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mardi 22 novembre 2011

Des Tunisiens manifestent pour la protection des libertés civiles


TUNIS, Tunisie - Un millier de personnes se sont rassemblés mardi devant le palais du Bardo, près de Tunis, pour revendiquer des garanties sur les libertés civiles, alors que l'Assemblée constituante tenait au même moment sa réunion inaugurale, un mois après les premières élections libres en Tunisie.
Parmi les organisations présentes, il y avait l'Association tunisienne des femmes démocrates, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'homme et l'Association sur la laïcité. «On vous a à l'oeil», avertissait une pancarte. «Pas touche à mes libertés», lançait une autre.

«Nous sommes venues pour revendiquer l'inscription des droits de la femme et les droits universels dans la future Constitution. On ne veut pas que la société tunisienne régresse. Nous faisons cela pour nos enfants», a plaidé Amel Abdennebi, cadre dans une entreprise de télécommunications.

À son arrivée, Souad Abderrahim, une élue du mouvement islamiste Ennahda, a été malmenée par des manifestantes, notamment de l'Association des femmes démocrates, aux cris de «Dégage!». Il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour qu'elle puisse atteindre l'entrée de l'enceinte parlementaire. Cette élue a récemment critiqué les mères célibataires en les traitant d'«infâmes».

D'autres manifestants ont affiché leur opposition au «califat», un système de gouvernance basée sur la loi islamique évoqué récemment par le numéro deux d'Ennahda, Hammadi Jebali, pressenti pour être le prochain premier ministre. «Nous voulons une nouvelle Constitution, pas une nouvelle dictature», a-t-on entendu dans la foule.

Un peu plus loin, des militants d'Amnistie internationale brandissaient des pancartes appelant à l'abolition de la peine de mort et au respect de l'indépendance judiciaire. Le cortège comprenait aussi des familles des victimes tombées ou blessées lors du soulèvement populaire qui a entraîné la chute du régime Ben Ali à la mi-janvier, réclamant justice pour leurs proches.

Une caricature géante de l'émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al-Thani, était également visible. Des informations faisant état d'une invitation adressée à l'émir pour assister à la séance solennelle de l'Assemblée constituante ont soulevé des réactions hostiles.

«Non à l'ingérence étrangère dans les affaires de la Tunisie», pouvait-on lire sur une banderole. Des employés de la chaîne Al-Jazira ont été pris à partie par des manifestants, qui les ont qualifiés de «mercenaires» et «valets».

Tunisie : Une conférence nationale pour le Pôle, les 3 et 4 décembre

Le Conseil national élargi du Pôle s’est réuni le jeudi 17 novembre pour un point d’étape politique important à la veille de l’investiture de l’Assemblée nationale constituante.
Chaque composante du Pôle, partis et initiatives citoyennes, a réuni ses militantes et militants, pour débattre de l’avenir du Pôle à la lumière des résultats aux élections et après une analyse de la campagne électorale.
Le Conseil national élargi, comme précise le communiqué rendu public lundi 21 novembre 2011, a écouté les comptes-rendus de ses différentes composantes, qui, toutes, ont insisté pour la poursuite du projet et des activités du Pôle.
Il a été décidé qu’une Conférence nationale du Pôle serait convoquée rapidement pour poser en de nouveaux termes l’avenir de la coalition, sa réorganisation nécessaire et les moyens de lui donner un nouvel élan.

Par ailleurs, le Pôle signale dans son communiqué qu’il s’inscrit dorénavant dans la nouvelle donne du paysage politique tunisien.

Le Pôle insiste d’autre part sur le fait qu’il s’engage à poursuivre son action politique au service des tunisiennes et des tunisiens en prolongeant son élan par sa réorganisation ainsi que l’enrichissement de son programme, fort de la qualité de ses élus et de l’afflux quotidien et croissant depuis le 23 octobre de nombreux citoyennes et citoyens qui demandent une structure adéquate pour les intégrer.

La Conférence nationale du Pôle se tiendra par conséquent les 3 et 4 décembre prochain.
Une proposition d’organisation sera présentée pour débat. La Conférence présentera une feuille de route politique pour être à la hauteur des enjeux sociaux, économiques et des défis que cette nouvelle phase politique ouvre pour la Tunisie.

