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samedi 6 août 2011

Tunisie - Le procès des deux policiers, accusés de meurtre à Sidi Bouzid, transféré au tribunal militaire

Le tribunal de première instance de Gafsa a transféré vendredi 5 août 2011, l’affaire des 4 agents de police accusés du meurtre des deux jeunes, Adel Hammami et Ridha Bakkari, qui ont été retrouvés brûlés, le 4 février dernier, alors qu’ils étaient placés en garde à vue dans un poste de police de Sidi Bouzid, au tribunal militaire, selon une source judiciaire au sein de ce tribunal rapportée par la TAP.
Cette décision est relative à la loi n° 70 de l’année 1982 qui règle la Loi fondamentale général des Forces de sécurité et qui stipule dans son article 22 que les procès, où les agents de police sont incriminés et qui touche à la sécurité nationale, sont du ressort du tribunal militaire.

Notons que le tribunal de première instance de Gafsa a refusé la demande de libération des inculpés.

Tunisie – L’Instance de Ben Achour parle « au nom du peuple »

On attendait Iyadh Ben Achour pour la conférence de presse annoncée, pour ce vendredi 5 août 2011, en vue de faire des éclairages sur les derniers développements au sein de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Et ce fut Samir Rebhi, porte-parole officiel de ladite Instance.
On s’attendait à une ruée habituelle des représentants des médias, mais ils étaient à peine une dizaine de journalistes présents, les autres ayant boycotté le point de presse en signe de protestation contre l’incident qui a eu lieu, la veille, entre « certains journalistes et certains membres de la Haute instance », selon les termes de M. Rebhi.

Et ce fut le premier axe traité par le porte-parole officiel de l’Instance de Ben Achour pour essayer d’apaiser le climat en affirmant qu’il s’agissait, juste, d’une tension conjoncturelle entre les deux parties et que l’Instance est déterminée à assainir l’atmosphère parce qu’elle croit au rôle majeur et constructif de l’information, d’où la volonté de maintenir la présence des journalistes lors des travaux de l’Instance même si le décret portant sa création stipule la confidentialité et le huis-clos de ses débats.
Concernant la loi des partis, M. Rebhi assure que, le jeudi 4 août, il y eut une confirmation du vote du 20 juillet 2011 consistant en l’adoption du projet sans les propositions d’amendement faites par le PDP. Et après avoir fait un rappel des péripéties de la polémique soulevée, depuis à ce propos, il a indiqué que le dossier est clos et que le projet se trouve chez le gouvernement.

Traitant ensuite de l’action du gouvernement, M. Rebhi a précisé que la Haute instance a créé une nouvelle commission de huit membres chargée de superviser l’action gouvernementale, plus particulièrement la sécurité et la justice avant d’exprimer l’indignation face aux « anomalies constatées dernièrement avec le départ à l’étranger de Saïda Agrebi et la libération de Béchir Tekkari », sachant que des données laissent entendre que d’autres libérations seraient en cours.
Et pour M. Rebhi, le comble est que certaines voix commencent à s’élever appelant à la réalisation de la réconciliation. Le porte-parole de l’Instance de Ben Achour, assure que « le peuple veut », d’abord, des procès en citant l’exemple de trois familles de martyrs à Kasserine qui s’impatientent face aux lenteurs des procédures judiciaires à cet effet.

A noter, enfin, que la conférence de presse a été marquée par un clash verbal entre M. Rebhi et certains journalistes qui se sont « chamaillés », même, entre eux.

Tunisie : IRADA défend la liberté de la presse

Suite aux derniers événements ayant marqué la scène médiatique nationale, notamment, les agressions visant des journalistes, le Parti IRADA conteste vigoureusement la répétition de ces atteintes et rappelle que la liberté de presse et d’expression demeure l’un des piliers essentiels pour la construction de toute démocratie.
Le Parti IRADA appelle tous les journalistes à faire prévaloir leur sens de la responsabilité dans la transmission des informations. Parallèlement, il réaffirme son attachement à la consécration des libertés de presse, d’opinion, de critiques et d’expression, garanties essentielles pour la consécration de la démocratie.
Dans ce sens, IRADA interpelle le gouvernement de transition et lui demande de protéger les journalistes et les entreprises de médias dans le cadre de l’accomplissement de leur noble mission.
Il propose, ainsi, d’ajourner l’examen du projet du décret devant régir la profession du journaliste et des entreprises de presse et ce, en faveur de l’élaboration d’une charte pour les professionnels afin de consacrer le principe de la liberté de la presse et de son indépendance.

Tunisie. Ettajdid interpelle le gouvernement sur sa volonté de rupture avec l’ancien régime

Le Mouvement Ettajdid interpelle le gouvernement sur la libération de certains symboles de l’ancien régime et exige une volonté claire d’assainir le pays.

Ce parti de centre-gauche, héritier du Parti communiste tunisien (Oct), a indiqué, vendredi, que les libérations, ces derniers jours, de plusieurs anciens ministres impliqués dans des affaires, et la permission de voyager accordée à certains symboles du régime déchu «posent une série d’interrogations légitimes sur le sérieux de l’opération de rendre compte et d’épuration de l’administration et des postes de décision aux niveaux central et régional, des personnes ayant eu une relation étroite avec l’ancien régime».

Les dangers de détournementLe communiqué d’Ettajdid intervient suite aux deux décisions de libérer les anciens ministres, Béchir Tekkari et Abderrahim Zouari (ce dernier a été maintenu en détention dans une autre affaire), et de la permission accordée à l'ancienne présidente de l’Organisation tunisienne des mères (Otm), Saida Agrebi, de quitter le territoire national en direction de la France, alors qu’un rapport du ministère des Finances dénonce de nombreux abus dans la gestion financière de cette organisation.
Le mouvement Ettajdid exige une levée de tous les obstacles empêchant l’opération de demande des comptes, d’accélérer et d’élargir cette opération «pour qu’elle soit un message sans équivoque sur le sérieux de la rupture entamée avec le régime d’oppression et de corruption» et comme condition essentielle pour renforcer la confiance des citoyens dans le processus de transition démocratique et de sa protection contre les dangers de détournement des objectifs de la révolution.
Opacité et confusion Le mouvement demande au gouvernement de transition de mettre fin à la situation d’opacité et de confusion, et de prendre des décisions de réforme audacieuses et immédiates au niveau des différentes structures, particulièrement celles liées à l’appareil sécuritaire et judiciaire, afin «de traduire en justice sans ralentissement, et en toute crédibilité et de punir toute personne responsable de crimes, de meurtres, de détournement d'argent public et privé où qu’ils soient».

Tunisie : la corruption persiste, selon le collectif des 25 avocats

La corruption persiste, à en croire le collectif des 25 avocats, connus par les multiples procès qu’ils ont intentés contre certains ministres et personnalités politiques et économiques impliquées dans l’ancien régime.
Une conférence de presse a été tenue à cet effet vendredi 5 août 2011. La rencontre avait pour ordre du jour la corruption au sein du corps magistral en Tunisie.
Cette corruption, selon Me Abdennaceur Laouini, avocat membre du groupe, n’a jamais disparu et aura pour conséquences la défaillance du processus électoral le 23 octobre prochain, comme fixé par les autorités compétentes.
Le groupe des 25 avocats (notons que leur nombre dépasse actuellement de loin les 25) dénonce la « clémence » exagérée de l’autorité judiciaire tunisienne vis-à-vis des « symboles de la corruption », dont Saïda Agrebi qui a pu quitter le pays depuis le 30 juillet 2011, librement, malgré la déposition du ministère des finances concernant les malversations et des abus commis par la femme politique au sein de l’OTM (Organisation tunisienne des mères).
Un deuxième symbole des fraudes en Tunisie, Abderrahim Zouari, ancien ministre du Transport, dont la libération a été ordonnée par la chambre des mises en accusations dans le cadre de l’affaire des fonctionnaires mis à la disposition du RCD uniquement.
Le troisième est l’ancien ministre de la Justice, Béchir Takkari qui a récemment été libéré malgré une accusation d’usage par un fonctionnaire public de sa qualité pour se procurer à lui même ou à un tiers un avantage injustifié.
Zouhair Mdhaffer, ancien ministre des domaines de l'Etat et des Affaires foncières, est le quatrième heureux élu. L’ancien ministre est impliqué dans une affaire de corruption immobilière, selon Me Laouini. Dans ce sens, le groupe des avocats a déposé une plainte appuyée d’un dossier, permettant de l’inculper, mais qui est resté malgré ça, sans suite.
L’ancien Premier ministre, Mohamed Ghannouchi n’a pas non plus été épargné. Il a eu sa dose d’accusations, à cause de sa présidence dans la haute commission des affaires économiques « suspectes » comme le signale Me Aouini.
Il est à noter que le collectif des avocats traite actuellement le dossier des truquages aux élections entre 2004 et 2009. Un genre de prévention pour empêcher des dérapages en octobre, seulement, et si les précédentes enquêtes n’ont rien pu faire, est ce que celle-ci sera efficace ?

Tunisie. Maya Jribi atteste du financement halal du Pdp

Maya Jribi indique qu’un comité d’experts-comptables sera créé au sein du Parti démocratique progressiste (Pdp). Il aura la charge de vérifier les ressources financières du parti et leur provenance.

