Un rendez-vous avec l’Histoire

Le peuple tunisien a, en un temps très court, et par la seule force de ses convictions démocratiques, réalisé une révolution qui fera date dans l’histoire du monde arabe, voire de l’Humanité. Les slogans lancés au cours de la révolution par le peuple tunisien, et par sa jeunesse en particulier, ont puisé leurs sources dans les valeurs universelles : liberté, dignité, justice et démocratie. En tant que peuple majoritairement musulman, il a montré qu’Islam et Démocratie ne sont pas deux notions incompatibles.

La Tunisie souhaite écrire une nouvelle page de son histoire, en bâtissant sur les valeurs légitimes de cette révolution, une société moderne, saine, équilibrée et ouverte, fondée sur:

• Une stabilité politique saine et durable, basée sur une démocratie avec des institutions solides, au service du peuple et seulement de ce dernier, simples et transparentes, ne tolérant ni la corruption ni le clientélisme,

• Un équilibre juste dans le développement des régions du pays et entre les couches sociales afin d'endiguer les fractures structurelles économiques et sociales (pauvreté et chômage) et d’accroître le bien être de la population tunisienne,

• Un rôle actif d'intégration et de développement dans la région euro-méditerranéenne, du monde arabe et du Maghreb, véhiculant les valeurs de sa révolution et avec une ouverture marquée a tous les acteurs.

La Tunisie se retrouve aujourd’hui à un tournant de son histoire. Le pays est au seuil d’un processus de démocratisation fondamental qui s’appuie sur des acquis mais qui doit également faire face à de graves dangers. Les conséquences économiques sociales et surtout politiques d’un échec seraient en effet désastreuses pour la Tunisie et ses voisins les plus proches, en Afrique du Nord comme en Europe. La Tunisie compte sur ses propres forces pour faire aboutir ce processus, mais elle a besoin en même temps du support volontariste de la communauté internationale pour réussir sa transition économique et sociale : la révolution tunisienne est un bien public mondial, son échec constituerait une perte pour l’humanité.

La Tunisie possède des atouts importants pour réussir cette transition : taux d’alphabétisation élevé, classe moyenne développée, statut très avancé pour les femmes et haut niveau d’éducation de la population. En outre, la compétitivité de l’économie Tunisienne, s’ajoutant à un positionnement stratégique dans le bassin méditerranéen, positionne la Tunisie comme un carrefour économique majeur. Ces atouts ont été consolidés par les acquis de la révolution tunisienne: disparition d’un système mafieux qui ponctionnait l’économie et entravait la libre concurrence et la liberté d’investissement, liberté d’expression sans entrave, instauration d’un dialogue national entre toutes les sensibilités politiques, et choix de la parité totale sur les listes électorales.

Ces atouts ont déjà séduits plus de 3000 entreprises internationales, ce qui fait de la Tunisie le premier pays d’implantation des entreprises étrangères au sud de la Méditerranée. Appuyées et soutenues par leurs employés, ces entreprises, comme leurs homologues tunisiennes, ont fait preuve d’une admirable capacité de résilience et d’adaptation au contexte socio-économique, avec l’instauration d’un nouveau dialogue social et d’une approche citoyenne. Elles ont pour la plupart d’entres elles maintenu leurs recrutements et leurs projets d’investissements

Néanmoins, la Tunisie doit répondre à deux défis structurels, l’un économique l’autre social, et dont la résolution est un pré-requis à sa stabilité. Premièrement, le chômage des jeunes qui a atteint un niveau historique (30% de chômage parmi la population 20-24 ans) doit être réduit rapidement pour redonner espoir à la jeune génération tunisienne. Deuxièmement, les disparités économiques et sociales régionales doivent être résorbées en encourageant la redistribution des richesses et en désenclavant les zones rurales.

La Tunisie doit en outre surmonter une situation critique à court terme. Les incertitudes nées de la transition ont eu un impact conjoncturel négatif sur l’économie tunisienne avec un coût estimé à près de 5% du PIB du pays. Les prévisions de croissance sont faibles, le budget de l’Etat et la balance commerciale ont été négativement affectés et les investissements directs étrangers ont diminué. Enfin, les répercussions de la situation en Libye induisent plus de 200 millions de dollars de pertes par mois – la Lybie étant jusqu’à l’année dernière le deuxième partenaire commercial de la Tunisie. La Tunisie a également assuré le transit de plus de 300 000 personnes en deux mois, a soigné dans ses hôpitaux des milliers de blessés, et doit supporter le coût du retour des milliers de tunisiens auparavant employés sur le sol Libyen et venus grossir les rangs des chômeurs.

II - auquel nous invitons la communauté internationale

Le peuple tunisien s’est engagé aujourd'hui avec détermination dans la construction d’un État démocratique, stable et prospère, fondé sur des institutions pérennes. La Tunisie a engagé toutes ses ressources dans cette transition ; elle n’y parviendra toutefois pas seule.

Les transitions démocratiques engendrent souvent « une courbe en J » : une perte de croissance liée à une instabilité temporaire, avant une reprise politique et économique. La Tunisie a besoin de l’aide de la communauté internationale afin d'éviter la phase de décroissance initiale que son économie et sa société ne peuvent pas se permettre. En l’absence d’aide internationale, le risque est grand que la Tunisie n’entre dans un cercle vicieux, la pauvreté et augmentation du chômage entraînant l’instabilité politique et l’isolationnisme qui, à leur tour, induiraient l’accroissement de la pauvreté et du chômage. Au niveau international, la conséquence en serait la propagation des extrémismes, ainsi que la multiplication des vagues de migrations.

L’aide de la communauté internationale est nécessaire à la fois pour contribuer aux investissements structurels vitaux pour la Tunisie et pour l’aider à faire face aux risques économiques de court terme.

Cette aide doit se décliner en:

• aide immédiate,
• soutien à un plan de développement économique et social sur 5 ans,
• soutien à l’accès aux marchés et au développement du partenariat,
• soutien au rapprochement et au dialogue entre les peuples.

C’est de cette manière que le G8 et l’ensemble de la communauté internationale pourront prendre toute leur part à ce rendez-vous avec l’Histoire que la Tunisie a provoqué.

III - tout en nous engageant

La Tunisie mesure pleinement l’effort qu’elle sollicite auprès de la Communauté internationale et elle prendra naturellement toutes les dispositions pour assurer à la fois une efficacité et une transparence maximale pour cette aide. En particulier:

• Les fondamentaux économiques de la Tunisie sont sains et les perspectives à moyen et long terme très encourageantes : l’appui ponctuel du G8 permettra de relancer la dynamique économique du pays, freinée par un contexte politique et international particulièrement difficile.

• La Tunisie s’appuiera sur des organismes stables et au professionnalisme reconnu pour piloter l’utilisation des fonds. Le pilotage reposera notamment sur la Caisse des dépôts et sur le fond intergénérationnel, ainsi que sur les administrations dédiées aux infrastructures et à l’emploi. La pérennité de l’administration tunisienne et la qualité de ses fonctionnaires — qui ont su par le passé mettre en œuvre des programmes de développement aux résultats très positifs — représentent une garantie réelle de continuité des projets lancés.

• La Tunisie mettra en place un dispositif dédié et centralisé de reporting, assurant une communication régulière à l’attention des bailleurs de fonds internationaux. L’attribution des marchés se fera dans le respect des meilleures pratiques internationales.

CONCLUSION

La Tunisie est à l’avant-garde de la transition démocratique arabe. Sa population a atteint un haut niveau d’éducation. Le statut, exceptionnel pour le monde arabe, qu’y a acquis la femme est un grand facteur d’espoir. Le succès de cette transition offre l’opportunité de démontrer qu’il est possible de bâtir une démocratie, stable et ouverte sur le monde, dans le monde arabe.

Le plan de développement économique et social élaboré par la Tunisie et présenté au G8 est un projet cohérent, répondant à une stratégie de long terme, permettant de générer une croissance durable et partagée. Le soutien du G8 sera déterminant pour en assurer le succès. »

