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samedi 11 juin 2011

Tunisie : un plan pour relancer le tourisme

La France et la Tunisie ont affirmé samedi, leur volonté de coopérer pour relancer et faire "monter en gamme" le tourisme tunisien, plombé par le "printemps arabe", en lançant notamment des actions de formation de personnel hôtelier. "La nouvelle Tunisie veut retrouver ses racines, son histoire. Le tourisme tunisien veut monter en gamme, changer de nature, et la France veut l'aider a atteindre cet objectif", a déclaré à l'AFP Frédéric Lefevbre, secrétaire d'Etat au commerce, à l'artisanat et au tourisme.
Il a assisté samedi avec le ministre tunisien Medhi Houas à la signature de conventions de jumelage entre des instituts tunisiens et la chambre des métiers de Seine-Saint-Denis. Ce jumelage aura pour première conséquence l'envoi lundi prochain d'un contingent de 15 tunisiens et tunisiennes, qui vont être formés dans le domaine de la boulangerie et de la pâtisserie à Bobigny, près de Paris. Ils doivent être suivis rapidement par 85 autres Tunisiens venus parfaire leur formation dans le domaine des métiers de l'hôtellerie. "Nous nous sommes fixé un objectif de 300" formateurs à plus long terme, à précisé Frédéric Lefevbre. Ces formateurs reviendront former à leur tour des cadres et des artisans, a ajouté le ministre tunisien.

Tunisie: fronde des douaniers

Le syndicat des agents de la douane (SAD) a décidé de se mettre en grève pour une durée illimitée, à partir du lundi 13 juin, pour réclamer la démission du directeur général des douanes Tahar Htira, a indiqué l'agence officielle TAP. "La plupart des agents de la douane tunisienne ont décidé d'une grève générale dans toutes les régions du pays demandant le départ officiel de Tahar Htira", a déclaré Mohamed Bizani, le président du Syndicat des agents de la douane à l'agence tunisienne.
Les négociations avec le ministère des finances, ministère de tutelle, n'ont pas abouti, selon la même source.

Tahar Htira, le directeur général de la douane tunisienne a été nommé le 26 janvier, par le premier gouvernement de transition présidé par l'ex-premier ministre de Ben Ali, Mohamed Ghannouchi. Cette nomination a eu lieu quelques jours après la fuite, le 14 janvier 2011, de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali en Arabie Saoudite au terme d'un mois de soulèvement populaire.


M. Htira est accusé par Jalel Haykel, membre du bureau fondateur du syndicat, d'actes de "corruption" qui auraient coûté à l'économie "des pertes chiffrées en millions de dinars." L'assemblée constituante du syndicat des agents de la douane s'est tenue fin avril. Cette profession n'avait pas droit à une représentation syndicale sous Ben Ali.


Le gouvernement provisoire s'est mis d'accord mardi sur le projet d'un décret-loi qui rétablit ce droit mais il n'est toujours pas paru au journal officiel. Environ 3.000 agents de la douane, sur 6.500 au total, se sont inscrits au syndicat, selon le trésorier de l'organisation, cité par la TAP.


Mercredi, lors d'une rencontre avec la presse, le premier ministre du gouvernement de transition Béji Caïd Essebsi a jugé "impérieusement nécessaire de rompre définitivement avec toutes les formes de grèves et de protestations en prévision de l'organisation d'élections démocratiques, libres et transparentes, le 23 octobre prochain", peu après avoir annoncé ce report du scrutin initialement prévu le 24 juillet.

L'Anaé retrousse ses manches pour relancer la Tunisie

L’Anaé (Association des agences de tourisme d'affaires) vient de mettre en place avec Reshot et Croisière Jaune une charte en faveur de la Tunisie.
L’objectif est de donner aux 120 agences membres de l’Anaé des arguments pour permettre de transformer l’empathie que beaucoup ont envers la Tunisie en décisions d’investissements. Premier objectif : rassurer le client. Pour ce faire, l'Anaé en partenariat avec le ministère du Tourisme tunisien a mis en place l’opération Jasmin qui permet à n’importe quel décideur, s’il a un projet en cours, de se rendre gratuitement avec une personne de son choix sur un week-end dans tous les hôtels partenaires. Tous les frais de transport aérien, de transfert à l’hôtel et d’hébergement sont compris. Autres actions : l’envoi aux agences des témoignages des opérations réalisées depuis fin janvier, un engagement pour un report sans frais de toute annulation d’opération en cas d’évènements majeurs et la négociation de conditions d’annulation totale ou partielle très avantageuse en cas d’évènements majeurs. Second objectif : permettre aux agences de mieux vendre. Grâce notamment à une remise de prix significative sur toutes les prestations aériennes et sur l’ensemble des produits évènementiels en comparaison de prestations équivalentes commandées l’année dernière qui sera appliquée. Mais aussi avec une gratuité totale pour le voyage de repérage avec le décideur, et la mise en place pour les collaborateurs des agences de l’Anaé, chargés de projets et directeurs de clientèle, d’une journée à Tunis pour rencontrer le ministre du Tourisme tunisien et partager un événement.

Un mois de prison pour le « passeur » de Belhassen Trabelsi

Le Tribunal de première instance de Tunis a condamné, jeudi 9 juin 2011, le « passeur » de Belhassen Trabelsi à un mois de prison ferme et trois mille dinars d’amende.

Le « passeur » en question travaillait chez Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ancien président, qui lui a demandé le 14 janvier 2011 de le conduire, à bord de son yacht, vers les côtes italiennes. L’agent s’est exécuté (sous la menace selon ses dires) et a ainsi enfreint la loi puisque le passage des frontières de Trabelsi s’est effectué d’une manière clandestine.
Après avoir atteint les côtes italiennes, Belhassen Trabelsi est parti après avoir donné à son agent quelque 5.000 dinars. Ce dernier, après avoir appris la fuite de Ben Ali, est rentré en Tunisie et s’est présenté de lui-même à la police.

Ayant déjà purgé sa peine, il a été relâché après le verdict.

Mise à jour : Son avocat nous a contacté pour nous dire que la condamnation a porté sur une infraction douanière à la législation de change et non pour le passage clandestin des frontières. Quant au montant (2800 dinars selon l'avocat) il est équivalent à ce que les douaniers ont trouvé sur lui lorsqu'il s'est présenté de son propre chef aux autorités.

Tunisie – 500 containers appartenant à la famille Ben Ali encore bloqués au Port de Radès

« Le respect mutuel doit être instauré entre les forces de l’ordre et les citoyens » a déclaré Chokri Aïssa, président de la direction sectorielle de l’habilitation des formateurs et entraîneurs auprès du ministère de l’Intérieur, lors de son intervention à la cellule de communication du vendredi 10 juin 2011 au siège du Premier ministère.

M. Aïssa a annoncé l’organisation par le ministère de l’Intérieur d’une session de formation en matière de communication, du 6 au 20 juin 2011, en vue d’améliorer le contact entre les agents de sécurité et les citoyens et de rétablir une ambiance de confiance et de respect mutuels.
En collaboration avec le PNUD, les forces de l’ordre poursuivent une formation spécifique en matière de droit de l’Homme avec entre autres la création de groupes de réflexion sur la criminalité, de cellules de gestion des crises et des stratégies antiviolences. Cette formation initie les agents de sécurité à mieux gérer les troubles et à apaiser les manifestations sans recourir à l’utilisation d’armes à feu. Il s’agit, selon lui, d’un choix irréversible. « En aucun cas, nous n’utiliserons nos armes contre les citoyens. Les droits de l’Homme est une vraie culture en soi et nous œuvrons pour nous aligner aux normes internationales des institutions des forces de l’ordre, par l’instauration de la charte de bonne conduite », a-t-il ajouté.

De son côté, Hichem Bayoudh, directeur général des affaires consulaires auprès du ministère des Affaires étrangère, a axé son intervention sur la participation des Tunisiens vivant à l’étranger aux prochaines élections de la Constituante. Il a précisé que près d’un Tunisien sur dix réside à l’étranger et qu’environ 85% de ces immigrés vivent au sein de la communauté européenne. Ces Tunisiens sont invités à se faire délivrer des CIN, afin de les utiliser pour les élections. Des bureaux consulaires ont déjà ouvert leurs portes depuis le début du mois de mai à Bonn, Nice, Lyon, Paris … Des mesures ont été prises en vue de faciliter les procédures administratives. La direction des affaires consulaires a, par ailleurs, tenu une réunion avec l’Instance Indépendante des élections afin de discuter des aspects organisationnels des élections aux centres consulaires.

Le directeur général de la concurrence et des recherches économiques, Khelifa Tounakty a pris la parole au nom du ministère du Commerce et de la Technologie, pour évoquer les préparatifs entrepris pour l’approvisionnement des citoyens durant la saison estivale et notamment le mois de Ramadhan, et d’assurer leurs besoins en produits alimentaires. Ces préparatifs garantissent, également, des quantités suffisantes en produits de base tels que le lait, les œufs … etc. Les stocks peuvent, selon lui, couvrir les 3 à 4 mois à venir. Les indicateurs économiques relatifs aux importations, exportations et couverture des besoins, sont plutôt positifs et ce, malgré les perturbations dans les récoltes, le transport et également l’énorme demande enregistrée aux camps des réfugiés au sud du pays.
Par ailleurs, M. Tounakty a mentionné l’affaire des containers bloqués au port de Rades, pour préciser qu’actuellement 500 containers, en majorité appartenant aux proches de l’ancien régime, sont en cours de déblocage.qui va se faire à condition que les commerçants concernés remplissent les conditions légales requises, que les produits en question ne soient pas nocifs et qu’ils répondent aux critères de contrôle. 176 containers ont déjà été régularisés. A une question à propos des hausses des prix de certains produits, il a répondu qu’il s’agit essentiellement des matériaux de construction qui ont vu une demande accrue à cause des constructions anarchiques de ces derniers temps.

