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vendredi 21 octobre 2011

APPEL CITOYEN POUR UN VOTE DEMOCRATE

CREONS ENSEMBLE
UNE GRANDE CHAINE HUMAINE DE MOBILISATION DEMOCRATIQUE

Adhérons à cet appel et diffusons-le par mail et sur les réseaux sociaux au maximum de nos connaissances dans toute la Tunisie ; à nos parents, nos familles, nos ami(e)s, nos collègues, nos voisins,… et à tous ceux qui veulent échanger afin de faire un choix démocratique pour l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante le 23 octobre 2011.

Appel lancé par un collectif d’universitaires démocrates de la Faculté des Sciences Economiques de Tunis-El Manar. Texte disponible sur la page facebook :Chokri Benamara, du coordonateur du collectif, Chokri Ben Amara.




La Révolution Tunisienne est avant tout celle de la liberté et de la dignité. Elle a une portée morale humaniste, civile et pacifique, fruit des luttes et sacrifices des hommes et des femmes de ce pays. Elle ne doit son succès à aucune force intérieure ou extérieure.
Notre révolution traverse en ce moment une phase cruciale, après de vaines tentatives de confiscation extérieures et intérieures utilisant les avatars du RCD dissous ou les extrémistes qui veulent se substituer à lui pour exercer une nouvelle forme de dictature, cette fois-ci au nom de l’identité et de la religion.
Notre révolution a inspiré, par son audace et sa singularité, les révolutions arabes et sa portée tend désormais à l’universalité. Nous n’avons d’autre choix que de la faire réussir en la consolidant à travers les élections de l’Assemblée Nationale Constituante, le 23 octobre. Pour cela, nous lutterons ensemble contre la dictature dans ses formes ancienne et nouvelle et, par la force de notre volonté, nous relèverons le défi.

VOTONS MASSIVEMENT CAR L’ABSTENTION FAVORISERA LES EXTREMISMES

Votons tous, sans exception, afin d’exercer ce droit pour lequel notre peuple a tant lutté. Tout Tunisien qui s’abstient de voter accorde sa voix aux extrémistes et notamment les extrémistes religieux.
Les actes de violence physique et de terreur intellectuelle survenus en cette période pré-électorale et commis par des groupes extrémistes religieux ne sont qu’une tentative de la part de ces groupes et de ceux qui les manipulent pour démoraliser les électeurs  et pousser une partie d’entre eux à ne pas voter le 23 octobre. En semant la terreur et le découragement, et en favorisant l’abstention, ces groupes tentent de s’accaparer une majorité dans l’assemblée qu’ils n’ont pas dans la population.

VOTONS UTILE, CONCENTRONS NOS VOIX SUR LES FORCES DEMOCRATIQUES

Notre choix des listes pour lesquelles nous allons voter doit obéir à l’impératif du renforcement des forces démocratiques dans l’Assemblée Constituante afin qu’elles contribuent efficacement à la rédaction d’une nouvelle constitution instituant la liberté comme principe fondateur de la société et de tous les droits des citoyens. Notre choix de vote doit également donner aux forces démocratiques un poids suffisant pour diriger les affaires publiques pendant l’année de la constituante.
Concentrons notre vote sur les listes des partis démocratiques dont le militantisme et l’engagement pour la cause du peuple tunisien ne font pas de doute ainsi que ceux qui ont montré de la clarté dans leurs positions à l’égard de l’extrémisme religieux.
Votons pour le Pôle Démocratique Moderniste (QOTB) (sigle : étoile blanche sur fond noir), Ettakatol (sigle : poisson), le Parti du Travail Tunisien (sigle : fourmi noire), le Parti Démocrate Progressiste (PDP) (sigle : olivier) et le réseau de listes « Doustourna » (sigle : plume) qui se distingue par une proposition innovante de constitution.
La concentration de nos voix sur ces forces politiques ne signifie pas l’exclusion des listes indépendantes menées par des personnalités connues, réputées démocrates, syndicalistes ou de la société civile.

SOYONS UNIS POUR CONSTRUIRE NOTRE AVENIR DANS UN PAYS DE LIBERTES

Notre vote pour ces forces politiques n’est pas un chèque en blanc à leur profit mais le premier pas de notre participation à la naissance d’une force démocratique progressiste unifiée qui sera le pilier de la démocratie dans notre pays et une garantie pour les aspirations des femmes et des hommes de ce pays à la liberté, la dignité, le progrès, l’égalité et la justice sociale. Nous affirmons dès à présent que nous n’accepterons plus la dispersion actuelle des forces démocratiques nationales et que nous œuvrerons en tant que citoyens à leur unification. Nous exigerons de participer aux choix politiques et économiques de notre pays selon un mode démocratique participatif en rupture radicale avec la dictature passée.
Notre appel s’adresse à tous nos concitoyens et notamment aux jeunes générations afin que notre pays renoue avec son rang de précurseur dans la modernité politique et sociale.
Que le 23 octobre 2011 soit le jour de liesse que notre Tunisie a attendu avec patience et dignité pendant de longues années.

GLOIRE AUX MARTYRS
VIVE LA LIBERTE
VIVE LA TUNISIE

Avec notre adhésion, faisons en sorte que ce message soit massivement diffusé le plus tôt possible. Que ces élections concrétisent nos espoirs en une Tunisie nouvelle, pays de libertés, de démocratie, de justice sociale ; fidèle en cela à sa Révolution et à la mémoire de ses martyrs.
نداء المواطنة من أجل تصويت ديمقراطي

لنكون  معاً سلسلة بشرية من أجل الديمقراطية
إن انخراطنا في هذا النداء وتوزيعه بكثافة عبر  البريد الالكتروني و الشبكات الاجتماعية على كامل أبناء شعبنا يساهم في تبادل الآراء حول اختيار ديمقراطي لممثلينا بالمجلس الوطني التأسيسي يوم 23 أكتوبر2011 .  