La secrétaire générale du Pdp répond ainsi aux détracteurs de son parti qui s’interrogent sur les signes de richesse, aussi voyante que soudaine, du Pdp, et soupçonnent des financements douteux d’hommes d’affaires affiliés à l’ancien régime. Le comité d’experts comptables évoqué par Mme Jribi est, bien entendu, composé de… militants du Pdp. C’est très rassurant…

Des appétits à satisfaire et des places à distribuer Maya Jribi, qui parlait au cours d’une conférence de presse, tenue, vendredi matin, à Tunis, a, par ailleurs, annoncé l’élargissement des structures du parti, portant à 15 le nombre des membres de son bureau exécutif au lieu de 6, alors que les membres du bureau politique passent à 61 contre 20 par le passé, et ceux du comité central de 50 à 206 membres. Comme quoi, il y a désormais des appétits à satisfaire et des places à donner à ceux qui les exigent. 
Mme Jribi a aussi indiqué que cette mesure intervient dans le cadre de la modernisation du parti et pour mieux répondre aux exigences de l’étape actuelle qui impose une ouverture sur l’ensemble des composantes de la société. Elle a précisé que le Pdp a été renforcé par l’adhésion de plusieurs cadres et personnes hautement qualifiées qui représentent désormais le tiers des membres au sein de ses structures. Elle a annoncé la mise en place d’un bureau d’experts, au sein du parti, ayant un rôle «d’observatoire» des politiques générales du pays à tous les niveaux économique, social et politique.
Le Pdp a besoin de mobiliser d’importants financementsEn réponse aux questions des journalistes sur la position du parti quand à l’adoption du projet de loi organisant les partis politiques et la non prise en compte de l’amendement avancé par ses représentants au sein de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, Maher Hnaien, membre du bureau exécutif du Pdp, a mis en relief le soutien du parti à l’idée de créer un «fonds de soutien à la démocratie», réaffirmant l’attachement du Pdp à la concorde au sein de l’Instance qu’il a qualifiée comme étant une des plus importantes structures existantes en Tunisie de l’après-révolution.
Il a d’autre part mis l’accent sur la nécessité de constituer des partis modernes civiques, de leur assurer les moyens logistiques et matériels nécessaires afin qu’ils puissent jouer leur rôle. Cette situation, a-t-il dit, nécessite la mobilisation d’importants financements qui ne peuvent être assurés que par des personnes morales, précisant que «malgré ce qui s’est passé, nous restons positifs et nous appelons à un retour de la concorde au sein de l’instance».
Dans le même contexte, Maya Jribi a indiqué que «seul l’argent propre sera accepté dans le cadre d’un strict contrôle», précisant qu’un comité d’experts-comptables au sein du parti aura la charge de vérifier les ressources financières et leur provenance.
Bienvenues aux Rcdistes… intègres !Au sujet de l’adhésion des anciens membres du Rcd au Pdp, Mme Jribi a indiqué que la position de son parti est constante vis-à-vis de son ouverture à toutes ces personnes, à la seule condition qu’il ne soit pas prouvé leur implication dans des affaires de corruption financière ou administrative, faisant remarquer que la révolution du 14 janvier s’est engagé pour l’ensemble des Tunisiens afin d’assurer leur unité et refuser toute exclusion ou marginalisation.
Mme Jribi n’a cependant pas indiqué si une enquête sérieuse est effectuée à propos des cadres de l’ex-Rcd qui rejoignent en masse le Pdp pour savoir s’ils ont ou non commis des abus sous l’ancien régime.
Quid de la libération des anciennes figures de la corruption? Quid de la lenteur des procès des membres du clan Ben Ali? Qui des violences dans certaines régions du pays? Quand le Pdp va-t-il se rendre dans les régions déshéritées du pays, ou va-t-il se contenter de faire des meetings… sur la côte?
Les dirigeants du Pdp vont devoir répondre à ses questions que se posent les Tunisiens.

Yosra Frawes : «Les Tunisiens vont découvrir le vrai visage des islamistes»

Jeune avocate spécialisée en droit des affaires, Yosra Frawes fait partie de la jeune élite tunisienne qui ne pouvait passer inaperçue dans le nouveau paysage politique induit par la révolution du 14 janvier tant sa compétence est reconnue par tous. 

Militante des droits de l’homme, membre de plusieurs organisations citoyennes dont l’Association tunisienne des femmes démocrates, et l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement, Yosra Frawes a été engagée au sein de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution en qualité d’experte juridique. Yosra est aussi membre fondatrice d’une jeune association citoyenne née après le 14 janvier : le Forum des jeunes pour la citoyenneté et la créativité. Elle faisait partie à ce titre du staff d’organisation du forum social jeunesse Maghreb-Machrek qui s’est tenu à Bizerte les 29 et 30 juillet derniers.
-A l’issue de ces deux jours du Forum social jeunesse Maghreb-Machrek, quel bilan esquisseriez-vous comme ça, à chaud, de ce forum ?
Il y a déjà le qualitatif. Je pense qu’il y avait une réflexion assez poussée entre les jeunes. On a échangé les avis sur les contextes politiques dans la région Maghreb-Machrek, et on a vu qu’il y a plusieurs points communs qui s’en dégagent, et ces points communs nous amènent à réfléchir à des stratégies communes pour sortir de cette situation de marginalisation des jeunes. Et puis, il y avait un échange d’expériences qui a permis de faire un brainstorming intéressant. Nous sommes maintenant confrontés à un challenge réel. Les jeunes constituent le leadership d’un véritable mouvement social dans les pays du Maghreb et du Machrek, mais en même temps ils ne sont nulle part dans les structures de décision. Nous avons besoin de formation pour savoir comment être une force de proposition qui permet de changer les termes de la négociation avec les décideurs. On est donc en train de réaliser une accumulation qualitative d’actions de jeunes.
-Vous évoquiez dans une de vos interventions le paradigme micro-politique comme mécanisme de transition démocratique. D’après vous, une transformation par le bas de la société tunisienne pourrait-elle s’avérer plus efficace ?
Je pense qu’il y a des expériences de transition démocratique qui ont précédé la Tunisie, et qui ont commencé par un changement de structures. Ils ont changé leur structure de santé, leur politique de sécurité sociale, leur politique d’enseignement, et c’est ce qu’il nous faut exactement en Tunisie, avec, à la clé, des politiques sectorielles précises. Il faut qu’il y ait des plans généraux mais aussi des mesures qui doivent être discutées avec le peuple tunisien et non pas dans les couloirs des ministères ou entre le Premier ministre et la Banque mondiale. C’est au peuple tunisien qu’il revient de s’autodéterminer et de décider quelle voie il va choisir. Est-ce qu’il doit compter sur l’agriculture après avoir découvert la fragilité du tourisme ? Doit-il continuer de s’appuyer sur le tourisme et développer une économie de services comme les pays du Golfe ? Veut-il un pays qui s’investisse dans les énergies renouvelables puisque nous avons le soleil à volonté ? Est-ce qu’il veut une économie environnementale ? Tout cela doit faire l’objet d’une concertation avec les citoyens. Or, il y a un gros problème de communication entre tout ce qui est supra-structurel et ce qui est infrastructurel en Tunisie.
-Vous êtes membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et de la réforme politique. En quoi consiste votre travail au sein de cette instance ?
Cette instance est constituée d’un certain nombre de partis politiques, d’associations et de personnes renommées en Tunisie et qu’on respecte beaucoup. Il y a au sein de cette instance des commissions qui travaillent sur toutes les lois nécessaires pour assurer la transition démocratique en Tunisie, à savoir la loi électorale, le décret-loi qui a permis la constitution d’une Haute instance chargée d’organiser les élections. Une autre commission se penche sur la réforme de la justice et réfléchit à la meilleure façon d’aller vers une justice vraiment indépendante et intègre. Il y a également une commission dédiée aux médias. Et puis, il y a la commission qui m’intéresse directement, et qui travaille sur la nouvelle loi sur les partis politiques en Tunisie ainsi que le financement des partis.
-La classe politique tunisienne est-elle prête selon vous pour le rendez-vous du 23 octobre et l’élection de la nouvelle Constituante ?
Ça dépend de quelle classe politique on parle. Si vous me dites la gauche tunisienne, même après 20 ans, elle ne sera pas prête pour des élections parce qu’elle manque de moyens et n’a pas la formation nécessaire. On était tous amateurs sous Ben Ali, en ce sens qu’on ne faisait pas vraiment de la politique. On faisait du militantisme des droits de l’Homme. Donc, aujourd’hui, il est difficile pour les partis de gauche de jouer leur rôle sérieusement. En ce qui concerne les islamistes, ils sont beaucoup plus formés et informés politiquement.En plus, il y a un contexte régional qui est favorable à la montée du courant islamiste. Pour ce qui est des libéraux, ils sont en proie à une terrible fragmentation après la dissolution de l’ex-RCD. Mais Il est devenu tentaculaire en s’incrustant dans plusieurs partis politiques. Ils sont en train de créer un pôle fort. Il faut reconnaître qu’ils ont les moyens et ils ont l’expertise nécessaire. Quoi qu’il en soit, j’espère que la Constituante sera un bon exercice politique pour les partis aussi bien que pour le peuple tunisien qui va découvrir les islamistes sous leur vrai visage. Je suis persuadée qu’après ces élections, et après avoir fait confiance aux islamistes, les Tunisiens vont découvrir que ce n’est pas le modèle social pour lequel ils ont lutté.
-Vous pensez que ce sera le courant dominant au sein de la Constituante ?
Oui, c’est la première force. Ils sont en train d’organiser des mariages collectifs, ils sont en train d’emmener les gens s’inscrire dans des bus. Ils organisent des fêtes pour les mères…
-Ils sont déjà en campagne ?
Ils sont en campagne depuis quelques mois déjà. Ce sont les premiers qui ont commencé la campagne électorale.
Au quotidien, comment se comportent-ils ? Est-ce qu’il y a des violences qui ont été signalées, des atteintes aux libertés ?
Les islamistes sont aussi fragmentés que les libéraux. Il y a l’extrême droite qui se fait appeler «tahrir» (libération, ndlr), et qui n’a pas obtenu d’autorisation. Il y a les salafistes, et il y a le visage soi-disant modéré du parti Ennahdha. Je ne sais pas si c’est un pur hasard, mais lorsque Ennahdha a dénoncé la composition de la Haute instance indépendante pour les élections en arguant du fait qu’ils n’ont aucun représentant de leur parti dans cette instance, les actes de violence ont commencé dans la rue tunisienne. Ils ont également lancé une campagne de calomnies contre les membres de la Haute commission, comme quoi ce sont des gens qui vivaient en France, qui boivent tout le temps. Ils ont aussi fait montre d’une violence morale inouïe contre les militants des droits de l’homme. Ils ont commis même des violences physiques à l’encontre de certains avocats. J’ai été moi-même témoin au tribunal de scènes de violence, où des barbus réclamaient que l’athéisme soit criminalisé en Tunisie. C’étaient des slogans clairs du genre «echaâb yourid tadjrim el ilhad» (le peuple veut la criminalisation de l’athéisme). Et maintenant, ils menacent la liberté intellectuelle et artistique en Tunisie.
-Vous faites allusion à l’affaire du film Ni Allah ni maître de Nadia El Fani ?
Tout à fait ! Ils ont perpétré des actes d’agression devant la salle de cinéma où le film devait être projeté. Ils ont même agressé des spectateurs qui étaient dans la salle. Ils se sont attaqués physiquement aussi aux militants du Parti communiste tunisien. Ils ont également asséné des coups au chanteur engagé Nebrass Chammam. Il y a eu comme ça toute une série d’actes de violence qui ont semé la terreur dans le cœur des Tunisiens. Personnellement, je trouve que cela a au moins permis aux Tunisiens de découvrir leur vrai visage, et de voir que même la face modérée d’Ennahdha n’est qu’une ouverture de façade. C’est juste une stratégie pour manipuler les gens. A ce train, ils vont finir par demander un référendum sur le code du statut personnel comme ils l’ont fait en 1989.
-Cela ne met-il pas en demeure les forces progressistes et modernistes de mieux s’organiser et d’occuper plus activement le terrain d’ici le 23 octobre ?
Il y a quelques sondages politiques, je ne sais pas s’ils sont fiables ou pas, et tous ces sondages montrent que le parti Ennahdha raflera entre 20 à 30% des suffrages lors de la prochaine élection, ceci sans coalitions. Après, ils peuvent faire des coalitions et devenir une force majoritaire. Les remparts qu’on a maintenant en tant que société politique sont les indépendants. Autre chose : les islamistes d’Ennahdha n’ont pas d’intellectuels, ils n’ont pas d’artistes. Ils sont en train d’utiliser quelques jeunes rappeurs qui diffusent des messages artistiquement assez limités. En plus, ils sont très amateurs, et les messages sont toujours identitaires et archaïsants. Je ne crois  pas qu’un message aussi archaïque puisse marcher avec les Tunisiens. Les premières à avoir interdit la polygamie dans tout le monde arabo-musulman c’étaient les femmes tunisiennes à El Kairouan et à El Mahdia au XVIIIe siècle. Elles ont élaboré des contrats de mariage qu’on appelle d’ailleurs «le contrat kairouanais», où les femmes exigent que si leur mari songe à se remarier, il doit d’abord divorcer d’elles et leur verser des dédommagements.
Les Tunisiens étaient les troisièmes dans le monde à interdire l’esclavage en 1846, et qui ont promulgué la première Constitution dans le monde arabe en 1861. La première proclamation des droits en Tunisie s’est faite sous Kheireddine Bécha au XVIIIe siècle. Donc, je ne pense pas qu’avec un tel background historique, avec le cinéma tunisien, avec la chanson africaine tunisienne authentique, avec nos mots grossiers dans nos chansons populaires, les islamistes arriveront à imposer leur modèle social et politique. Il y a des amis qui nous disent : «Vous les élites, vous tenez ce discours parce qu’au fond vous avez peur.» Moi, je le dis parce que je suis consciente de la réalité tunisienne et de l’Histoire de la Tunisie.