Quant au ministère de l’Industrie et de la Technologie et notamment la direction des mines, représentée par son directeur général Romdhane Souid, l’importance du phosphate a été plus que jamais à l’ordre du jour. En effet, M. Souid a déclaré que le secteur est sinistré avec une baisse de la production de l’ordre de 73%. Le stock actuel en matière première est de zéro et le Groupe Chimique Tunisien n’est qu’à 50% de son activité. Les blocages des voies ferrées n’a fait qu’empirer les choses. La Tunisie s’est vue perdre certains de ses clients et le manque-à-gagner est estimé à 5 millions de dinars par jour !
Ceci étant, M. Souid a quand même annoncé la bonne nouvelle du lancement du projet « Sra Ouertane » dans la région du Kef qui pourra, peut-être, améliorer la situation dans ce secteur en difficulté.
Concernant les industries manufacturières, Kamel Oueslati a annoncé le lancement à partir d’aujourd’hui de trois complexes industriels à Sidi Bouzid, à Kasserine et au Kef. Ces nouveaux pôles industriels rentrent dans le cadre des incitations et aux encouragements des investissements dans les zones de développement régional prioritaires. Les projets produisent entre autres, les câbles, les briques, le papier et le lait, avec une importante création d’emplois dans ces régions longtemps négligées.

Le ministère du Plan et de la Coopération Internationale et, notamment, l’Agence de promotion des investissements extérieurs, à travers son directeur général, Noureddine Zekri, a rappelé, non sans amertume que 45 entreprises étrangères se sont déjà retirées du pays, entraînant la suppression de 3 000 postes d’emploi. Les investissements étrangers en Tunisie ont baissé, selon ses chiffres, de près de 25%. D’un autre côté, 33 nouvelles entreprises se son t installées en Tunisie et 66 autres entreprises déjà existantes ont procédé à des extensions de leurs projets. « Notre révolution a certainement attiré la sympathie de plusieurs investisseurs. On a eu la visite d’une soixantaine de délégations d’investisseurs étrangers sans compter, bien sûr, l’élan des investisseurs tunisiens vivant à l’étranger qui ont manifesté une grande motivation à investir dans le pays ». Un colloque a été, à ce titre, organisé sous le titre de « Nouvelle Tunisie, nouvelles opportunités », un colloque qui se tiendra dans les jours qui viennent et auquel prendront part 1000 participants, dont 150 étrangers.

La BAD restera en Tunisie pour trois autres années au minimum

Les informations relatives au siège de la BAD en Tunisie se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a deux jours, le président de la banque Donald Kaberuka parlait d’un départ imminent vers Abidjan. Mais les gouverneurs de la banque ont décidé autrement et heureusement pour la Tunisie.
La BAD restera en Tunisie pour trois années supplémentaires, à partir de juin 2011, ont annoncé, vendredi, à Lisbonne, les gouverneurs des banques centrales africaines à la clôture des travaux de la 47ème session des assemblées générales de la BAD, tenues les 9 et 10 juin à Lisbonne.
Cette décision avait été préconisée par le comité consultatif des gouverneurs (CCG), réuni en avril dernier à Washington, qui avait proposé le maintien à plus long terme des opérations de relocalisation à Tunis de la BAD, a indiqué un porte-parole de cette institution.

Parmi eux des responsables du RCD et des hommes d’affaires : 89 mandats de dépôt suite aux événements de Metlaoui

Le juge d'instruction du tribunal de première instance de Gafsa a procédé, vendredi, à Tunis, à l'interrogatoire des accusés impliqués dans les événements violents, survenus le week-end dernier, dans la ville de Metlaoui (Gouvernorat de Gafsa) et dont le nombre a atteint, en définitive, 92 individus, selon une source judiciaire contactée par téléphone par le correspondante de l'agence TAP.
Des mandats de dépôt ont été émis par le juge d'instruction à l'encontre de 89 parmi les accusés, alors que les trois autres ont été laissés en liberté.

Le ministère public du même tribunal avait déféré, il y a une semaine, ces individus devant le juge d'instruction pour répondre des accusations de meurtres avec préméditation, de tentative de meurtre avec préméditation et de détention d'armes à feu sans autorisation, ainsi que de port d'armes blanches sans autorisation, de provocation d'incendies préméditées dans un local inhabité, de violences graves, de participation à des combats au cours desquels il y a eu des morts, de dégâts prémédités contre des biens d'autrui, d'incitation des habitants à s'armer les uns contre les autres et à s'entretuer, et de provocation de désordre sur le territoire tunisien.

Le procureur de la République et le juge d'instruction de Gafsa se sont rendus, vendredi, à Tunis, pour procéder à l'interrogatoire des accusés, avant la clôture de l'instruction par la sous-direction des affaires criminelles, sur la base d'une commission rogatoire à leur encontre.

Selon les déclarations d'une source militaire, à l'agence TAP, l'interrogatoire ne s'est pas déroulé au tribunal de première instance de Gafsa, pour des raisons de sécurité. Les accusés avaient été arrêtés à la suite des affrontements qui avaient fait 12 morts et 150 blessés, ainsi que d'importants dégâts dans des locaux de commerce et des habitations qui ont été incendiés ou pillés.
La liste des interpellés compte des cadres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) dissous, des hommes d'affaires originaires de la région et un ancien délégué qui exerçait sous l'ancien régime.

Campagne de promotion pour le retour des Tunisiens à l’étranger l’été 2011

Le magazine 00 216 mag destiné aux Tunisiens résidant à l’étranger lance une campagne citoyenne pour inciter ces derniers à rentrer cet été. Une campagne qui se veut citoyenne appelant les 1,4 million de Tunisiens à l’étranger à un effet de solidarité pour soutenir l’économie nationale. Comment cela ? « Rentrer en Tunisie, venir accompagnés (famille, collègues…) et une fois sur place, consommer », précisent les organisateurs.
Le magazine 00216 qui a, également, organisé le Village du Jasmin à Paris, mettra en ligne dans les prochains jours un site web « jerentre.com », installera des relais PLV dans les consulats et lancera une campagne presse dans les principaux pays de résidence.

Programme de la campagne :

• 13 juin : organisation d’un petit-déjeuner - rencontre à l’attention des décideurs économiques : « Retour en été des Tunisiens de l’étranger, quelles opportunités pour les entreprises tunisiennes ? »
• 16 juin : lancement du site web « jerentre.com »
• 22 juin : campagne de presse à l’étranger
• 25 juin : campagne sur Facebook et réseaux sociaux et envoi sur newsletters
• 26 juin : mise en place du dispositif PLV dans les consulats et réseaux partenaires (Tunisair…)
• 05 juillet - 15 août : Accueil dans les aéroports et ports en Tunisie (distribution de 100 000 chéquiers avantages…)
• 10 juillet : 1ère campagne de relations presse en Tunisie
• 25 juillet-25 août : lancement de la campagne « panier gourmand solidaire » avec un grand réseau de distribution
• 28 juillet-06 août : campagne radio Tunisie
• 08 août : 2ème campagne de relations presse en Tunisie

vendredi 10 juin 2011

Tunisie, Caid Essebsi appelle à des coopérations économiques d’égal à égal

Les membres de la Chambre Tuniso-américaine du commerce se sont réunis ce matin à Tunis pour débattre des relations économiques entre les USA et la Tunisie. Le premier ministre, Beji Caid Essebsi, Amal Bouchammaoui Hammami, présidente du TACC, et Gordon Grey, ambassadeur américain à Tunis, ont présidé le débat.

«  Mardi prochain, nous accueillerons une délégation d’hommes d’affaires américains pour parler des échanges commerciaux et investissements entre nos deux pays. Le sénateur Mac Cain sera également de retour en Tunisie ce mois-ci. L’administration américaine a exprimé son soutien à la transition démocratique en Tunisie, et nous nous y attelons. Par la même occasion, je félicite la première élection démocratique au sein de la TACC qui a permis d’élire une femme à la tête de son conseil », a dit l’ambassadeur américain dans son intervention.
Il a également évoqué la crise libyenne qui a eu le soutien indéfectible de la Tunisie, et a attiré l’attention sur le volume des échanges commerciaux qui étaient de l’ordre de 3 milliards de dollars chaque année, entre la Tunisie et la Libye, et qui à cause de ce conflit vont manquer à la Tunisie. 

Dans son allocution, Beji Caid Essebsi a exprimé l’importance qu’il accordait aux chambres de commerce, pour leur rôle important à relever l’économie. «  Les relations tuniso- américaines ne datent pas d’hier. Nous avons été le premier pays à avoir reconnu l’indépendance des USA, et eux étaient parmi les premiers à avoir reconnu celle de la Tunisie », a-t-il dit.

Concernant la politique économique à emprunter dans le futur, le premier ministre s’est montré très optimiste : «Avant les pays avaient affaire aux régimes, maintenant je pense que le monde a compris qu’il faut s’adresser directement au peuple. On ne demande d’ailleurs pas l’aumône mais on demande de l’équité dans les affaires », dit-il, en faisant allusion à la coopération avec l’Europe qui selon lui, ne profite qu’à l’Europe. Beji Caid Essebsi a, à deux reprises lors de cette rencontre, affirmé que la première préoccupation est de faire régner l’ordre et la sécurité, pour rassurer les éventuels investisseurs étrangers et a appelé les hommes et femmes d’affaires présents lors de ce débat, «à aider la Tunisie, à passer ce cap délicat ».

Le mois dernier au sommet du G8 à Deauville, Beji Caid Essebsi a rencontré le président américain Barack Obama, une rencontre qui a  suscité beaucoup d’interrogations quant à la teneur des discussions. Interrogé à ce sujet, le premier ministre répond : «J’ai dit au président Obama, je vous donne la chance historique et rare de traiter avec un peuple arabo-musulman qui réussira sa transition démocratique. On va vous donner la preuve qu’une démocratie est possible dans un pays arabe et musulman, et que la notion de démocratie n’est pas contradictoire avec l’Islam ». Il ajoute que la Tunisie et ses partenaires vont tous dans le même sens «on ne demande pas de l’aide financière mais on veut que les portes soient ouvertes, aux produits tunisiens, à la Tunisie », a-t-il dit.