إن الثورة التونسية هي بالأساس ثورة حرية وكرامة، ذات مضامين ومرامي إنسانية نبيلة، مدنية و سلمية، أتى بها نضال وتضحيات أبناء الشعب وبناته دون منة أو فضل من أي كان من الداخل أو الخارج 
ثورتنا اليوم تمر بمنعرج هام وذلك بعد اشهر من محاولة افتكاكها منا سواء من الخارج القريب أو البعيد أو من الداخل على أيدي بقايا التجمع المنحل أو من يريدون تنصيب أنفسهم مكانه من المتطرفين لممارسة الاستبداد والقمع بطرق جديدة وباسم الدين والهوية
إن ثورتنا ألهمت بتفردها الثورات العربية ووصل مداها بقية أنحاء العالم ولا خيار لنا سوى إنجاحها بترسيخها عبر انتخابات المجلس الوطني التأسيسي  في 23 أكتوبر . لذلك سنقف معاً في وجه الاستبداد، قديمه وجديده، وسنصنع معاً معجزتنا بإرادتنا الحرة
فلنصوت بكثافة، إن الامتناع عن التصويت يفيد المتطرفين
فلنصوت كلنا ولنمارس هذا الحق الذي دفعنا ثمنه غالياً. إن كل من يتخلف يمنح صوته للمتطرفين وأدعياء الدين . إن ما جرى في الفترة التي تسبق الانتخابات من ترهيب فكري و عنف  جسدي مارسته جماعات التطرف الديني هو محاولة منها وممن يسيرها للحط من معنويات الشعب ودفع عدد من الناخبين إلى عدم التصويت حتى يحصل أدعياء الدين على الأغلبية رغم أنهم لا يمثلون أغلبية الشعب
لتجتمع أصواتنا على دعم القوى الديمقراطية
إن حسن اختيارنا للقوائم التي سنصوت لها هو الضامن أن تقوي أصواتنا صف القوى الديمقراطية بالمجلس الوطني التأسيسي ، وتسمح لهذه القوى بلعب دور قوي وفاعل في كتابة دستور جديد يضع مبدأ الحرية فوق كل اعتبار كما ينظم حياتنا في اتجاه الديمقراطية والحقوق الكاملة للمواطنة. كما يعطي هذه القوى الوزن الكافي لإدارة شؤون البلاد أثناء ألسنة التي يستغرقها المجلس الوطني التأسيسي 
لتجتمع أصواتنا على قوائم الأحزاب الديمقراطية التي نثق بنضاليتها والتزامها بقضايا الشعب والحرية . والتي كانت مواقفها واضحة في عدم التملق لجماعات التطرف الديني، عكس ما تفعله أطراف أخرى امتازت في الفترة الانتقالية  بالإنتهازية السياسية والديماغوجية وتوتير الأجواء في البلاد
فلنصوت لقوائم: القطب الديمقراطي الحداثي (النجمة البيضاء التكتل الديمقراطي (السمكة السوداء حزب العمل التونسي (النملة السوداء)، الحزب الديمقراطي التقدمي (الزيتونة(،  كذلك لشبكة  »دستورنا «   )الريشة( التي تتميز بتصور مجدد للدستور. إن تجميع أصواتنا على هذه القوة لا يعني إقصاء القوائم المستقلة  التي يترأسها شخصيات متميزة ديمقراطية ، نقابية أو من المجتمع المدني.
 …لنتحد حتى  نصنع المستقبل ونحقق الحرية
إن تصويتنا للقوى الديمقراطية المذكورة ليس صكاً على بياض لفائدتها بل هو الخطوة الأولى من مساهمتنا في خلق قوة ديمقراطية وتقدمية موحدة تكون عماداً للديمقراطية في البلاد وضماناً لتحقيق طموحات أبناء وبنات الشعب في الحرية والكرامة والتقدم والمساواة والعدالة الاجتماعية. إننا نقولها من الآن،لا نقبل تشتت القوة الديمقراطية الوطنية كما هي الحال الآن بل سنعمل كمواطنين واعين بمسؤولياتنا على توحيدها وتطويرها وبذلك نكون من سيضع السياسات والبرامج لمستقبل البلاد في نمط ديمقراطي تشاركي يقطع مع الاستبداد القديم والجديد قطعاً تاماً 
إن نداءنا موجه لكل مواطنينا والأجيال الشابة حتى تستعيد بلادنا ريادتها السياسية والحضارية وتنطلق من جديد
فليكن يوم 23 أكتوبر  يوم العيد  الذي انتظرته تونس بصبر وكبرياء سنيناً طويلة
المجد للشهداء . عاشت الحرية . عاشت تونس .

mercredi 19 octobre 2011

La Tunisie parmi le Top 5 des destinations préférées par les Belges


La Tunisie est parmi les 5 destinations préférées des Belges pour les vacances d'automne (du 31 octobre au 6 novembre), selon Belga. Les Belges recherchent les destinations ensoleillées mais en faisant attention à leur budget en raison de la crise. Il s’agit du même constat chez deux des plus grands voyagistes du pays : Thomas Cook et Jetair.

Ainsi, les cinq destinations les plus sollicitées par les clients de Thomas Cook pour ces vacances sont dans l'ordre l'Egypte, les Iles Canaries, la Tunisie, la Turquie et le Maroc.
Pour Jetair, l'Espagne figure en tête du classement des destinations devant l'Egypte, la Tunisie, le Maroc et la Turquie.

Tunisie: la coalition progressiste du PDM dénonce des violences

TUNIS - Le coordinateur du Pôle démocrate progressiste (PDM), principale coalition de gauche en lice pour l'élection de dimanche en Tunisie, a dénoncé mercredi plusieurs actes de violences contre ses militants au cours des trois dernières semaines.

Nous avons été l'objet d'attaques directes et ciblées dans plusieurs endroits, a déclaré lors d'une conférence de presse Riadh Ben Fadhel, coordinateur du PDM composé de cinq formations autour du parti Ettajdid (Renouveau, ex-communiste).

Nous dénonçons ces actes de violence perpétrés sur fond de dénigrement sur internet et coïncidant avec la montée de notre coalition au cours des trois dernières semaines, a-t-il ajouté.

Ces violences ont eu lieu notamment à Médenine, Tozeur et Sfax (sud), Kasserine (ouest), Tunis, Monastir (centre) et à Ksar Helal, une localité du Sahel (côte-est) où une militante a été blessée et son agresseur, un jeune islamiste, arrêté et identifié, a précisé Jouneidi Abdeljawad, un dirigeant d'Ettajdid.

Ce matin même nous avons reçu un appel au secours de nos représentants à Kébili (sud), empêchés de tractages, et de militantes attaquées dans la rue par des partisans d'Ennahda et du Congrès pour la République (CPR), a affirmé un autre responsable.

Plusieurs de nos locaux ont été saccagés et nous avons dû tripler nos équipes pour protéger les candidats en campagne, a ajouté Riadh Ben Fadhel.

Interrogé sur la constitution d'un front de plusieurs partis pour contrer les islamistes, le PDM a démenti toute alliance avant le scrutin de dimanche.

Dès la constitution du PDM, nous avons appelé, voire mendié pour faire un front, et ce n'est pas à quelques jours du scrutin qu'on s'alliera à ceux qui ont choisi de faire cavalier seuls, a-t-il dit en référence au PDP d'Ahmed Néjib Chebbi et à Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar.

Les alliances se feront naturellement dans la future constituante à l'exclusion, pour nous, des forces qui ne respectent pas la séparation entre politique et religion et des RCDistes (du RCD, ancien parti de Ben Ali) qui ont sali la constitution de 1959, a tranché Jouneidi Abdeljawad.