Tunisie. Les raisons de l’impossibilité d’organiser les élections le 24 juillet

Le président de la Haute instance indépendante pour les élections a réaffirmé, jeudi, l’attachement de l’instance à la date du 16 octobre pour les élections de l'Assemblée nationale constituante.
Kamel Jendoubi, qui s’exprimait, jeudi, à Tunis, au cours d’une conférence de presse, a commencé par démentir les rumeurs qui circulent au sujet de sa démission de son poste, précisant que «la question de la démission n’a pas été soulevée ni à l’intérieur ni à l’extérieur de l’instance». Il a également nié l’existence de divisions au sein de l’instance sur la date de la tenue des élections.
Un cadre juridique contraignant L’instance, a-t-il expliqué, poursuivra sa mission conformément au calendrier établi pour l’organisation d’élections libres et démocratiques, faisant remarquer que ce calendrier a été présenté, la veille, au Président de la république par intérim et au Premier ministre du gouvernement de transition qui, a-t-il dit, s’est engagé à garantir tous les moyens nécessaires afin de permettre à l’instance de s’acquitter, pleinement, de sa mission.
Il a indiqué que la Haute instance s'est réunie, jeudi matin, avec la majorité des partis politiques pour leur annoncer la décision de l’instance concernant la date des élections et écouter leurs observations et interrogations au sujet de cette échéance électorale.
Le cadre juridique régissant l’instance, a-t-il souligné, est le décret-loi n°27 portant création de la Haute instance indépendante pour les élections et le décret-loi n°35 relatif à l’élection de l’Assemblée nationale constituante.
«Ces deux décrets-lois, a-t-il ajouté, prévoient des délais clairs qui ne peuvent être modifiés, précisant que la modification du corps de ces deux textes ne peut qu’affecter leur caractère juridique, ce qui rend ces délais contraignants et obligatoires, en l’occurrence le délai de 60 jours pour la convocation des électeurs, celui de 45 jours avant la date des élections pour présenter les listes candidates et un délai de 30 jours pour la publication des listes des électeurs».
Le cadre logistique n’est pas encore au pointSi l’on maintient la date du 24 juillet pour les élections de la Constituante, a expliqué M. Jendoubi, les listes d’électeurs devant être établies 45 jours avant l’échéance requise, devraient être fixées le 2 juin prochain. Ce qui est une mission impossible, en l’absence d’un règlement intérieur régissant les actes de l’instance et dans la mesure où ses différentes sections en Tunisie et à l’étranger n’ont pas encore été mises en place. Il est question, également, a-t-il ajouté, du problème de recrutement et de formation du personnel nécessaire, en plus de la non-affectation, jusqu’à présent, d’un budget à l’instance. Des démarches sont en cours et 10 millions de dinars d’avance vont être versés dans les prochains sur un compte courant de l’instance.
Il y a lieu, aussi, de constater, a-t-il poursuivi, l’impossibilité d’identifier automatiquement les adresses des électeurs dans la base des données, précisant que l’identification de ces adresses devrait être prête 45 jours avant la date de cette échéance électorale, soit le 2 juin. M. Jendouba a, également, fait état des erreurs constatées dans les adresses inscrites dans les cadres d'identité nationale, relevant que 13% de ces adresses sont fausses.
Casse-tête du renouvellement des listes électoralesL’instance, a-t-il indiqué, estime que 400.000 électeurs détiennent des anciennes cartes d’identité nationale, ce qui les empêche d’accomplir leur devoir électoral, évoquant, aussi, le risque de falsification de ces cartes. Le temps qui reste ne saurait permettre, par ailleurs, le renouvellement de ces vieux documents, les services compétents du ministère de l’Intérieur ne pourraient réaliser plus de 3.000 cartes par jour.
Compte tenu des difficultés d’identifier avec exactitude les adresses des électeurs aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger, a-t-il ajouté, la haute instance a jugé indéniable que les électeurs s’inscrivent volontairement dans les listes électorales, faute de quoi plusieurs tunisiens seront privés de leur devoir électoral.
Evoquant l’impact, de l’attachement de la Haute instance indépendante pour les élections au report de la date des élections, sur l’opinion publique, M. Jendoubi a indiqué que «la révélation de la pure vérité au citoyen tunisien est un devoir national», réaffirmant sa confiance en l’intelligence, la conscience et la pondération du citoyen.
L’instance, a-t-il encore souligné, travaille de concert avec le gouvernement de transition et les partis politiques sur la base de la responsabilité, de la sincérité et de la neutralité.

Tunisie. Appel aux victimes non encore déclarées

La Commission Taoufik Bouderbala appelle les victimes non déclarées des abus commis au cours de la révolution et jusqu’à aujourd’hui à déposer leurs dossiers auprès de ses services.

La Commission nationale d’établissement des faits sur les dépassements et abus commis au cours des dernières événements a appelé toutes les personnes sinistrées (blessés et familles des martyrs), durant la période allant du 17 décembre 2010 jusqu’à aujourd’hui, et qui n’ont pas encore déposé leurs dossiers à la commission, à le faire dans les plus brefs délais.
Dans un communiqué rendu public vendredi, la commission précise que ces dossiers doivent être déposés soit directement en son siège sis au 21, Avenue Kheireddine Pacha, Tunis, soit envoyés par fax au numéro suivant: 71.800.249.
Pour davantage d’informations, ces personnes peuvent contacter la commission aussi bien sur la ligne verte: 80103333 que par téléphone: 71.840.574.

Tunisie. Devoirs des partis politiques avant et après l’élection

Mongi Karrit écrit – Le 24 juillet ou le 16 octobre 2011? Un choix difficile et lourd de conséquences pour les partis, le gouvernement et le peuple.

La date du 24 juillet pour l’élection de l’Assemblée constituante a été décidée par le Président de la République. On se rappelle le grand soulagement qu’a senti le peuple à son annonce et au discours du Premier ministre. La feuille de route élaborée par le gouvernement était claire et rassurante. Les élections de la Constituante seraient confiées à une instance indépendante. Mais, juste après, le parti communiste, qui ne semblait pas être suffisamment préparé auxdites élections, commença à manifester son souhait de reporter ladite date.
Querelles autour d’une échéance D’après le discours du Premier ministre, certains partis ont même cherché à forcer leur report en étant à l’origine de violences et d’actes de vandalismes dont ont souffert des régions comme Siliana. Les allusions dudit discours ont obligé des partis à réagir immédiatement pour exprimer leur volonté de respecter la date du 24 juillet. Actuellement, près de 40 partis insistent sur le respect de la date du 24 juillet, évoquant la précarité de la situation économique et sociale du pays, l’absence de structures légales élues par le peuple et les risques d’instabilité et d’insécurité. Aucune importance n’est accordée à la transparence du processus et la fiabilité des résultats des élections. La proposition de report de cette date par la Haute instance indépendante pour les élections n’a pas été acceptée et celle-ci en a été sévèrement critiquée en conséquence.
D’autres partis, anciens et nouveaux, soutiennent le report desdites élections, leur unique souci semblant être le gain du plus grand nombre de sièges de la future constituante. Certains sont même disposés à s’allier avec le diable pour arriver à leurs fins: des tractations, des opérations de séduction, des alliances électorales aux dépens de leurs idéologies et des façons de faire qui nous déplaisent, nous Tunisiens qui n’avons jamais vu de telles pratiques.
La soif du pouvoir émerge sur le lot Je crois fermement qu’ils cherchent leur intérêt aux dépens de l’intérêt national. Ils n’ont pas soutenu le gouvernement dans ses efforts pour rétablir l’ordre et la stabilité. Au contraire, ils ont cherché à l’affaiblir par le biais de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. On n’entend que les critiques qui fusent de toutes parts. Il n’y a eu, ces derniers jours, que quelques déclarations de soutien, pour la plupart faites en retard et probablement sous l’effet de chaîne. Le problème de sécurité à leurs yeux est la responsabilité totale du gouvernement. L’encadrement populaire leur semble inconnu. Pourtant, à ma connaissance, le rôle des partis est de contribuer à l’organisation de la vie des citoyens d’un pays.
Plus de 80 partis déjà, pourtant un maximum de 10 partis aurait suffi : la droite, l’extrême droite, les libéraux, les socialistes, les communistes, les nationalistes, les verts, les  centristes. Des appellations similaires et des slogans partagés par la majorité (justice, démocratie, etc.). Le déclaré dans les médias est le contraire du pratiqué sur le terrain. Des fronts se font et se défont.
Les futurs candidats de ces partis aux élections vont-ils me représenter? J’en doute fort. Des desseins obscurs se cachent derrière leurs déclarations. La soif du pouvoir émerge sur le lot. C’est la ruée vers le pouvoir. L’intérêt national ne leur est pas primordial. Les campagnes électorales ont commencé avant la date officielle. Des partis qui persistent à refuser de signer la charte républicaine en prétextant des arguments juridiques alors que cette charte est le garant de la préservation des acquis d’une société de démocratie, de liberté et de modernité. Les orientations de la constituante sont incertaines car des alliances pourraient favoriser le retour en arrière. Il y a des partis qui nous annoncent des programmes économiques pour la période à venir alors qu’ils savent pertinemment que l’Assemblée constituante a pour mission principale l’élaboration d’une nouvelle constitution dans un délai ne dépassant pas les douze mois. Les partis au pouvoir ne pourront pas réaliser des programmes économiques et sociaux comme ils prétendent le faire. Malgré le soutien financier international au processus de transition démocratique, le mécontentement populaire des régions défavorisées ne sera pas apaisé du jour au lendemain. Le chômage ne baissera point, au contraire, il faudrait compter avec les nouveaux chômeurs : les nouveaux diplômés et les déportés de Libye. Les investisseurs tarderont à s’implanter à l’intérieur et les projets visant le développement régional ne seront réalisés du jour au lendemain. La tâche ne sera pas facile aux nouveaux gouvernants.
Il y a de l’espoir Donc, il convient de rappeler à ces partis les devoirs historiques qui les attendent. On ne veut pas de politiques différents au sein de l’assemblée. Ce que l’on veut c’est des personnes qui représentent le peuple Tunisien, veulent son bien et œuvrent pour la démocratie, la liberté et la modernité. Les assoiffés de politique auront l’occasion de nous exposer leurs programmes ultérieurement lors des élections succédant la mise en œuvre du nouveau «destour».
Il y a, quand même, une lueur d’espoir. J’espère qu’il y aura une prise de conscience au niveau des partis et que le peuple saura pour qui voter et élira aussi des personnalités indépendantes qui influeraient positivement sur les choix politiques et démocratiques au sein de cette assemblée. La contribution de ces derniers et celle des associations et des organisations seront cruciales.

