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mardi 29 mars 2011

Tunisie : les raisons du limogeage de M. Farhat Rajhi ?

Le 14 janvier 2011, ils étaient des milliers de jeunes et de moins jeunes, devant le ministère de l'Intérieur à réclamer le départ  de Ben Ali.

Une foule compacte où se mêlaient chômeurs, ouvriers, syndicalistes, avocats en robe, médecins et infirmiers en blouse, etc. Tout le monde criait «ministère de l'Intérieur, ministère de la terreur» en pointant du doigt le bâtiment sombre qui symbolise dans l'esprit des Tunisiens, les arrestations arbitraires, la torture et les exactions.

Comme par enchantement l’image que l’on avait de ce ministère a radicalement changé en un temps record et ce depuis la nomination de M. Farhat Rajhi, ministre de l’intérieur.

Seulement voilà, deux mois après son arrivée au ministère de l’intérieur,  il a été décidé de démettre M. Rajhi de ses fonctions et son remplacement  par M. Habib Essid.

Cette décision est pour le moins inattendue en raison de la popularité d’un ministre qui a eu le courage de réaliser une opération de nettoyage au sein d’une institution que certains qualifiaient de « mafieuse ».

Bien que nous n’ayons pas encore obtenu la version officielle de ce qui est reproché à M. Farhat Rajhi, nous avons émis quelques hypothèses sur les raisons qui auraient pu amener le Président par intérim, sur proposition du premier ministre M. Béji caid Essebsi, à limoger M. Rajhi.

Certaines personnes ont tendance à penser qu’il ne s’agirait pas d’une sanction de son action au ministère, mais une  conséquence de la nomination de Béji Caïd Essebi au poste de Premier ministre. Ce dernier serait ainsi en train de reconstituer progressivement sa propre équipe. Une hypothèse peu probable pour un homme cartésien qui ne jure que pas les résultats.

D’autres évoquent le « laxisme » de M. Rajhi vis-à-vis de la situation sécuritaire. En effet, les sit-in et les manifestations ne se sont jamais arrêtés à Tunis comme dans les autres régions malgré l’état d’urgence toujours en vigueur.
La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase, pourrait être l’attaque à Souk Lahad du convoi du ministre du tourisme accompagné d’une quarantaine d’ambassadeurs. Ce voyage dans le sud tunisien visait à encourager les pays de ces diplomates à lever les restrictions de voyage vers la Tunisie.

Pour couronner le tout,  lundi 28 mars 2011, en plein jour (vers 12h20), un braquage de l’agence Amen Bank aux Berges du Lac exécuté par deux individus armés, aurait précipité la décision d’opérer un remaniement partiel du gouvernement.


Bref, en dépit des décisions populaires prises par M. Rajhi et sa volonté affichée de restaurer la sécurité, il faut reconnaître que les résultats se font toujours attendre !  Chaque nouveau jour apporte son lot d’agressions et d’incidents regrettables qui montrent davantage que l’insécurité est le principal chantier sur lequel doivent se pencher les responsables dans notre pays.

Ainsi,  le climat sécuritaire qui prévaut en ce moment en Tunisie aurait vraisemblablement dicté la décision de son éviction au profit d’Habib Essid. Ce dernier  aura pour tâche de reprendre en main une situation qui sans être délétère reste préoccupante.

Le retour de la sécurité ne pourrait qu’être bénéfique pour la relance de l’économie ce qui permettra de passer  à un autre chantier tout aussi urgent, celui de l’emploi. Nous attendons dans tous les cas, des explications de la part du chef du Gouvernement.

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