Si elle avait été constituée en amont, une telle alliance aurait été la première force pour la protection de ceux qui s'inquiètent de l'émergence des forces non démocratiques, et les réseaux du RCD n'auraient pas été revivifiés, a déploré Mahmoud Ben Romdhane, économiste.

La coalition s'est prononcée pour un gouvernement national de technocrates, contrôlé par l'assemblée constituante et qui aura pour tâche urgente de remettre le pays sur les rails.

L'assemblée se consacrera, elle, à la rédaction de la Constitution et de nouvelles lois, selon les dirigeants du PDM.

La BAD promeut l'accès à l'eau potable aux populations rurales défavorisées en Tunisie

Tunis, le 19 octobre 2011 - La Banque africaine de développement (BAD) et le gouvernement tunisien ont signé aujourd'hui un accord de financement de 183 millions de dinars tunisiens (95 millions d'euros). Ce financement vise à soutenir le renforcement de l'accès à l'eau potable dans les zones rurales, une des priorités de la Tunisie.
Cet accord de prêt contribuera à la réalisation du Programme tunisien d'alimentation en eau potable dans les zones rurales. Le programme prévoit la construction et la réhabilitation de réseaux d'alimentation en eau potable ainsi que le renforcement des capacités de gestion des réseaux et des infrastructures.
Le programme sera réalisé à travers la Direction générale du génie rural et de l'exploitation des eaux (DGGREE) et les Commissariats régionaux de développement agricole (CRDA). Il profitera aux populations rurales les plus déshéritées de 20 gouvernorats (préfectures).
Plus de 350 000 habitants devraient ainsi avoir accès à l'eau potable en 2016, date d'achèvement du programme. Cela permettra d'augmenter le taux de desserte, le faisant passer à 98 pour cent, conformément aux objectifs du XIIe Plan de développement économique et social de la Tunisie.
MM. Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la coopération internationale, et Gilbert Mbesherubusa, directeur Transport et technologies de l'information à la BAD, ont procédé à la signature de l'accord de prêt.
M. Mbesherubusa, représentant le vice-président Infrastructure de la BAD, a souligné que « ce programme permettra aux habitants des localités les plus dispersées, les plus difficiles d'accès, les plus isolées et les plus démunies, de disposer de l'eau potable en permanence ».
M. Sering Jallow, directeur du département Eau et assainissement de la BAD, a rappelé que « l'accès à l'eau potable est d'une importance capitale pour assurer le bien-être des populations, sans oublier la nécessité d'une gestion intégrée des ressources en eau, dont dépend aussi le développement socio-économique de la Tunisie »

M. Jacob Kolster, directeur du département régional, Afrique du Nord,  à la BAD, a indiqué  que « le programme s'inscrit dans le cadre de l'engagement de la BAD à soutenir la transition économique et sociale de la Tunisie, en contribuant à  la réduction des disparités régionales, la création d'emplois, et  l'amélioration de la participation et du contrôle citoyen dans la gestion des affaires publiques.» 
La BAD soutient la transition économique et sociale tunisienne
Depuis janvier 2011, la BAD a financé plusieurs opérations pour aider la Tunisie à réussir sa transition économique et sociale. Un programme d'appui à la gouvernance et au développement inclusif d'un montant de 500 millions de dollars EU a été financé, en mai 2011 par la BAD. Ce programme a été précédé par l'octroi, en mars 2011, d'un don d'un million de dollars EU à titre d'aide d'urgence visant à aider les personnes déplacées et les réfugiés à la frontière tuniso-libyenne. Cette opération a été suivie en juin, par un don de 700 000 dollars EU de la Facilité africaine de soutien juridique, logée à la BAD, au  comité tunisien chargé du recouvrement des avoirs détournés par l'ancien régime. La BAD a, en outre, octroyé en juin  et juillet 2011 deux financements de montants de 185,45 millions de dollars et 50 millions de dollars EU pour la réalisation de l'autoroute Médenine Ras Jedir et une ligne de crédit aux petites et moyennes entreprises, respectivement. Enfin, en juillet 2011, la BAD a pris une participation de 20 millions d'euros dans le fonds d'investissement Maghreb Private Equity Fund III (Tuninvest Finance Group), pour soutenir les investissements dans le secteur privé au Maghreb.

Tunisie: envoi de moyens pour contribuer à la couverture télé de l'élection

MARSEILLE — Sept stations satellite, fournies via l'Union européenne de radio-télévision (UER) et France Télévisions, devaient être acheminées en Tunisie pour la couverture dimanche de l'élection de l'Assemblée constituante par les télévisions tunisiennes, ont annoncé mercredi les organisateurs.
Huit techniciens de l'UER devaient partir de Marseille (sud-est) mercredi soir pour Tunis. Déployées aussi à Nabeul (nord-est), Sfax (est) ou encore Sidi Bouzid (centre), les sept stations itinérantes - quatre cars de retransmission et trois "flight cases" - doivent permettre aux deux chaînes de la télévision nationale tunisienne d'assurer les directs nécessaires au suivi du scrutin, le jour J et le lendemain.
L'opération, organisée à la demande de la télévision tunisienne et d'un coût de 200.000 euros selon la télévision française publique France Télévisions, implique, outre le groupe français et l'UER, le Centre méditerranéen de la communication audiovisuelle (CMCA), la société de production marseillaise des Films du Soleil et l'Union pour la Méditerranée (UPM).
France Télévisions a indiqué qu'elle comptait continuer à répondre aux attentes des médias tunisiens "pour promouvoir leur liberté et leur indépendance". Parmi les projets, figure un soutien à la télévision publique pour la constitution d'un réseau de stations régionales.

Tunisie : "des élections primordiales pour la suite du printemps arabe"

DECRYPTAGE - Neuf mois après avoir renversé Ben Ali, les Tunisiens se rendent aux urnes dimanche pour élire leur Assemblée constituante. Quels sont les enjeux du scrutin, dont les islamistes d'Ennahda sont favoris ? Les réponses de TF1 News avec Pierre Vermeren, maître de conférences à Paris I.

Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb contemporain, est maître de conférences à l'Université de Paris I. Il est notamment l'auteur de Maghreb : les origines de la révolution démocratique (Editions Pluriel).

TF1 News : 12.000 candidats, plus de 1.600 listes et pourtant seulement un peu plus d'un Tunisien sur deux s'est inscrit sur les listes électorales. Pourquoi cette relative désaffection ?
Pierre Vermeren :
Il n'y a jamais eu de démocratie en Tunisie. Or, dans n'importe quel pays, la démocratie s'apprend. Son héritage est long à construire. Et, aujourd'hui, la Tunisie part de zéro puisque l'école n'a jamais inculqué de culture civique. Si la révolution était démocratique pour les élites, pour le peuple, il s'agissait surtout d'une révolte contre l'humiliation infligée par le régime de Ben Ali (corruption, chômage, mainmise d'un clan sur l'Etat...).