La révolution tunisienne et l’émergence d’un rap réactionnaire

Fayçal Abroug écrit – L’appel du rappeur Psycho M au meurtre du cinéaste Nouri Bouzid, accusé d’orienter les jeunes vers les valeurs de l’Occident, ne devrait pas être pris à la légère.
Un rappeur qui mérite amplement son surnom a tenu, lors d’un meeting, des propos pouvant obtenir facilement droit de cité dans un discours fasciste et néonazi, devant un parterre surexcité – du moins en partie au regard des images diffusées, à titre d’information, par quelques chaines de télévision – et prêt à en découdre par les armes avec un cinéaste tunisien désigné nommément sous les cris hystériques d’Allahou Akbar, et prêt probablement à lapider les mécréants de tout bord: cinéastes, hommes et femmes de théâtre, actrices, écrivains, poètes, chanteurs, peintres, et la liste est loin d’être exhaustive. Je parle délibérément de propos et non de chanson et encore moins de musique. De fait, il lance un appel au meurtre, à la liquidation à la kalachnikov du cinéaste dont il ne partage pas les opinions si on peut parler en l’occurrence d’opinion.
Ce rappeur dont le rap est, semble-t-il, monnayé politiquement par certains, n’est malheureusement pas un cas isolé; d’autres aussi, selon ceux qui connaissent ce milieu, sont adeptes de l’idéologie de la mort, quoique d’une manière timorée.
La justification est pire que la fauteEn attestent les propos tenus par un autre rappeur, propulsé au rang d’héros national voire international, sur un plateau de télévision, dimanche 22 mai, sur une chaine qui s’est intronisée vox populi et qui nous rappelle inlassablement, avec une modestie au-dessus de tout soupçon, à travers un slogan publicitaire annonçant la rediffusion d’anciennes émissions, ne pas avoir attendu le 14 Janvier! Propos destinés à justifier ceux de son confrère et que je traduis textuellement: «Je ne crois pas que Psycho M veut vraiment tuer Nouri Bouzid. Cest du sens figuré». Et il ajoute qu’il n’est pas d’accord avec le cinéaste parce qu’«il emmène les jeunes vers la mentalité occidentale et que ce qu’il fait ne respecte pas l’islam».
Selon un proverbe arabe, la justification est pire que la faute car dire qu’il faut prendre au sens figuré les propos de son ami, c’est conférer à ces propos une valeur symbolique et dire donc, consciemment ou inconsciemment, que la mise à mort du cinéaste est une mise à mort symbolique, autrement dit c’est une mise à mort de tout ce qu’il incarne, à tort ou à raison, comme choix culturels et esthétiques, en un mot comme projet de société.
Quant à l’argumentaire éculé autour du respect du contexte arabo-musulman que des inquisiteurs, toutes écoles confondues, brandissent à tout bout de champ pour censurer toute création artistique qu’il s’agisse de littérature, de théâtre, de cinéma ou d’arts plastiques, pour peu qu’elle ne corresponde pas à leur vision du monde, un monde obsolète; il mérite qu’on s’y arrête ne serait-ce que pour ne pas se cantonner dans le champ étroit du rap et dévoyer ainsi la réflexion dans une polémique terre à terre et stérile. Un argumentaire fallacieux car il participe d’une vision figée et réductrice du référent culturel arabo-musulman parce que généralisante et anhistorique. Une vision idyllique qui transforme un passé révolu en un tout indivisible, une entité d’une homogénéité sans faille et d’une pureté immaculée sur le plan linguistique, culturel et religieux, occultant ainsi les différences, les divergences, voire les conflits entre les diverses doctrines religieuses, les écoles d’exégèse, les courants de pensée, sans parler des influences culturelles subies au contact des us et coutumes des contrées conquises.
Faire valoir cet argumentaire c’est réduire donc une civilisation arabo-musulmane plurielle à sa seule expression métaphysique et théologique, elle-même, faut-il le répéter, plurielle; c’est surtout nier la diversité et la richesse d’un patrimoine culturel qui a su traverser l’histoire de l’humanité dans une interaction créatrice avec les autres langues et les autres cultures; un patrimoine partie prenante de la civilisation universelle à laquelle des Arabes et des musulmans d’une autre trempe ont contribué sans complexes et sans les obstacles moraux factices dressés, de nos jours, par des esprits chagrins qui pleurent un passé révolu idéalisé en dehors de toute lecture historique objective qui permette d’appréhender le présent et d’envisager l’avenir.
Face à la déferlante réactionnaire et rétrograde Al Hallej, Ibn Rochd, Ibn Khaldoun, Ibn Hazm, Al Maârri, Abou Nawas, pour ne citer pêle-mêle que ceux-là, des références, entre autres notoires de notre patrimoine culturel, dont certains avaient été jugés hérétiques par les censeurs de leurs époques respectives, seraient-ils le produit d’un complot interplanétaire ourdi par l’Occident mécréant et débauché l’encontre de l’islam et des musulmans?
Et puis, si on devait énumérer tout ce qui, dans la civilisation moderne et postmodernité, s’accommode très mal de la culture arabo-musulmane vécue comme un carcan immuable, la liste risque d’être un peu longue à commencer par le rap.
Où irions-nous si on laissait les vannes ouvertes à cette déferlante réactionnaire et rétrograde qui cherche à tirer parti de la précarité de la situation post révolution pour inonder les plages paisibles d’une contrée à la civilisation millénaire? Allons-nous avoir, à l’instar de certains pays «frères», une brigade des mœurs qui choisit pour nous les chansons à écouter, les feuilletons, les films et les pièces de théâtre à voir ou les livres à lire? Des iconoclastes d’un autre âge ne se sont-ils pas spécialisés, outre la vindicte et le lynchage médiatique, dans les procès spectaculaires intentés, pour un oui pour un non, à des actrices, cherchant par des actions en justice à suspendre la diffusion d’un feuilleton télévisé (‘‘Al Jamaâ’’; ‘‘Al Massih’’; ‘‘Youssouf Assedik’’) ou à empêcher la réédition d’un livre (‘‘Les Mille et une nuits’’)?
Peut-on dire en plagiant Jean Ferrat qu’en Tunisie on peut dormir à l’abri? Dans ce balbutiement démocratique que nous vivons des prémices sur lesquelles il est inutile de revenir, nous interpellent.
Pour revenir à mon propos de départ, à savoir cette forme singulière de rap, je tiendrais, en tant que citoyen, pour complice toute radio, toute chaine de télévision qui diffuserait ce vomi de haine, cette culture de la négation de l’autre fût-elle servie sous le label du sacré.
* Inspecteur pédagogique et ancien président de la Fédération tunisienne des ciné-clubs.

vendredi 27 mai 2011

Forum Tuniso-Français de la société civile: «La révolution tunisienne est apolitique», déclare Iyadh Ben Achour

La Cité des sciences à Tunis a accueilli, avec le soutien de l’ambassade de France, de l’Agence française de développement (AFD) et de l’Institut français de Coopération (IFC), du 20 au 21 mai 2011, le Forum tuniso-français de la société civile, une manifestation multidisciplinaire, dont l’un des objectifs majeurs, c’est de favoriser, sur de nouvelles bases, à l’aune du printemps arabe et de la révolution du jasmin, le dialogue, le contact, le transfert d’expertises, l’échange des compétences et le réseautage entre les associations et les ONG des deux rives de la Méditerranée, unies, plus que jamais, nous dit M. Zine El Abidine Ben Aissa, porte-parole du collectif Randet -réseau associatif luttant contre les économies prédatrices-, dans un même combat en faveur des droits sociaux, du développement solidaire, de l’intégration régionale, de la circulation de l’information, des échanges universitaires et artistiques.
A ce moment décisif et historique de toute la région de l’Afrique du Nord, où l’Etat centralisé apparaît de plus en plus long par rapport à la société des réseaux, des thèmes liés à la solidarité, à la femme, à l’environnement, à la citoyenneté, à la démocratie, à la durabilité du développement et aux enjeux planétaires de la bonne gouvernance, ont été abordés, dans la ferveur et l’enthousiasme, dans des ateliers thématiques où des militants associatifs tunisiens du Collectif Randet (protection de la nature), Sawty (la vie civique), d’Amal (la femme) et d’Enda Inter-Arabe (microcrédit) ont exprimé, aux côtés de leurs partenaires français, leur soif de liberté, de tolérance et de valeurs démocratiques universelles.
«La révolution tunisienne, assimilée à un message, à une parole, est apolitique. Consensuelle. Lapidaire. Tout en battant le rappel des lésés, des laissés-pour-compte de la croissance, des déshérités et des marginaux, elle a eu lieu sans l’apport de ces politiciens professionnels, objet de tous les égards et de tous les honneurs dans la terminologie léniniste», déclare d’emblée Iyadh Ben Achour, président du Haut Comité pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, de la Réforme Politique et de la Transition Démocratique, dans son discours d’ouverture du Forum tuniso-français de la société civile, pour qui la faune politique locale est venue se greffer sur un processus révolutionnaire, spontané à la base, dont la lame de fond est en train de modifier radicalement les structures mentales de la population tunisienne, d’initier de nouveaux comportements civiques, d’araser les différences sociales et d’ouvrir la voie à des donnes stratégiques nouvelles dans toute la région méditerranéenne.
Pour notre interlocuteur, la chute de la dictature en Tunisie est l’œuvre de la société civile. De l’internet. Des blogueurs. De la cyberépoque. Des activistes de la toile. Du citoyen-monde. Et non pas des partis politiques, des planificateurs sans scrupules, des exécuteurs de stratégies de prise de pouvoir, dont la feuille de route peut, à tout moment, aboutir à la perte du bien commun, au renforcement de la contre révolution, de plus en plus agissante et au retour des forces occultes, tant redoutées depuis le triomphe de la révolution de la dignité et de la liberté.
Dans ces conditions, insiste notre vis-à-vis, les militants associatifs tunisiens, véritables acteurs de la vie publique, dont la vitalité est nécessaire à la protection de la révolution, généreux, persévérants et généralement rebelles à toutes les formes d’encasernement, sont dans l’obligation de demeurer vigilants, de continuer à dénoncer les rapports de soumission, de peser sur les décisions politiques, qui engagent l’avenir de la nation, de cultiver la mobilisation générale autour des mots d’ordre liés à la liberté d’expression, au respect de l’alternance, à la libération des énergies motivationnelles, à la promotion des initiatives citoyennes et à l’écologisation progressive de l’économie nationale.

