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samedi 1 octobre 2011

Ces Sms de Leïla Ben Ali qui semaient le désordre en Tunisie

Le Tribunal de première instance de Tunis examinera bientôt une affaire ayant lien avec des Sms envoyés par Leïla Trabelsi à des hommes d’affaires et des responsables politiques pour semer la pagaille dans le pays.

Ces mystérieux Sms, on en avait déjà entendu parler, mais rares sont ceux qui les pris au sérieux. On se souvient, pourtant, des désordres provoqués dans certaines régions du pays et qui éclataient de manière intermittente, sans qu’on puisse en expliquer les causes, ni en démasquer les auteurs.
La thèse du complot fomenté par l’ex-couple présidentiel avec la complicité de certains de ses obligés restés en Tunisie avait longtemps alimenté les discussions dans le pays, sans que des preuves tangibles ne viennent les étayer. Les services de sécurité avaient annoncé l’arrestation d’individus distribuant des sommes d’argent à des délinquants et les incitant à semer l’anarchie dans plusieurs villes du pays (incendies, dégradations, destructions, agressions…), mais elles n’ont pas révélé les résultats des enquêtes menées ni l’identité des personnes arrêtés ni leurs desseins ni leurs commanditaires.
Qui provoquait les désordres?   
Aujourd’hui, les choses se précisent et les Tunisiens vont peut-être découvrir bientôt ceux qui les ont empêchés, des mois durant, de dormir tranquilles. Me Mohamed Chérif Jebali – qui s’est présenté jeudi en tant que témoin dans le procès du policier Samir Feriani – a, en effet, évoqué, à la surprise des présents (et de la Cour du Tribunal militaire) quelques éléments secrets d’une l’affaire qui sera bientôt examinée par le tribunal de première instance de Tunis.
Selon Me Samir Ben Amor, qui a eu accès aux détails de cette affaire, c’est Me Jebali qui, en tant que citoyen, a porté plainte. De quoi s’agit-il?
«Des Sms ont été envoyés à des hommes d’affaires, des responsables politiques (qui sont aujourd’hui à la tête de partis) et d’autres personnes pour qu’ils  provoquent le désordre et empêchent la transition démocratique», a avancé Me Ben Amor.
Les personnalités impliquées dans cette affaire, c’est-à-dire les destinataires des Sms, soudoyaient d’autres individus, leur procuraient des armes et les incitaient à mettre en œuvre ce plan diabolique visant à provoquer l’anarchie dans le pays pour justifier une reprise en main de la situation par les hommes de l’ex-président restés en Tunisie.
Selon la même source, le plan prévoyait l’enlèvement de personnalités ou des personnes proches des responsables du gouvernement actuel pour faire du chantage. Parmi les recommandations envoyées par Sms, Me Ben Amor parle d’attentats à l’explosif, notamment à la synagogue de la Ghriba à Djerba, à la caserne de Laâouina, au nord de Tunis, et dans d’autres lieux publics. Ce plan a, au final, échoué.
Des Sms reçus par erreur  
Car le «complot» a été démasqué quelques semaines avant l’arrestation de Samir Feriani. Et ceux qui y étaient associés ont préféré abandonner la partie.
Comment lesdits Sms ont-ils été découverts? «Ils ont été reçus, par erreur, par l’un de nos confrères. L’expéditeur a dû se tromper d’un chiffre en composant le numéro et son message a atterri par hasard chez l’avocat», explique Me Ben Amor. Qui ne veut pas en dire plus, l’instruction étant en cours. Tant que l’enquête n’est pas terminée, le nom de l’avocat destinataire – par inadvertance – des fameux Sms ne sera pas divulgué. On peut néanmoins se féliciter que les choses n’aient pas évolué dans le sens espéré par les comploteurs à la solde de Leila Ben Ali.

La Tunisie se prépare à des élections libres


Près de 1.500 listes ont été validées pour la campagne de l'élection constituante qui débute samedi.

Ce sera la première élection libre de l'Histoire de la Tunisie. Six après la révolution qui a fait tomber le régime de Ben Ali au pouvoir pendant 23 ans , les Tunisiens voteront pour constituer leur Assemblée constituante le 23 octobre prochain. La campagne électorale commence samedi.

1.500 listes validées

Près de 1.500 listes électorales ont été validées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), chargée d'organiser le scrutin. Les premières statistiques montrent un raz-de-marée des listes indépendantes - 587 listes, rapporte le quotidien tunisien La Presse . Parité oblige, les femmes sont très bien représentées parmi les presque 11.000 candidats. Elles sont même 292 à être têtes de liste. Les jeunes sont également fortement mobilisés : ils représentent un candidat sur quatre.
Du côté des médias, on oscille entre liberté d'expression et respect des restrictions imposées par l'Isie. L'Instance a en effet fixé des règles assez strictes, comme l'interdiction de publier, commenter ou analyser des sondages d'opinion pendant la durée de la campagne. L'Isie justifie notamment cette décision par l'absence de cadre juridique et le manque de culture des sondages dans les organes de presse tunisiens, souligne l'agence de presse belge Belga . Les médias publics nationaux diffuseront tout de même des messages de trois minutes par liste jusqu'au scrutin. Les candidats ne pourront même pas compter sur les médias étrangers pour s'exprimer puisque seuls les médias accrédités pourront couvrir la campagne.

Les islamistes favoris

Le parti islamiste Ennahda semble malgré tout le grand favori du scrutin. Son président a déclaré qu'il était en faveur d'"un régime démocratique basé sur les valeurs de l'islam". Selon lui, les priorités de son parti sont l'instauration d'un régime parlementaire, la lutte contre le chômage et la corruption, l'indépendance de la justice et le respect de l'égalité homme/femme. Pour rassurer les milieux laïcs, Ennahda s'est engagé à "garantir la liberté de croyance et de pensée" et "les droits des minorités religieuses", et à "préserver les acquis de la femme".
Le principal enjeu de cette élection est finalement le taux de participation, dans un pays où l'on n'a jamais voté. Les Tunisiens de France se sont en tout cas précipité dans les ambassades et les consulats pour s'inscrire sur les listes électorales. Certains ont même posé des journées de congés pour faire la queue. "On est impatients de voter", avait confié l'un d'eux à Europe 1 en juillet dernier.

