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dimanche 27 mars 2011

Les 10 mots de la révolution tunisienne 3 - MAÎTRISARD


Inutile de chercher. Le mot n’est pas répertorié dans le Larousse. Mais en Tunisie, il est devenu le symbole d’une société sans avenir.
Les "maîtrisards"... C’est comme ça qu’on appelle les 150.000 jeunes gens qui, de l’autre côté de la Méditerranée, ont réussi à décrocher leur quatrième année à l’université, mais n’ont jamais pu trouver le moindre petit job. L’après-midi, à trente ans passés, ils s’entassent désoeuvrés à la terrasse des cafés de l’avenue Habib Bourguiba, au centre de Tunis. Le soir, ils retournent dormir dans le lit qu’ils avaient, enfants, chez leurs parents.
Le pays fabrique à la pelle des ouvriers pour les usines de textile de Sfax et des serveurs pour les hôtels de luxe d’Hammamet. Pas des cadres supérieurs qui soient capables de lire un bilan comptable ou de rédiger un contrat de travail. Ces dernières décennies, 23 universités flambant neuves ont poussé du Nord au Sud, d’Est en Ouest, dans toute la Tunisie. Des flopées de nouveaux diplômés en sortent chaque année. Mais leur titre n’a pas plus de valeur qu’un bout de papier.
On a dit que les "maitrisards" avaient été au coeur de la révolte, qu’ils avaient formé, dans les rues, le gros des bataillons des manifestants et derrière les ordinateurs, l’essentiel des blogueurs qui réclamaient le départ de Ben Ali.
On a dit aussi que Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant de Sidi Bouzid qui s’est immolé par le feu le 17 décembre et a donné le coup d’envoi de la révolution, en était un, de "maîtrisard". Ce n’était pas tout à fait vrai. Il n’était que bachelier...

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