Tunisie - Instance indépendante des élections : «Nous restons dans une logique de consensus et non pas de bras de fer», déclare Kamel Jendoubi



«Je suis indépendant!», lance d’emblée Kamel Jendoubi, président de l’Instance Indépendante des Elections, lors de la conférence de presse du 26 mai 2011. Une indépendance qu’il réclame fortement, après l’annonce de la décision finale de l’instance de la date des élections, soit le 16 octobre 2011. «Nous ne sommes pas habitués à cette indépendance. Aujourd’hui, nous avons eu une rencontre avec les partis politiques. Jusqu’à maintenant, les organismes publics sont restés très attachés à l’Etat. Ce qui fait que cette rencontre c’est une première en son genre», défend-il.

Cette rencontre avait pour but de présenter à tous les partis politiques l’agenda électoral et expliquer les raisons du maintien de la date du 16 octobre 2011. Une rencontre qui s’est plutôt bien passée, affirme M. Jendoubi, avant d’insister sur le fait que les partis politiques ont le droit d’exprimer leurs avis, tant que ceci ne touche pas la crédibilité et la neutralité de l’instance. «N’attendez pas de nous un commentaire sur une position politique ou gouvernementale. Nous nous attachons à notre indépendance et notre neutralité», lance-t-il.
Neutralité?
Le président de l’Instance ajoute que l’instance n’est pas dans une logique de bras de fer avec le gouvernement et les partis politiques. Le gouvernement a annoncé auparavant son attachement à la date du 24 juillet 2011 ainsi que certains partis politiques. «Nous sommes plutôt dans une logique de consensus. Ce n’est pas une question de date mais de processus électoral. Les élections de l’Assemblée Constituante ne pourront pas se réaliser dans la date initialement prévue», explique-t-il.
De son côté, Boubaker Bethabet, secrétaire général de l’instance, précisera que la première date a été décidée avec l’objectif de réaliser une élection présidentielle prématurée. Après s’être mis d’accord sur des élections d’une Assemblée Constituante, elle n’est plus valable, selon lui, puisque le processus est plus compliqué et l’agenda est largement différent. «Cet agenda a été publiquement annoncé et nous n’allons pas y renoncer», affirme M. Bethabet.
Des risques…
A croire l’instance indépendante des élections, le maintien de la date du 24 juillet 2011 pose des risques sur la faisabilité et le bon déroulement des élections. Les candidatures doivent lui parvenir, au plus tard le 2 juin 2011 –45 jours avant les élections-, selon les délais prescrits par la loi électorale, ce qui est impossible actuellement, selon le président de l’instance. «Nous ne pouvons pas maintenir cette date parce qu’elle ne garantit pas les procédures de la loi électorale. Celles-ci stipulent des délais qu’on ne peut pas changer. Dans ce cas, l’inscription se déroulera alors que l’instance ne s’est pas encore mise en place et ça ne fait que quatre jours qu’elle existe».
Selon l’agenda présenté, la mise en place de l’instance prendra environ 14 jours. Il faudra, par la suite, créer des bureaux régionaux (20 jours), recruter les observateurs (7 jours), fixer les procédures d’inscription (7 jours), les programmes de formation (7 jours), identifier les bureaux de vote (21 jours) et les bureaux d’inscription (21 jours). On annonce, ainsi, que 21 mille personnes seront recrutées pour les 5 mille centres de vote et 4.500 personnes pour les 1.500 bureaux d’inscription. D’un autre côté, l’inscription des votants prendra 30 jours, les litiges (25 jours), la présentation de la liste des candidats (14 jours), la campagne électorale (21 jours), etc.
Inscription volontaire…
Concernant les procédures d’inscription aux élections, M. Jendoubi indique qu’il y aura recours à l’inscription volontaire. Un choix imposé par des lacunes au niveau de la base des données de l’électorat. On estime que 13% des adresses sont erronées ou manquantes, 400 mille ont une ancienne carte d’identité, les adresses des Tunisiens à l’étranger (on compte 1,1 million) ne sont pas identifiés. «Il y a un risque de négliger environ 2 à 3 millions si on recourt à l’inscription automatique», explique M. Jendoubi.
Concernant le financement des travaux de l’instance, il a annoncé que le gouvernement a mobilisé 10 MDT comme avance sur le budget. La Banque centrale de Tunisie vient d’ouvrir un compte pour l’instance. Son président indique aussi que le financement des listes électorales est son apanage. Chaque liste sera appelée à ouvrir un compte en son nom. L’instance s’approprie le droit d’éliminer une liste même après l’annonce des résultats si elle n’a pas respecté les règles de financement.
En réponse à une question sur la garantie de la transparence des élections et la confiance en le travail de l’instance, M. Bethabet a affirmé qu’il n’y a pas de garantie concrète. «Les seules garanties sont la bonne foi et la confiance dans les institutions», lance-t-il. En attendant, le débat sur la date des élections ne s’est pas encore apaisé. La réponse du gouvernement reste prévisible avec l’attachement de l’instance indépendante des élections à la date du 16 octobre 2011.

La Tunisie demande l’aide de l’ONU






La Tunisie a demandé, à Deauville (France), une aide onusienne pour l'organisation des élections de l'assemblée constituante et la gestion de la situation sur ses frontières avec la Libye, théâtre d'une guerre civile depuis quelques mois.

Cette demande a été formulée lors de l'entretien qu'a eu, jeudi soir, Béji Caïd Essebsi, Premier ministre du gouvernement de transition avec Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies.
Au cours de cet entretien, l'accent a été mis sur l'assistance technique et financière que pourrait apporter l'ONU à la haute instance indépendante pour les élections, dans la préparation et la gestion des élections de l'assemblée constituante, a indiqué Rafaa Ben Achour, ministre délégué auprès du Premier ministre.

Concernant la situation sur la frontière tuniso- libyenne, la Tunisie a demandé à l'ONU et à la communauté internationale, l'utilisation d'une partie des fonds libyens gelés dans les pays occidentaux, pour le financement de l'approvisionnement du peuple libyen en produits de première nécessité.
Il s'agit, a précisé Ben Achour, de mettre en œuvre les résolutions onusiennes prises dans ce domaine. La Tunisie, constitue un des principaux points de transit des marchandises vers la Libye.
La requête tunisienne a, également, porté sur les moyens de gérer la situation ''catastrophique'' de certains réfugiés installés au sud du pays et les moyens de les évacuer vers d'autres Etats. Depuis le déclenchement de la crise libyenne, la Tunisie a accueilli sur son territoire environ 420 mille réfugiés. Environ 60 mille Libyens y résident encore.

Par ailleurs, M. Caïd Essebsi qui dirige la délégation tunisienne au sommet du G8 (26 et 27 mai) a eu, jeudi, des entretiens avec le directeur général adjoint du fonds monétaire International (FMI) John Lipsky, le Premier ministre italien Silvio Berlusconi et la chancelière allemande, Angela Merkel.
Les entretiens ont, notamment, porté sur le plan économique présenté par la Tunisie au G8; lequel plan nécessite un apport de 25 milliards de dollars (environ 34,5 milliards de dinars), dont 5 milliards de dollars (6,9 milliards de dinars) sur le court terme.
La chancelière allemande s'est félicitée de la transition démocratique engagée en Tunisie et exprimé le soutien de son pays à ce processus.