jeudi 4 août 2011

La Tunisie nomme 28 nouveaux ambassadeurs

Foued Mebazaa, président de la République par intérim, a remis leurs lettres de créance, vendredi, à 28 nouveaux ambassadeurs. L’ambassade de Tunisie en France n’a pas été «servieæ». Liste des nouveaux promus…  

1- Rafaa Ben Achour: Maroc;
2- Zine el Abidine Tarras: Bahreïn;
3- Ilyes el Kosri: Japon;
4- Naceur Mestiri: Italie;
5- Mehrez Ben Rhouma: Turquie;
6- Raouf Chatti: Australie;
7- Othman Jerandi: Délégué permanent auprès de l’Onu;
8- Samia Zouari: Grèce;
9- Tarek el Adab: Oman;
10- Naceur Bou Ali: Côte d’Ivoire;
11- Mohamed Mondher Dherif: Qatar;
12- Badie Elkedidi: Tchéquie;
13- Tarek Ben Salem: Mali;
14- Hafedh Bajjar: Suisse;
15- Mohamed Fawzi Ballout: Liban;
16- Ammar Ammari: Corée du Sud;
17- Tarek Bettaïeb: Emirats arabes unis ;
18- Abdelmajid Elferchichi: Jordanie ;
19- Eloualid Doudech: Soudan;
20- Mohamed Karim Ben Becher: Hollande;
21- Mohamed el Mestiri: Brésil;
22- Ezzeddine Zayani: R. D. Congo;
23- Youssef Louzir: Portugal;
24- Ammar Ben Lamine: Serbie;
25- Nadra Elraïs Epouse Drij: Pologne;
26- Mahbouba Echebbi: Roumanie;
27- Mohamed Antar: Indonésie;
28- Moncef Elbaati: représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Office des Nations unies et des organisations spécialisées à Genève.

La Tunisie importe 200.000 tonnes de ciment

L’Etat importera une première tranche de 200.000 tonnes de ciment pour approvisionner le marché qui souffre d’une pénurie de ce produit à cause de la construction anarchique.

L’annonce a été faite par Kamel Oueslati, directeur général des Industries manufacturières au ministère de l’Industrie et de la Technologie, lors de la rencontre hebdomadaire avec la presse, jeudi à la Kasbah. M. Oueslati a annoncé également le gel total de toutes les opérations d’exportation de ciment, dans le but de mettre sur le marché local plus de 80.000 tonnes par mois.
La Tunisie compte 7 cimenteries (6 produisant du ciment noir et 1 de ciment gris). Ces unités produisent 7,7 millions de tonnes par an. 6,7 millions de tonnes sont destinées à la consommation locale et le reste est exporté vers la Libye et l’Algérie.
Les sit-in dans les sites de production, notamment dans les usines d'Enfidha et de Gabès, ont cependant réduit le volume de la production locale. Conséquence : les prix du ciment ont été quadruplés sur le marché noir, atteignant 15 dinars le sac.
Les opérations de contrôle devront se poursuivre, a précisé M. Oueslati. Il s’agit, selon lui, aussi d’assurer l’encadrement des entreprises privées et l’étude des revendications sociales et professionnelles qui ont entravé l’activité d’un certain nombre de sociétés de production de ciment.

Tunisie. Un bureau d’inscription sur les listes électorales à l’aéroport de Tunis-Carthage

Un bureau d’inscription des électeurs a été installé, jeudi, à l’aéroport de Tunis-Carthage, pour faciliter l'inscription aux citoyens en déplacement.

Cette installation a été facilitée par l’Office de l’aviation civile et des aéroports (Oaca), suite à la demande de la Sous-commission indépendante pour les élections de la circonscription de Tunis II.
Ce bureau sera ouvert jusqu’au 14 août courant, dans le cadre des préparatifs des élections de l’Assemblée nationale constituante du 23 octobre prochain. Le communiqué de l’Oaca n’indique pas la catégorie des citoyens pouvant effectuer la procédure d’inscription dans ledit bureau : les Tunisiens résidant en Tunisie ou à l’étranger ou les deux.

Tunisie. La Haute instance adopte le décret-loi sur les partis

Le projet de décret-loi organisant les partis politiques a été adopté, jeudi, sans prendre en considération les amendements proposés par le Parti démocrate progressiste (Pdp).

Dans leurs interventions à propos des amendements proposés, les membres de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution ont affirmé leur attachement à la copie qu’ils avaient adoptée, lors de la séance du 20 juillet, ainsi que leur refus de parrainer les amendements proposés par le Pdp dans l’article 18 du projet de décret-loi interdisant le financement des partis politiques par des personnalités morales.
Le Pdp pas content !
Les représentants du Pdp, qui étaient absents de la séance, avaient-ils d’autres urgences ou ont-ils voulu manifester ainsi leur mécontentement? La réponse n’a pas tardé. «L’adoption du projet de décret-loi, sans qu’il ne soit soumis au vote, porte un coup dur au principe consensuel», a déclaré à l’agence Tap, Issam Chebbi, à l’agence Tap, secrétaire général adjoint du parti démocrate progressiste (Pdp). Le représentant du Pdp au sein de la Haute instance, a estimé que celle-ci «se trouve dans une réelle impasse qui inquiète et préoccupe». M. Chebbi a cependant écarté la possibilité d’un retrait de son parti de la Haute instance. Car, a-t-il expliqué, le Pdp considère encore l’Instance, «en dépit de sa faiblesse – seulement 60 membres sur un total de 150 assistent à ses travaux – comme étant l'un des instruments de la transition démocratique».
Le Pdp s’était retiré, le 20 juillet dernier, d’une séance de l’Instance en signe de protestation contre son refus d’introduire sa proposition sur le financement des partis par les personnes morales dans le projet de décret-loi organisant les partis politiques.
Le Fonds de soutien à la démocratiePour ce qui est de l’article 19, relatif à la création d’un Fonds de soutien à la démocratie, contenu dans le même projet, les intervenants ont jugé l’idée bonne, en attendant la promulgation prochaine d’un décret-loi le concernant et qui sera adopté après l’élection de l’Assemblée nationale constituante, afin que les partis puissent bénéficier de leur financement au prorata du nombre de sièges dont ils disposeront dans cette instance.
Par ailleurs, une délégation formée de représentants du conseil de l’Instance a été choisie pour examiner, avec le gouvernement de transition, les obstacles entravant le jugement des symboles de l’ancien régime et permettant d’identifier les moyens pour accélérer ce processus.
Au début de la séance, le président de la Commission de soutien aux efforts de secours dans les gouvernorats du sud tunisien, relevant de la Haute instance, Abdelbasset Belhassen, a présenté un exposé filmé sur les visites effectuées dans la région du 27 au 29 juillet, pour s’informer des conditions d’accueil des réfugiés et de leurs problèmes, ainsi que des préoccupations des citoyens et de leurs revendications.