Tunisie : le PDM dévoile son projet constitutionnel

Le pôle Démocratique Moderniste (PDM) a organisé samedi 24 septembre 2011 à Tunis, un meeting, au cours du quel, il a dévoilé son projet constitutionnel. Le pôle milite pour la récupération des principes de la citoyenneté effective. Pour lui, la citoyenneté réside dans les droits et les libertés qui leur donneront une valeur intrinsèque.
Le PDM est fidèle à son engagement pour la parité et l’égalité homme femme. Dans 33 listes électorales, 16 femmes se présentent à la tête. Le Pôle a appelé également à la levée totale des réserves sur l’accord « CEDAW », qui garantit l’égalité en héritage entre homme et femme.
Il s’oppose à la discrimination au niveau du sexe, l’ethnie, la langue, la pensée, la couleur et la religion. Dans ce contexte, il a recommandé l’accélération de l'application des droits à l'égalité des chances notamment pour les jeunes, les femmes et les catégories démunies et défavorisées.
Le PDM s’engage, en outre, à garantir dans la Constitution la liberté à la croyance comme une valeur humaine fondamentale.
Par ailleurs, il défend les libertés individuelles et collectives ainsi que les droits civils et politiques connus. Préserver le patrimoine archéologique et culturel, est une priorité absolue.
Il propose également la promulgation d’un décret-loi portant sur la protection d’un minimum de dignité, à savoir le droit à un emploi, à un logement décent et à une éducation adéquate.
Le Pôle œuvre pour la création des commissions indépendantes de nature constitutionnelle. Ces dernières auront pour mission de défendre les droits de l'homme, garantir l'égalité des chances et combattre toutes formes de discrimination.
En ce qui concerne la religion, le Pôle opte pour la séparation entre la politique et la religion avec un léger amendement de l'article premier de l'ancienne constitution en y introduisant la Démocratie : « La Tunisie est un État démocratique, libre, indépendant et souverain: sa religion est l'Islam, sa langue l'arabe et son régime la République ».
La séparation totale entre les pouvoirs est une obligation. Le PDM est pour l’adoption d’un régime mixte parlementaire avec un Président élu pour 5 ans renouvelable une seule fois.
Concernant la période transitoire, le Pôle propose que l'Assemblée constituante se dote d'un règlement intérieur dans les brefs délais. Les lois et les décisions seront validées par la majorité sauf en ce qui concerne la rédaction de la Constitution.
Le PDM s’engage à la création d’une Cour constitutionnelle qui aura pour mission de suivre les lois promulguées par la Constitution. Il s’agit également de créer des commissions indépendantes qui seront chargées de contrôler la Banque centrale et le marché financier et ce afin d’éviter la corruption et protéger les données personnelles.
La souveraineté du peuple s’exerce à travers leurs représentants ou par un référendum. Le Pôle appelle au recours à la discrimination positive pour promouvoir la participation des femmes et des jeunes dans la vie publique et intégrer les handicapés dans la société civile.
En ce qui concerne le volet économique, le Pôle Démocratique Moderniste s’engage à l’édification d’une économie fondée sur la science, la connaissance et la créativité, tout en assurant les exigences d'une vie décente.
Il est nécessaire d’établir une économie socialiste afin d’éliminer les différences. L’Etat a un rôle prépondérant dans la construction d’une économie basée sur la recherche scientifique et les compétences tunisiennes spécialisées dans la technologie moderne.
Encourager l’initiative privée qui reflète la créativité du peuple, encadrer les jeunes promoteurs et faciliter l'accès aux micro-crédits sont des démarches à suivre.
Le Pôle milite pour le renforcement du développement durable, la communication entre les générations ainsi que les régions et la consolidation de la solidarité sociale.

Tunisie : le PDM promet 75 000 emplois en 2012

Le Pôle Démocratique Moderniste, (PDM) a présenté, lors d’une conférence de presse tenue jeudi 29 septembre 2011, son programme économique et social ainsi que ses conceptions constitutionnelles pour la Tunisie, après le 23 octobre.
 
M. Mahmoud Ben Romdhan, l’économiste chargé du programme économique et social du PDM, a entamé sa présentation par une évaluation de la situation économique du pays. Selon lui, l’économie passe par une phase délicate, pire que celle de décembre 2010. Cette situation exige la conjugaison des efforts afin de réinstaller l’environnement qui assure la sécurité et des citoyens et des avoirs : « C’est uniquement par cet environnement qu’on pourra regagner la confiance des investisseurs et par conséquent reprendre le dynamisme de l’activité économique et pousser davantage le taux de la croissance ».
Le pôle ambitionne de faire de la Tunisie, un acteur économique régional et actif dans le processus de la mondialisation. Il préconise un ensemble de rectifications dont une réforme fiscale profonde pour la redistribution des richesses du pays et l’instauration d’une égalité sociale capable à financer les interventions urgentes au profit des classes les plus vulnérables, l’assainissement du secteur bancaire, le développement de la bourse et du marché monétaire, la mise en place d’un pôle bancaire géant au profit des tunisiens à l’étranger afin qu’il soient au centre de l’opération de la reconstruction du pays.

M. Mahmoud Ben Romdhan, l’économiste chargé du programme économique et social du PDM, a entamé sa présentation par une évaluation de la situation économique du pays. Selon lui, l’économie passe par une phase délicate, pire que celle de décembre 2010. Cette situation exige la conjugaison des efforts afin de réinstaller l’environnement qui assure la sécurité et des citoyens et des avoirs : « C’est uniquement par cet environnement qu’on pourra regagner la confiance des investisseurs et par conséquent reprendre le dynamisme de l’activité économique et pousser davantage le taux de la croissance ».
Le pôle ambitionne de faire de la Tunisie, un acteur économique régional et actif dans le processus de la mondialisation. Il préconise un ensemble de rectifications dont une réforme fiscale profonde pour la redistribution des richesses du pays et l’instauration d’une égalité sociale capable à financer les interventions urgentes au profit des classes les plus vulnérables, l’assainissement du secteur bancaire, le développement de la bourse et du marché monétaire, la mise en place d’un pôle bancaire géant au profit des tunisiens à l’étranger afin qu’il soient au centre de l’opération de la reconstruction du pays.

vendredi 30 septembre 2011

Pourquoi je voterai PDM

Le 23 Octobre, il faudra déposer un bulletin dans l’urne. Comme tous les citoyens de mon pays, je le ferai avec émotion et responsabilité. Je le ferai surtout avec la gratitude et le respect que je dois à nos jeunes et à nos martyrs, dont le courage et le sacrifice me permettent aujourd’hui – à l’âge d’être grand père – de voter pour la première fois de ma vie. Et de le faire en tant que citoyen libre d’un pays qu’ils ont libéré de ses chaînes et de ses peurs.