La délégation tunisienne au G8, dirigée par Beji Caid Essebsi, est, notamment, composée des ministres des Affaires Etrangères et des Finances, ainsi que le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT).

Tunisie: le Premier ministre ouvre la porte à un report des élections

DEAUVILLE — Le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a ouvert la porte vendredi à un report des élections, prévues le 24 juillet en Tunisie mais dont la date fait polémique, affirmant que le gouvernement céderait si la commission électorale "pense que c'est nécessaire".
"Ce n'est pas encore reporté, mais la commission (électorale) a estimé qu'il fallait un peu plus de temps pour que ces élections soient irréprochables, justes et transparentes", a déclaré le chef du gouvernement de transition lors d'un point presse au sommet du G8.
"Nous le ferons si la commission pense que c'est nécessaire", a-t-il ajouté, ouvrant la voie à un report en octobre de ce scrutin comme l'a déjà préconisé à plusieurs reprises l'instance électorale.
A Tunis, la fixation d'une date des élections a tourné au bras de fer entre le gouvernement et la commission électorale ces derniers jours.
La Haute instance indépendante chargée des élections a annoncé jeudi avoir fixé au "16 octobre l'élection de l'Assemblée constituante", qui verra pour la première fois les Tunisiens voter librement.
Cette commission a assuré jeudi qu'un report était impératif pour avoir le temps d'inscrire les électeurs et d'organiser le vote, sous peine de jeter le discrédit sur les résultats.
De son côté, le gouvernement a jusqu'à présent maintenu la date du 24 juillet, en assurant qu'il revenait à l'exécutif de trancher et pas à l'organe technique chargé d'organiser le scrutin.
Le Conseil des ministres doit se réunir mardi pour débattre de cette question.
Une majorité de partis politiques est favorable à la date de juillet, au nom de la stabilité du pays, dépourvu d'institutions légitimes depuis la chute en janvier du régime de Zine El Abidine Ben Ali.
D'autres, comme le Parti communiste et ouvrier tunisien (PCOT), souhaitent avoir plus de temps pour faire campagne et mettent en garde contre une élection mal préparée.
Selon l'avocat tunisien Ayachi Hammami, un militant des droits de l'homme très actif pendant la "Révolution du jasmin", un report est "inévitable" pour organiser des élections libres et démocratiques.
"C'est un jeu politique du gouvernement qui cède un peu sous la pression de partis comme (le mouvement islamiste) Ennahda (Renaissance)", partisan du maintien de l'élection au 24 juillet, a commenté mercredi à Copenhague ce membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution.
Les Etats-Unis ont indiqué jeudi qu'ils comprenaient que la Tunisie ait besoin de plus de temps pour organiser les premières élections post-Ben Ali. "Nous comprenons les défis auxquels ils (les Tunisiens) sont confrontés, en essayant d'avancer vers des élections démocratiques dans un laps de temps si court après un régime autocratique si long", a déclaré Mark Toner, porte-parole du département d'Etat, en estimant toutefois qu'"un retard trop important deviendrait un motif d'inquiétude".

"En Tunisie, le processus révolutionnaire est encourageant"

Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb et professeur à la Sorbonne, vient de publier, en mai, « Maghreb, les origines de la révolution démocratique » (éd. Pluriel). A l'occasion du sommet du G8 à Deauville, qui se penche sur des mesures d'aides aux révolutions arabes, il revient sur la situation en Tunisie, le pays d'où est partie la vague de contestation dans le monde arabo-musulman

Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb et professeur à la Sorbonne, vient de publier, en mai, " Maghreb, les origines de la révolution démocratique "


Où en est la Tunisie, quatre mois après la fuite de Ben Ali, en janvier ?
D'un point de vue politique et social, on peut dire que les choses ne se sont pas trop mal passées. Les perspectives politiques sont créées avec les élections pour l'assemblée constituante qui semblent être maintenues pour le 24 juillet, après bien des hésitations. La population est finalement assez contente de l'évolution du pays, en dépit de la persistance des problèmes économiques. Il existe maintenant une perspective de liberté et de changement politique durable. Quant au gouvernement de transition, même si on lui reproche d'être un peu trop francophone, il est composé de gens compétents qui gèrent les affaires de façon efficace.
Mais il demeure des nuages sombres. D'une part, les fidèles de l'ancien régime sont toujours à la manœuvre pour saper le processus de transition. D'autre part, le colonel Kadhafi tente de porter la guerre en Tunisie. L'afflux de dizaines de milliers de réfugiés dans le pays est une lourde charge pour la Tunisie. Le bilan est donc mitigé mais le processus révolutionnaire se poursuit de façon encourageante.
Le pays est-il prêt pour des élections, prévues le 24 juillet ?
Evidemment non, mais il ne faut pas oublier que la Tunisie sort de plusieurs décennies de régime autoritaire, de parti pratiquement unique. La classe politique n'existait pas, il n'y avait pas de relève, pas d'opposition organisée et celle qui était en exil avait vieilli. Il y a aujourd'hui des intellectuels, des militants des droits de l'homme, des gens de bonne volonté, des jeunes aussi qui se sont illustrés pendant la révolution, mais tout cela ne fait pas une classe politique, au sens où nous l'entendons habituellement.
Je crois qu'il faut organiser des élections le plus rapidement possible pour asseoir sur le vote un régime légitime. Mais il s'agira encore d'un régime provisoire car cette assemblée devra rédiger une constitution et suivront ensuite d'autres élections, législatives et peut-être présidentielles. Le pays ne sera jamais prêt, mais il ne sera pas plus prêt en juillet qu'en octobre après le ramadan. Il y aura forcément des imperfections, mais il est important d'avoir un gouvernement légitimement élu. Pour la perfection, on attendra...
L'appareil de l'ancien dictateur Ben Ali a-t-il été éradiqué ?
Il est forcément toujours là puisque le parti de Ben Ali c'était, sur le papier, deux millions de membres, mais en réalité quelques centaines de milliers de notables et de fonctionnaires. Au ministère de l'intérieur, le gros des troupes est toujours présent. Des chefs ont été limogés et des sanctions sont tombées contre ceux qui étaient impliqués dans la répression pendant la révolution. Mais le gros de l'appareil est toujours en place. Or, c'est une police et une justice qui n'ont pas de culture démocratique. Il y a aussi des groupes qui misent sur la déstabilisation car ils ont beaucoup à perdre avec le changement du régime.
Comme pendant la révolution, il y a eu, fin avril et début mai, des incendies dans des prisons qui ont libéré des centaines de prisonniers pour qu'ils organisent le chaos dans le pays. Il y a évidemment des clans qui jouent la politique du pire. D'autant que les liens entre Kadhafi et l'ancienne garde présidentielle de Ben Ali, qui s'est réfugiée en Libye, sont toujours actifs. La semaine dernière, un commando libyen avec des charges explosives a été arrêté dans le nord de la Tunisie. C'est pour cela que la chute du régime du colonel Kadhafi serait un énorme soulagement pour la Tunisie.
Cela dit, les Tunisiens doivent conserver leur appareil d'Etat car il n'y en a pas d'autre. Il ne faut surtout pas faire comme en Irak où la plupart des fonctionnaires ont été renvoyés par les Américains après l'invasion de 2003, ce qui a attisé la guerre civile. Il faut donc garder cet appareil, tout en l'encadrant. Mais cela va être un processus long et difficile. C'est ce qui s'est passé après la mort de Franco, en Espagne, en 1975. Les forces de police et de justice autoritaires sont restées en place. En Tunisie aussi, elles seront, petit à petit, épaulées et remplacées et surtout dirigées par des générations qui seront plus attachées aux droits de l'homme.

Le G8 s'engage à aider la démocratie dans le monde arabe

Les pays du G8 se sont engagés vendredi à octroyer des dizaines de milliards de dollars aux pays du monde arabe, Egypte et Tunisie en tête, qui choisiront la voie de la démocratie et des réformes économiques.