Les ruraux et les classes populaires urbaines sont donc incrédules sur ce nouveau gouvernement des élites qu'ils ne connaissent pas bien et en lequel ils n'ont pas forcément confiance. En ricochet, ils ne se sentent pas forcément concernés par ces élections puisque leur priorité, c'est toujours de trouver un travail ou de nourrir leur famille dans une situation économique difficile. Impossible de leur reprocher. Et n'oublions pas non plus que la liberté, c'est aussi celle de ne pas s'inscrire. L'une des tâches du prochain gouvernement sera notamment de transmettre une responsabilité civique.
TF1 News : Vous parlez d'une situation économique difficile. Elle n'a pas évolué depuis la chute de l'ancien régime ?
P.V. :
Non. Et d'ailleurs, elle ne s'améliorera pas fondamentalement non plus dans les mois à venir. Le chômage, notamment des diplômés, ne sera pas résorbé du jour au lendemain. Il faut qu'un cercle vertueux de créations d'entreprises s'installe. Il passera par l'arrivée massive de capitaux européens ou du G20.
                                                     
TF1 News : Ennahda, le parti islamiste, est favori. Pourquoi ?
P.V. :
C'est une force politique ancienne qui existe depuis plus de 30 ans. Ben Ali avait fait croire, entre autres, qu'il avait éradiqué l'islamisme en mettant en avant le mythe d'une croissance forte. Or même si ses cadres avaient en effet été éliminés -un fait qui bénéficie, à juste titre, à Ennahda-, l'islamisme politique en lui-même n'avait jamais disparu. Aujourd'hui, Ennahda, principale puissance militante, touche presque un quart de la population tunisienne grâce à ses réseaux et à son côté communautaire.

Comme les Tunisiens veulent plus de justice et moins de corruption, le cadre religieux semble rassurant. Et  il implique un gouvernement islamiste, perçu comme plus moral. La situation économique joue évidemment aussi en faveur d'Ennahda. Comme presque partout, la croissance faible favorise ceux qui ne sont pas liés aux élites urbaines traditionnelles, qui dirigent à Tunis depuis janvier. Même s'il était impossible de faire des miracles en neuf mois, les plus pauvres peuvent le reprocher au gouvernement transitoire.  Quoi qu'il en soit, la victoire annoncée d'Ennahda est le prix à payer pour sortir définitivement de l'ancien système. 

"C'est intérêt d'Ennadha d'être modéré"

TF1 News : Face aux craintes qu'engendre Ennahda, Rached Ghannouchi, son leader, affirme que son parti est le pendant tunisien de l'AKP  en Turquie (ndlr : l'AKP est la formation au pouvoir à Ankara. Elle se revendique d'un islamisme modéré).
P.V. :
Cette déclaration n'est pas seulement une posture, c'est aussi l'intérêt du parti d'être modéré. Les islamistes savent qu'ils font peur et que pour avoir les crédits internationaux, il faut être modéré. Ils ont aussi vu que le Hamas, bien que vainqueur des élections palestiniennes en 2006, avait ensuite été marginalisé sur la scène diplomatique. Rached Ghannouchi utilise donc l'image de l'AKP puisque la Turquie est le seul pays où l'islamisme politique fonctionne. Elle garde par exemple de bonnes relations avec les Etats-Unis et l'Union européenne.

Mais Rached Ghannouchi ne représente pas forcément le point de vue de tout le parti. Ennadha est aujourd'hui divisé entre les partisans d'un islamisme moderne et les idéologues proches des Frères musulmans. Sur ce point, le résultat des élections sera primordial : si Ennahda obtient la majorité absolue dans l'Assemblée, le risque de surenchère islamique est réel. S'il ne dispose que d'une majorité relative, il devra composer.

TF1 News : Les incidents de fin de campagne ont été attribués aux salafistes (ndlr : islamistes extrémistes). Ont-ils des liens avec l'aile dure d'Ennahda ?
P.V. :
Non, les salafistes, minorité très agissante, se situent clairement en dehors d'Ennahda. Leur interdiction de présenter des candidats a d'ailleurs été validée par Ennahda. En revanche, les manifestants qui ont créé les incidents ont probablement reçu le soutien des milices proches de l'ancien régime afin de faire dérailler le processus. 

"Les anciens du régime Ben Ali sur des listes d'indépendants"

TF1 News : Peut-on attendre des alliances entre partis laïcs pour faire barrage à Ennahda ?
P.V. :
Il faut prendre avec précaution le terme "laïc". Certes, il y a des laïcs parmi ces partis, mais la laïcité reste minoritaire  dans le pays. Dans l'ensemble, ce n'est pas l'idée dominante. Il est très probable que la prochaine constitution ne sera d'ailleurs pas laïque.

Le Parti démocrate progressiste (PDP), classé au centre-gauche, d'Ahmed Néjib Chebbi représente essentiellement la bourgeoisie de Tunis et est implantée dans les grandes villes. Ettakatol (forum) de Mustapha Ben Jaafar est quant à lui plus à gauche. Mais c'est peut-être le Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki, qui devrait être la 4e force du pays, qui aura un rôle pivot lors des négociations. Attaché aux droits de l'homme, il est aussi proche des islamistes.

TF1 News : Quid des anciens du RCD, le parti de Ben Ali ?
P.V. :
Quelques anciens dignitaires de l'ancien régime, comme l'ancien ministre de l'Intérieur Kamel Morjane, ont créé des petites formations qui ont été légalisées. Mais beaucoup d'ex-apparatchiks se présentent probablement sur les listes d'indépendants (ndlr  : 800 sur 1600). Les sondages leur prédisent un faible score au niveau national. Mais il est possible qu'ils obtiennent quelques élus localement grâce à leurs réseaux, toujours présents.
exergue "En cas d'échec, une excuse pour les régimes toujours en place" 

TF1 News : Le choix d'une proportionnelle intégrale pourrait conduire à une instabilité politique.
P.V. : C'était nécessaire. Plus de 110 partis se présentent : il fallait que tous aient une chance et que l'Assemblée constituante soit une réelle photographie de la vie politique. Et puis l'éclatement sera relatif. Seules une quinzaine de partis auront des députés. Il était difficile de faire autrement après un régime autoritaire, d'autant plus qu'un scrutin majoritaire aurait amplifié la victoire annoncée d'Ennadha.