Pourtant, malgré ou à cause de la profusion de l’offre, je ne pourrai pas voter pour la liste de mes rêves. Car celle-ci aurait résulté d’une large alliance allant du PDP à Ettakatol en incluant le PDM, Afek Tounès, ainsi que les indépendants de Dostourna et au delà. Une alliance qui se serait focalisée sur la réponse qu’il convient d’apporter à la seule question du jour : quelle constitution voulons nous pour notre pays, et quel pays voulons nous laisser à nos enfants?

Pour des raisons sur lesquelles il n’est plus utile de revenir, cette alliance n’a pas vu le jour. Alors, tout en souhaitant bon vent aux listes citées, j’ai décidé – puisqu’il faut choisir l’une d’entre elles – de voter pour le PDM. Non seulement pour ce qu’il offre aujourd’hui, mais surtout pour le potentiel d’avenir qu’il recèle.

Tout d’abord sur le terrain de l’unité. Une fois la transition passée, notre paysage politique s’éclaircira en effet pour ne laisser la place qu’à trois ou quatre formations significatives, une demi-douzaine tout au plus. C’est le lot de toutes les démocraties du monde, et la Tunisie n’y dérogera pas. Le PDM préfigure ce mouvement, auquel finiront par se rallier tous ceux qui le refusent aujourd’hui dans le seul souci de se compter. Ayant appelé sans relâche à cette unité, la cohérence me commandait de porter ma voix sur la seule liste qui ait répondu à mon voeu.

En second lieu, le PDM annonce aussi la Tunisie de la parité, celle que depuis Elyssa jusqu’à Tahar Haddad, Mohamed Tahar Ben Achour et Habib Bourguiba, des générations de grands tunisiens ont construite pierre après pierre avant de nous la léguer. En appliquant la parité à ses têtes de listes, le PDM met ses pas dans les leurs. Il va au-delà d’une loi certes louable, mais qui ne permettait pas l’entrée significative des femmes à la Constituante. Convaincu pour ma part que – selon le mot d’Aragon – « la femme est l’avenir de l’homme », et plus encore dans cette étape cruciale où nos avancées séculaires en la matière sont en jeu,  je veux par mon vote saluer son courage et sa perspicacité.
   
En troisième lieu, le PDM répond de manière convaincante à la question de notre identité. Depuis 55 ans, l’article 1er de la constitution – tout l’article 1er, mais rien que l’article 1er – ne nous a interdit aucune des avancées majeures qui ont été les nôtres. Car avant d’être l’otage de certains courants rétrogrades, l’Islam a longtemps été un facteur de progrès et de modernité. Nous pouvons – nous devons – retrouver ce rôle en revendiquant fièrement et sans peur cet Islam originel des lumières. Car c’est celui de notre prophète, qui invitait sa communauté à rechercher la science jusqu’en Chine, celui de la Beït El Hikma d’Al Ma’mun et de ses savants, celui d’Ibn Khaldoun qui pouvait affirmer sans mentir que « nul ne peut comprendre les mathématiques s’il ne connaît l’arabe ». C’est enfin celui des penseurs musulmans de la renaissance et du XXème siècle, au nombre desquels notre pays peut s’enorgueillir de compter certaines des figures majeures.

Le 23 Octobre, je voterai donc pour une Tunisie ancrée dans ses valeurs et son héritage tout en étant ouverte aux cultures du monde, une Tunisie de tolérance et d’égalité entre ses citoyens et ses citoyennes, une Tunisie démocratique et actrice de la modernité, productrice de science et de culture, porteuse de valeurs et de civilisation. C’est ce pays que je voudrais laisser à mon fils, à ma fille et à leurs enfants. Et c’est pourquoi je voterai PDM.

mardi 27 septembre 2011

La laïcité, enjeu dans la Tunisie de l'après-révolution

Le documentaire sur la société tunisienne après la révolution, Laïcité, inch'Allah !, vient de sortir dans les salles en France. La réalisatrice Nadia El-Fani, qui défend la séparation entre l'Etat et la religion, répond aux questions du quotidien algérois El-Watan.

Laïcité, inch'Allah !, c'est un projet de société ?
C'est ce que je développe dans le film. Quel projet nous avons pour la Tunisie et comment continuer à vouloir que la Tunisie reste dans la modernité et refuser la régression. Parce que, pour moi, si les islamistes gagnent du terrain, ce sera le début de la régression.

Est-ce que la société tunisienne, et pas seulement les cercles citadins, est réceptive à ce projet et est-elle prête à se battre pour le réaliser ?
Ce qui est un peu différent pour la société tunisienne par rapport aux deux autres grands pays maghrébins, le Maroc et l'Algérie, c'est l'existence d'une importante classe moyenne qui est habituée aux pratiques laïques dans son quotidien et dans l'histoire de la Tunisie, puisque Bourguiba [président de 1957 à 1987] avait instauré des pratiques laïques. Je le rappelle un peu dans le film, Bourguiba avait empêché que pendant le ramadan soient aménagés des horaires spéciaux, il avait même exhorté le peuple – dans un discours de 1961  – à ne pas faire le ramadan en disant que le plus grand des djihads, c'était le djihad du développement, et qu'économiquement le ramadan coûtait cher au pays à cause de la baisse de productivité qu'il entraîne.

Mais qu'aujourd'hui, comme on le voit dans votre film, les "dé-jeûneurs" soient dans l'obligation de se cacher, est-ce que ce n'est pas un recul par rapport à cette position de Bourguiba ?
Bien sûr. Ben Ali est à l'origine de ce recul. Dès qu'il est arrivé au pouvoir [en 1987], la première décision qu'il a prise a été la diffusion de l'appel à la prière à la télévision. C'était le début des concessions aux islamistes. Non seulement il a voulu autoriser Ennahda [parti politique islamiste tunisien], avant de l'interdire par la suite et de réprimer très durement ses membres, mais il a aussi tenté de s'allier aux islamistes. Il faut rappeler aux Tunisiens que Ben Ali a instrumentalisé la religion pour mieux donner des gages aux islamistes.