Réunis pendant deux jours à Deauville, sur la côte normande, ils ont réclamé le départ du colonel Mouammar Kadhafi en Libye, demandé au président yéménite Ali Abdallah Saleh de s'effacer et condamné les violences du gouvernement syrien contre son peuple.
"Les changements historiques actuellement à l'oeuvre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient peuvent ouvrir la voie à des transformations comparables à celles survenues en Europe centrale et orientale après la chute du Mur de Berlin", écrivent-ils dans leur déclaration finale.
Pour entretenir l'espoir du "printemps arabe", ils promettent, dans le cadre d'un nouveau "partenariat de Deauville", de fournir une aide à long terme à tous ceux qui suivraient les exemples de l'Egypte et de la Tunisie, où des manifestations sont venues à bout de régimes autoritaires.
Hôte du sommet, Nicolas Sarkozy a fait état de promesses d'aides de 40 milliards de dollars au Caire et à Tunis pour les deux années à venir.
Environ la moitié proviendrait de banques de développement multilatéral comme la Banque européenne d'investissement et le reste prendrait la forme d'aides bilatérales des pays du G8 - la France s'engageant à hauteur d'un milliard d'euros - et des riches pays pétroliers du Golfe.
La Tunisie a déjà fait savoir qu'elle avait besoin de 25 milliards de dollars sur cinq ans alors que l'Egypte a réclamé de 10 à 12 milliards pour tenir jusqu'à la mi-2012, les deux pays devant faire face à une chute de leurs revenus touristiques depuis les troubles de l'hiver dernier.
Dans un rapport remis au G8, le Fonds monétaire international a chiffré à 160 milliards de dollars les besoins de financements des pays non exportateurs de pétrole du Proche-Orient et d'Afrique du Nord pour les prochaines années.
Le FMI a indiqué qu'il était en mesure de débloquer de l'ordre de 35 milliards pour stabiliser ces économies mais que le reste devrait être apporté par la communauté internationale.
La Banque mondiale a pour sa part annoncé cette semaine une nouvelle enveloppe de six milliards pour la Tunisie et l'Egypte.
S'agissant de la Libye, les pays du G8, Russie comprise, ont insisté dans leur communiqué pour que "les responsables d'attaques contre les civils rendent des comptes".
"M. Kadhafi et le gouvernement libyen ont failli à leur responsabilité de protéger la population libyenne et ont perdu toute légitimité. Il n'a aucun avenir dans une Libye démocratique et libre. Il doit partir", ajoutent-ils.
S'exprimant à l'issue d'un entretien bilatéral avec Nicolas Sarkozy, le président américain Barack Obama a fait part de leur volonté commune que l'intervention de l'Otan en Libye se poursuive jusqu'au règlement de la crise.
"Nous sommes déterminés à finir ce travail", a-t-il dit.
La Russie a offert ses services pour négocier une solution avec le régime de Mouammar Kadhafi sans succès apparent, Londres annonçant qu'il avait décidé, comme l'a déjà fait la France, d'engager des hélicoptères de combat dans le ciel libyen.
S'agissant de la Syrie, le G8 s'est déclaré "consterné" par la mort d'"un si grand nombre de manifestants pacifiques" tués par les forces de sécurité et demande à Damas de cesser "immédiatement" l'usage de la force contre son peuple.
Mais le communiqué final ne mentionne pas la menace, présente dans une version antérieure du texte, d'une saisie du Conseil de sécurité de l'Onu si la Syrie n'obtempère pas.
La Russie, qui entretient de longue date des relations étroites avec la Syrie, a critiqué à plusieurs reprises l'intensité des opérations militaires contre la Libye, déclarant qu'elles outrepassaient le mandat donné par l'Onu.
Le blocage du processus de paix israélo-palestinien a été longuement évoqué lors du dîner des chefs d'Etat et de gouvernement jeudi soir, plusieurs participants saluant comme "important" le récent discours de Barack Obama, rapportent des sources diplomatiques européennes.
Le communiqué final mentionne spécifiquement ce discours mais s'abstient de toute référence à un futur Etat palestinien dans les frontières de 1967 comme l'avait évoqué le président américain le 19 mai, provoquant la colère d'Israël, et ce à la demande expresse du Canada, a-t-on ajouté.

jeudi 26 mai 2011

"Nuestra transición debe tener éxito para que la revolución se propague"

Goza de cierto prestigio, posee experiencia de Gobierno y ha cumplido 84 años. Carece, por tanto, de ambición. Todas esas razones fueron las que, probablemente, forjaron un consenso para designarle, hace tres meses, primer ministro de Túnez después de que las manifestaciones hubiesen echado a su predecesor, Mohamed Ghanouchi, demasiado comprometido con la dictadura de Ben Ali derrocada en enero.
Desde entonces Beji Caid Essebsi es el hombre encargado, al frente de un Gobierno de tecnócratas, de culminar la transición de Túnez, el país donde empezó la revolución que después se propagó al resto del mundo árabe. Fue ministro de Defensa, Interior y Exteriores con Habib Burguiba, el padre de la independencia tunecina.
Con Ben Ali en la jefatura del Estado, Essebsi desempeñó durante un año (1990-91) la presidencia de la Cámara de Diputados y después se apartó de la política. Rehusó presentarse candidato y regresó a su bufete de abogados, pero nunca se opuso a la dictadura.
Sorprende la escasa seguridad alrededor del viejo palacio de la Casba, la sede de la Jefatura del Gobierno, lugar de concentración predilecto de los manifestantes hasta hace unas semanas. Essebsi, bajo de estatura, trabaja en un inmenso despacho de techos altos en el que parece un poco perdido. Pero cuando toma la palabra emana de él la seguridad de muchos de los que sirvieron a la más eficaz Administración pública del norte de África.
Pregunta. ¿Por qué se apartó de Ben Ali hace 20 años?
Respuesta. Porque comprendí que los anuncios que hizo al llegar al poder no eran sinceros. En la vida política hay dos partidos, el del orden y el del movimiento. Yo soy de este último. Pero en aquel entonces se impuso el partido del orden.
P. ¿Por qué regresó a la política hace dos meses?
R. Porque recurrieron a mí. Porque era mi deber garantizar la continuidad del Estado en una coyuntura repleta de incertidumbres. Porque mi mujer y principal consejera me dio su acuerdo. Túnez tenía serios problemas de seguridad a causa de los excesos populares, algo normales tras 23 años de privación de libertades. La situación era tal que el Consejo de Ministros no podía reunirse en su sede y lo hacía en el palacio presidencial de Cartago. Ahora nos reunimos aquí. Es un primer resultado. El restablecimiento de la seguridad es mi prioridad absoluta.
P. Por eso sus detractores le reprochan comportarse como un gendarme cuando el país necesita un médico.
R. Sin orden en el hospital no se atiende a los pacientes. Actuamos también como médicos. Nuestro principal problema social es el paro: 700.000 desempleados de los que 150.000 son jóvenes licenciados. Pusimos en marcha un proyecto para crear 60.000 empleos. Estamos reorientando el presupuesto del Estado para que el 80% de la inversión vaya al interior del país, allí donde empezó la revolución y donde hay mayores necesidades.
P. También dicen que es usted un hombre mayor desvinculado de la juventud.
R. La verdadera juventud no se refleja en el carné de identidad, sino en el estado de ánimo. Vivo con mis nietos. Estoy imbuido de lo que piensan.
P. Hoy acude como invitado especial, junto con su homólogo egipcio, a la cumbre G-8 en Deauville (Francia).
R. El G-8 dedicará una sesión a la primavera árabe en la que expondré nuestro proyecto. Occidente nos penalizó por no ser demócratas. Ahora tiene la oportunidad de demostrar que es capaz de ayudarnos cuando lo empezamos a ser. Espero que se concreten las promesas. Es necesario que la transición tenga éxito en Túnez para que la revolución se propague. El éxito de Túnez es una responsabilidad compartida, nuestra y de la comunidad internacional. Conjuguemos, pues, nuestros esfuerzos.
P. Túnez celebrará el 24 de julio sus primeras elecciones libres y lo hará con listas paritarias en las que se alternarán hombres y mujeres.
R. Cuando se empieza una revolución no hay que quedarse a medias. Confieso que tenía dudas de que en circunscripciones remotas pudiese cumplirse ese requisito. Si no se respeta, la lista queda invalidada. Las mujeres disiparon mis dudas asegurándome que estarían a la altura del reto.
P. ¿Será el partido islamista En Nahda mayoritario en la Asamblea Constituyente que saldrá de las urnas?
R. Los partidos islamistas fueron utilizados como espantapájaros ante Europa. Fueron también los que más se sacrificaron en la lucha contra la dictadura y ahora emergen como los más organizados. Obtendrán un resultado acorde con su peso específico. No hay que despreciarlo ni tampoco magnificarlo. Con el tiempo los demás se irán también organizando.
P. ¿Afecta mucho en Túnez la guerra en Libia?
R. Es casi un asunto interno nuestro. Desde que empezó la guerra hemos recibido 417.000 refugiados, algunos han viajado a sus países de origen y otros, eritreos, somalíes y 200.000 libios siguen aquí, en campamentos o en ciudades, porque no tienen dónde ir. Mientras tanto, desde nuestras costas emigraron clandestinamente a Italia 22.000 tunecinos, de los que el 40% posee un documento de viaje otorgado por Roma. Recibimos poca ayuda externa para atender a nuestros refugiados mientras Europa se indigna por la llegada de nuestros inmigrantes. A eso le llamo yo una doble vara de medir.
P. Si no fuera por la guerra, ¿cree que Muamar el Gadafi habría intentado que el Túnez democrático descarrilase?
R. Es probable. Le conocemos. Le dije una vez a un ministro británico: Gadafi es como los reumatismos, a ratos provocan crisis agudas, a ratos se tranquilizan.
P. ¿Fue provechosa la visita que le hizo el expresidente del Gobierno español Felipe González?
R. Es un sabio. Vino a verme. Discutimos largo rato. Sabe mucho de transiciones democráticas. Aprovechamos su experiencia.