TF1 News : La Tunisie a lancé les "révolutions arabes". Elle lance aujourd'hui le temps des "élections arabes".  Va-t-elle donner le ton une nouvelle fois ?
P.V. : Oui. C'est le premier round de la deuxième étape. Ces élections sont une expérience capitale, à court, moyen et long terme, pour les Tunisiens, pour les autres pays de la région et même pour la politique arabe de la France. Si tout se passe bien, avec une transition démocratique effectuée sans surenchère religieuse, cela aura un rôle important pour les prochains scrutins, dès le mois prochain en Egypte et au Maroc. A l'inverse, si cela se déroule mal, les régimes autoritaires toujours en place en profiteront pour brandir une nouvelle fois la menace islamiste. 

mardi 18 octobre 2011

Elections en Tunisie : pourquoi nous voterons moderniste

LE PLUS. Dimanche 23 octobre - mais dès le 20, 21 et 22 pour les ressortissants vivants à l'étranger - les Tunisiens voteront pour élire leur Assemblée constituante (qu'est-ce que c'est ?). Hakim Bécheur, médecin et coordonnateur de la campagne du pôle démocratique et moderniste-France Nord, explique pourquoi il a choisi ce camp.

Dans quelques jours, la Tunisie vivra les premières élections libres de son histoire. Nous Tunisiens et Tunisiennes vivant des deux côtés de la Méditerranée, conscients de l’importance de l’enjeu, exhortons tous nos compatriotes où qu’ils se trouvent à exercer leur devoir électoral pour faire valoir leurs droits à une vie meilleure.

Nous souhaitons, pour notre part, en hommes et femmes libres et responsables, apporter notre soutien sans faille à tous les candidates et candidats des listes du pôle démocratique et moderniste (PDM-El Qotb), et en particulier à celles de France Nord et France Sud, dont nous avons pu mesurer et apprécier l’enthousiasme et la sincérité de l’engagement.

En effet, le Pôle qui regroupe plusieurs partis politiques progressistes, ainsi que des collectifs citoyens et des personnalités indépendantes, a su mettre de côté les considérations personnelles ou partisanes pour servir l’intérêt de notre pays. Et ce dans le seul but de voir renaître une Tunisie ancrée dans un passé plusieurs fois millénaire, héritière du réformisme moderniste des penseurs, des dirigeants et des acteurs politiques Tunisiens du XIXe et du XXe siècle, ouverte sur l'extérieur tout en refusant toute relation de dépendance, démocratique et pleinement insérée dans la modernité politique.

Les principes constitutionnels qui seront défendus par les députés du PDM reposent sur l'instauration d'un régime républicain fondé sur la souveraineté populaire et la séparation des pouvoirs. Tous les droits et toutes les libertés seront garantis aux citoyens et aux citoyennes, en particulier les libertés de conscience et d'opinion, ce qui implique la séparation des sphères politique et religieuse. Dans la Tunisie démocratique, aucune idéologie à base religieuse ne pourra se prévaloir d'une légitimité supérieure aux lois de la république.

Il n'est pas non plus de démocratie sans égalité. C'est pourquoi la nouvelle constitution devra inscrire explicitement l'égalité totale des sexes au nombre de ses principes et créer les outils pour la faire appliquer. Plus largement, elle interdira tout type de discrimination fondée sur la couleur de peau, la religion ou tout autre type d'appartenance.

Sur le plan économique et social, il faudra se doter des moyens de mettre fin aux déséquilibres qui minent la cohésion du pays et maintiennent une partie de la population dans la pauvreté et le sous-emploi. L'Etat devra retrouver son rôle, non seulement de régulateur, mais d'initiateur d'une politique économique fondée sur la recherche du bien commun. De nouvelles orientations de développement socialement équitables et écologiquement durables devront être mises en œuvre.

Les candidats du PDM se présentent confiants devant les électeurs, sûrs que l'immense majorité des Tunisiens et des Tunisiennes veut se prémunir contre tout retour possible d'une forme ou une autre de dictature, et souhaite jouir pleinement de tous les droits politiques et sociaux dignes d’une véritable société de citoyens. C'est cette Tunisie là qu'ils contribueront à édifier à partir du 24 octobre.

Tunisie: de la révolution à la constitution

A moins d'une semaine des premières élections démocratiques de son histoire, la tension monte en Tunisie entre les islamistes et les laïques. Si certains observateurs n'excluent pas une instrumentalisation des fondamentalistes par les pétromonarchies, les acteurs du printemps arabe rappellent que ces élections à la Constituante sont d'abord la poursuite de la révolution démocratique. 


A chaque jour sa manifestation. Après la diffusion du film Persepolis sur Nessma TV, près de 300 salafistes s’étaient regroupés pour attaquer le siège de la chaîne. Le 11 octobre, le président de la chaîne privée tunisienne, Nebil karoui,  présentait  ses « excuses » pour une séquence du film  où Dieu est représenté, ce que proscrit l'islam.
Après l’occupation des rues par les barbus, les laïcs n’ont pas tardé à riposter.
Une contre-manifestation réunissant entre 3.000 et 5.000 manifestants a descendu le boulevard Mohamed V, une des principales artères de la capitale, en entonnant à plusieurs reprises l'hymne national ou criant « Ataqni » (Lâchez moi les baskets).
L’appel avait été lancé depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux : « Ceux qui défendent la liberté d’expression et l’Etat laïc : rendez-vous dimanche à 13 heures à la Place Pasteur de Tunis. Message reçu ».
Les journaux tunisiens consacrent tous leur couverture à l’élection, le tractage s’intensifie, la tension monte, aucun leader de parti n‘a pourtant cru bon de se mêler à la manifestation. « Mais où sont-ils passés, ces leaders si attachés aux valeurs de la laïcité et de la modernité ? »  se demande le site tunisien Kapitalis. Seul le Pôle démocratique s'est insurgé dès le début contre les violences visant Nessma TV, les autres préférant ménager les éléments conservateurs de l'électorat.

Plus de 1600 listes et 10000 candidats

Si les 217 élus de l'Assemblée nationale constituante auront pour principal mandat la rédaction d'une nouvelle constitution tunisienne, ils devront aussi mettre en place un nouvel exécutif et légiférer pendant la période transitoire avant de nouvelles élections politiques. Et à travers la Constituante, c’est aussi un peu du statut du prochain régime qui se joue. Laïc, religieux, civil ? 
Quasiment interdit sous Ben Ali, le militantisme islamiste relève autant de l'adhésion au discours ultra-moralisateur du parti que de l'expression d'une liberté politique après des dizaines d'années de répression.
Crédité d’un bon score – entre 20 et 30% selon les sondages-, l'adhésion populaire que recueille le parti islamiste Ennahdha reste en grande partie mystérieuse. 
Le parti ne pourra pour autant pas obtenir la majorité. Le mode de scrutin choisi et la multitude des acteurs -plus de 1.600 listes et 10.000 candidats-  favorisent la dispersion des suffrages et la multiplication des débats au delà de la question de la nouvelle constitution.
Certains partis parviennent néanmoins à se démarquer notamment le Parti Démocratique Progressiste (nationaliste, radical de gauche), dont le leader affirme vouloir s’inspirer du modèle de la révolution espagnole contre le Général franco.