La laïcité est devenue une priorité...
Je pense que c'est un véritable enjeu de société, parce que, si ça ne l'était pas, je ne vois pas comment expliquer la virulence et la violence des attaques islamistes à l'égard de mon film. Pour les islamistes, c'est une menace, et, pour nous, ce serait entrer définitivement dans la modernité et de plain-pied dans le troisième millénaire. Nous sommes entrés dans la modernité en faisant la première révolution du monde arabe du troisième millénaire, maintenant il faut qu'on continue sur cette voie. Si on veut achever le travail qui a été accompli le 14 janvier, il faut voter pour une Assemblée constituante en faveur de la laïcité, soit de la séparation de la religion et de l'Etat.

N'y a-t-il pas là aussi un travail d'explication et de clarification à faire autour du concept de laïcité ?  
On a été pris de vitesse par les islamistes, qui ont réussi, aidés par leurs chaînes satellitaires, à faire croire au peuple tunisien comme aux autres peuples arabes que la laïcité imposerait l'athéisme. Aujourd'hui, les progressistes ont du mal à contrer cette idée reçue.

Que disent les Tunisiens attachés à la laïcité aux islamistes qui disent que "le Coran est notre Constitution" ?
Les islamistes tunisiens vont abandonner ce slogan parce que cela ne marche pas. Pendant la révolution ils étaient absents de la lutte, alors qu'ils ne l'étaient pas en Egypte.

Ils ont toutefois vite occupé le terrain.
Parce qu'ils ont eu énormément d'argent. Ce sont eux qui ont réussi à le mieux s'organiser, en premier lieu parce qu'ils étaient préparés – ils manient très bien les outils de communication, ils ont des gens qui ne font que cela, travailler sur Internet toute la journée.

Les Tunisiens sont-ils prêts à la laïcité ?
Ils sont d'accord pour que la religion soit séparée de l'Etat, il y a les  pro-Ennahda qui représentent, paraît-il, 25 %, cela laisse 75 % qui ne sont pas pour que la religion régisse notre vie, et, là-dessus, effectivement, il va falloir se battre au niveau des idées. Etaient-ils prêts à la parité ? Pourtant, la parité, on l'a fait voter. Ce qui est triste, c'est de voir que les plus conformistes, les plus pro-islamistes, ce sont les jeunes. En même temps, c'est la génération qui n'a connu que Ben Ali, et la seule force politique organisée face au régime de Ben Ali, c'est l'opposition islamiste, les progressistes étaient absents pour diverses raisons. C'est facile d'embrigader les gens par des prêches tendancieux et ambigus, en faisant du social dans les quartiers parce qu'on a de l'argent. La gauche, personne ne la finance. Quand on a voté l'interdiction du financement étranger pour les partis candidats aux élections, Ennahda a quitté la haute instance de la révolution.

Etes-vous confiante quant à l'issue du rendez-vous électoral du 23 octobre ?
J'étais, comme tout le monde au lendemain de la révolution, très euphorique et très optimiste. Et puis, après, on fait face à la réalité et on se dit que le combat n'est pas terminé. J'ai confiance en la maturité du peuple tunisien, parce que je trouve qu'il a été exemplaire dans cette révolution, il ne s'est pas laissé tromper.

Instruit de l'expérience algérienne ?
Une expérience dramatique. Après ce qu'on a vécu avec Ben Ali, le pouvoir en Algérie était beaucoup moins dictatorial qu'il ne l'était ici. Ben Ali, c'était la répression maximum, tout le monde avait peur de parler. Aujourd'hui, on voit que les méthodes des islamistes sont identiques, ils essaient de terroriser la population et d'empêcher les gens de parler, d'empêcher les cinéastes de montrer leurs films, d'empêcher des manifestations culturelles ou des représentations théâtrales.

Vous-même avez été obligée de changer le titre initial de votre film qui était "Ni Allah ni maître" ?
Le titre premier, je le reconnais, était provocateur, et je le revendiquais en tant que tel, parce que je considère que le rôle des artistes et des intellectuels est d'attirer l'attention et de poser des débats là où personne ne veut les poser.  Et ce débat sur la laïcité, je voyais bien que plus on avançait et moins les partis politiques voulaient le poser parce qu'ils ont peur que des électeurs ne leur échappent. Les valeurs de la gauche, c'est la laïcité, donc je ne vois pas pourquoi la gauche a peur de dire qu'elle est pour la laïcité et essaie de faire croire qu'on ne va jamais changer l'article 1 de la Constitution.

Vous êtes en procès...
De la part des islamistes. Après l'attaque du cinéma qui projetait mon film, il y a eu une grande campagne de soutien de la presse écrite. Comme ils ne savaient pas quoi faire, les islamistes ont dépêché trois de leurs avocats à la télévision : ils ont annoncé qu'ils n'avaient pas vu le film, mais qu'ils portaient plainte contre moi pour atteinte au sacré, pour atteinte aux bonnes mœurs et pour atteinte à un précepte religieux. Trois plaintes que le procureur de la République a reçues.

Cela ne veut-il pas dire que la justice est réceptive aux adversaires des défenseurs de la laïcité ?  
Pendant toutes ces années de dictature, les islamistes ont creusé le terrain, ils avaient compris que, pour se défendre, il fallait des avocats islamistes qu'ils ont financés, beaucoup sont militants d'Ennahda. Cela étant, parmi les avocats, beaucoup sont progressistes et ont participé massivement à la révolte de janvier. Un comité d'avocats s'est créé pour me défendre, avec, à leur tête, le président d'un parti libéral de droite. Les islamistes prétendent que j'attaque l'islam et que j'insulte les musulmans, c'est faux. Ils n'ont pas vu le film. Je suis passée à la télévision et j'ai dit ce que je dis dans le film, que je ne crois pas en Dieu et que je n'ai aucune raison de me soumettre à une loi divine que je ne reconnais pas. Et, pour eux, c'est faire acte de reniement, sauf que ces gens oublient que si on ne reconnaît pas la loi divine on n'a aucune raison de se soumettre à cette loi-là. La loi tunisienne n'a jamais obligé qui que ce soit à croire en Dieu et reconnaît la liberté de conscience. Pour moi, la liberté de conscience, c'est la première des libertés, pour qu'ensuite chacun puisse être maître de ses choix politiques. Je ne les empêche pas de défiler en criant "Allah akbar !", je ne vois pas pourquoi ils m'empêcheraient de dire que je ne crois pas en Dieu.