Tunisie - Des mariages sponsorisés par les islamistes d'Ennahdha

Dans la course électorale qui se dispute actuellement en Tunisie entre la centaine de partis politiques, les islamistes d'Ennahdha (renaissance) ont déployé leur stratégie de communication.
Leur dernière trouvaille pour faire connaître leur politique sociale: sponsoriser les mariages des Tunisiens, ce afin «d’encourager les jeunes en situation difficile de se marier».
D’après Tunisie Focus, le parti Ennahdha a pris en charge l’ensemble de l’organisation de huit mariages en finançant par exemple la location de la salle ou l’achat de pâtisseries.
Plusieurs centaines de personnes étaient donc présentes le dimanche 24 juillet 2011 à l'hippodrome de Ksar Saïd, dans la région de Manouba. Le fondateur d'Ennahdha Rached Ghannouchi était également présent aux cérémonies, qui comprenaient entre autres un spectacle de chevaux et un concert du chanteur Faouzi Ben Gamra.

travers ce qui apparaît comme le lancement de la campagne électorale, le parti islamiste, majoritaire dans les sondages d’opinion, s’inscrit au plus près des problématiques sociales des Tunisiens. L’occasion de mettre l'accent sur ses valeurs, qui selon Tunisie Numérique diraient «non à la polygamie, mais oui pour faciliter les procédures du mariage».
Tunisie Focus, qui qualifie l’initiative de «marketing politique et action de proximité», précise en donnant la parole à Khadouja Belgacem, l’une des sympathisantes d'Ennahdha:
«Contrairement à ce que pensent les gens, ces couples n’ont pas été choisis sur la base de leur appartenance politique. Ce sont des personnes d’origine modeste que nous avons voulu aider parce qu’elles n’ont pas les moyens de se marier».
Le président de l’instance constituante d’Ennahdha Ali Laardih avait en effet déclaré:
«Les efforts d’Ennahdha se focalisent actuellement sur la recherche des moyens et des mécanismes concrets qui facilitent le mariage de nos jeunes, surtout suite à l’accumulation des difficultés devant ce genre de projet».
Par ailleurs, ce dernier a également étayé certains des objectifs du parti:
«La famille constitue un axe principal dans la vision sociale du mouvement, étant un noyau essentiel pour réaliser l’équilibre des individus et de la société.»
A l’heure où les Tunisiens se perdent dans la cacophonie des quelque 90 partis en lice pour les élections de l’Assemblée constituante (reportées au 23 octobre prochain), le parti Ennahdha vient d'abattre l'un de ses atouts sociaux.

mercredi 3 août 2011

FDTL - Ettakatol - Le programme en 6 chapitres et 100 propositions


Le 23 octobre 2011, les citoyens Tunisiens, de Tunisie et de l’Etranger, écriront une nouvelle page de leur histoire, celle de la deuxième république tunisienne. Ettakatol a été historiquement un parti patriotique dissident contre la dictature. Il est désormais la convergence de forces démocratiques qui s’attèlent à l’avènement de la seconde République. Ettakatol propose qu’ensemble nous construisons notre vision de cette deuxième république, qu’ensemble nous apportions des réponses à la crise de valeurs que nous vivons. Ainsi, c’est ensemble, disposition par disposition, que nous écrirons notre Constitution.
Les Tunisiens se sont révoltés pour que les valeurs du travail, de liberté, de justice et de solidarité reprennent leur véritable sens. Ces valeurs, intimement liées les unes aux autres, constituent la philosophie d’ Ettakatol depuis sa fondation en 1994. Des aspirations pour lesquelles nos martyrs ont payé de leur vie et qu’Ettakatol concrétisera afin que la Tunisie brille à jamais.
Les Tunisiens voient la hantise du chômage et s’interrogent sur leur avenir et celui de leurs enfants; ils voient une organisation du travail menant à la précarité et se demandent où est la justice sociale; ils voient des pseudo-fonds de solidarité et s’insurgent contre la fracture régionale; ils voient un système gangréné par une corruption généralisée. Aujourd’hui, ils aspirent à une gouvernance démocratique et un État de droit.
Ettakatol propose dès lors une véritable rupture avec les systèmes ayant prévalu pendant 23 ans. Notre projet de société se fonde sur un véritable contrat social, juste et équilibré, articulé sur un développement durable et l’harmonie sociale. Ainsi, notre engagement pour la Tunisie est de bâtir une société démocratique et libre, en mesure de relever quatre grands défis suivants :
  1. Bâtir un Etat de droit basé sur des pouvoirs et des contre-pouvoirs et instaurer de nouveaux principes de gouvernance
  2. Construire une économie solide et solidaire pour relancer notre compétitivité, réduire les fractures régionales et sociales et valoriser le travail
  3. Combattre la pauvreté et la précarité et faire accéder les Tunisiens à une vie digne.
  4. Renouer avec une société citoyenne pour assurer une gouvernance saine et un cadre de vie harmonieux.
L’enjeu majeur est ainsi de replacer tous les citoyens Tunisiens à leur vraie place, c’est-à-dire au cœur de la société. La politique, l’économie et les institutions de l’État ne seront seulement que des moyens, au seul service du citoyen. Dans cette nouvelle page de la Tunisie, le bien être et le bonheur du citoyen Tunisien seront les seuls objectifs d’Ettakatol.

Une deuxième République fondée sur  une nouvelle Constitution qui conserve  les acquis, et rompt avec la dictature

La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’islam, sa langue l’arabe et son régime la République. La République Tunisienne sépare le champ politique du champ religieux et est ouverte sur les valeurs universelles
1 Un Etat dont le Régime est républicain et civil fondé sur des Institutions qui reflètent la souveraineté du peuple. L’Etat préserve l’identité du peuple tunisien et garantit la liberté de croyance.
2 L’identité du peuple tunisien est enracinée dans ses valeurs arabo- musulmanes, et enrichie par ses différentes civilisations ; elle est fondamentalement moderne et ouverte sur les cultures du monde.
3 L’Etat veille à l’ancrage et au rayonnement de la langue arabe tout en promouvant l’ouverture aux langues étrangères et les diverses cultures et civilisations.
4 L’Etat veille à la préservation des lieux de culte et en assure la neutralité afin d’éviter l’instrumentalisation de la politique dans le champ religieux et de la religion dans le champ politique.
Consacrer la démocratie, assurer la stabilité et garantir la séparation et l’équilibre des pouvoirs
5 Déterminer clairement des prérogatives de chaque pouvoir et des mécanismes de contrôle mutuel
Garantir l’indépendance de la justice
Election du Président de la République qui est le Chef de l’Etat au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Nomination du premier ministre choisi au sein de la majorité parlementaire.
Définition des prérogatives et rôles du gouvernement de leurs pouvoirs et du Chef de l’Etat de manière à garantir l’équilibre.
Définition précise du fonctionnement et de l’organisation du Parlement ainsi que de ses prérogatives en matière législative et de contrôle de l’activité gouvernementale. Le Parlement partage avec le gouvernement l’initiative des lois.
Consacrer l’intangibilité des libertés individuelles et publiques, des droits politiques ainsi que ceux liés à l’économie, à la culture et à la justice sociale
10 Garantir les droits et les libertés publiques et individuelles, notamment ceux relatifs à l’intégrité et à la dignité de la personne
11 Mettre en œuvre les principes d’égalité entre la femme et l’homme
12 Concrétiser les principes de justice sociale et ceux d’égalité entre individus, classes, générations, communautés et régions
13 Garantir comme droit fondamental celui de vivre dans un environnement sain, équilibré et durable
14 Consacrer le principe d’intangibilité et de non possibilité de révision des dispositions de la Constitution en relation avec la nature du régime, les libertés et droits fondamentaux
Instaurer l’Etat de droit comme système effectif
15 Définir les prérogatives de l’administration centrale de l’Etat et organiser sa relation avec les autorités et les institutions régionales
16 Consacrer le principe d’élection des autorités locales et régionales représentatives et leur conférer un pouvoir décisionnel
17 Garantir l’indépendance de la Cour des comptes et veiller à la diffusion publique de ses rapports
18 Affirmer le principe de « la loi au dessus de tous » et garantir son application à travers une justice indépendante
Instaurer des mécanismes effectifs de contrôle des différents pouvoirs
19 Création d’une Cour Constitutionnelle pour contrôler la constitutionnalité des lois et garantir le respect des droits constitutionnels par les différents pouvoirs
20 Possibilité de saisie, après épuisement de toutes les voies de recours, de la Cour Constitutionnellepar touteinstitutionoucitoyenconsidérantquel’undesesdroitsconstitutionnels a été viole
21 Instauration de la responsabilité du gouvernement devant le Parlement qui pourra lui adresser tout type de questions et le cas échéant voter des motions de censure
22 Pouvoir du Chef de l’Etat, une fois au cours de son mandat, d’exercer son droit de dissolution du Parlement et d’appeler à l’organisation d’élections législatives anticipées
23 Instauration de mécanismes garantissant l’autonomie, la neutralité, la transparence et l’efficacité des Institutions en charge du contrôle et de la surveillance