Pour Ahmed Ibrahim, le secrétaire-général du mouvement Ettajdid, le « renouveau de la gauche tunisienne », les organisations laïques doivent unir leurs forces pour créer un contre-poids au parti islamiste Ennahda, donné comme favori pour l’élection du 23 octobre.
« Aujourd'hui en Tunisie, il y a une mouvance moderniste qui cherche à renforcer les libertés et les valeurs progressistes », déclare-t-il dans une interview à Reuters. « Il y a une seconde mouvance qui souhaite utiliser les sentiments religieux du peuple et qui tente d'imposer un certain contrôle et un mode de vie bien spécifique ».

Une instrumentalisation des fondamentalistes par les pétromonarchies

Chercheur à l’Institut français du Proche Orient de Beyrouth, Vincent Geisser estime pour sa part que « le processus de transition politique en cours en Tunisie a révélé de très nombreux clivages politiques mais aussi sociétaux concernant le rapport aux mœurs et aux valeurs. Toutefois, l’on commettrait une erreur d’interprétation, si l’on réduisait ces clivages à une opposition frontale entre islamistes et non islamistes car la société tunisienne est beaucoup plus complexe que cela. A l’heure actuelle, il n’existe pas en Tunisie une partie de la société qui serait « laïque » et l’autre qui serait « islamique » ou « islamiste ». Le pays n’est pas divisé en deux camps idéologiques. De ce point de vue, la Tunisie n’a jamais connu une laïcité d’État comparable à l’expérience kémaliste en Turquie ».

Le chercheur n’exclut d’ailleurs pas une instrumentalisation des éléments les plus radicaux par les pétromonarchies « qui redoutent par-dessus tout la démocratisation de la Tunisie qui pourrait constituer un extraordinaire modèle de liberté pour l’ensemble du monde arabe ».

Face au risque de noyautage politique, ceux qui sont descendus dans la rue, n’oublient pas, tel le blogueur Azyz Amamy, de rappeler que ces élections constituantes sont d'abord et avant tout le produit d’une révolution démocratique : « Je refuse d’avoir perdu une bonne partie de ma vie en vain. Je refuse que l’on rate ces élections. Je refuse de comprendre ceux qui étaient à mes côtés dans la rue à demander la Constituante, et qui appellent maintenant à son boycott, par « révolutionnisme » ou par « gauchisme enfantin ». Ces élections sont la mission la plus révolutionnaire. Vous savez pourquoi??? Parce que de la Constituante commencera à jaillir notre nouvelle Tunisie. Mais, camarades, amis, frères ou même aliens si vous le voulez, ça ne va pas finir aux élections. Nos martyrs sont morts à cause de l'ancien système, ne les laissons pas tomber, abolissons le système. N'avons-nous pas dit « le peuple veut l'abolition du système » ? C'est par la Constituante qu'on réussira à le faire tomber ».
Ce n'est qu'un début...

L’hymne rassembleur du PDM fait un tabac

Il y a ceux qui divisent et ceux qui rassemblent. La chanson créée par Mohamed Ghadhab pour le Pôle Démocratique Moderniste (PDM), est de celles qui rassemblent et a fait le tour des réseaux sociaux sur internet.

On l’entonne partout et elle n’est plus une chanson, mais un hymne. Et si elle n’appartenait pas à une formation politique, elle aurait pu être sacrée chanson de l’année diffusée dans toutes les radios et les télés.

Cette chanson, de deux minutes, n’a pourtant pas coûté grand-chose à ses créateurs : 670 dinars, beaucoup d’humour et une montagne de volonté.
Derrière cette création, intitulée Samaâ soutek (fais entendre ta voix), une pléiade d'artistes et de citoyens ont bénévolement participé à la réalisation du clip, prouvant ainsi leur engagement et leur soutien à Al Qotb et aux valeurs qu’il défend. 



lundi 17 octobre 2011

Les Tunisiens crient haut et fort leur liberté et leur citoyenneté

C'est au rythme de la musique traditionnelle de Boussaâdia, que la marche pacifique "A3ta9ni" (signifiant lâche moi) a démarré dimanche 16 octobre 2011 de la Place Pasteur. Quatre à cinq mille personnes de différents âges ont participé à la manifestation. On y trouve des jeunes lycéens au look stylé mais également des hommes et des femmes à la soixantaine portant des drapeaux tunisiens et des parapluies noirs avec des illustrations et des inscriptions de slogans traduisant l’esprit et l’objectif de la marche : liberté, liberté d’expression, non à l’extrémisme, non au salafisme. Contrairement à ce qui a été dit, dans certains réseaux sociaux, la manifestation a vu la participation de personnes appartenant à toutes les couches sociales.

Des manifestants appartenant à des partis politiques dont notamment le Pôle démocratique (PDM), Afek Tounes, Doustourna étaient de la partie, mais aussi des artistes, accompagnés de leurs enfants avec du scotch sur la bouche comme signe de protestation contre la dictature sous toutes ses formes. La manifestation n’était pas pour autant politique et ces militants ont rapidement caché leur appartenance partisane. N’étaient visibles que les drapeaux tunisiens.
Tous étaient présents pour crier haut et fort leur appel à la liberté d'expression, à l'instauration d'un Etat civil et pour dénoncer toutes sortes de pratiques pouvant mener la Tunisie vers une "pensée unique" et "arriérée".

Cette marche, qui a débuté à 13h28 avec un rassemblement de près de 300 personnes à la Place Pasteur s’est dirigée, ensuite, vers la place des Droits de l'Homme en passant évidemment par l'avenue Mohamed V. La foule, qui grossissait au fur et à mesure qu’elle avançait, était bien encadrée et contrôlée par les forces de l’ordre. Pourtant l'un des organisateurs a signalé n'avoir eu aucune autorisation écrite de la part du ministère de l'intérieur. C'était uniquement un engagement verbal à soutenir la manifestation, si elle demeurait pacifique ! Et elle l’était de bout en bout.
Les réactions des passants étaient diverses. Certaines voitures klaxonnaient en signe de soutien à la marche, d'autres passaient sans faire attention à ce qu'on scandait.

A peine arrivés devant le siège de Nessma TV, les manifestants, atteignant le nombre de deux mille environ, se sont arrêtés pour entonner, d'une seule voix, l'hymne national et crier "Libres, libres... et pas non-croyants ! Nous sommes tous musulmans !".
Tout se déroulait à merveille quand une dizaine de personnes, dont une femme voilée, se sont mis en première ligne, portant une pancarte sur laquelle on lisait "A bas le capitalisme, à bas l'impérialisme". "Cette tranche de la population ne représente pas la Tunisie, ce ne sont qu'un groupe de bourgeois ayant profité de l'ancien régime pour s'enrichir ", criait Fatma, la femme voilée.
On entendait à peine "Allahou Akbar" en provenance de la deuxième ligne de la manifestation quand la police intervenait rapidement pour emmener l'homme en question jusqu'à leur fameux panier à salades, entouré de journalistes et cameramen. C'était la jeune voix d'un homme, la vingtaine, tenant entre les mains une banderole avec le logo d'Ennahdha. Juste ensuite, l’hymne national a pris le dessus pour être entonné à plusieurs reprises. 