Vous êtes de ceux qui disent "Je suis libre et je n'ai pas peur"...
Oui, et comme le disait [l'écrivain algérien] Tahar Djaout : "Si tu parles tu meurs, si tu te tais tu meurs, alors parle et meurs."



lundi 26 septembre 2011

Mustapha Ben Jâafar n’exclut pas une alliance avec Ennahdha (Mise à jour avec vidéo)

Invité samedi 24 septembre par Naoufel Ouertani, dans le cadre de l’émission « Labess » sur la chaîne Ettounsiya, Mustapha Ben Jaâfar, leader d’Ettakatol, n’a pas exclu une alliance avec Ennahdha après les élections.

La question du journaliste était claire et directe, mais la réponse de M. Ben Jaâfar était imprécise et évasive. Il ne dit pas qu’il va accepter une alliance avec Ennahdha, mais il ne rejette pas non plus, à l’instar d’autres partis comme le PDP ou le PDM.

Fidèle à ses habitudes consensuelles, Mustapha Ben Jaâfar laisse donc la porte ouverte à toutes les éventualités lui permettant d’obtenir un maximum de sièges.

Mise à jour lundi 26 septembre à 10h49 :

Suite aux commentaires de plusieurs lecteurs, mettant en doute les propos attribués à M. Ben Jâafar, nous leur mettons à disposition l'enregistrement de l'émission. Le passage objet de notre article démarre à la 10ème minute. Nous rappelons également que nous sommes indépendants et nous ne soutenons aucun parti.

Interview de Mustapha Ben Jâafar par Naoufel Ouertani
 

Au Kef, les Tunisiens désarmés face à l'agitation de salafistes


(Du Kef, Tunisie) « Des salafistes s'apprêtent à détruire la basilique antique du Kef », ainsi commence l'histoire, par un buzz sur les pages Facebook de ceux qu'inquiète l'activisme des islamistes en Tunisie. Le 15 septembre, une vingtaine de barbus investissent le bâtiment, annoncent qu'ils veulent le transformer en mosquée et promettent de revenir le lendemain pour la prière du vendredi.
Ils sont évacués par la police ; le gouverneur leur concède en échange le droit de venir prier dans les jardins et leur demande de transmettre leur requête aux différents ministères compétents (les Affaires religieuses, le Patrimoine, la Culture… ). Manière de contenir le problème dans sa dimension légale et administrative, puisque l'édifice est classé monument historique depuis 1894.
Comme promis, les salafistes reviennent le lendemain, bien organisés : sono, tapis de prière, distribution de sandwiches et, depuis, affichettes placardées dans la ville, pétition… il n'est pas certain que les lenteurs administratives épuisent leur détermination.
L'incident, limité à quelques dizaines de radicaux, pourrait sembler promis à l'insignifiance, vite balayé par les difficultés considérables que la Tunisie post-dictature doit affronter. Et pourtant, il obsède.

Au Kef, ville en déclin, 40% de chômeurs

Direction Le Kef, non pas pour savoir si la basilique est une mosquée, un musée ou une piste de danse, mais pour comprendre pourquoi le sort de quelques vieilles pierres peut empoisonner l'atmosphère d'une ville que préoccupent avant tout un taux de chômage officiel de 40% et son déclin depuis les années 70.

Situé à quelques kilomètres de la frontière algérienne (et de Sakiet Sidi Youssef), le Kef est une vieille ville, où depuis 2 500 ans se sédimentent les traces des civilisations qui s'y sont succédées.
Dominée par une forteresse ottomane du XVIIe siècle, la kasbah, qui surplombe l'une des plus belles médinas de Tunisie. C'est aussi un foyer de vie culturelle : école de maalouf (la musique judéo-arabo-andalouse), première troupe de théâtre de professionnelle du pays… Et un exemple de tolérance : une église, une petite synagogue font partie du paysage.
Une parfaite illustration de « la Tunisie carrefour des civilisations méditerranéennes » vantée par les guides touristiques. Mais aussi de la marginalisation des villes de l'intérieur sous l'ère Ben Ali.

« En 1956, presque plus personne ne venait à la mosquée »

Au pied de la kasbah, un bâtiment bas, carré, percé d'un atrium et, depuis le début de l'affaire, fermé et gardé par deux militaires, la fameuse basilique dont Mohamed Tlili, archéologue, résume l'histoire :

« Depuis la fin du XVIIIe, c'était la grande mosquée du Kef. Mais à partir de 1881, elle était de moins en moins fréquentée. En 1886, un archéologue français a découvert des traces de l'origine chrétienne du bâtiment, remontant au IIIe ou IVe siècle.
C'est l'époque où le cardinal Lavigerie, archevêque et fondateur des Pères blancs, dans un esprit de Croisade, voulait récupérer les églises “profanées” par les musulmans. C'est dans ce contexte qu'on a parlé de basilique, mais c'est une exagération. L'édifice a bien une fonction chrétienne, mais ne présente aucun des signes distinctifs d'une basilique.
A l'indépendance, en 1956, quasiment plus personne ne venait à la mosquée. En 1966, Bourguiba décide d'en faire un site archéologique et de construire une grande mosquée plus proche du nouveau centre de la ville.
A partir de 1975, en tant que délégué régional du patrimoine, j'ai entrepris la restauration du lieu et nous lui avons donné une vocation culturelle. »
Puis, en 2011, la révolution.