Un homme d’affaires tunisien présent lors du débat a émis quelques réserves quant à l’image que reflète la Tunisie actuellement, à travers les grèves et les sit-in à répétition. Il s’est adressé au premier ministre : « Le plus grand investisseur étranger en Tunisie est L’Emirati Tecom-DIG de Tunisie Telecom, or cette compagnie est en grève depuis plus de 4 semaines, et ce n’est pas rassurant pour les investisseurs tunisiens. Pourquoi ne pas instaurer une loi qui interdise les grèves et les sit-in jusqu’au 23 octobre 2011 ?». Ce à quoi Beji Caid Essebsi répond qu’il a avait déjà appelé dans son discours de la veille, les travailleurs à ne plus tenir de grèves, mais que l’instauration d’une loi ne changerait rien si la volonté de s’y soumettre n’y ait pas. Par ailleurs, il a dit que l’affaire de Tunisie Telecom est en cours d’examen et que bientôt elle sera résolue.

Un autre sujet de taille, les investissements dans les régions défavorisées. Une intervenante a précisé que les investisseurs venaient visiter pour investir, mais qu’ils se ravisaient dès qu’ils découvraient la réalité des lieux. Manque d’infrastructure et manque de moyens de divertissement sont la triste réalité des régions intérieures. Une autre intervenante a proposé qu’il fallait que la Tunisie attire les investisseurs à venir investir dans les activités touristiques qui plairaient au touriste américain, selon des normes qui leurs conviendraient.

Le premier ministre s’est dit être conscient  de ces faiblesses et que le programme national préparé, à juste titre, est orienté vers les régions : «125 milliards de dollars est le coût de ce programme qui s’étalera sur 5 ans et qui consiste à équiper les régions pour attirer les investisseurs », a-t-il dit, avant d’ajouter «  nous sommes un gouvernement provisoire qui ne durera que quelques mois, nous faisons de notre mieux, et j’espère que le prochain gouvernement travaillera dans la continuité ».

La Tunisie à l’heure de la société civile

Quatre mois après la chute de Ben Ali, le Forum tuniso-français de la société civile a réuni les 20 et 21 mai à Tunis des associations des deux pays. Respect Mag dans la place ! L’occasion de faire le point sur la situation et les enjeux d’une nation en pleine transition.
Vendredi 20 mai, Paris Orly Sud. Dans l’avion pour Tunis, c’est déjà un peu le Forum. A son bord, les responsables de structures reconnues comme le Groupe SOS côtoient ceux de toutes jeunes associations, nées de l’enthousiasme suscité chez les Français d’origine tunisienne par la révolution. « 80 personnes viennent de France, 535 sont attendues demain », explique Marie Pingot, coordinatrice de l’événement. Ça promet !
Créer la rencontre
Samedi 21 mai, pluie sur Tunis. De quoi convaincre ceux qui pensaient faire du tourisme d’assister aux débats ! La Cité des Sciences grouille de monde. Sur le chemin des différents ateliers, des associatifs de tous âges dressent leur stand. Certains militent contre les violences faites aux femmes, d’autres pour l’exercice du droit de vote, la promotion du dialogue Sud / Nord (et non l’inverse), la sauvegarde du littoral…
« Montée par quatre associations tunisiennes investies dans les domaines de la citoyenneté, de l’environnement et de la solidarité, en partenariat avec l’Agence française de développement et l’Institut français de coopération, avec le soutien de l’Ambassade de France, ce Forum pluridisciplinaire a pour vocation de favoriser les échanges, le transfert d’expertise, le soutien financier et les projets communs entre les sociétés civiles française et tunisienne », précise Boubaker Houman, porte-parole des organisateurs.
Du côté des participants hexagonaux, « deux types de structures sont présentes, complète Olivier Consolo, directeur de la Confédération européenne des ONG d’urgence et de développement (Concord) : celles qui recherchent des partenaires locaux pour des actions terrain, et celles qui souhaitent les aider à renforcer leurs capacités. »
Un terreau riche mais fragile
Car si l’envie d’agir bouillonne, si le nombre de nouvelles associations explose en Tunisie depuis le 14 janvier, leur efficacité se heurte au manque de ressources et d’expérience. « On sent une effervescence incroyable, mais si celles-ci ne sont pas soutenues, elles risquent de s’épuiser, témoigne une membre du Groupement des retraités éducateurs sans frontières (Gref). Nous sommes là pour proposer à des associations tunisiennes de les former à la gouvernance, au montage de projet, à la recherche de financements, comme nous le faisons au Maroc ».
Autre souci : l’argent, dans un pays où tout est à reéinventer, où la bonne volonté se heurte à la réalité d’une économie en faillite. « Depuis la révolution, c’est très dur, les touristes ont déserté, l’argent ne circule plus », se désole un commerçant de la médina de Tunis. « Actuellement, les besoins sont immédiats, l’Etat n’a pas de quoi payer les fonctionnaires, les structures restent très lourdes », ajoute Michael Cracknell, secrétaire général d’Enda Interarabe. Le blogueur Mehdi Lamloum confirme : « Le citoyen tunisien se trouve face à des enjeux monstrueux et… on n’est pas prêt ! »
Par où commencer ?
A la tribune du Forum, des Français présentent leurs actions dans l’Hexagone, dans l’optique de donner des idées aux associatifs tunisiens. « Nous organisons un Tour de France pour sensibiliser les jeunes au vote et les inciter à s’inscrire sur les listes électorales, explique par exemple Marouane Bouloudhnine, président de Mosaïc. « L’intérêt citoyen passe par une reconnaissance sociale, un accès à l’information et une confiance dans le système que bien des Tunisiens n’ont pas ! réagit la salle. Il y a d’abord une pédagogie à mener. »
Selon une association de jeunes Français d’origine tunisienne, ces discours ne sont pas la priorité : « Arrêtons de vouloir plaquer à la Tunisie le modèle français ! Pour sauver la révolution, l’urgence est de battre en brèche la peur qui persiste dans la population, en soutenant les micro-associations qui oeuvrent concrètement dans tous les coins de la Tunisie, dans les domaines économique, social, culturel. »
Point de vue partagé par un activiste du Front des associations tunisiennes : « Il est indispensable d’aller dans les plus brefs délais à la rencontre du terrain, pour faire remonter ces besoins et ses propositions, porter sa parole. » Et faire en sorte que les petites structures locales, rurales, éloignées des cercles, aient aussi accès aux opportunités – de formation, de subvention... « La société civile doit se construire par en bas. Et ne pas fédérer seulement les associations basées à Tunis, qui sont déjà dans les réseaux. »
Quelle place pour la France ?
Fin de journée, certains participants restent sur leurs fins : et maintenant, on avance comment ? Les moments d’échanges ont été brefs, les discussions engagées davantage en off, que pendant le Forum. Les organisateurs assurent qu’il va y avoir un suivi, un site web, une page Facebook, mais comment se dépatouiller des soucis urgents de main-d’œuvre, de gouvernance, de financement ?
« Cet événement n’était pas destiné à apporter des réponses, mais à se rencontrer pour commencer à élaborer, ensemble, des solutions », rappelle un membre de l’association Sawty. Oui, des tas de problématiques ont émergé, mais la bonne nouvelle, c’est qu’elles ont pu s’exprimer ! Ce premier Forum tuniso-français a le mérite d’exister, « il jette les bases de relations futures ».
A condition de clarifier la position de la France. « C’est quoi ce Forum, un moyen de rattraper votre attitude pendant les révoltes ? Il y a quatre mois, Michèle Alliot-Marie nous envoyait les matraques ! s’émeut un membre du Comité des jeunes de la révolution. Pendant que des gens se faisaient tirer dessus comme des chiens, France 24 parlait de “révolution de jasmin”. Un terme touristique ! Ce n’était pas non plus une “révolte de jeunes”, mais de citoyens tunisiens. Arrêtez de nous infantiliser, de nous traiter avec condescendance. Je suis venu pour reprendre confiance dans la France. »

REGARDS D’EXPERTS
Yadh Ben Achour, président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique : « Du concret, vite »
– Parce qu’elle est venue du peuple et non d’une organisation établie, la révolution tunisienne secoue le paradigme sur lequel les sociétés arabo-musulmanes ont vécu jusque-là. Elle a le pouvoir de changer durablement les mentalités… A condition qu’on la protège des assauts de ceux qui souhaitent la chute du modèle tunisien. Au-delà du discours de liberté, notre révolution n’a pas encore produits ses effets, l’ancien ordre institutionnel est toujours là ; il ne disparaîtra pas par incantation. Les vicissitudes du jeu entre les partis politiques peut amener leurs responsables à perdre de vue l’intérêt général… Pour éviter ça, il faut rapidement soutenir les actions de la société civile, afin qu’on ne puisse revenir en arrière.
Sami Ben Jemaa, représentant de Handicap international en Tunisie: « Devenir force de proposition »
– Parmi les dix mille associations recensées sous Ben Ali, seules 1% étaient combattantes et héroïques. Les autres, comateuses, n’étaient qu’un instrument du gouvernement. L’enjeu aujourd’hui est de doter le monde associatif tunisien d’une nouvelle identité : fer de lance de la vitalité dont ce pays a besoin, il doit devenir une force réelle de proposition.
Martin Hirsch, président de l’Agence du service civique (France): « Assurer son indépendance »
– En Tunisie comme ailleurs, la société civile doit affirmer sa force et son indépendance vis-à-vis des institutions sans s’en couper, car elle a un rôle à jouer dans la construction des politiques publiques. Pour cela, elle doit obtenir un cadre juridique qui protège son existence, ses droits et son autonomie par rapport aux pouvoirs publics, privés, religieux. Autre enjeu : trouver les moyens financiers de son développement, via des cotisations, des dons, du mécénat, des subventions ou la génération de revenus.
Boubaker Houman, président du club Unesco-Alecso (Tunisie): « Fluidifier les échanges avec l’Europe »
– Ce qui s’est passé en Tunisie n’est pas important uniquement pour notre pays, mais pour une Europe qui a peur de tout : de l’Autre, des migrations… Le changement de regard sur le monde arabe impulsé par notre révolution doit être conforté par des coopérations concrètes entre l’Europe et la Tunisie, et la mise en place par Bruxelles et les gouvernements nationaux de mesures de fluidification des échanges (dans les deux sens).

jeudi 9 juin 2011

«Le ministère de l’Intérieur est le problème de la Tunisie», estime Slim Amamou

Slim Amamou réfute l’existence d’un «gouvernement de l’ombre», mais il déplore qu’une partie de l’appareil d’État, la sécurité en l’occurrence, demeure, hermétique, près de cinq mois après la révolution.