La marche a vite repris en direction de la place des Droits de l'Homme, avant d'être stoppée par les forces de police, demandant à céder le passage aux voitures, ce qui a contraint les manifestants à revenir sur leurs pas, jusqu'à la place Pasteur.
Une autre jeune femme voilée, la vingtaine, est intervenue près du siège de Nessma TV, tenant à la main une pancarte appelant à la liberté d'expression et de religion, mais elle a été, également, refoulée de la marche sous les cris et hurlements de certains manifestants : «Votre place n'est pas ici... Faites votre manifestation le vendredi!".
Pourtant, des femmes voilées ont bien participé à la manifestation, en signe de soutien à la liberté et sans sortir du lot.
On signalera également ces slogans brandis contre les « valets des Saoudiens », les « valets du Qatar et des pétro-dollars » ou encore cette pancarte Tunisie 1 – Qatar 0.


dimanche 16 octobre 2011

Tunisie. Après les «barbus», les laïques en parade…


5.000 personnes ont défilé dimanche dans l’avenue Mohamed V de Tunis pour défendre la liberté d’expression et un Etat laïc. Quelques mises en scène, mais pas de gros incidents à signaler... 

Deux jours après les manifestations condamnant la chaîne Nessma TV, qui a diffusé ‘‘Persepolis’’, le film franco-iranien qui a suscité la colère de nombreux Tunisiens et fait couler beaucoup d’encre, une contre-manifestation a eu dimanche, dans l’une des importantes artères de la capitale. 5.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, ont défilé, sous le slogan «Âtaqni» (Lâchez-moi les baskets), à l’avenue Mohamed V. Aucun débordement ou incident grave n’a été signalé. La police n’a pas eu à utiliser les gaz lacrymogènes ou les matraques comme deux jours auparavant.
Le cortège des modernistes 

 Dorra Bouchoucha négocie l'autorisation.

L’appel à cette manifestation a été annoncé depuis trois jours sur les réseaux sociaux. Ceux qui défendent la liberté d’expression et l’Etat laïc: rendez-vous dimanche à 13 heures à la Place Pasteur de Tunis. Message reçu.
12h30, quelques dizaines de personnes, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, sont déjà au lieu du rendez-vous. La police était déployée dans toutes les rues voisines. Sait-on jamais. Scène vue: une jeune femme au corps de ballerine en jean moulé descend de sa voiture garée pas loin de la Place Pasteur, et se drape d’un voile noir et rejoint les manifestants... Un policier la regarde, bouche-bée. Surprise, puis curieuse, je la suis à distance…
12h40, un agent de police demande l’autorisation à la foule pour que la manifestation ait lieu. Sinon, impossible d’aller jusqu’à la Place des droits de l’Homme. En effet, les organisateurs ont oublié de demander l’autorisation du Premier ministère. Ça commence à chauffer... La cinéaste Dorra Bouchoucha intervient. D’autres artistes suivent. Les téléphones fonctionnent rapidement, l’autorisation est finalement donnée par téléphone.
«Mais les manifestants n’ont pas à descendre des trottoirs. Même pour leur sécurité, nous devons les protéger, on ne sait jamais. Il nous faut bien l’autorisation pour qu’on fasse notre boulot», lance un policier en uniforme. Ça continue de discuter entre les policiers en civil et en uniforme.
13h15, on se met en rang. Le nombre des manifestants a doublé, triplé..., quadruplé. 1.000, 2.000,

 La voilée de service toutes voiles dehors.
3.000... Bientôt, la chaussée est toute noire de monde. «Tous contre l’extrémisme, Tous pour un Etat laïc. Nous sommes artistes et musulmans. À bas l’islamisme. Ici, c’est la Tunisie, non pas le Qatar ou l’Arabie...», lit-on sur les banderoles. L’hymne national est entonné plusieurs fois, martelé même. L’ambiance est vaguement nerveuse. On est en démonstration... Il faut faire le plus de bruit possible…
Quelques mises en scène
Plusieurs médias étrangers, surtout français, sont là, à l’heure. Impressionnés de voir dans la première rangée une femme voilée, de haut en bas, qui crie. Elle crie sa colère dans une langue parfaite de Molière.
Elle fait tout pour que les projecteurs soient braqués sur elle. Des étudiants, des petites gens se sont jointes à la foule pour défendre la liberté d’expression, des anciens de l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), des anciens du Rcd (le parti dissous de Ben Ali, on en a reconnus une bonne brochette), mais aussi plusieurs cinéastes, directeurs des médias (certains anciens thuriféraires de Ben Ali qui se reconnaîtront), des hommes et des femmes venus surtout des quartiers huppés, de Gammarth, de la Marsa, de Carthage, d’El Menzah et d’Ennasr et autres proches banlieues chics. C’est à croire que la laïcité, en Tunisie, est une affaire de classe, que dis-je, de riches!
Une remarque cependant s’impose : aucun  leader de parti à l’horizon. Mais où sont-ils passés, ces leaders si attachés aux valeurs de la laïcité et de la modernité? Sur les visages des manifestants, un semblant de déception. Car, ils pensaient que le nombre allait être plus important.