AI insta al G8 a impulsar los derechos en Oriente Medio y el norte de África

Las revueltas son un "claro llamamiento" de la población de la región, que "está harta del statu quo" y busca "el reconocimiento de sus derechos fundamentales", indicó en un comunicado el director de AI para Oriente Medio y el norte de África, Malcom Smart.
El G8 abordará el fomento de la democracia en Oriente Medio en una cumbre que contará, además, con la presencia de las autoridades interinas de Túnez y Egipto, países que vieron nacer las revueltas.
"Los líderes del G8 deberían aprovechar esta oportunidad histórica para asegurarse de que el objetivo fundamental de su relación con los gobiernos de la región es la protección y promoción de los derechos humanos", afirmó Smart.
Las manifestaciones y protestas populares se propagaron desde Túnez y Egipto a otros países como Libia, Siria, Bahrein y Yemen y, según Amnistía, los gobiernos que han reprimido estos movimientos han perpetuado un largo ciclo de represión e intolerancia.
Para AI, los "abusos contra los derechos humanos en respuesta a los movimientos de protesta son sólo la punta del iceberg" y forman parte de un "patrón de abuso mucho más amplio que se ha visto confirmado durante décadas de represión".
La organización pidió al G8 que reconozca la necesidad de un cambio en la concepción que los diferentes ejecutivos del mundo árabe tienen de los derechos humanos, especialmente en el caso de Arabia Saudí.
"El Gobierno de Arabia Saudí debe reconocer la necesidad de cambio y hacer esfuerzos reales por mejorar los derechos humanos", concluyó Smart.

El G-8 habla en Oriente Próximo

El G-8 podría ayudar a transformar las economías de Oriente Próximo. El Banco Mundial ha comprometido 6.000 millones de ayuda a Egipto y a Túnez, pero esta semana la cumbre de los líderes de las naciones industrializadas podría ir todavía más lejos y establecer un modelo para prevenir que la primavera árabe se convierta en invierno. Para recuperar la confianza de los inversores sería necesario un paquete importante respaldado por instituciones multilaterales.
Los esfuerzos financieros para apoyar la región han ido poco a poco hasta ahora. Además del compromiso del Banco Mundial, está los 2.000 millones extra de EE UU, otros 4.000 millones de Arabia Saudí, y algunos fondos de pequeñas empresas aquí y allá. Esto es una combinación de préstamos a ambos gobiernos y el sector privado en diferentes periodos de tiempo. También hay conversaciones en curso con el FMI.
Es difícil evaluar las necesidades de toda una región cuando hay está en movimiento. Pero las cifras apuntan a que unos 15.000 millones para Egipto y Túnez ayudarían a atraer la inversión extranjera directa, incluso si ésta es solo un complemento de diversos compromisos.
El Banco Mundial ha fijado el tono correcto vinculando su apoyo al ritmo de la reforma política, y centrándose en la reactivación del sector privado. Pero en otras partes, las medidas son menos impresionantes. Aliviar la deuda, como ofreció EE UU, no es una gran inyección de ánimo para un Gobierno como el de Egipto, que tiene una deuda externa baja y necesita diversificar su base de acreedores. Otro desafío sería garantizar que el fervor democrático no acaba revirtiendo las reformas económicas que se consiguieron bajo los regímenes autocráticos.
De manera crucial, la piedra angular para cualquier paquete de apoyo precisa centrarse en la financiación de proyectos de infraestructuras que sean intensivos en mano de obra lo que ayudaría a reducir el desempleo. La región necesita crear 70 millones de empleos durante esta década. Si se implementa de manera adecuada, los trabajos con financiación pública tendrían un positivo efecto multiplicador y podrían atraer rápidamente inversión privada. Al asumir un papel de liderazgo, el G-8 podría mostrar que sus decisiones pueden tener impacto.

Les Tunisiens pensent avoir réveillé les peuples

Alors que les lenteurs de la transition démocratique inquiètent, les Tunisiens veulent être à la hauteur des espoirs qu’ils ont fait naître.
Plus de quatre mois après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, les Tunisiens ne s’étonnent plus de la vague de révoltes en cours dans le monde arabe. Ils s’enorgueillissent d’avoir montré la voie à leurs voisins et, face aux manifestations qui secouent l’Espagne, commencent à se rêver en instigateurs d’un mouvement plus large encore. 
« Nous sommes fiers que notre révolution ait ouvert les yeux à beaucoup de citoyens, y compris dans l’Occident », dit Fakri Dennouri, vendeur ambulant à Tunis. L’image d’une société civile « chassant un dictateur après des années d’oppression » a encouragé « les peuples à exercer un regard critique sur ceux qui les gouvernent », explique-t-il.
Une analyse partagée par Dorra Ben Romdhane, étudiante en chimie. « Les peuples pensaient que se révolter ne mènerait à rien. Le 14 janvier, ils ont réalisé qu’ils pouvaient changer les choses », estime-t-elle. Une prise de conscience qui serait « profonde en Espagne, pays proche géographiquement, et riverain comme nous de la Méditerranée ».

 « Aspect universel »

Abdelaziz Belkhodja, membre de l’Alliance républicaine, une formation née de la fusion de deux partis créés après le 14 janvier, souligne « l’aspect universel » de la révolution tunisienne. « Elle a lancé un débat de fond sur les valeurs qui sont au cœur de nos sociétés », dit-il. 
Pour lui, l’Europe pourrait d’autant plus être touchée par « l’onde de choc révolutionnaire » que « la collusion entre les démocraties occidentales et les régimes autoritaires est apparue au grand jour ».
Convaincus d’avoir initié un mouvement historique, les Tunisiens veulent désormais mener à bien leur transition démocratique. « Nous devons montrer la voie jusqu’au bout », estime Hajer Ajroudi, journaliste. La jeune femme craint que « l’Égypte, qui évolue plus vite que nous, devienne l’exemple ». 
L’annonce de la chute du régime de Hosni Moubarak, le 11 février, avait donné lieu à des explosions de joie dans les rues de Tunis. Petit pays de 10 millions d’habitants, sans grande portée géopolitique, la Tunisie avait été « imitée » par le géant égyptien, centre stratégique du Moyen-Orient.
Depuis, les Tunisiens ont réalisé que la transition vers un régime démocratique va prendre du temps. « Le sentiment que le monde nous regarde renforce notre sens de la responsabilité, dit Abdelaziz Belkhodja. Mais nous craignons de ne pas être à la hauteur. »

mercredi 25 mai 2011

G8 FRANCE : pour un soutien massif à la transition en Tunisie

Tunisie participe pour la première fois avec l'Egypte, au Sommet du G8, prévu les 26 et 27 mai, à Deauville (Normandie France).
Ce sommet, qui regroupe les dirigeants des huit pays les plus industrialisés, se penchera, notamment sur la prévention du danger nucléaire et le soutien économique et financier au «printemps arabe », dont la Tunisie a été l'initiatrice.  Les décisions du sommet sur le montant et la nature de l'aide qui doit être accordée à la région, constituent un enjeu majeur pour les processus de transition engagés en Tunisie et en Egypte.
M.Béji Caid Essebsi, Premier ministre du gouvernement provisoire avait déclaré lors de sa visite, les 17 et 18 mai à Paris, que le plan économique présenté par la Tunisie au G8, nécessite un apport de 25 milliards de dollars (environ 34,5 milliards de dinars) sur 5 ans, soit 5 milliards de dollars par an (6,9 milliards de dinars).
Le montant de 5 milliards de dollars, équivaut selon l'économiste Mahmoud Ben Romdhane, à la moitié des financements extérieurs dont le pays a besoin chaque année. Pour cet ex-président d'Amnesty international, la Tunisie a grand besoin d'un soutien économique et financier massif de la part de la communauté internationale.
Le pays, précise-t-il à la TAP, est confronté à des difficultés économiques et sociales réelles, inhérentes à tout processus de transition mais qui sont aggravées dans le cas tunisien, par un contexte régional et international particulièrement difficile.
Il s'agit, notamment, de la guerre civile en Libye et de ses conséquences directes et indirectes sur la Tunisie, notamment l'interruption des flux touristiques libyens, la dégradation des échanges commerciaux avec ce pays et le retour de Libye de dizaines de milliers de travailleurs tunisiens . Ces derniers sont devenus aujourd'hui demandeurs de subventions, relève-t-il.
En outre, la proximité immédiate de la Tunisie avec ce pays en guerre n'est pas faite pour rassurer les touristes européens, principaux clients de la Tunisie.  M. Ben Romdhane insiste par conséquent, sur l'impératif de saisir la communauté internationale sur les « risques sérieux d'échec » qui guettent la révolution, en raison de la pression des demandes sociales longtemps frustrées et des capacités réduites de l'économie tunisienne à y répondre.
Il est important, a-t-il dit, que les responsables européens et américains prennent conscience des risques encourus par le pays allant même jusqu'à affirmer que «la réussite de la transition en Tunisie conditionne la paix dans la région et dans le monde ».
Il espère qu'à travers la participation au G8, cette question recevra l'attention requise et la réponse adéquate. Il urge, précise-t-il, que l'annonce de l'aide « soit faite avant la tenue des élections pour redonner espoir au peuple tunisien et lui montrer que l'ouverture sur le monde est payante ».
De son coté, M.Azzam Mahjoub, expert économique international note dans une déclaration à l'agence TAP, le peu d'informations disponibles sur le plan économique présenté au G8 par le gouvernement provisoire, s'interrogeant sur le modèle économique auquel se réfère ce plan.
Il ajoute que l'élan de solidarité et de sympathie exprimé par la communauté internationale à l'égard de la Tunisie et de sa révolution, doit être traduit" par une aide consistante, essentiellement, des dons plus que des crédits, compte tenu du «stress financier» que connaît le pays durant cette étape".
Cette aide pourrait servir, estime cet économiste, à combler les déficits du budget de l'Etat et de la balance de paiement, lesquels risquent de s'aggraver davantage dans les mois à venir.
Au G8, la Tunisie peut également réclamer, selon M.Mahjoub, la conversion d'une partie de ses dettes, en projets de développement, notamment, celles contractées dans le cadre de relations bilatérales avec les institutions et les pays de l'Union européenne.  Il note que "le service de la dette du pays s'élève en moyenne à 2 milliards de dinars par an".  M.Majoub s'inscrit, également, dans une démarche réclamant des investissements directs étrangers à plus forte valeur ajoutée, estimant que le pays en a particulièrement, besoin afin d'absorber le chômage des diplômés.  Cependant, pour cet économiste, quelque soit le plan économique présenté par la Tunisie, les pays du G8 demeureront dans « l'expectative ». Ils ne s'engageront fermement dans le soutien de la Tunisie qu'après les élections. Le sommet se limitera à un effet d'annonce, affirme-t-il.
Des voix étrangères se sont également élevées ces dernières semaines, pour solliciter de la part du G8, un engagement économique et financier conséquent et à même de garantir la réussite de l'étape de transition en cours en Tunisie et en Egypte. Ainsi M. François Hollande, ancien Secrétaire général du Parti Socialiste Français (PS) et candidat à l'élection présidentielle française a proposé mardi dernier, lors d'un visite en Tunisie la conversion de la dette en don par la communauté Internationale.