En quatre mois, M. Amamou a travaillé avec deux ministres de l’Intérieur. Le premier, Farhat Rajhi, est un «ministre bien intentionné», mais «il n’a pas les armes». La preuve: il «s’est fait attaquer dans son propre ministère par les agents; il s’est fait sortir par l’armée», affirme-t-il dans une interview à ‘‘Owni’’.
«On ne peut pas virer tous les pourris d’un seul coup»Le second, Habib Essid, «a prouvé son efficacité». «Après les exactions de la police consécutives aux propos de Rajhi, il s’est excusé, pour la première fois dans l’histoire du ministère de l’Intérieur, et le lendemain matin, il n’y a eu aucun débordement», explique M. Amamou. Selon lui, M. Essid «a prouvé qu’il pouvait reprendre la main, notamment par le biais des hauts gradés.» Résultat: «Aujourd’hui, la situation est sous contrôle.» En plus du fait que l’actuel ministre de l’Intérieur a déjà fait un passage par la maison, ce qui a facilité son intégration, M. Essid, contrairement à son prédécesseur, a compris qu’«on ne peut pas virer tous les pourris d’un seul coup» et qu’il «va falloir composer avec la situation».
Le corps de la sécurité reste cependant «hermétique». «On ne sait pas. On n’arrive déjà pas à faire la différence entre la vraie police et la fausse», explique l’ex-secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports. La preuve: «Des manifestants se sont fait tabasser par de faux policiers sous les yeux de vrais agents qui ne sont pas intervenus.»
Par ailleurs, personne ne connait le nombre de services de sécurité. M. Amamou ose même une comparaison: «Ils se sont réorganisés d’une manière très étrange, comme une cellule terroriste de type Al-Qaida».
Le célèbre blogueur, qui a été arrêté pendant la révolution et a goûté aux méthodes plutôt frustes des services de sécurité tunisiens, fait une description avisée de ces services. Son témoignage est assez intéressant: «Apparemment, le seul lien qui les unit, c’est le téléphone portable, avec lequel ils entretiennent un rapport très particulier. Pendant l’interrogatoire, lors de mon arrestation, ils allumaient leur téléphone au moment de s’en servir, et l’éteignaient quand ils avaient fini. Quand ils en avaient besoin, ils recevaient le nom et le numéro de l’agent qu’ils cherchaient à joindre. Vous imaginez à quel point ce système est décentralisé et archaïque? Pendant mon interrogatoire, les fonctionnaires avaient un pseudonyme, et moi aussi. A partir de là, même en parcourant les archives, on ne peut rien recouper.»

Un système basé sur le renseignement humainPreuve que ce système est archaïque et «ne marche pas»: les policiers qui l’ont interrogé ne savaient presque rien de sa vie. «Ils sont très forts quand il s’agit de torture psychologique, mais très inefficaces dans le renseignement, notamment sur Internet. Je m’en étais rendu compte après ma première arrestation, en mai 2010. Lors des interrogatoires, ils voulaient savoir comment je connaissais telle ou telle personne. Et quand je leur disais que j’étais en relation avec des gens sans jamais les avoir rencontrés, ils étaient surpris. Leur système est basé presque exclusivement sur le renseignement humain.»
Quant à l’unité chargée, sous Ben Ali, de surveiller le web, et dont on a longtemps souligné la redoutable efficacité, elle n’a pas plus d’efficacité, aux yeux de M. Amamou. Car ses «méthodes sont les mêmes». La preuve: «Le 6 janvier, quand j’ai été arrêté pour la seconde fois, ils m’ont demandé le mot de passe de mon adresse mail. Il a fallu qu’ils me tabassent pour l’obtenir, mais c’est comme ça que ça fonctionne. Ce n’est absolument pas sophistiqué. Ils font de l’open source intelligence; ils surveillent les salafistes, mais la base de leur travail se résume à l’identification de la personne qu’ils veulent interroger.»
La description que l’ancien secrétaire d’Etat fait des services de sécurité tunisiens souligne, s’il en est encore besoin, la nécessaire réforme de ces services, qui ne sauraient continuer à fonctionner selon les méthodes anciennes,  au risque de reproduire les pratiques que l’on souhaite ne plus voir dans notre pays, notamment l’extorsion de soi-disant aveux sous la torture.

Tunisie. Les Emirats vont geler les avoirs de Ben Ali et ses proches

La Banque centrale des Emirats arabes unis a demandé aux banques travaillant dans le pays de geler les avoirs de l’ex-président Ben Ali, et de 120 autres  de ses proches.

L’information vient d’être rapportée par l’agence officielle Tap, citant le quotidien économique émirati ‘‘Alroya al-Iqtissadia’’.
Le journal, citant une note de la Banque centrale, précise qu'il avait été demandé aux banques locales et internationales installées dans le pays ainsi qu’aux firmes d’investissement de vérifier l’existence d'avoirs revenant à Ben Ali, sa femme Leila Trabelsi, et 120 autres Tunisiens et de les geler.
Les autorités tunisiennes ont demandé à de nombreux  pays de geler les avoirs de l’ex-président soupçonné d’avoir amassé, en 23 ans de pouvoir, une grande fortune et d'avoir, avec les membres de sa famille et celle de sa femme, fait de nombreux placements à l’étranger.

Comment rompre avec le système de la corruption en Tunisie

La lutte contre le système de corruption nécessite le rétablissement de la confiance, à travers la restitution des avoirs et des biens acquis illégalement, a déclaré Abdelfattah Amor.

Le président de la Commission nationale d’établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption a annoncé que sa commission a présenté une liste supplémentaire regroupant 45 noms, qui s’ajoutent aux 110 personnes contre lesquelles des mesures de confiscations des biens et des avoirs ont été  prises. Il a précisé aussi que le nombre de dossiers reçus par la commission a atteint 7.800, dont 2.150 ont été étudiés et 108 transférés à la justice.
«Sous le règne du président déchu, la corruption s’est propagée dans tous les secteurs pour devenir une culture», a souligné M. Amor, précisant que la rupture avec ces agissements n’est pas une mission aisée.
La commission, a-t-il indiqué, œuvre à travers ses recommandations à restituer les avoirs spoliés et à punir les fautifs, l’objectif étant de permettre au Tunisien de retrouver sa sérénité et reprendre confiance dans ses institutions.
Il a, en outre, exprimé la volonté de renforcer l’action de la commission par la création d’une sous-commission ou une deuxième commission «Vérité, justice et réconciliation», afin de permettre à la société tunisienne de démarrer une nouvelle étape qui assurera un système de lutte contre la corruption, tout en garantissant la transparence, la responsabilité et la citoyenneté.
M. Amor participait à la conférence internationale sur le thème: «Quel modèle de développement pour une Tunisie démocratique», organisée à l’initiative de l’Association des économistes tunisiens (Asectu), et dont les travaux ont été clôturés, mercredi, à Hammamet sud.
Outre la rupture avec le système de corruption, les principales recommandations de la rencontre ont porté sur la réforme du système fiscal et le renforcement de la contribution du marché financier au financement de l’économie. Ces thèmes ont été évoqués notamment par les économistes Neji Baccouche et Faycal Derbal, qui ont mis l’accent sur les lacunes du système fiscal tunisien, et l’expert financier Fadhel Abdelkafi, qui a souligné que l’économie tunisienne a besoin de ses ressources propres pouvant être garanties à travers le marché financier.

Tunisie. Rendre le pouvoir au peuple et non changer de façade (3/3)

Le processus de la révolution et de la transition démocratique est en danger, estime Vérité Action* dans ce troisième et dernier article dressant un bilan à mi-chemin de la transition tunisienne.