Dans une vidéo, un Saoudien s'en prend aux Tunisiens

Rejab, prof d'art dramatique, militant au grand cœur, avait repéré que depuis deux mois, une vidéo circulait sur Facebook :
« Un Saoudien explique qu'il est venu au Kef et qu'il y a vu une mosquée dont Bourguiba avait fait détruire le minaret pour la convertir en lieu de débauche. Il s'en prend aux Tunisiens qui laissent faire et demandent aux vrais musulmans de récupérer la mosquée. »
L'enjeu n'est évidemment pas le manque de place pour prier. C'est bien la question de l'identité qui resurgit dans un contexte post-dictature et pré-électoral. Rejab s'insurge contre cette entreprise de reconquête identitaire :
« Nous appartenons à la Méditerranée, la synthèse de toutes les civilisations qui se sont succédées ici, c'est cela l'esprit tunisien. Nous sommes fiers de notre dimension arabo-musulmane, mais réduire notre identité à cette seule dimension, c'est du négationnisme. »
Pas besoin de convoquer les intellectuels du Kef pour entendre ce discours. Un guide, un chauffeur retraité, un épicier pourront dire la même chose : « la basilique fait partie de notre patrimoine et ce patrimoine, c'est notre identité. »

« Derrière, il y a l'Arabie saoudite, le Qatar et la CIA »

La question n'était pas à l'ordre du jour de la révolution, elle n'est pas la priorité des Tunisiens accablés par le chômage et la pauvreté. Mais, et les Français ont payé pour le savoir, invoquer l'identité sur la scène politique, c'est lâcher une boule puante. Plus moyen d'y échapper, la question enflamme le débat, polarise la société, appelle l'anathème et l'exclusion réciproque.
Les militants de gauche ont leur idée sur les raisons de cette irruption :
« C'est une diversion. Derrière, il y a l'Arabie saoudite, le Qatar et la CIA, parce que les puissances impérialistes n'ont pas intérêt à ce qu'on parle de l'accaparement des richesses et veulent faire échouer la révolution au profit des islamistes. »
Un petit détour par les livres d'Histoire rappellerait que le rapport entre nationalisme, identité, religion et modernisation est l'un des débats structurants de la politique tunisienne depuis près d'un siècle. En attendant, l'explication ne fournit guère de solution au problème du jour.

« On ne va tout de même pas se battre avec eux ? »

Les sages de la médina veulent rester sereins :
« il faut régler le problème avec sagesse, ne pas répondre à la provocation par la violence. Ce sont les autorités qui devraient réagir. »
Difficile pour les Tunisiens de concevoir, après plus de cinquante ans d'Etat autoritaire, que l'autorité publique puisse être défiée et rester impuissante.
Côté société civile, on ne sait pas trop quelle stratégie adopter. « On ne va tout de même pas se battre avec eux ? » Des ados prévoient une soirée bière. Pas sûr que ce soit la meilleure idée…
Slim, professeur de sport, l'un des fondateurs d'une toute jeune association culturelle, veut organiser une festival culturel dans la basilique, avec concerts et courts-métrages, mais il avoue son désarroi :
« Dans l'action, ils nous dépassent en nombre. Ils s'adressent à des gens qui ne connaissent pas l'histoire de la ville, qui n'ont pas d'accès à la culture. Ils viennent prier et personne ne peut s'opposer à des musulmans qui veulent prier. C'est l'islam et les gens craignent de s'attaquer à la religion.
Sur Facebook, tout le monde est contre, mais personne ne va au contact de la population pour parler. »
Et au fond qu'en dit « l'opinion » : « Mosquée ou musée, qu'est-ce que ça change ? »

« Ces gens me font peur »

Mais la basilique n'est pas seule en cause. Les salafistes ont pris le contrôle des deux principales mosquées du centre-ville. C'est l'un d'eux, un jeune imam de 25 ans, qui est à l'origine de l'action.

Ils ont menacé de sortir les catafalques des fondateurs de la confrérie soufie installée dans le mausolée de Sidi Bou Makhlouf. Un petit bijou d'architecture à deux pas de la basilique et qu'entretient une vieille dame, descendante des cheikhs qui reposent sous les coupoles ornées de stucs :
« Ces gens me font peur, mais je ne les laisserai pas faire. Avant, je laissais ouvert à tout le monde. Maintenant, je suis obligée de fermer la porte. »
Une semaine après leur première tentative, quelques salafistes sont venus jeudi soir autour de la basilique pour évaluer la possibilité de revenir prier le vendredi. Par mesure de prévention, l'armée l'a entourée de barbelés.
Victoire, provisoire, de l'Etat, ou défaite de la culture ? En tout cas le piège s'est déjà fermé sur la basilique du Kef.
Photos : La basilique du Kef (le 21 septembre 2011, Thierry Brésillon), Le Kef (Th. Brésillon), Mohamed Tlili (Th. Brésillon), la grande mosquée du Kef (Th. Brésillon).
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Tunisie-Sidi Bouzid : des projets générateurs d’emplois

Quatorze projets générateurs de 3387 emplois viennent d'être approuvés à Sidi Bouzid. Les travaux démarreront bientôt pour un coût global estimé à 77 millions de dinars.
Il s'agit d'une unité de production du carbonate de calcium, d'une usine de mise en bouteille d'eau minérale, d'une pépinière agricole (30 ha), d'une usine de textile, d'une société de transport de marchandises, d'une unité de fabrication de cires et d'emballage du miel, d'une fabrique de conserves de tomates, de Harissa et de grenadines, d'une unité de conserve d'olives et grignons et d'une autre spécialisée dans la préparation de pommes de terre frites.
Parmi ces projets figurent, également, la réalisation d'une unité de fabrication d'emballage, d'une unité de fabrication et de montage de générateurs électriques, d'une unité de fabrication de gaines et de stérilisations médicales, d'une unité de production du stevia et d'un centre d'apiculture.