De nouveaux principes de gouvernance pour l’instauration de « l’Etat de droit »

Garantir l’égalité et les droits du citoyen devant une justice indépendante
24 Adopter le principe de l’élection des membres du Conseil Supérieur de la Magistrature
25 Limiter la subordination des procureurs et garantir l’indépendance du juge à travers la prise en compte de critères objectifs fixés par le Conseil Supérieur de la Magistrature, relatifs à leur nomination, avancement, promotion et mutation.
26 Améliorer les conditions de travail des magistrats à tous les niveaux en vue d’une meilleure efficacité, adopter le principe de spécialisation des juges, améliorer la formation et créer de nouvelle spécialisations juridictionnelles
27 Adopter le processus de justice transitionnelle pour établir la vérité, déterminer équitablement les sanctions, indemniser les victimes, procéder aux réformes nécessaires pour éviter toute récidive puis atteindre la réconciliation nationale
28 Permettre à l’accusé d’être assisté par son avocat dès l’arrestation et durant toutes les phases du procès. Garantir l’immunité de l’avocat pendant la plaidoirie
Réduire la fracture régionale par la participation politique du citoyen à travers des structures régionales et locales élues et à travers des mécanismes de com- munication appropries
29 Créer des conseils de districts, dont les membres sont élus, jouissant d’une autonomie administrative et financière financés à travers le budget de l’Etat et la fiscalité locale
30 Doter les structures administratives régionales des moyens et de pouvoirs leur permettant d’assumer leurs missions, assurer une coordination entre elles et définir clairement la responsabilité de leurs différents organes
31 Doter les conseils municipaux élus d’une plus grande autonomie administrative et financière et leur accorder le pouvoir de supervision de l’appareil administratif municipal
32 Déconcentrer la Cour des comptes et le Tribunal administratif à travers la création d’antennes régionales disposant de prérogatives de contrôle.
33 Fournir une assistance technique aux régions et aux municipalités pour l’encadrement et la qualification de leurs ressources humaines leur permettant le lancement de leurs propres projets
Garantir la liberté et la diversité des médias
34 Créer une autorité indépendante de contrôle, efficiente, de composition équilibrée, garante de médias libres et pluriels et veillant au respect de la déontologie
35 Prendre en considération les spécificités sectorielles des médias, faire évoluer la législation pour prendre en compte l’évolution des technologies de la communication. Définir les méthodes et critères de sondage d’opinions et de mesure de l’audimat
36 Assurer la qualification et la formation des journalistes et garantir leur droit à la confidentialité de leurs sources secrètes et à l’accès à l’information officielle
37 Définir le rôle et les fonctions des médias publics et garantir leur neutralité, ainsi que l’obligation pour le gouvernement de consulter le parlement avant d’en nommer les principaux responsables. Création d’une chaîne parlementaire transmettant en direct les débats des assemblées pour en garantir la transparence
Moderniser l’administration et améliorer la compétence des ressources humaines pour mieux servir le citoyen
38 Adopter la séance continue sur 5 jours pour les horaires administratifs, et choisir un jour fixe pour une séance nocturne dans les services administratifs ouverts au public
39 Adopter des mécanismes et critères, objectifs et scientifiques, d’évaluation du rendement du fonctionnaire en relation avec son parcours professionnel. Généraliser l’utilisation des nouvelles technologies dans les structures et organismes de l’administration
40 Garantir la neutralité de l’administration, et dévlopper son efficacité. Encourager l’esprit d’initiative et le sens de responsabilités des fonctionnaires en adoptant le principe du management par objectif
41 Garantir la transparence à toutes les étapes des concours administratifs, depuis l’établissement des conditions d’accès jusqu’à la publication des résultats
Revoir la qualification et l’organisation des corps de sécurité intérieure pour garantir leur neutralité et restaurer la confiance avec les citoyens
42 Subordonner la mission du ministère de l’intérieur au strict respect de la constitution et de la déclaration des droits de l’homme.
43 Réorganiser les services du ministère de l’intérieur et réviser leurs mécanismes de communication interne et la politique des grades
44 Adapter le système de formation des agents de la sécurité intérieure aux exigences des droits de l’homme et à la nécessité d’une organisation de la sureté au service de la nation et du citoyen
Renforcer le rôle de l’armée comme pilier républicain de la défense de la nation
45 Réorganiser les services du ministère de la défense de façon à garantir la neutralité de l’institution militaire et à renforcer son rôle dans la protection et l’indépendance de la nation dans le cadre d’un Etat démocratique

Approches nouvelles et pionnières en matière de politique étrangère

Redéfinir une politique étrangère volontariste cohérente avec les aspirations de notre peuple et son appartenance civilisationnelle, et des relations internationales visant à réaliser l’intégration Maghrébine, Méditerranéenne, Arabe et Africaine
46 Établir les nouvelles bases de la construction maghrébine et refonder les relations par la création d’un parlement maghrébin élu au suffrage direct par les populations maghrébines
47 Valoriser les acquis de la révolution pour le développement de la pensée démocratique, l’encouragement des causes de libération dans le monde arabe et la création d’une Union Arabe Démocratique. Soutenir le peuple palestinien et appuyer sa juste cause à tous les niveaux
48 Développer les relations entre les nations arabes et africaines dans le cadre d’une stratégie visant à servir leurs intérêts communs
49 Réviser les accords d’association avec la communauté européenne pour concrétiser un co-développement cohérent et équitable. Etendre la réflexion commune sur un projet d’un partenariat arabo-européen équilibre
50 S’attacher à l’indépendance dans les relations internationales. Renforcer nos relations avec les pays émergents ainsi que le rôle de la Tunisie dans les organisations internationales pour veiller notamment au respect du principe de non discrimination.