Nous relevons, selon nos propres constatations sur le terrain, un net recul de la question de la sauvegarde des droits de l’homme en Tunisie, avec notamment les sacro-saintes compétences dévolues à la police pour amener la stabilité.
Nous tirons la sonnette d’alarme sur la question de la torture et des demandes des personnes lésées à faire prévaloir la justice et être rétablis rapidement dans leurs droits fondamentaux en tant que citoyens.
Pourtant, cette question ne semble pas prioritaire dans le contexte actuel marqué par des discussions interminables sur les prochaines élections.
La société civile a la tête ailleurs  Les familles des victimes de la répression sont abandonnées à leur sort et très peu orientées sur la meilleure façon de faire valoir leurs droits contre les tortionnaires et les «snipers» entre autres.
La société civile ne prend pas suffisamment sa responsabilité dans la poursuite des violations des droits de l’homme ni dans le soutien des victimes de la torture et la répression et de leurs proches qui ne cessent de descendre volontairement dans les rues, sans soutien effectif et efficace.
Ainsi, on a dû attendre les déclarations d’un haut fonctionnaire de l’Onu pour se rendre à l’évidence que la justice transitionnelle n’a même pas commencé à fonctionner. Suite à ces déclarations, le gouvernement s’est empressé de rassurer la population, mais les annonces faites à ce sujet sur les poursuites contre l’ancien président et une vingtaine de hauts responsables de son régime n’ont convaincu personne.
Sur un autre plan, la question des réfugiés tunisiens en Europe augmente la crainte des pays européens qui choisissent la voie de fermeté sécuritaire dans un contexte politique marqué par la montée de l’extrême-droite.
Dans ce contexte, les Tunisiens, qui reçoivent sur leur territoire des centaines de milliers de réfugiés de la guerre en Libye sans vrai soutien de la communauté internationale, ne comprennent que les pays européens deviennent à ce point agités face à quelques milliers de réfugiés tunisiens, largement maltraités.
La justice traîne les pieds La lutte contre la corruption reste quant à elle également sans suite concrète. Les Tunisiennes et les Tunisiens posent beaucoup de questions sur le travail de la commission contre la corruption. Aucune affaire n’a encore été portée devant les tribunaux – malgré les déclarations – et les suspects sont toujours libres et ont largement le temps de retirer leur argent ou de fuir le pays. Cela sans parler de la compétence des tribunaux ordinaires dans le traitement de ce genre d’affaire.
En fait, sans implication directe de l’Etat dans la prise en charge de ce dossier, il restera aux mains d’associations et autres groupements incapables, à part l’effet médiatique, de réaliser quoi que ce soit dans ce dossier.
La poursuite du dictateur, des membres de son gouvernement et de leurs proches boitillent. Le transfert de leur dossier au tribunal militaire, bien que motivé par la compétence de celui-ci en matière de traitement, laisse surgir des craintes légitimes quant au sérieux d’une telle démarche et des garanties quant à l’extradition de Ben Ali et de sa famille et la récupération des fonds placés à l’étranger.
La crainte est que les pays, sur les territoires desquels se trouvent ces dirigeants, peuvent brandir l’impossibilité d’extradition car les tribunaux militaires sont des tribunaux d’exception qui ne garantissent pas la tenue de procès équitables, selon les normes internationales connues.
Enfin, Vérité-Action souhaite attirer l’attention sur le devoir de tous les partis politiques, associations et autres à favoriser un climat d’échange sain et tolérant pour avancer dans le chemin de la démocratie et des libertés à pas fermes.
Les conclusions de Vérité-ActionVérité-Action, qui a déjà attiré l’attention dans ses précédentes prises de position, et plus particulièrement celle du 21 janvier 2011, sur ces dangers et les craintes qui accompagnent la révolution tunisienne, souhaite mettre l’accent sur les conclusions suivantes:
1. Vérité-Action poursuivra son engagement dans la défense des droits de l’homme et des libertés en Tunisie, en faisant tout pour que ces souhaits deviennent ancrés dans le quotidien du citoyen et dans le contexte social, économique, politique et historique de la Tunisie.
2. Vérité-Action déclare adhérer entièrement aux valeurs légitimes de la révolution, à savoir la liberté, la justice sociale, la dignité et la démocratie de notre société tunisienne arabo-musulmane libre et indépendante.
3. Vérité-Action continuera à soutenir et défendre les revendications du peuple et à œuvrer sur tous les thèmes qui présentent un intérêt commun, tout en préservant son indépendance.
4. Vérité-Action considère que sa contribution est complémentaire à celle des autres partenaires sur les scènes nationale et internationale, et cela dans un esprit de transparence et de partenariat.
5. Vérité-Action mettra son expérience jusqu’ici acquise pour œuvrer de façon prioritaire pour la poursuite des anciens responsables de l’ancien régime pour leur rôle dans la corruption, la torture et la répression, et cela par l’appel à instaurer une vraie justice transitoire indépendante et sereine.
Fort de cet engagement, Vérité-Action appelle le gouvernement actuel à respecter ses engagements pour travailler dans le chemin qui mène à l’instauration du vrai pouvoir du peuple, et non celui qui mène à réincarner le passé dans un soi-disant changement de façade.
Elle appelle les divers acteurs (politique, société civile, médias) à assumer leur responsabilité envers le peuple en cherchant les compromis nécessaires pour que leur peuple puisse enfin savourer le vrai goût d’une démocratie digne, réelle et transparente.

Tunisie. Une situation économique et sociale volatile (2.3)

Selon Vérité-Action*, l’enjeu économique et social, qui a donné à la révolte populaire un cadre commun de revendications légitimes, continue à peser lourd dans l’évolution de la situation générale en Tunisie.

Entre des appréciations alarmantes et d’autres voulant être plus rassurantes, tout le monde s’accorde sur l’effet perturbateur de cette situation économique précaire sur le vécu quotidien des Tunisiens.
A croire le gouvernement, la Tunisie compte aujourd’hui pas moins de 700.000 chômeurs, dont la majeure partie composée de cadres et de chômeurs de longue durée.
Le scepticisme des investisseursIl sied de rappeler que, dans la période qui a suivi le départ du président déchu, beaucoup d’entrepreneurs et de patrons, notamment étrangers, ont trouvé l’occasion propice pour procéder à des fermetures systématiques des unités de production et aux licenciements de masse. Le prétexte sécuritaire, orchestré par les fidèles de l’ancien régime, a servi comme alibi pour justifier cette mise à plat de l’économie.
Avec le coup dur qu’a accusé le tourisme, activité économique toujours aléatoire dans les périodes de turbulence, la situation s’est beaucoup aggravée.
Malgré beaucoup de discours prononcés à ce sujet, le tourisme a du mal à redémarrer normalement. Actuellement, nous assistons à la chute brutale de ce secteur sans que le gouvernement ne puisse lui apporter le soutien escompté.
En effet, ce phénomène traduit un grand scepticisme des investisseurs à l’égard de l’évolution de la situation générale dans le pays.
Dans ces circonstances, la population s’est trouvée confrontée à la notion d’aide internationale comme seule porte de secours au pays. Le choc créé par une telle situation est énorme et ne cesse d’accroître les angoisses au quotidien des gens, d’autant plus que, dans une situation transitionnelle, les aides reçues de l’étranger font planer un énorme doute sur l’impact d’un tel choix sur l’indépendance du pays.
C’est d’ailleurs, un sentiment de crainte qui a accompagné la participation du Premier ministre actuel au G8 en France et la déclaration portant sur d’importants montants débloqués pour aider à la sortie de crise.
Le dilemme de la sécuritéLes Tunisiens vivent la sécurité dans leur pays comme un dilemme consistant à passer du «tout sécuritaire» sous l’ère du président déchu à la démission délibérée des forces de l’ordre dans le but de réaliser des fins financières injustifiées et d’empêcher l’instauration d’une vraie justice transitionnelle qui pourra les amener à répondre de leurs actes odieux sous la dictature de Ben Ali.
Quand l’ancien ministre de l’Intérieur, Farhat Rajhi, a annoncé la dissolution de la police politique et de l’appareil de la sécurité d’Etat, et après qu’il eut mis un certain nombre de responsables à la retraite anticipée, les Tunisiens ont cru que leur révolution a commencé à porter ses fruits.
Toutefois, ces mesures sont restées de l’ordre du maquillage institutionnel qu’autre chose. Preuve en est que ce seul ministre qui a osé quelques décisions «courageuses» s’est vu reprendre vite les clés de son ministère, qui fut confié à Habib Essid, un ancien fonctionnaire du ministère de l’Intérieur.
Aujourd’hui, la machine policière, appuyée par des éléments cagoulés qui interviennent pour disperser les manifestations, est toujours active et continue à procéder selon l’ancien registre (arrestations arbitraires, violences et même, dit-on, torture).
Le droit de manifester est bafoué: les dernières manifestations à l’avenue Bourguiba, début mai, ont été durement réprimées et ont renforcé les craintes du peuple et de la jeunesse quant à la réelle volonté des dirigeants actuels à créer le changement souhaité.
Il est important de rappeler que le retrait de la police et de la garde nationale et  la fuite organisée de détenus et de prisonniers ont créé un état de chaos total et aggravé et fragilisé la situation.
Parallèlement à ce rôle «ordinaire» de la police depuis 1956, celle-ci cherche à  soigner son image et à montrer l’importance de son rôle dans le maintien de l’ordre et la sécurité dans le pays. Ce type de message est régulièrement véhiculé par la télévision et la radio qui ne cessent de les inviter davantage à l’antenne et sur les plateaux.
Dans ce contexte, il est presque acquis que très peu de bourreaux du passé se sont retirés du paysage sécuritaire.
Beaucoup d’évènements pour le moins orchestrés laissent penser que rien n’a réellement changé au sein du ministère de l’Intérieur, d’autant que le Premier ministre ne cesse de véhiculer l’ancien discours de Bourguiba sur l’autorité de l’Etat qu’il faut asseoir. Les fuites répétées de prisonniers dans l’ensemble du pays, les braquages et autres problèmes sécuritaires semblent utilisés pour justifier la continuité de l’appareil répressif sous couvert de maintien de l’ordre.
A cela viennent s’ajouter plusieurs évènements graves, mais sur lesquels la population a été très peu éclairée par les autorités, et ce au sujet d’attaques terroristes qui étaient sur le point de viser le pays, ce qui a renforcé la crainte alimentant le même discours sécuritaire du passé.

«Cet été, je rentre» ou la solidarité des Tunisiens de l’étranger

Le magazine ‘‘00216’’, qui vient d’organiser récemment le Village du Jasmin à Paris, lance une campagne de séjours solidaires, «Cet été, je rentre», à l’attention des Tunisiens de l’étranger.