La France et l'Europe, a précisé M. Hollande, soutiendront lors de la réunion du G8 à Deauville, le processus de transition en Tunisie au double plan économique et financier, ajoutant que cet accompagnement pourrait s'étaler sur une période de 5 ans, à travers des projets d'infrastructure, d'indépendance énergétique, de formation et de requalification des diplômés du supérieur.
Quelques jours auparavant, 21 économistes représentant de prestigieuses universités occidentales ont appelé le G8, à adopter un plan économique de soutien à la Tunisie doté de 20 à 30 milliards de dollars (de 27,6 à 41,4 milliards dinars) sur 5 à 10 ans. Pour ce groupe d'économistes qui compte parmi eux un prix Nobel de l'économie 2001, « il est essentiel que les pays membres du G8 fassent le nécessaire pour que la Tunisie puisse être et demeurer l'exemple en matière de changement social, économique et démocratique pour l'ensemble de la région et au delà ».
Ces économistes ont appelé à un engagement européen pour accorder à la Tunisie le statut de partenaire associé de l'Union européenne avec un plein accès aux fonds structurels européens, réclamant surtout une aide immédiate pour les subventions alimentaires et énergétiques ainsi qu'un plan de recyclage pour les chômeurs diplômés.
Dans les faits, le Président américain avait déjà annoncé depuis jeudi dernier, à Washington, que près de 2 milliards de dollars (environ 2,76 milliards de dinars) seront consacrés à la réussite de la transition démocratique en Tunisie et en Egypte.
Pour sa part, la banque mondiale a déjà annoncé mercredi qu'un milliard de dollars (1,38 Milliard de dinars) pourrait être mis à la disposition de la Tunisie sous forme de soutien budgétaire et d'appui aux projets d'investissement.
Cependant, ces montants demeurent pour le moment, des déclarations d'intention. Il ne peut en être autrement tant qu'un pouvoir n'a pas été démocratiquement élu, estiment les économistes tunisiens.

Tunisie : la Haute instance s’attache au report des élections

La Haute instance indépendante des élections a confirmé son attachement au report des élections de la constituante. La nouvelle a été annoncée après des heures de discussion à huit clos.
Les raisons sont les mêmes, selon Ridha Torkhani, avocat et membre de la Haute instance : « Il s’agit de l’impossibilité de faire les élections dans le premier délai, vu la contrainte du temps et les problèmes logistiques que nous rencontrons. La dernière décision revient à la Haute instance indépendante des élections. Le gouvernement ne doit qu’à être réaliste en ce qui concerne les résultats élaborés par les experts de la HIIE. Il doit en outre confirmer l’impossibilité de la mission. C’est l’objet de la rencontre l’après-midi du 25 mai 2011 entre le président Kamel Jandoubi et le Premier ministre, Béji Caid Essebsi », a-t-il ajouté.
En attendant, le bon déroulement des premières élections démocrates nécessite au moins 40 mille agents et 8 mille bureaux de vote. L’affichage doit être fait 45 jours avant la date des élections donc après 15 jours à partir de ce moment. Les bases de données des coordonnées des électeurs nécessitent au moins un mois pour être actualisées. Est-il possible que tout cela se fait dans deux semaines ? Les premières élections démocratiques en Tunisie ne doivent pas se réaliser à n’importe quel coût. Parce que ça risque de faire entrer le pays dans un tunnel infini d’instabilité politique et sociale. Chacun doit prendre son temps pour faire ces élections historiques et attendues par tout le monde. Les élections de la Constituante ne sont pas un objectif mais un moyen pour réaliser la démocratie, la liberté et la paix sociale.

François Hollande qualifie de "frileuse" l'attitude de Paris envers les immigrés clandestins tunisiens

TUNISIA, Tunisia — En visite à Tunis, le candidat à la primaire socialiste en France, François Hollande, a qualifié mercredi de "frileuse" l'attitude de la France sur la question des immigrés clandestins tunisiens, "à l'heure où la Tunisie a démontré qu'elle était ouverte à l'accueil des centaines de milliers de réfugiés sur sa frontière".
Dans une déclaration rapportée par l'agence officielle TAP, au sortir d'une entrevue avec le premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi, M. Hollande a par ailleurs jugé que "le rendez-vous le plus important" pour la Tunisie est le sommet du G8 qui se tient jeudi et vendredi à Deauville.
M. Hollande prévoit que les pays les plus industrialisés de la planète apporteront "un plan détaillé de soutien à la Tunisie en vue de l'aider à surmonter les difficultés économiques et sociales dans un environnement régional difficile, en raison de la situation des réfugiés sur la frontière libyenne et du problème du chômage".
Lors d'une rencontre-débat avec des jeunes et des représentants de la société civile, François Hollande a "proposé que la dette tunisienne soit convertie sous forme de don par la communauté internationale".
"Si j'accède à la présidence de la République française, je m'efforcerai de faciliter les échanges culturelles et économiques entre les deux pays et à jeter les fondements d'une coopération d'égal à égal", a-t-il dit.

Tunisie: enquête 22 ans après sur la mort d'un ingénieur qui en savait trop

TUNIS — La justice tunisienne a ouvert une enquête sur la mort suspecte il y a 22 ans d'un ingénieur qui avait découvert un secret d'Etat dans le système informatique du palais présidentiel, selon sa famille, persuadée d'un assassinat, a indiqué mercredi à l'AFP une source judiciaire.
Selon ses proches, Marouane Ben Zeyneb avait pénétré le système informatique du palais présidentiel de Ben Ali et y avait trouvé une liste des agents des services secrets israéliens, accrédités à Tunis pour surveiller des responsables de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
L'enquête a été ouverte depuis deux semaines par le juge d'instruction Abdelaziz Zribi, a-t-on précisé.
"Une commission rogatoire a été délivrée à la police criminelle pour déterrer le cadavre de la victime et la mettre à la disposition de la médecine légale en vue d'accomplir les recherches nécessaires", a affirmé un représentant du ministère de la Justice, Kadhem Zine El Abidine, lors d'une rencontre interministérielle avec la presse mardi.
"Le défunt ingénieur en informatique Marouane Ben Zeyneb avait réussi pirater l'ordinateur du président déchu et à se rendre compte que (Ben Ali) avait des relations avec des membres de services secrets étrangers", selon l'agence officielle TAP.
Marouane, qui avait obtenu une bourse pour une université d'Amérique du Nord, avait été kidnappé fin juillet 1989, selon sa famille, avant d'être retrouvé huit jours plus tard à la morgue de l'hôpital Charles Nicolle à Tunis.
Les autorités avaient annoncé qu'il était mort dans un accident de la circulation, mais sa famille assure que Marouane avait été torturé à mort et que le crime avait été maquillé en accident de train.
M. Kadhem a affirmé à la presse l'engagement de son ministère à lutter contre la torture et "à sanctionner tous ceux dont l'implication est prouvée dans ces crimes, que ce soit dans les centres de garde à vue, les prisons ou tout autre lieu" notamment après l'"adoption du protocole facultatif à la convention contre la torture et la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées".
Selon la militante des droits de l'Homme Radhia Nasraoui, les pratiques de torture se poursuivent toutefois en Tunisie depuis la chute du régime Ben Ali le 14 janvier.