Un nouveau modèle de développement pour une Economie Solide et Solidaire

La concrétisation d’un travail décent et le bien-être de tous passent par un nouveau modèle de développement basé sur des relations sociales évoluées qui stimulent le progrès scientifique et l’innovation, la production, la croissance économique et la compétitivité.
La coopération et l’harmonie entre toutes les parties prenantes sont des conditions préalables pour parvenir à une croissance rapide qui ne sera pérenne sans une répartition juste et équitable des fruits de la croissance, la garantie de la dignité du travailleur et la lutte contre la pauvreté et la précarité.
Nous mettrons en œuvre des mesures immédiates favorisant la relance économique, l’emploi et la gestion des actifs de l’ancien système.
51 Nous oeuvrerons pour rétablir la confiance des acteurs économiques par l’assainissement du climat social et sécuritaire. Nous ferons en sorte que les entreprises saines actuellement affaiblies puissent être rapidement soutenues, notamment par les institutions financières, afin qu’elles retrouvent leur niveau de productivité et de croissance
52 Nous créerons 100 000 emplois valorisants dans les services publics, dans le cadre de projets nationaux à caractère social renforcés par des ressources humaines nécessaires, notamment dans les secteurs de services au sein des collectivités locales en donnant la priorité aux chômeurs de longue durée.
53 Nous renforcerons l’intermédiation d’emploi dans les zones défavorisées (bureaux de l’emploi, tissu associatif, privé), des mécanismes de recyclage et de reconversion pour réduire les périodes de réinsertion. Nous allons Instaurer un cadre juridique pour inciter davantage les entreprises à accueillir et encadrer les stagiaires.
54 Nous mettrons en place des mesures urgentes pour récupérer toutes les entreprises et actifs détenus par les proches de l’ancien système et confier leur gestion à une Institution régie par un cadre juridique adapté afin de lui conférer transparence et efficacité
Nous redonnerons à l’Etat son rôle régulateur garantissant la cohésion sociale et la croissance durable
55 En affirmant son rôle de régulateur et de stratège, notamment dans le développement des infrastructures nationales et les secteurs stratégiques. Et en tant que garant des services publics et de la justice sociale. L’État aura également pour rôle de stimuler l’investissement et la compétitivité du secteur privé et de favoriser par le dialogue une véritable implication des partenaires sociaux dans le cadre d’un nouveau partenariat gagnant –gagnant
Nous stimulerons l’investissement et l’entrepreneuriat dans le cadre d’un nouveau modèle de développement
56 - Nous stimulerons l’investissement par le développement des principales incitations à l’investissement, notamment, le climat d’investissement, la qualité des institutions, la lutte contre la corruption, les infrastructures et la qualité et la disponibilité des ressources humaines. Nous proposons de réduireletauxgénérald’impositiondesentreprises de 30 à 25% et de renforcer les avantages fiscaux accordés aux entreprises réinvestissant leur profit, et créer des nouveaux mécanismes d’incitation à celles investissant dans la R&D et l’innovation et celles créant des emplois pour les diplômés de l’enseignement supérieur et celles investissant dans les régions prioritaires.
57 – Dans un souci de transparence et d’efficacité, nous lancerons rapidement un programme d’assainissement financier et organisationnel du secteur bancaire. Cette mise à niveau selon les normes internationales permettra aux banques de mieux jouer leur rôle dans le développement des PME et PMI. Nous favoriserons les rapprochements bancaires pour améliorer la productivité de ce secteur et réduire les coûts de financements actuellement en vigueur.
58 – Nous accorderons une grande priorité à la mise en place des systèmes pour garantir les crédits nécessaires aux entreprises et inciterons les sociétés de capital risque à jouer pleinement leur rôle dans le financement. Nous garantirons aux entrepreneurs de recouvrir les avances sur impôts dans des délais très courts afin de ne pas mettre en péril leur capacité d’entreprendre.
59 – Nous mettrons en place rapidement un système efficace de soutien et de garantie de l’état au service des jeunes entrepreneurs. Nous orienterons les capacités de financement des banques vers les investissements et entrepreneurs innovants et productifs plutôt que les investissements spéculatifs Nous allons moderniser la réglementation pour faciliter l’internationalisation de nos entreprises. Nous développerons le micro-crédit pour que l’entreprenariat soit accessible au plus grand nombre
Nous mettrons en œuvre des mesures pratiques et efficaces pour favoriser la culture d’entreprise citoyenne
60 Par un « pacte social » à initier entre les différents partenaires sociaux, nous allons œuvrer pour le développement d’entreprises citoyennes à travers un dialogue social gagnant- gagnant. Nous ferons évoluer le cadre juridique du travail en intégrant les partenaires sociaux dans la révision des conventions collectives.
Nous moderniserons l’administration des impots en simplifiant la norme fiscale
61 Nous garantirons un système de fiscalité juste et équitable permettant de garantir à la fois la cohésion sociale et le développement économique. Nous mettrons rapidement en place toutes les conditions nécessaires pour améliorer le recouvrement de l’impôt et réduire l’évasion fiscale.
Nous réduirons la fracture régionale et favoriserons un développement économique de la Tunisie équilibré
62 Nous désenclaverons les zones de l’intérieur à travers un découpage horizontal du territoire en 5 grandes régions. Les économies de ces nouvelles zones seront plus équilibrées et toutes basées sur les services, le tourisme, l’agriculture et l’industrie, avec des tailles et des populations voisines et une complémentarité entre les secteurs. Pour permettre un développement cohérent au sein des régions, celles-ci seront autonomes et bénéficieront d’un programme national d’infrastructure et de logistique adapté
Nous ouvrirons davantage notre économie sur les marchés internationaux
63 Notre créerons toutes les conditions nécessaires pour que notre économie soit davantage ouverte sur l’International tout en renforçant nos relations avec nos partenaires européens. Nous accorderons une grande priorité au développement de nos relations économiques etpartenarialesaveclespaysmaghrébins,arabesetafricains etceuxàfortecroissance
Nous replacerons l’agriculteur au centre de la stratégie de développement agricole
64 Nous favoriserons un développement rural intégré. Nous renforcerons la position de l’agriculteur en réduisant le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Nous inciterons les agriculteurs à la recherche de synergies pour leur permettre d’améliorer leur rentabilité. Nous faciliterons l’accès au financement que nous adapterons à la réalité des cycles agricoles. Nous mettrons en place des mécanismes permettant le rééchelonnement de la dette des agriculteurs et d’effacer la dette des petits agriculteurs en difficulté à concurrence de 4000 DT.
65 Nous accorderons une grande priorité à la régularisation de la situation foncière des terrains agricoles et inciterons à contrecarrer le morcellement des terres. Nous mettrons en place une stratégie nationale pour la préservation de l’eau et du sol
Nous renforcerons et pérenniserons notre tourisme
66 Nousinciteronsàlarénovationdeshôtelsetferonsprocéderàunauditdeladettepour que les unités hôtelières encore économiquement viables puissent être rapidement mises à niveau. Nous encouragerons la création de produits touristiques de qualité et plus diversifiés. Nous renforcerons la promotion et la commercialisation de nos produits touristiques notamment par la mise en place des systèmes de ventes les plus modernes. Nous mettrons en œuvre une politique de formation efficiente des différents métiers du tourisme, notamment celles des guides touristiques. Nous accélérerons l’ouverture du ciel pour plus d’autonomie de notre tourisme par rapport aux TOs.
Nous ferons de la Tunisie un pôle de services
67 Nous créerons toutes les conditions ainsi que le cadre juridique nécessaires pour que la Tunisie devienne une plateforme régionale de service, notamment, dans les secteurs des technologies de l’information, de la santé et de la logistique. Nous nous préparerons à plus long terme pour devenir une plateforme financière.
Nous créerons un nouveau cadre pour le secteur du commerce
68 Nous réviserons la réglementation du secteur de commerce pour un meilleur équilibre entre les petit commerçants et les grands distributeurs.
Nous ferons que nos industries soient innovantes, compétitives et solides
69 Nous favoriserons le développement de zones spécialisées de grande taille permettant une véritable intégration sectorielle et doterons nos zones portuaires des moyens nécessaires pour améliorer la logistique industrielle. Nous inciterons les entreprises à investir dans la R&D et l’innovation, et favoriserons les partenariats internationaux et le développement au Maghréb et en Afrique.
Nous rattraperons la dynamique mondiale autour des énergies renouvelables
70 Nous voulons faire des énergies renouvelables un moteur de notre croissance et de notre développement. Nous implanterons au niveau rural et urbain des projets écologiques adaptés et durables.

Un projet de société juste pour une Vie Digne

Nous rétablirons la confiance en un avenir serein, à travers la lutte et la prévention contre la pauvreté et la précarite
71 Pour aider plus de 1,2 millions de Tunisiens à sortir de la précarité, nous lancerons un plan national assurant aux plus démunis des programmes adaptés de réinsertion ainsi qu’un accès équitable au logement, au transport et aux soins.
72 Nous mettrons en place une Contribution de Solidarité (CDS) prélevée à partir d’une taxation sur les transferts de dividendes, sur les plus-values immobilières, et d’autres taxes sur les activités agréées (grande distribution, opérateurs télécom, concessions automobiles, banque et assurance).
73 Nous créerons progressivement une caisse d’assurance chômage.
74 Nous réorganiserons les marchés informels et faciliterons l’intégration de plus de 1,4 millions de travailleurs du secteur informel en leur octroyant des cartes professionnelles et de prévoyance sociale. Nous régulerons progressivement ces marchés pour les intégrer complètement dans l’économie réelle.
Nous améliorerons le pouvoir d’achat des Tunisiens pour assurer une vie digne a tous les citoyens
75 Nous réviserons la définition et la composition des indices des prix et revaloriserons sur cette base les salaires, particulièrement le SMIG, le SMAG et les bas salaires.
76 Nous réviserons le barème de l’impôt sur le revenu en élargissant l’exonération fiscale aux revenus annuels inférieurs à 3500 dinars et créerons des nouveaux paliers pour les tranches les plus élevés.
Nous améliorerons le quotidien des Tunisiens et permettrons à l’ensemble des citoyens d’accéder au mieux vivre.
77 Nouslanceronsunepolitiqueprivilégiantletransportencommunpermettantd’améliorer l’accessibilité, la qualité et le temps de déplacement des Tunisiens en réorganisant les circuits pour désenclaver les zones à forte densité. Ceux vivant dans la précarité bénéficieront de tarifs avantageux.
78 Nous mettrons en place une grande politique du logement social financée par l’Etat et les régions afin d’assurer à tous les tunisiens un habitat digne. La priorité ira vers aux Tunisiens vivant dans la précarité. Une loi ad-hoc devra également être promulguée concrétisant la régularisation de l’habitat spontané, dans le cadre d’un plan d’aménagement.
79 Nous allons créer un Ministère de la Santé et de la Prévoyance sociale qui aura pour mission d’assurer une politique de couverture de soins équitable et efficace permettant des prestations adaptées et de qualité pour tous les citoyens.
80 Nous veillerons à assurer l’accessibilité de tous les Tunisiens aux soins en implantant équitablement sur l’ensemble du territoire des établissements qui soient en mesure de traiter l’essentiel des pathologies. Nous engagerons par ailleurs des réformes aboutissant à une meilleure organisation du financement de la santé. La Contribution de Solidarité (CDS) permettra la financement de cette mesure.
Nous révolutionnerons le système éducatif pour lui rendre ses titres de noblesse et son rôle d’ascenceur social
81 Nous souhaitons faire émerger une jeunesse citoyenne, autonome et créative en garantissant à tous les enfants tunisiens un enseignement de base obligatoire, de qualité et gratuit incluant l’année préparatoire. Nous mettrons en place des activités de soutien scolaire dédiées aux élèves en difficulté.
82 Nous mettrons en œuvre des réformes structurelles du système éducatif. Ceci passera par la redéfinition des objectifs pédagogiques, de la méthodologie d’enseignement et des programmes. Cette réforme sera mise en place grâce à un travail collégial impliquant l’ensemble des acteurs de l’éducation et les autres parties prenantes.
83 Nous restructurerons l’enseignement secondaire autour de deux principales filières : l’enseignement général et l’enseignement technologique, reliées par des passerelles. L’enseignement technologique sera basé sur les filières à forte employabilité. Il permettra d’accéder à différents niveaux de qualifications diplomantes pouvant aussi conduire à l’enseignement supérieur.
84 Nous mettrons en œuvre un observatoire national indépendant, permettant une évaluation et une approche prospective de l’enseignement en adéquation avec le marché du travail et les métiers de l’avenir et qui garantit également la qualité de l’enseignement à tous les cycles.
85 Nous donnerons une grande priorité à limiter l’abandon scolaire à travers la mise en place de structures de soutien social, en apportant l’accompagnement supplémentaire dans les « zones d’éducation prioritaires » et en créant des incitations spécifiques pour les enseignants de ces zones.
86 Nous lancerons une première mission évaluative sur l’efficacité de la réforme LMD dans les universités et prendrons de concert avec des acteurs concernés les mesures correctives nécessaires. Par la suite et afin d’augmenter l’égalité des chances des jeunes dans le choix et l’accès aux métiers, nous redéfinirons progressivement un nouveau système d’orientation universitaire permettant de mieux adapter les vœux de l’étudiant, à ses capacités et aux possibilités d’employabilité.
87 Nous mettrons en place un programme ambitieux donnant aux institutions universitaires leur autonomie, en terme de gestion et de relation avec l’environnement économique et social, notamment le monde de l’entreprise, pour les impliquer davantage quant à leur objectif d’employabilité et de connaissance de l’environnement économique et social. La réforme de l’université inclura aussi la réforme de la recherche universitaire pour plus d’autonomie et d’efficacité par l’adoption d’un agenda national fixant les priorités et les attentes du pays notamment par une responsabilisation des centres de recherche.