Les 1, 4 million de Tunisiens de l’étranger peuvent contribuer durablement au redressement de l’économie  tunisienne. D’ordinaire, en été, environ 800.000 de nos concitoyens de l’étranger et amis de la Tunisie rentrent au pays. Par leur solidarité, les Tunisiens de l’étranger et amis de la Tunisie peuvent et veulent s’engager davantage à soutenir la Tunisie nouvelle.
C’est tout l’esprit de cette campagne citoyenne qui se déroulera du 13 juin au 8 août. Le message  et les visuels mettent l’accent sur le devoir de solidarité cher aux Tunisiens de l’étranger. L’objectif est triple: rentrer en Tunisie, venir accompagnés (famille, collègues…) et une fois sur place, consommer!
Pour un maximum d’impact, la campagne démarre dans les jours prochains avec le lancement du site web «jerentre.com», l’installation de relais Plv dans les consulats et le lancement d’une campagne presse dans les principaux pays d’accueil.
En Tunisie, un accueil personnalisé sera réservé aux arrivants dans les ports et aéroports incluant la distribution notamment d’un chéquier de réductions à valoir auprès de différentes sociétés tunisiennes: télécoms, banques, immobilier, hôtels, agro-alimentaires, meubles, voitures...
Sur le chemin du retour, un panier gourmand solidaire sera proposé à la vente dans un grand réseau de distribution. La composition de ce panier devra profiter prioritairement aux régions les plus durement touchées par la crise. A ce sujet, les entreprises voulant communiquer leurs offres ciblées peuvent prendre contact auprès de l’agence Serviced, le partenaire en Tunisie ou directement par mail: jepropose@00216mag.com

La Olavide promueve acuerdos de colaboración con Túnez


Una delegación universitaria trabaja para cerrar proyectos de investigación conjuntos
Una delegación de la Universidad Pablo de Olavide (UPO) encabezada por el catedrático y director del Centro Mediterráneo Andalusí (CMA), Sami Naïr, se ha trasladado a Túnez para reforzar la cooperación con este país, buscando establecer y desarrollar nuevos acuerdos y proyectos conjuntos. En esta visita, en la que también participan el vicerrector de Investigación y Transferencia Tecnológica, Manuel Herrero; la directora del Campus de Excelencia Internacional de Medio Ambiente, Biodiversidad y Cambio Global (CEI CamBio), Pilar Paneque, y la coordinadora de proyectos del CMA, Hélèn Fabre, los representantes de la Olavide han mantenido una reunión con el ministro de Educación Superior e Investigación Científica, Rifaat Chaabouni.

Según explicó la UPO en un comunicado, durante este encuentro, Sami Naïr explicó al ministro las iniciativas y los proyectos puestos en marcha por su centro, como el reciente Coloquio Internacional Las mujeres en el cambio de los países del Mediterráneo, y su intención de establecer una antena de representación permanente en Túnez. El catedrático, además, mostró su interés por las transformaciones políticas y sociales experimentadas por el país magrebí, respaldando el sostén y apoyo decidido que puede jugar el Centro Mediterráneo Andalusí en este proceso de transición democrática.

Desde el CEI CamBio, Pilar Paneque presentó al ministro una de sus líneas de trabajo: el Campus Transfronterizo del Estrecho de Gibraltar. Esta iniciativa, en el que participan entidades de Marruecos, Argelia y Túnez, agrupa un número importante de instituciones académicas y centros de investigación, con las que se está conformando una red estable de trabajo para el desarrollo de iniciativas docentes, de investigación, innovación, transferencia de resultados y colaboración con empresas y parques tecnológicos. Las actividades de la delegación de la UPO en Túnez se enmarcan dentro de la política de internacionalización y de impulso de los lazos con instituciones académicas.

Tunisie : Leïla, la Cruella de Carthage



Dans un livre à paraître, l’ancien majordome de Mme Ben Ali raconte ses vingt années passées auprès du couple présidentiel tunisien. Vénalité, férocité et drogue… On en a froid dans le dos.
Il y avait décidément quelque chose de pourri au royaume de Carthage. Si certains en doutaient encore, le récit de Lotfi Ben Chrouda achèverait de leur ôter toute illusion. Avec la complicité d’Isabelle Soares Boumalala, collaboratrice à l’hebdomadaire Paris Match, l’ancien majordome de Leïla Ben Ali raconte ses vingt années passées « dans l’ombre de la reine » et ce que fut le quotidien du couple présidentiel, entre pittoresque et sordide.
Native de la médina de Tunis, Leïla la midinette qui n’a pas fait d’études rêve d’un grand destin : « Je vais me marier avec un prince, un roi ou un président […], changer votre vie, vous acheter des maisons. Vous aurez des bonnes et des chauffeurs », répète-t-elle aux siens. Elle tiendra parole, et sa cupidité sera sans limites. Son mysticisme de pacotille aussi. Une cohorte de sorciers qu’elle fait venir du Maroc, du Sénégal ou du Mali fait la loi, bien plus que les ministres. « Tu vas égorger le caméléon, tremper ton doigt dans son sang et dessiner un cercle autour de la cheville du raïs », lui intime l’un d’eux. Subjuguée, Leïla s’exécute. N’a-t-elle pas constaté que, « depuis le début de ces rituels, la volonté du président s’amenuise un peu plus chaque jour ? » Prête à tout pour ne pas perdre son ascendant sur un époux volage en manque de descendant mâle, elle ment sur le sexe de l’enfant qu’elle porte pour se faire épouser, prend à son tour un amant, un certain Larbi Mehadoui, et abrite leurs ébats à La Marsa ou dans des palaces à l’étranger. Derrière une façade « amour, gloire et beauté », le couple présidentiel vit dans une ambiance volcanique. Un jour, écrit Ben Chrouda, « furieux [de ses infidélités], le raïs lui assène un coup de poing au visage et dégaine son pistolet en menaçant de la tuer ».
Huile bouillante
Mais le président a bien du mal à résister à la volonté de celle qui, telle la méchante reine de Blanche Neige, apostrophe son miroir : « C’est qui, la déesse de la Tunisie  ? C’est moi ! » Véritable Cruella d’Enfer, elle n’hésite pas à plonger les mains d’un cuisinier, peu rapide à son goût, dans de l’huile bouillante. « Avec Ali Seriati [ex-directeur de la sécurité présidentielle, NDLR] et sa famille [les Trabelsi, NDLR], c’est la terreur qu’elle va distiller et la corruption qu’elle va généraliser », explique Ben Chrouda. On pille jusqu’au patrimoine archéologique pendant que le sérail s’amuse, de soirées cocaïne en parties de poker au Club Elyssa, où l’on fait et défait les carrières.
Avant sa fuite, Ben Ali avait confié que Sidi Hmid Bannour lui était apparu en rêve : « Tu as déplacé mon tombeau pour construire ton palais, lui aurait dit le saint homme. Moi, je vais te déplacer au-delà des mers, et tu mourras en pays étranger. »

La date des élections en Tunisie, un sujet extrêmement sensible

Les élections en Tunisie pour désigner une assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution, en remplacement de celle de l’ancien régime, ont été fixées au 23 octobre. Ces élections, qui seront les toutes premières après le soulèvement populaire de décembre et janvier derniers, avaient été fixées à l’origine au 24 juillet.
La majorité des partis politiques tunisiens se sont inclinés ce mercredi 8 juin face à la décision du gouvernement de repousser les élections au 23 octobre. Lorsque la date initiale du 24 juillet avait été proposée par le gouvernement, la commission électorale indépendante, contre l’avis du gouvernement et de certains partis, avait demandé un report au 16 octobre en affirmant avoir besoin de ce délai pour organiser une élection crédible et transparente.
A l’époque, les grands partis de l’opposition ainsi que l’opinion publique ne souhaitaient pas ce report car ils redoutaient que le gouvernement ne renonce à sa promesse de mener la Tunisie sur la voie de la démocratie. Tous craignaient que la révolution ne soit confisquée.
Face à la pression de la rue et pour éviter le bras de fer avec la commission électorale, le gouvernement finit par reconsidérer la date initiale et arrêter celle du 23 octobre.
D’âpres négociations se sont tenues ces dernières semaines
Suite également à un vif débat avec les différents partis politiques tout au long de ces dernières semaines, et après accord avec les partis politiques, le gouvernement tunisien a fini par trancher. Ce mercredi 8 juin, le Premier ministre de transition, Bedji Caïd Sebsi, a déclaré à la presse : « Nous avons pris en compte tous les avis et nous avons décidé de tenir les élections le 23 octobre […] Le plus important, c’est d’organiser des élections libres et transparentes ».
La commission indépendante électorale avait elle-même affirmé avoir besoin de ce délai pour organiser une élection crédible et transparente. Les responsables électoraux avaient fait valoir des problèmes techniques et logistiques et notamment le fait que près de 400 000 Tunisiens n’ont toujours pas de carte électorale.
Au micro de RFI, Kamel Jendoubi, le président de la Commission électorale indépendante, nous parle de la mission.

mardi 7 juin 2011

Kaddafi, Aqmi : comment la Tunisie fait front Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Kaddafi, Aqmi : comment la Tunisie fait front