Tunisie : le PDM dévoile son projet constitutionnel

Le pôle Démocratique Moderniste (PDM) a organisé samedi 24 septembre 2011 à Tunis, un meeting, au cours du quel, il a dévoilé son projet constitutionnel. Le pôle milite pour la récupération des principes de la citoyenneté effective. Pour lui, la citoyenneté réside dans les droits et les libertés qui leur donneront une valeur intrinsèque.
Le PDM est fidèle à son engagement pour la parité et l’égalité homme femme. Dans 33 listes électorales, 16 femmes se présentent à la tête. Le Pôle a appelé également à la levée totale des réserves sur l’accord « CEDAW », qui garantit l’égalité en héritage entre homme et femme.
Il s’oppose à la discrimination au niveau du sexe, l’ethnie, la langue, la pensée, la couleur et la religion. Dans ce contexte, il a recommandé l’accélération de l'application des droits à l'égalité des chances notamment pour les jeunes, les femmes et les catégories démunies et défavorisées.
Le PDM s’engage, en outre, à garantir dans la Constitution la liberté à la croyance comme une valeur humaine fondamentale.
Par ailleurs, il défend les libertés individuelles et collectives ainsi que les droits civils et politiques connus. Préserver le patrimoine archéologique et culturel, est une priorité absolue.
Il propose également la promulgation d’un décret-loi portant sur la protection d’un minimum de dignité, à savoir le droit à un emploi, à un logement décent et à une éducation adéquate.
Le Pôle œuvre pour la création des commissions indépendantes de nature constitutionnelle. Ces dernières auront pour mission de défendre les droits de l'homme, garantir l'égalité des chances et combattre toutes formes de discrimination.
En ce qui concerne la religion, le Pôle opte pour la séparation entre la politique et la religion avec un léger amendement de l'article premier de l'ancienne constitution en y introduisant la Démocratie : « La Tunisie est un État démocratique, libre, indépendant et souverain: sa religion est l'Islam, sa langue l'arabe et son régime la République ».
La séparation totale entre les pouvoirs est une obligation. Le PDM est pour l’adoption d’un régime mixte parlementaire avec un Président élu pour 5 ans renouvelable une seule fois.
Concernant la période transitoire, le Pôle propose que l'Assemblée constituante se dote d'un règlement intérieur dans les brefs délais. Les lois et les décisions seront validées par la majorité sauf en ce qui concerne la rédaction de la Constitution.
Le PDM s’engage à la création d’une Cour constitutionnelle qui aura pour mission de suivre les lois promulguées par la Constitution. Il s’agit également de créer des commissions indépendantes qui seront chargées de contrôler la Banque centrale et le marché financier et ce afin d’éviter la corruption et protéger les données personnelles.
La souveraineté du peuple s’exerce à travers leurs représentants ou par un référendum. Le Pôle appelle au recours à la discrimination positive pour promouvoir la participation des femmes et des jeunes dans la vie publique et intégrer les handicapés dans la société civile.
En ce qui concerne le volet économique, le Pôle Démocratique Moderniste s’engage à l’édification d’une économie fondée sur la science, la connaissance et la créativité, tout en assurant les exigences d'une vie décente.
Il est nécessaire d’établir une économie socialiste afin d’éliminer les différences. L’Etat a un rôle prépondérant dans la construction d’une économie basée sur la recherche scientifique et les compétences tunisiennes spécialisées dans la technologie moderne.
Encourager l’initiative privée qui reflète la créativité du peuple, encadrer les jeunes promoteurs et faciliter l'accès aux micro-crédits sont des démarches à suivre.
Le Pôle milite pour le renforcement du développement durable, la communication entre les générations ainsi que les régions et la consolidation de la solidarité sociale.

dimanche 25 septembre 2011

Tunisie – Pôle démocratique moderniste : droit dans le concret

Au cœur de cette phase pré-électorale, et après celle de fin des dépôts des listes candidates aux élections de la Constituante, les partis politiques et indépendants s’empressent d’annoncer au public leurs listes, têtes de listes et par la même occasion de présenter leurs programmes politiques, économiques et constitutionnels. Le Pôle Démocratique Moderniste (PDM), issu d’un regroupement de quatre partis politiques, de cinq initiatives civiles et de plusieurs indépendants, a synthétisé sa vision en un programme constitutionnel tout en dressant le portrait de la société à laquelle aspirent ses adhérents.

Dans une ambiance festive, et une présence massive, des politiciens, des hommes et femmes d’affaires, des intellectuels, des célébrités, des jeunes et des moins jeunes, ont pris part au meeting organisé samedi 24 septembre par le Pôle Démocratique Moderniste, au Palais des Congrès de Tunis.
L’atmosphère était conviviale à un point tel qu’on se croirait à une réception où les présents discutaient en petits groupes et avaient du mal à s’installer à leurs sièges. Une présence était remarquable, celle de quelques célébrités surtout féminines. On citera, notamment, les actrices Mouna Noureddine et Kaouther Bardi, la cinéaste Dorra Bouchoucha ou encore la journaliste et militante féministe, Dorra Bouzid. Interrogée sur les motifs de sa présence, Mouna Noureddine a affirmé avoir répondu à une invitation personnelle au meeting en tant que sympathisante du Pôle.

 Finalement, après environ une heure de retard, le meeting a démarré avec un speech présenté par Riadh Ben Fadhl, membre fondateur du Pôle et ne portant aucune couleur politique. En effet M. Ben Fadhl, qui n’est pas candidat aux prochaines élections, a mis en exergue la volonté prononcée du Pôle à être une réponse aux multiples appels citoyens à la formation d’un front élargi se rassemblant autour d’un ensemble de principes et exprimant un projet sociétal moderniste.
Ce Pôle, créé le 31 mai 2011, compte aujourd’hui quatre partis politiques, Ettajdid, le Parti Socialiste Gauchiste, le Parti Républicain et la Voie du Centre, auxquels s’ajoutent cinq groupements d’initiatives civiles indépendantes. Riadh Ben Fadhl a rappelé que la devise du PDM est bel et bien l’altruisme et l’amour de la patrie.
Le PDM offre par sa diversité une richesse de son discours et une exhaustivité de son approche. Cette diversité a certainement compliqué la tâche du choix des candidats, mais les adhérents du PDM ont su surmonter cette difficulté d’après notre interlocuteur en dépit des critiques et des suppositions d’éclatement du Pôle. Ce qui explique, surtout, que le PDM n’a pas de leader porte-drapeau. C’est tout le programme qui le représente et l’amour de la patrie qui l’alimente. « Voter pour nous, c’est voter utile », a conclu M. Ben Fadhl tout en indiquant que le PDM rejettera toute coalition et toute alliance avec des groupes extrémistes et religieux.
 C’est avec une grande fierté, que l’orateur a annoncé la vraie parité hommes-femmes dans les têtes de listes, avec 16 femmes. Cette annonce a valu un tonnerre d’applaudissement dans la salle. Une autre particularité a également été citée par M. Ben Fadhl, s’agissant de la plus jeune candidate aux élections, Amal Nasser, une étudiante à peine âgée de 24 ans. Il s’agit selon lui d’une confirmation concrète de la participation féminine et jeune dans les listes du PDM.
Sana Ben Achour, universitaire et présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates a, par la suite, pris la parole afin d’analyser les 55 points du programme constitutionnel et sociétal, un programme axé principalement autour des principes de citoyenneté, des libertés, d’un régime politique républicain démocratique, de la souveraineté absolue de la loi et, par conséquent, de la souveraineté de «la charte des chartes», la constitution.
La séparation entre la religion et la politique est une conviction ferme et chère au PDM, d’après Mme Ben Achour, une affirmation qui a suscité une autre ovation et un long moment d’applaudissement significatif. La question de l’identité arabo-musulmane est un faux-problème, selon elle, car il s’agit d’un héritage dont tout le monde est fier et personne ne le met en doute.