Un cadre de vie harmonieux pour une société citoyenne

Nous œuvrerons pour une meilleure gouvernance de l’administration, des services publics et des services de sécurité pour plus de sérénité dans la sociéte
88 Nous lutterons contre l’enrichissement illicite. Nous allons créer des commissions d’audit sur la propagation de la corruption dans chaque administration ou organisme public pour identifier l’origine propre du mal et l’éradiquer. Nous allons confier à des juges indépendants et connus pour leur sérieux, ces affaires de corruption.
89 Nous adopterons la semaine des 40 heures en cinq jours pour un vrai repos de deux jours continus.
90 Nous créerons un service de police de proximité agissant de manière préventive pour encadrer la population et lui rendre la confiance et doter les autres corps des moyens nécessaires à la réussite de leur mission en termes d’effectifs, d’équipements et de conditions de travail.
Nous œuvrerons pour une famille épanouie et plus unie
91 Nous prolongerons le congé parental et inciterons les entreprises à créer des structures internes de garde d’enfants pour permettre la proximité des parents et de leurs jeunes enfants
92 Nous réhabiliterons les maisons de jeunes, inciterons le privé à la création de lieux de loisirs adaptés aux enfants et diversifier les activités extra scolaires en multipliant les clubs de sport, de culture, et média-jeunes .
93 Nous œuvrerons pour prévenir la délinquance à travers un cadre de suivi des mineurs. Nous œuvrerons également pour renforcer de la loi de protection des mineurs mendicité mafieuse, délinquance, tabac et autres stupéfiants, prostitution)
94 Pour lutter contre les violences sexistes nous promulguerons une loi générale se fondant sur la déclaration des Nations-Unies relative à cette question et introduisant, notamment, la reconnaissance du viol conjugal et la criminalisation du harcèlement sexuel.
Nous rendrons la culture accessible à l’ensemble des citoyens
95 Nous valoriserons les régions par la culture du terroir. Ancrer la culture au centre de développement de l’homme. Généraliser les espaces de création et de formation culturelle et les bibliothèques dans toutes les agglomérations .
96 Nous encouragerons l’investissement privé dans la culture à travers des exonérations fis cales, par la création et le financement des fondations, et à la Création d’une agence de promotion des investissements culturels
Nous ferons du Tunisien à l’étranger, un citoyen résident à l’étranger a part entière et veillerons au respect de ses droits dans le pays d’acceuil
97 Nous œuvrerons pour que chaque Tunisien soit citoyen chez lui et porte drapeau de son pays à l’étranger. Ainsi nous améliorerons les conditions d’accueil de nos concitoyens, notamment dans les ports. Nous développerons les infrastructures culturelles à l’étranger en coopération avec les pays maghrébins et les missions diplomatiques locales.
98 Nous réformerons le Bureau du Tunisien à l’Etranger pour être une structure d’Accueil avec ses différentes composantes (emploi, sociétés, procédures, etc…).
Nous favoriserons un cadre de vie de qualité propice à l’environnement pour un développement familial harmonieux
99 Nous développerons la part des énergies renouvelables grâce à un montage de mécanismes de financement dédiés à l’efficacité énergétique
100 Nous allons faire de l’esthétique urbaine dans les quartiers populaires une Priorité. Intensifier les espaces verts et les aires de loisirs, Désenclaver les quartiers populaires et les rendre plus humains Nous développerons également des zones vertes autour des centres urbains visant à limiter l’expansion péri-urbaine et à favoriser le développement durable des villes

Mustapha Ben Jaâfar, Secrétaire général d’Attakattol (FDTL): « Il n’y a pas de place, en Tunisie, pour un parti religieux et qui, de surcroît, prétend parler au nom de l’Islam »

Mustapha Ben Jaâfar, Secrétaire général d’Attakattol (FDTL) fait un tour d’horizon de la situation en Tunisie : la Constituante, le positionnement vis-à-vis de la France… L’essentiel à ses yeux est qu’on peut faire de la politique « sans manigances » ni « compromis »…Et pour une question d’identité, il affirme qu’Attakattol est plutôt au ‘’centre-gauche’’.

Le Temps : Le 22mai vous avez annoncé, lors d’un meeting, que dans une semaine, c’est-à-dire, le 1er juin votre programme électoral sera fin prêt. Il tarde à venir semble-t-il.

Mustapha Ben Jaâfar : La date des élections a été reportée. Nous allons donc prendre beaucoup plus de temps pour apporter plus de précision à ce programme qui se prépare à feu doux par une équipe de jeunes compétences dans tous les secteurs politique, social, et culturel. Nous prévoyons une rupture avec la dictature par la réforme des institutions avec la mise en place de pouvoirs séparés, une justice indépendante et une information libre. Nous pensons que l’Etat doit reprendre son rôle de Stratège et de régulateur dans le secteur économique car nous ne pensons pas que la liberté du marché puisse apporter la solution aux injustices qui ont marqué l’ère Ben Ali. Il faudra également s’attaquer aux priorités telles que le problème du chômage qui nécessite un grand effort d’investissement de l’Etat par la création d’un vrai climat d’affaires encourageant l’entreprise privée nationale et internationale. Cela nécessite aussi et fondamentalement une réforme radicale du système éducatif transformé par la démagogie de Ben Ali en véritable fabrique de diplômés chômeurs. Les domaines de la culture et du sport ne sont pas en reste, car c’est à l’école dans des clubs de jeunes et de terrains de sport qu’on forme notre jeunesse et qu’on la prépare à un avenir meilleur.

Etes-vos confiant pour la réussite de ces élections de la Constituante ? Ou alors êtes-vous déçu à cause du report de la date du 24 juillet ?

Les élections sont un point de départ qu’il faut réussir. C’est pour cela que nous ne nous sommes pas laissé entraîner à FDTL par le débat sur la date. La priorité est pour l’organisation d’élections démocratiques et transparentes. Par ailleurs nous sommes déçus, car nous voulions passer à une autre étape de légitimisation des institutions au plus tôt. Mais cela ne doit pas se faire aux dépens de la qualité des élections. Il s’agit de jeter les fondations de la Tunisie nouvelle. Nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Des voix s’élèvent aujourd’hui avançant qu’on aurait pu rééditer la Constitution de 1959 au lieu de la refaire. Histoire de gagner du temps. Qu’en pensez-vous ?

Toutes les hypothèses peuvent être soumises à la discussion. Nous pensons à Attakattol, et en respect à la Révolution et à ses martyrs, qu’il est important de faire un geste fort en tournant la page de la Constitution de 1959 tellement manipulée qu’elle devient méconnaissable.

Vous avez envoyé dernièrement une lettre au Président français. Est-ce qu’on a besoin de la France de Sarkozy?

On a besoin de la France tout court. On ne peut pas vivre à l’écart du monde en autarcie cloisonnée. Aujourd’hui 80% de nos échanges économiques se font avec les pays de l’Europe avec une dominante du sud de l’Europe, la France, l’Italie et l’Espagne. C’est vital pour la Tunisie de garder de meilleurs rapports avec la France. Mais il faut que cela se fasse d’une manière équilibrée sur la base de l’intérêt national qu’on défend bec et ongles dans le respect des valeurs fondamentales de démocratie et des droits de l’Homme.

Est-ce qu’on peut avoir une idée sur le contenu de cette lettre ?

C’est une protestation contre les traitements infligés à nos concitoyens qui fuyant la misère se sont jetés à l’eau, au péril de leur vie, pour rejoindre le nord de la méditerranée. En même temps c’est un appel au Président français pour traiter nos concitoyens en vertu de la déclaration des droits de l’Homme. On a insisté sur le fait qu’il ya d’autres solutions pour aider la Tunisie dans la phase délicate qu’elle traverse notamment par la signature des contrats formation travail, en laissant la liberté à nos concitoyens par la suite, de rentrer chez eux ou de rester en Europe dans la dignité. J’ai, par ailleurs, souligné le paradoxe qui fait que la Tunisie reçoit des dizaines de milliers de réfugiés fuyant la Libye sous le feu de l’OTAN et que l’Europe riche est incapable de recevoir quelques milliers transitant par la Méditerranée.

D’après-vous, le printemps Arabe va-t-il obliger l’Occident à changer son regard vis-à-vis de nous ?

C’est une revendication ancienne du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL). On a toujours critiqué la vision européenne qui privilégie la sécurité et la stabilité aux dépens des libertés et de la démocratie. Nous pensons que la vraie stabilité ne peut être acquise qu’avec une démocratie participative. Aujourd’hui la preuve est faite que démocratie et culture arabo-musulmane se conjuguent pour aller à l’encontre de certaines idées reçues qui ont la vie dure et qui ont considéré que l’Islam et la démocratie sont incompatibles.

L’Occident, il faut dire, a failli à ses devoirs puisque d’une manière ou d’une autre aurait soutenu les dictatures pour que Ben Ali puisse imposer son système dictatorial sur la Tunisie. Cela nous a coûté pas mal de sacrifices.

Vous avez critiqué le gouvernement Ghannouchi. Est-ce que le gouvernement Caïd Essebsi est au dessus des critiques ?