Tirs de roquettes et incursions de brigades loyalistes libyennes, infiltration de groupes terroristes via la frontière avec l’Algérie…La population et les forces de sécurité sont sur le qui-vive en Tunisie.
Géographiquement prise en tenaille entre la Libye et l’Algérie, la Tunisie subit de plein fouet les contrecoups de la guerre entre les forces de Mouammar Kaddafi et ses rebelles. D’une part, les populations frontalières vivent, depuis le mois d’avril, au rythme des tirs d’obus libyens et des infiltrations des brigades de Kaddafi cherchant à prendre à revers les rebelles. D’autre part, les incursions de groupes armés – liés ou non à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) – à partir de l’Algérie se multiplient.
Sur le terrain, l’armée tunisienne et les forces de sécurité intérieure sont en alerte maximale, notamment dans le sud. Des hélicoptères et des F-5 de l’armée de l’air patrouillent tout le long de la frontière et des véhicules tout-terrain sillonnent le désert et les montagnes à la recherche de suspects. Des brigades de Kaddafi ont à plusieurs reprises franchi la frontière. On rapporte le cas de 220 soldats, à bord de 70 véhicules, qui ont été désarmés et renvoyés illico presto chez eux, le 14 mai.
"Ne pas jeter d'huile sur le feu"
« Face à la guerre libyenne qui est à nos frontières, a déclaré le Premier ministre du gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi, nous faisons preuve de sagesse, de circonspection, et nous ne jetons pas d’huile sur le feu. » C’était le 8 mai, au lendemain de la troisième protestation diplomatique auprès de Kaddafi, qui n’a cessé pourtant de promettre qu’il allait mettre fin aux tirs et aux infiltrations. Le gouvernement lui a lancé un nouvel avertissement, affirmant que la Tunisie prendrait « les dispositions nécessaires pour préserver l’intégrité de son territoire national et la sécurité des habitants et des réfugiés… »
Mais Kaddafi n’en a cure et poursuit l’escalade militaire. Un des derniers incidents en date : le 17 mai, une vingtaine de roquettes de type Grad tirées par ses forces sont tombées dans les environs du village de Dehiba, à la suite d’une offensive avortée pour reprendre le contrôle du poste-frontière de Wazzan, tenu par les rebelles adossés à la fortification naturelle du Djebel Nefoussa.
Le gouvernement tunisien hausse aussitôt le ton dans sa quatrième protestation en un mois et exprime sa « vive indignation » aux autorités libyennes. « Bien qu’il se soit engagé, à plusieurs reprises, à empêcher ses troupes de tirer en direction du territoire tunisien, le gouvernement libyen n’a pas respecté ses engagements », déclare Tunis, qui avertit que la poursuite de ces « agressions » aura « des conséquences néfastes et immédiates » sur les relations entre les deux pays. Le gouvernement déclare qu’au cas où ces violations ne cesseraient pas la Tunisie serait amenée à prendre des « mesures fermes » pour défendre l’inviolabilité de son territoire, y compris en portant l’affaire devant l’ONU.
Équilibrisme
Entre-temps, c’est à un exercice d’équilibrisme que se livre le gouvernement tunisien, dont le cœur penche pour les rebelles, et qui entretient de bons rapports avec les représentants de leur gouvernement provisoire, basé à Benghazi, sans toutefois lui accorder, au stade actuel, la reconnaissance diplomatique. Un effort extraordinaire est accompli pour recueillir et soigner les blessés, et accueillir les réfugiés libyens de tous bords. Kaddafi, de son côté, s’il persiste dans cette voie, risque de perdre en Tunisie le seul point de passage qu’il lui reste pour les déplacements de ses hommes à l’étranger et le ravitaillement. Les Tunisiens n’ont en tout cas plus confiance en lui et s’attendent au pire. Ils n’oublient pas que Kaddafi avait pris position en faveur de Ben Ali dès le lendemain de sa chute, un mois avant le déclenchement de la révolte en Libye. Il est vraisemblable que, s’il n’avait pas lui-même été accaparé par la répression de son peuple, il aurait aidé le clan Ben Ali à mener des opérations de déstabilisation de la révolution.
Par ses opérations militaires à la frontière, Kaddafi aura en tout cas amené le gouvernement tunisien à dépêcher le gros de l’armée et de la garde nationale dans l’ouest et le sud pour empêcher les infiltrations tout le long de la frontière avec la Libye (459 km) et l’Algérie (965 km). Un déploiement prioritaire, mais qui dégarnit d’autant les grandes villes, au moment où l’état d’urgence est toujours en vigueur et l’insécurité persistante, du fait des actes de violence sporadiques attribués aux forces contre-révolutionnaires et à la criminalité.
Accrochage meurtrier
Les infiltrations de groupes armés via la frontière avec l’Algérie commencent, quant à elles, à devenir inquiétantes. Les forces de sécurité ont ainsi arrêté, en mai, deux groupes de deux hommes de nationalités algérienne et libyenne, vraisemblablement membres d’Aqmi. Selon des sources sécuritaires, l’interrogatoire de ces commandos accrédite la thèse selon laquelle Aqmi les a entraînés et envoyés en éclaireurs, avec pour mission de mettre en place des caches d’armes – dont certaines ont été découvertes. Les autorités ont appelé les populations dans l’ensemble du pays à leur signaler l’identité des étrangers qu’ils hébergent, que ce soit dans les hôtels ou chez l’habitant, ce qui a contribué à aider les unités chargées de pourchasser les suspects à opérer de nombreuses arrestations.
Dans le centre-ouest du pays, deux hommes, détenteurs de passeports libyens, venus d’Algérie et porteurs de ceintures bourrées d’explosifs, ont ainsi été abattus le 18 mai, près de Rouhia (gouvernorat de Siliana), alors qu’ils prenaient la fuite après avoir été repérés par la population. Pourchassés par des éléments de l’armée et de la garde nationale, ils ont ouvert le feu, tuant un colonel et blessant deux soldats. L’opération s’est poursuivie par un ratissage de la région avec le concours de l’aviation pour retrouver un troisième suspect et d’autres individus qui se seraient récemment infiltrés dans le pays.
Entre les incursions d’éléments libyens et les infiltrations de groupes armés via l’Algérie, la tâche de la Tunisie s’annonce rude. « Nous avons presque la certitude que ce qui se passe en Libye peut avoir des conséquences fâcheuses dans la région, pas seulement en Algérie, mais également dans les pays voisins », déclarait, en avril, Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères. Il ne croyait, hélas, pas si bien dire.

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Des intermédiaires de Kadhafi rencontrent un avocat français en Tunisie

L'avocat Gilbert Collard a indiqué, mardi 7 juin 2011 sur Europe 1, avoir rencontré des émissaires de la famille Kadhafi dans un hôtel de Djerba, en Tunisie (confirmant des informations du Parisien), à la suite des accusations portées contre l'Otan qui aurait tué dans un bombardement le 30 avril dernier, l'un des fils de Kadhafi.

«On a dû me voir à l'hôtel, je l'assume, je ne le cache pas. J'ai été contacté d'abord en France et ensuite en Tunisie par des proches du président Kadhafi. J'ai été contacté en particulier par un des fils du colonel, enfin par des intermédiaires. Lui, je ne l'ai pas vu. L'objectif est de déposer une plainte pour le décès du fils de la famille», a expliqué l'avocat.
Notons que l'avocat n'a pas donné sa réponse pour le moment. «J'ai demandé des documents comme le certificat de décès pour m'assurer que contrairement à ce qu'on raconte ici et là, le décès de cet enfants est bien réel. Je ne suis pas quelqu'un qui va vous dire, Kadhafi est un saint, loin de là», a-t-il ajouté

Tunisie - Un délégué, de hauts cadres du RCD et des hommes d’affaires derrière les troubles à Metlaoui

Des sources de l’Armée et du ministère de l’Intérieur ont indiqué qu’ils ont procédé, dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 juin 2011, à l’arrestation de 18 personnes suspectées d’être à l’origine des graves troubles survenus à Metlaoui. Des troubles qui ont causé onze morts et plus de 100 blessés.

Depuis samedi dernier, 105 personnes ont été arrêtées, toutes transférées à la Brigade criminelle à Tunis pour les besoins de l’enquête.
Parmi les personnes, selon ces sources sécuritaires, figurent de hauts cadres du RCD, parmi ceux ayant occupé des fonctions de haut rang dans des directions centrales et de base au sein de l’ancien parti au pouvoir. Il y a également des hommes d’affaires de la région et un délégué de l’ancien régime.
Selon les mêmes sources, ces personnes ont été arrêtées en possession d’armes à feu, d’armes blanches et d’une quantité de munitions.

lundi 6 juin 2011

La OMT y Túnez firman un acuerdo de colaboración para relanzar el desarrollo turístico del país

La Organización Mundial del Turismo (OMT) y el Gobierno de Túnez han firmado un acuerdo de colaboración en virtud del cual la OMT apoyará el desarrollo turístico del país, mediante la cooperación en el marketing y la formación de los profesionales del turismo, entre otras áreas previstas, según indica el organismo en un comunicado.
    Según el acuerdo, la OMT proporcionará a Túnez datos actualizados sobre los movimientos y tendencias del turismo, así como orientación sobre la política de turismo.
   Asimismo, los funcionarios locales serán formados en las últimas herramientas de marketing y estrategias disponibles para potenciar el destino Túnez y lograr posicionarlo como uno de los más importantes del mundo.  
   La OMT y el Gobierno de Túnez también acordaron organizar una conferencia regional en Djerba donde se traten los criterios de competitividad y sostenibilidad de los destinos turísticos, y un taller de capacitación OMT sobre sistemas de calidad y clasificación de unidades de alojamiento turístico.
   El ministro de Turismo de Túnez, Mehdi Houas, ha destacado la importancia del apoyo de la comunidad internacional al país, y ha señalado que el turismo en la región está "plenamente operativo y abierto para los negocios", por lo que necesitan el apoyo internacional para comunicar "esta realidad".
   Por su parte, el secretario general de la OMT, Taleb Rifai, indicó que la asociación contribuiría a acelerar en un corto plazo el retorno de los turistas extranjeros a Túnez, donde el turismo representa cerca del 7% del PIB del país y da trabajo a 450.000 personas. A largo plazo ayudará, según Rifai, a mejorar la competitividad del destino.
   Durante los tres primeros meses de 2011, las llegadas de turistas internacionales disminuyó un 44% y los ingresos lo hicieron un 43%

Tunisie. Bilan d’une transition démocratique lente et incertaine (1/3)

Dans cette première partie, Vérité-Action* propose une analyse de la situation en Tunisie sur le plan politique. Les prochains articles seront consacrés à la sécurité, économie, les médias…