D’un autre côté, le volet socioculturel et civilisationnel du programme du PDM, met en exergue les droits de la femme, réclamant non seulement la préservation mais également la consolidation de ses acquis dans les questions d’état civil, d’emploi, d’éducation et d’héritage.
Le programme du PDM veille, en outre, à garantir les droits des enfants, des personnes âgées et des handicapés. La lutte contre la pauvreté, le droit à un logement décent pour tous et le droit à l’emploi constituent, par ailleurs, des garanties d’une vie digne, revendication principale des Tunisiens lors de la révolution. Il s’agit donc de répondre à ces attentes et à couper définitivement avec l’ancien système et ses injustices.
Le PDM propose, sur un autre plan, l’instauration d’un tribunal constitutionnel qui aura un « pouvoir énergique » sur les législateurs et veillera au respect strict de la constitution.
Sur le plan économique, le PDM opte pour un rôle prépondérant de l’Etat dans l’organisation et l’encadrement des institutions économiques avec une large possibilité à l’initiative privée libre et indépendante.

A l’image du meeting, le Pôle se veut représentatif de bon nombre de Tunisiens modernes et tolérants, des Tunisiens qui sont fiers de leur appartenance et s’acceptent quels que soient leur race, sexe, religion, couleur ou région. Une mosaïque humaine résultant d’un cumul historique et d’un patrimoine civilisationnel diversifié qui mérite d’être sauvegardé.

Mustapha Ben Jâafar n’exclut par une alliance avec Ennahdha


nvité samedi 24 septembre par Naoufel Ouertani, dans le cadre de l’émission « Labess » sur la chaîne Ettounsiya, Mustapha Ben Jaâfar, leader d’Ettakatol, n’a pas exclu une alliance avec Ennahdha après les élections.

La question du journaliste était claire et directe, mais la réponse de M. Ben Jaâfar était imprécise et évasive. Il ne dit pas qu’il va accepter une alliance avec Ennahdha, mais il ne rejette pas non plus, à l’instar d’autres partis comme le PDP ou le PDM.

Fidèle à ses habitudes consensuelles, Mustapha Ben Jaâfar laisse donc la porte ouverte à toutes les éventualités lui permettant d’obtenir un maximum de sièges.

Retour à Google Actualités Tunisie: le Parti démocrate progressiste vise la première place aux élections

TUNIS — Ancien opposant et fondateur du Parti démocrate progressiste (PDP, centre), Ahmed Nejib Chebbi ambitionne de faire de sa formation le premier parti en Tunisie, devant les islamistes d'Ennahda porteurs, selon lui, "d'un projet d'Etat idéologique".
Fondé en 1983, le PDP a longtemps été dans l'opposition légale à Zine El Abidine Ben Ali, et se présente comme une formation "centriste sociale", attirant notamment de nombreux hommes d'affaires.
"Aujourd'hui en Tunisie, il y a cent partis, mais deux grands courants: les islamistes d'Ennahda et le courant démocratique, qui comprend le PDP et trois ou quatre autres formations", estime M. Chebbi dans un entretien à l'AFP.
"Ennahda est aujourd'hui crédité de quelque 20% des suffrages. Mais le jeu reste totalement ouvert, plus de la moitié des Tunisiens étant indécis. Nous avons l'ambition de passer devant les islamistes et de devenir le premier parti", souligne-t-il.
Mais en cas de victoire des islamistes, "je m'inclinerai devant les résultats du vote. Le peuple souverain a le droit de se tromper", souligne M. Chebbi, qui exclut "à titre personnel" de participer à un gouvernement d'union nationale avec Ennahda.
Les Tunisiens sont appelés à élire le 23 octobre une assemblée constituante qui sera chargée de rédiger une nouvelle constitution pour le pays, neuf mois après la fuite de l'ex président Ben Ali, chassé du pouvoir par un soulèvement sans précédent.
Le PDP axe sa campagne sur "deux grands axes": création d'emploi et développement des régions intérieures du pays.
"La révolution est partie d'un fait social", rappelle M. Chebbi, alors que la Tunisie a officiellement un taux de chômage de 19% (contre 14% en 2010).
Le PDP prône une politique d'investissements publics massifs, de soutien aux PME, et vise le doublement des investissements directs étrangers (IDE) en Tunisie en assouplissant les textes les régissant.
En matière sociale, il plaide pour une "fiscalité équitable", notamment par la création d'une "TVA solidaire", et préconise la revalorisation du salaire minimum à 308 dinars nets mensuels (environ 154 euros) contre 286 actuellement.
Le projet de Constitution défendu par M. Chebbi prévoit un régime présidentiel avec élection du président au suffrage universel pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois, et l'impossibilité de dissoudre le parlement.
Pour M. Chebbi, l'élection de l'assemblée constituante "est un premier pas vers des élections générales" législatives et présidentielle. A 67 ans, il "n'exclut pas" de briguer un jour la magistrature suprême.
Jouissant de moyens financiers confortables --les contributions de sympathisants ou adhérents, selon M. Chebbi--, le PDP a déjà dépensé "des centaines de milliers de dinars" dans des campagnes de publicité audiovisuelle et d'affichage. Et ne décolère pas contre la décision de l'Instance supérieure indépendante pour les élections d'interdire la publicité politique jusqu'au démarrage officiel de la campagne, le 1er octobre.
"C'est un nivellement par le bas. La Tunisie a besoin d'une relève politique et les grands partis doivent pouvoir se faire connaître", martèle M. Chebbi, dont la formation a également bataillé contre un décret sur le financement politique des partis.
Le PDP est poursuivi en justice avec un autre parti, l'UPL, et la chaîne de télévision privée Nessma, pour n'avoir pas respecté l'interdiction de la publicité politique, entrée en vigueur le 12 septembre.

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