Aucun gouvernement n’est au-dessus des critiques. Les deux gouvernements provisoires n’ont pas réussi à un moment crucial de donner des signaux qui rassurent l’opinion publique en un temps où le Tunisien a perdu sa confiance dans le régime Ben Ali. Nous avons senti que le gouvernement Ghannouchi a privilégié la continuité aux dépens du changement. Le résultat est qu’on n’a pas pu éviter le gâchis. On a notamment perdu un temps précieux et été obligé de reporter la date des élections qui sont un passage d’une situation de transition à la légitimisation de nos institutions. Le gouvernement Essebsi a rectifié le tir, en ce sens où il a montré qu’il est question de faire une rupture avec le passé et en acceptant qu’une institution indépendante représentant les forces vives de la société copilote cette phase transitoire.

D’aucuns considèrent que la révolution égyptienne a pris de l’avance par rapport à la nôtre. On n’a pas encore extradé Ben Ali et accéléré les processus pour récupérer l’argent du peuple volé. Le silence complice du gouvernement Essebsi n’est –il pas préjudiciable?

On ne peut pas comparer deux situations différentes. Il est vrai qu’en Egypte on a marqué quelques points en matière de poursuite contre les symboles de la dictature, mais je pense que la Révolution tunisienne est en train d’avancer non pas d’une manière spectaculaire mais sûre. Cela est dû à l’attitude de notre armée qui s’est comportée en armée républicaine respectueuse de la Révolution et des martyrs. Reste que nous déplorons certaines lenteurs dans les réformes nécessaires aux systèmes sécuritaire et judiciaire. Nous déplorons également la lenteur de la commission indépendante chargée de réglementer le secteur des médias. Nous ne comprenons pas qu’à ce jour il n’y ait pas de règles concernant le financement des partis politiques.


Puisqu’on y est, où est-ce que vous vous positionnez dans le paysage politique et par rapport à ceux qui ne sont pas de votre bord : les islamistes ?

On ne peut pas prendre en compte les schémas occidentaux qui ne correspondent pas forcément à notre situation. Mais bon si l’on prend le modèle français Ettakattol sera au centre gauche. Nous correspondons à la véritable image de la société tunisienne qui est une société de modération enracinée dans sa culture et son histoire arabo-musulmane mais ouverte sur les autres civilisations extérieures dans le respect des valeurs universelles des libertés de la démocratie et de l’égalité homme/femme.

Hamadi Jébali, le Secrétaire général d’Ennahdha, a annoncé lors d’une conférence de presse la semaine écoulée que son parti est « civil ». Comment réagissez-vous à cela ?

On peut soulever certaines contradictions dans les propos des uns et des autres. Il faut dire qu’Ennahdha soumis à des critiques et suscitant certaines peurs essaye d’y remédier en affirmant qu’il est un parti civil. C’est ce que nous avons toujours demandé. Car il n’y a pas de place en Tunisie pour un parti religieux qui prétend parler au nom de l’Islam qui est une référence commune en terre d’Islam. Il va falloir aujourd’hui, juger tout le monde sur ses actes. Les élections sont une occasion historique pour savoir s’il s’agit d’un double langage ou d’une question de changement réel. Cela ne concerne pas uniquement Ennahdha mais tous les partis idéologiques de droite ou de gauche.

Vous êtes présidentiable. Est-ce que la présidence vous tente pour autant ?

Il n’est pas encore temps d’y répondre. Pas avant les élections de la Constituante. Pour le moment l’essentiel pour moi est de faire gagner à Attakattol la place qui convient compte tenu de son combat contre la dictature et de sa capacité de participer à l’édification de la Tunisie nouvelle. Le jour venu, je resterai comme avant au service de l’intérêt national.

Croyez-vous vraiment qu’on peut faire de la politique sans user de manigance et sans compromis ?

Oui cela est possible. Je vous remercie pour cette question car je pense et sans flagorneries que cela correspond à Attakattol qui sur ses trente ans de combat en a donné la preuve. Il a toujours été question pour nous de respecter les valeurs fondamentales et l’action politique qui pour nous doit être conjuguée avec éthique. Et c’est en s’inspirant de ces valeurs que nous avons décidé de nous engager au service de la Révolution et des objectifs définis par ses martyrs.

Est-ce que le militantisme politique et celui des droits de l’Homme sont compatibles ?

En militant des droits de l’Homme je peux vous le confirmer. Il faut savoir mettre la casquette là où il faut quand il le faut. Il ne faut pas oublier qu’au temps de Ben Ali le combat était pour la liberté et les droits de l’Homme, car politique et opposition étaient interdits… Un militant des droits de l’Homme n’est pas moins citoyen qu’un militant syndicaliste ou politique tant qu’il est capable d’éviter les confusions des genres.

Seul un Tunisien sur quatre s'est inscrit pour élire la Constituante

Depuis le 11 juillet, les Tunisiens sont appelés à s'inscrire sur les listes électorales en vue de l'élection de l'assemblée constituante le 23 octobre. Il était hors de question en effet d'utiliser un fichier électoral grâce auquel même les morts avaient le droit de vote, certains vivants pouvaient voter plusieurs fois et d'autres déposer leur bulletin dans l'urne sans même le savoir.
On s'attendait à voir les pionniers du printemps arabe, après des décennies d'élections truquées, de dictature policière, de liberté d'expression bafouée se lancer avec enthousiasme dans l'expérience d'une élection libre et transparente pour choisir leur régime politique. A l'inverse du modèle égyptien, où une réforme constitutionnelle cosmétique a été adoptée par référendum, la pression de la rue avait imposé en Tunisie, une assemblée élue pour refonder totalement le régime. Or, les Tunisiens boudent manifestement cette première phase du processus électoral.
Sur les quelque 7 millions d'électeurs potentiels (pour 11 millions d'habitants), après trois semaines, seules 1,8 million de personnes étaient allées s'inscrire, dont seulement 20% de femmes.
Devant ce résultat décevant, l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), chargée d'organiser l'ensemble des opérations électorales, a décidé de repousser du 2 jusqu'au 14 août la fin de la période d'inscription.

Un air de fiasco

Le démarrage de l'opération avait été, il est vrai, chaotique. Seulement 165 000 personnes s'étaient inscrites durant la première semaine, faisant souffler un air de fiasco sur cette première étape du processus électoral. La procédure repose sur la présentation de la carte nationale d'identité et la lecture d'un code barre qui permet aux 460 bureaux d'inscription d'accéder au même fichier national. Les premiers jours, une panne d'accès au serveur (un grand classique) a bloqué le processus.
Aujourd'hui encore, les connexions ont quelques caprices, mais globalement le problème a été surmonté. La démarche en elle-même prend à peine plus d'une minute et peut être effectuée n'importe où en Tunisie (y compris depuis le 26 juillet, pour les Tunisiens à l'étranger). Une fois l'adresse de résidence, et donc de vote, actualisée, un reçu est remis au nouvel inscrit, avec un autocollant rouge « Je me suis inscris, je vote ! ».
Côté communication, l'ISIE n'a pas lésiné sur les moyens. Campagne d'affichage, encarts dans les journaux, spots TV, page Facebook, bannières internet et même, dans l'intérieur du pays, annonces par haut-parleurs à travers les villages.

Une preuve d'action citoyenne

L'effort a porté quelques fruits. Dans le bureau de Sidi El Béchir, un quartier populaire du centre de Tunis, la moyenne est passée de 200 à presque 500 inscrits par jour depuis le 25 juillet. Les files d'attente se forment et certains futurs électeurs ne rechignent pas à attendre parfois plus de deux heures. Les resquilleurs habitués à leurs anciens privilèges sont vite remis dans le rang.
Certains croient que l'inscription leur permettra de recevoir un peu d'argent, comme autrefois, quand le RCD octroyait une petite aide à des électeurs modestes. Mais dans l'ensemble, à l'instar de Jamila Binous, historienne, venue s'inscrire dans le bureau au cœur de la vieille ville de Tunis, prévaut « la fierté de participer à un moment unique de la vie la Tunisie » de la part de citoyens qui, pour la plupart, n'ont jamais voté.
Mais avec à peine 25% d'inscrits, on est encre loin du compte.

Protestation silencieuse

Cette démobilisation, au-delà d'une distance classique avec le politique, exprime deux malaises. D'abord, une perplexité devant une offre électorale totalement illisible. La Tunisie a passé à présent le cap des 100 partis légalisés. Dans un pays où seul le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) régnait, entouré de cinq autres servant de prétexte à un pluripartisme de façade, c'est beaucoup. Peu familiers des processus électoraux, certains croient d'ailleurs trouver dans les bureaux d'inscription des informations sur les partis.
Le choix d'élire une assemblée a fait passer directement la vie politique tunisienne de l'unanisme obligatoire au jeu des ambitions personnelles rivales et des manœuvres partisanes. Un spectacle qui dissuade beaucoup de potentiels électeurs de devoir choisir entre des partis jugés « tous malhonnêtes ».
Plus sérieux ensuite, le faible taux d'inscription exprime aussi une forme de protestation contre une transition en trompe-l'œil qu'on refuse de cautionner en participant aux élections. Dans plusieurs bureaux, des agitateurs sont même venus clamer haut et fort leur refus de s'inscrire.
A ce stade, néanmoins, le faible taux d'inscription ne compromet pas la réussite des élections. L'objectif de cette phase du premier processus électoral
post-dictature, était d'abord d'offrir aux Tunisiens une occasion de
manifester leur citoyenneté, comme l'a rappelé l'ISIE :
« L'inscription sur les listes électorales est nécessaire parce que c'est
une preuve d'action citoyenne d'une part, et une preuve d'inscription
volontaire d'autre part. »
Si techniquement l'inscription permet de confirmer le lieu de vote pour éviter les mauvaises surprises le 23 octobre, la liste des électeurs sera établie sur la base du fichier de la carte nationale d'identité. Il reste donc encore trois mois aux acteurs politiques tunisiens pour ressusciter l'élan populaire qui a secoué le monde arabe.