  On serre les rangs pour la marche.
«C’est ça le peuple!», s’interroge ironiquement une journaliste allemande. La jeune blonde court derrière les manifestants pour capter le maximum de photos. Soudain, un cri résonne. Un jeune homme s’est fondu dans la foule et a brandi une banderole défendant l’islam modéré. Des manifestants ont crié au «mondass» (intrus) islamiste et se sont attaqués à lui. La police est intervenue pour le libérer. Direction: les locaux du ministère de l’Intérieur. Quelques instants plus tard, un manifestant, pris par une sorte d’hystérie, s’est mis à crier: «Nous sommes des laïcs. Et pour la liberté d’expression». Soudain, un autre manifestant s’est rué vers lui et l’a désigné du doigt en criant: «Cet homme ne nous représente pas. Il était à la fac des droits.
C’était un flic de Ben Ali. Et jusqu’au 13 janvier, il était l’un des serviteurs du système. Il avait son bureau au siège du Rcd. Il faisait des rapports sur les braves militants du Poct…». La foule s’est alors déchaînée:«Tounes horra horra wettajamôa âla barra!» (La Tunisie est libre et le Rcd dehors!). Le ton est monté entre les deux hommes. Une rixe allait aussitôt éclater. La police est intervenue. Soudain, la femme voilée de la première rangée s’est mise à crier de toutes ses forces, en sortant du rang. Cherchait-elle à détourner les attentions? Pourquoi s’est-elle mise à crier comme une hystérique? Le saura-t-on un jour. «Pour que les médias ne s’intéressent pas aux propos de son camarade démasqué», explique un manifestant, presque déçu d’être là.
Comme au cinéma
14h20, la manifestation qui devrait se terminer dans la Place des droits de l’Homme a pris fin un peu avant, à l’intersection des feux. Il fallait bien laisser les voitures passer, elles étaient bloquées depuis près de deux heures. La manifestation rebrousse chemin. A la fin du peloton, des dames de la bourgeoisie de Tunis. «Il faut frapper ces islamistes, leur faire barrage par tous moyens. Il faut qu’on les mange avant qu’ils ne nous dévorent. Avec eux, il n’y a que la force qui compte», dit l’une d’elle. Cela me rappelle quelques tristes souvenirs. Qui a dit que Ben Ali est parti?
Les gens se dispersent peu à peu, ils récupèrent leur voiture pour rentrer... Un klaxon assourdissant attire les attentions. A bord d’une voiture de luxe, une dame tout en graisse, la poitrine en l’air, laisse éclater ostensiblement sa joie: les cameramen n’ont pas raté la scène... Une scène qu’aurait aimé filmer Fellini. La démocratie au sud de la Méditerranée, c’est un peu aussi cela: peu de conviction, et beaucoup de cinéma.

Manifestations pour la liberté d'expression

Des milliers de Tunisiens se sont rassemblés dimanche à Tunis pour réclamer le respect de la liberté d¿expression.
Les manifestants dénonçaient également les violences survenues après la diffusion du film franco-iranien Persepolis sur Nessma TV.

"Le peuple veut la liberté d'expression", "La Tunisie est pour tous", "Tunisie libre, exit les forces rétrogrades" : tels étaient les slogans qui ont résonné dimanche sur la place Pasteur, à Tunis. Les participants au cortège s’étaient donné rendez-vous via le réseau social Facebook, sous le slogan « libère-moi ». Ils ont ensuite rallié la Place des Droits de l’Homme.

Certains s'étaient scotchés la bouche, en signe de protestation, à l'appel des organisateurs sur le réseau social. Un important dispositif de police a contrôlé cette marche qui s'est déroulée sans aucun incident dans les rues, habituellement désertes dimanche.

Cette marche était organisée en réponse à plusieurs rassemblements survenus les jours précédents en Tunisie, impliquant notamment des salafistes. Ceux-ci protestaient contre la diffusion par la chaîne télévisée Nessma TV du film d’animation Persepolis. L’œuvre de Marjane Satrapi a suscité de violentes réactions au sein des milieux extrémistes et choqué une partie de la population tunisienne, en raison d'une scène figurant Dieu, chose considérée  comme blasphématoire et proscrite dans l'islam.

Le film avait été diffusé sans problème en Tunisie, mais c'est sa version en dialecte tunisien produite par la chaîne et jugé blasphématoire qui a mis le feu aux poudres. Le PDG de Nessma, Nabil Karoui, a présenté ses excuses au peuple tunisien.  Son domicile a été attaqué par une centaine d'hommes. A l'antenne, une journaliste de Nessma TV avait dénoncé "l'incitation de quelques imams à commettre des crimes à l'encontre des employés de la chaîne", notamment à l'occasion des prêches de vendredi, jour de prière.


UE : la Tunisie mérite mieux qu'un partenariat privilégié

« L'Europe a tardé à reconnaître la justesse de la Révolution du Jasmin, pourtant portée par les idéaux de liberté, de justice et de démocratie, les valeurs fondamentales de l'UE.
Il est rapidement apparu que la Tunisie a servi de modèle pour le printemps arabe - une expression non-violente de la volonté populaire afin de mettre fin à l'ancien régime et un élan vers la liberté et les perspectives offertes par un avenir démocratique ». C’est ce qu’a déclaré M. Guy VERHOFSTADT, président du groupe parlementaire de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE)
S'exprimant aujourd'hui, vendredi 14 octobre 2011, depuis Tunis lors d'une conférence de presse à la veille des premières élections démocratiques, M. VERHOFSTADT s'est félicité des réalisations du mouvement démocratique pacifique et a souligné l'opportunité historique pour le pays de créer un Etat ouvert, démocratique et laïque avec comme perspective l'adhésion à l'Association européenne de Libre Echange.
Selon M. Verhofstadt, la Tunisie est aujourd'hui le pays d'Afrique du Nord le plus instruit et le plus ouvert dans lequel les droits des femmes sont bien ancrés et la citoyenneté bien assise : « Nous devrions évaluer les possibilités pour offrir à la Tunisie plus qu'un partenariat privilégié et même évaluer les possibilités pour une future adhésion à l'AELE, lui donnant les mêmes droits que la Norvège et l'Islande ».
Edward MCMILLAN SCOTT (Royaume-Uni, Lib Dem), vice-président du Parlement européen qui accompagne Guy Verhofstadt lors de sa visite à Tunis afin de soutenir les partis démocrates et libéraux, a ajouté : « Un fonds de soutien de 1 milliard d'euros est déjà décidé et l'UE et la Tunisie se dirigent vers un partenariat privilégié par le biais de négociations sur l'ouverture des marchés agricoles et de la pêche et la facilitation des visas pour les étudiants. Mais la Tunisie a besoin d'urgence de soutien budgétaire direct afin de construire des communautés qui fonctionnent, des écoles et des hôpitaux ».
Les partis élus la semaine prochaine pour le nouveau Parlement devront réaliser les espoirs et les aspirations du peuple tunisien. Les démocrates et des libéraux espèrent avec confiance qu'ils seront à la hauteur des attentes.

Tunisie – Y aura t-il une coalition des Centristes après le 23 octobre ?

Des partis démocrates dits du centre, le PDP, le PDM, Afek et Ettakatol se sont réunis dans la soirée du mercredi autour d’un bon dîner copieux afin de discuter d’une éventuelle coalition pour l’après 23 octobre. Ces partis avaient auparavant entamé des pourparlers assez confidentiels dans le but de se mettre d’accord et de s’unir sous forme de coalition après les élections.

Etaient présents à ce dîner : du PDP, Néjib Chebbi et Maya Jeribi, du PDM Ahmed Ibrahim et Samir Taieb, d’Ettakatol, Khalil Zaouia, d’Afek Yassine Brahim et Emna Mnif. Un dîner qui devait être couronné sans l’annonce d’un accord concret entre les différents partis en présence.
De sources concordantes, nous avons appris que la question qui a fait vraiment débat et sur laquelle ont buté les participants, était celle de divulguer ou non la nouvelle de la coalition avant les élections.
Du coup, les différentes parties prenantes ont décidé d’observer la discrétion en attendant d’éventuelles nouvelles tractations entre elles.