Après des décennies de longue lutte pour la liberté, la démocratie et la dignité, les Tunisiens ont pu, en date du 14 janvier 2011 avec la fuite du président déchu, inaugurer une vraie nouvelle ère dans leur histoire, où pour la première fois le peuple est devenu le maître de son destin.
La révolution de la dignité Cette révolution, qui a inspiré les autres populations arabes et même d’autres mouvements sociaux en Europe et partout dans le monde, est l’épilogue d’un long parcours de sacrifices qui ont commencé du moment même de l’occupation française, avec les assassinats perpétrés contre des grandes personnalités comme le syndicaliste Farhat Hached.
Des mouvements nationalistes et panarabes, puis la gauche et enfin le mouvement islamique d’Ennahdha, la répression était toujours féroce et sanglante, pour aboutir dans les années 90 à une chasse contre des dizaines de milliers de citoyens et un cadrage policier complet de la société.
C’est ce cadrage horrible par la peur et la répression sanglante qui a permis l’instauration, sous la coquette vide d’une république qui n’a jusqu’ici jamais existé en Tunisie, d’un régime ouvertement mafieux et corrompu qui a réduit le pays en cendres et l’a totalement ruiné.
De leur côté, les mouvements sociaux (Ugtt, étudiants, etc.) ont insufflé à cette lutte une dimension plus large.
C’est dans ce contexte d’une lutte à travers des générations complètes que la jeunesse tunisienne a pu, sous l’impulsion de l’événement choc de l’immolation du jeune Bouazizi par le feu, mener avec toutes les couches de la société et toutes ses forces vives, la révolution dite de la dignité.
Une fracture politique et sociale Aujourd’hui, plus de 4 mois après cette révolution et dans un contexte de tension extrême marquée notamment par une fracture politique et sociale grave autour de la question du report des élections du 24 juillet 2011 de l’assemblée constituante, Vérité-Action souhaite dresser le bilan global de la situation en Tunisie sous les divers plans politique, économique, social, et bien évidemment celui des droits de l’homme, et se déterminer par rapport à diverses questions, plus particulièrement celles qui touchent à son terrain d’action.
La Tunisie a eu depuis le 14 janvier trois gouvernements et deux présidents, le parlement a été dissout suite à l’annulation de la constitution et l’armée est installée comme garant de la révolution.
Ce bilan dénote une grave crise de légitimité que connait l’Etat après la révolution. Ces gouvernements, bricolés par les anciens du régime Ben Ali, pour sauver les intérêts de la même classe politique qui a régné sans partage depuis 55 ans, se sont trouvés confrontés à une jeunesse qui s’est sentie trahie.
A ce jour, et malgré les divers habillages constitutionnels et consensuels qu’on a voulu lui donner, le gouvernement, sous sa forme actuelle, manque de légitimité et se trouve ainsi incapable de répondre aux souhaits du peuple qui a donné des centaines de martyrs pour chasser Ben Ali du pouvoir.
Tout le monde s’accorde à dire que la majorité des ministres et autres hauts fonctionnaires du gouvernement «de transition» sont des anciens bourguibiens ou des proches de l’ancien régime, ce qui explique, d’une part, leur choix délibéré de contrecarrer la révolution du peuple, et d’autre part, la frustration de la jeunesse et du peuple en général qui se voit voler les fruits de ses grands sacrifices.
La mainmise des «anciens»Pire encore, cette mainmise des «anciens» sur le quotidien des gens se manifeste encore largement dans le faible remaniement qu’a connu le ministère de l’Intérieur, responsable de toutes les horreurs contre les citoyens, ainsi que l’opposition politique, et la société civile.
Les déclarations récentes d’un haut fonctionnaire de l’Onu que la police politique n’a pas été réellement dissoute et que ses dirigeants ont même été promus, ainsi que le fait que la torture n’a pas totalement disparu…, ces déclarations ont plongé le peuple, la classe politique et tous les autres acteurs dans un profond désarroi qui ne fait bloquer davantage toute avancée sur le chemin du renouvellement des institutions.
Cette crise de légitimité ne touche pas seulement le gouvernement, mais également les institutions transitionnelles qu’il a créées et qui se sont apparues coupées des aspirations des gens et très peu représentatives, ce qui a enclenché d’autres tensions très visibles sur la scène politique et médiatique.
Tout ainsi semble avoir été fait pour empêcher l’avènement d’une vraie transition démocratique et pour permettre de tourner réellement la page du passé.
La Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, est l’exemple type de ce choix.
En fait, la composition de cette institution, dont le président a été nommé par l’ancien dictateur déchu pour une mission un peu semblable, ne représente pas les forces politiques et sociales en présence et confirme cette approche centraliste qui exclut, en bonne partie, la jeunesse et les régions déshéritées.
De même, le mandat qui lui a été confié a été tellement confus au point qu’il a plongé cette institution dans des querelles interminables autour de sujets non prioritaires.
De ce fait, à part les sujets futurs de transition démocratique, cette institution n’a pu exercer aucun contrôle sur le gouvernement, prétendument composé de technocrates, alors que tout le monde est convaincu qu’il est essentiellement composé des  équipes «remplaçantes» du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, dissous par une décision judiciaire, mais omniprésent dans les faits) et du Parti socialise destourien (Psd), dans lequel a longuement travaillé l’actuel Premier ministre.
Sans une vraie pression (la pression de la rue a été réprimée avec l’aval de cette institution et d’une classe politique peu consciente des enjeux auxquels fait face le pays), le gouvernement n’a que très peu avancé sur les réclamations principales de la révolution, à savoir le rapatriement des énormes sommes d’argent cachés à l’étranger, la dissolution de la police politique, la rupture avec le Rcd et la justice sociale dans un environnement économique et social très morose, et encore aggravé par l’indécision du gouvernement sur ce plan.
La confusion de la scène politique Quant à l’échiquier politique, il est marqué par une confusion énorme consistant dans l’augmentation démesurée du nombre des partis politiques (dont une dizaine formés par les «rescapés» du Rcd qui n’ont pas été inquiétés par la justice transitionnelle, laquelle n’a même pas commencé à fonctionner) et le choix porté sur l’occupation de l’espace public et médiatique dans l’attente d’élections dont on ne sait même pas encore la date.
D’aucuns pensent, par ailleurs, que cela est dû à l’absence de toute expérience démocratique dans le pays et aux séquelles laissées sur ces divers partis par les  décennies de répression, ce qui fait de la réorganisation interne un souci majeur qui occupe presque toute l’actualité de ces acteurs pourtant indispensables dans cette phase transitoire pour participer au guidage du processus transitionnel.
De son côté, l’Union générale des travailleurs tunisiens (ci-après l’Ugtt), elle-même convertie dans la politique par la création d’un parti (le Parti du travail tunisien), semble incapable, du fait de la complexité de ses rapports de force internes, de rejouer le rôle qu’elle a joué au début de la révolution comme un lieu de rassemblement et de coordination de l’effort populaire.
Face à un patronat qui a totalement perdu le sens des priorités en privilégiant la prudence «coupable» et la fermeture de plusieurs entreprises et pôles industriels, l’Ugtt est elle-même dépassée par des mouvements de grève, certes en bonne partie légitimes, mais qui ne s’inscrivent dans aucune logique de vision globale et de stratégie de long terme.
Quant à la société civile, elle semble s’enrichir par l’ambiance qui a vu lever les restrictions du passé sur ses activités, mais donne l’impression de se chercher un nouveau rôle qui ne soit pas seulement contestataire. L’absorption d’une partie de cette société civile dans la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution l’a empêchée d’être un vrai contre-pouvoir pour imposer les thèmes principaux de l’ère de post-révolution.
Enfin, la jeunesse, devenue un acteur visible, semble désabusée par ce paysage politique et médiatique illisible au point qu’elle paraît déçue de voir ses revendications encore loin d’être réalisées. La jeunesse reste, malgré sa présence active sur la toile, marginalisée, mais semble vouloir jouer un rôle et être très attentive à l’évolution de la situation générale dans le pays.
Demain - Tunisie. Une situation économique et sociale très volatile (2-3)
* Vérité-Action est une Ong fondée en 1997, basée dans le canton de Fribourg en Suisse. Régie par le code civil suisse, elle œuvre pour la liberté d’expression et d’association en Tunisie, la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion et la promulgation d’une loi d’amnistie générale, l’indépendance de la justice et de la magistrature et le respect du rôle de la défense, le respect des droits de l’Homme et de la dignité humaine et la cessation des pratiques de torture, de harcèlement et de persécutions dont sont victimes les défenseurs des droits de l’Homme et les prisonniers politiques ainsi que leurs proches.

Tunisie. Quand le parti Ennahdha se dévoile

Sami Dachraoui écrit - Finalement, ils ont pris leur courage à deux mains et annoncé, certes du bout des lèvres, que la polygamie était l’un des principes fondamentaux de leur programme à venir. Le mot est lâché.

La suite n’est pas difficile à imaginer: la disparition pure et simple du code du statut personnel (Csp). Ce code unique dans le monde arabe, salué par tous et qui fait la fierté de la majorité des Tunisiens. Ce code que Bourguiba a eu le génie et l’intelligence politique d’imposer à une époque où même le simple fait de dévoiler ses cheveux était un geste sacrilège pour une femme. Ce code qui a fait de la Tunisie un exemple de modernité.
Duplicité et double discours Certes «ils» vont démentir, et dire que le Csp est un acquis irréversible, qu'ils sont pour la modernité, pour un régime politique à la turque, et bla-bla-bla.
Ils vont s’inviter sur les plateaux TV, à la radio, dans les journaux, et montrer le visage rassurant d’un islam soi-disant moderne et en phase avec son époque. «Aie confiance», comme disait  Kaa le serpent hypnotiseur dans le ‘‘Livre de la Jungle’’. La duplicité et le double discours.
Mais derrière tout cela, il y a le vrai discours, celui tenu dans les réunions nocturnes ou lors des meetings qui rappellent ceux du Fis de Ali Belhadj au stade 5-Juillet d’Alger dans les années 90. Les prêches enflammés ponctués d’«Allahou Akbar!» vengeurs et rageurs. Comme si l’on préparait une guerre sainte, une guerre opposant les vrais musulmans aux «autres», les «kouffa » de tous bords, les impies.
Que nous réserve le scrutin du 17 octobre?
Ce discours est celui d’un salafisme pur et dur, qui prône un retour aux valeurs ancestrales, celles de la charia.
Coupons les bras des voleurs, lapidons sur la place publique les catins coupables d’adultère, fermons les maisons closes et les bars, interdisons l’alcool, la musique, le cinéma, etc., toutes ces pratiques sataniques importées de l’Occident maléfique et pervers: voilà le programme politique d’Ennahdha. Celui qui ne sera certes jamais totalement dit, mais sûrement imposé une fois arrivés au pouvoir.
Mais nous allons attendre le 17 octobre pour le vérifier, n’est-ce pas?