C’est en toute responsabilité, que le Pôle s’inscrit dans l’opposition de propositions pour préparer et présenter aux Tunisiennes et aux Tunisiens, une réelle alternative politique qui doit sérieusement répondre à l’urgence économique et sociale que traverse notre pays

Tunisie : les erreurs de Hamadi Jebali, selon Afek Tounes

Le dernier discours de M. Hamadi Jebali, secrétaire général du parti Ennahdha, à Sousse a fait éclater la polémique.
« M. Jebali a commis plusieurs fautes lorsqu'il a évoqué le sixième calife, dans ce discours », a indiqué Faouzi Abderahman, membre du comité central d’Afek Tounes, lors d’une conférence de presse, tenue lundi 21 novembre, au siège du parti, à Montplaisir.
« M. Jebali a indiqué au début de son intervention qu’il y a des gens qui vont considérer que ce discours est religieux, mais nous nous ne faisons pas la distinction. Alors que tout le monde approuve la civilisation de l’Etat, Hamadi Jebali dit ne pas faire la différence entre le religieux et le politique! A mon avis, la séparation entre mouvement et parti n’est plus mise en œuvre au sein d’Ennahdha. J’invite ce parti à s’identifier en tant que parti civil et non pas islamiste », a précisé le membre d’Afek Tounes.
La deuxième faute, selon M. Abderahman, porte sur les évocations de « Takfir » (déchéance du statut du musulman). Le secrétaire général a fait référence à la sourate d’An-Nasr qui dit : « lorsqu'arrive l'heure de la victoire de l'Islam et que les gens commencent à suivre la religion d'Allah en masse… ». Cela veut dire que ceux qui n’ont pas voté pour Ennahdha sont des mécréants! Dans ce même contexte, M. Abderahman, a appelé ce parti à éviter dans ses discours les évocations de djihad et de takfir, apparus avec les mouvements islamistes dans les années 1970.
Autre faute ; Samir Dilou a révélé que ce discours est adressé aux partisans d’Ennahdha. Cela veut dire qu’il y a des Tunisiens qui ne peuvent être mobilisés que par un discours religieux ; ne pouvons-nous pas les mobiliser par le drapeau, la République ? « Ennahdha est appelé à réunir les Tunisiens ensemble pour l’intérêt du pays. Ces tentatives de séparation entre les citoyens nous écartent des problèmes réels de la société civile », a expliqué M. Abderahman.
En marges de cette rencontre M. Mohamed Louzir a déclaré à la presse que le congrès d’Afek Tounes se tiendra le dimanche 05 février 2012.

Non, les "islamistes" n'ont pas "gagné" en Tunisie

Tunisie : les islamistes qui ont pris le pouvoir vont mettre le pays à feu et à sang. Ça y est lecteur, tu es harponné à la faveur d'une info assez effrayante qui colle bien à ce que des années de guerre contre le terrorisme, de Sarkozy et de Marine Le Pen, de dictateurs et de guerre au Moyen-Orient, ont mis dans la tête des honnêtes citoyens.
Ennahdha n'a pas "gagné"

1er mythe : les islamistes n'ont pas pris le pouvoir. “Je suis inquiet de la façon dont [le résultat du scrutin] est interprété par les média occidentaux” m'avoue Khelil ben Osman de l'Association Tunisienne pour les Liberté Numériques, qui commence à en avoir ras le bol de la façon dont sont présentées ces élections et qui trouve anormal et "ahurissant" que l'Elysée se soit précipité pour "féliciter Ennahdha pour sa victoire, ce n'est pas une victoire, c'est une Assemblée constituante bordel !".

Ennahdha n'a pas "gagné" les élections en Tunisie : il s'agit d'une Assemblée constituante, pas d'une présidentielle française ou américaine (deux démocraties fringantes comme peuvent en témoigner George W. Bush et Nicolas Sarkozy) et Ennahdha a remporté à la faveur du scrutin 89 sièges sur 217.

Autre mythe tenace : on oublie un peu de rappeler que 42% des Tunisiens n'ont pas voté, que 18% des bulletins étaient blancs ou nuls et que 60% de ceux qui ont voté ont choisi d'autres partis que "les islamistes". Le résultat des élections est là, en infographie sur Tunisia-live ; proportionnellement à la population, Ennahdha c'est 18%.

Il convient aussi de dire, ce qui nous fut confirmé sur place par les chevaliers de la liberté d'expression et des nouveaux médias - aussi bien fhimt.com que l'ATLN ou Tunisia-Live - qu'Ennahdha a fait la meilleure campagne. Ses membres sont allés sur le terrain et ont multiplié les contacts avec la population, alors que d'autres ont cru au mythe de la "révolution Facebook" et ont oublié de se bouger IRL (in real life) et se sont fait piéger par le mythe "islamistes contre laïcs" à faire une campagne anti-islamistes. Puisque "islamiste" est un fantôme indéfinissable, ils se sont largement plantés et les Tunisiens que nous avons rencontrés semblent plutôt satisfaits que ce débat imbécile entre laïcité et islam soit définitivement dépassé et que l'on retrouve un paysage politique cohérent.

En démocratie, qui fait la meilleure campagne est élu, on se tait et on respecte. Lorsque Nicolas Sarkozy a été élu, on n'a pas eu droit à tout ce foutoir médiatique sur la laïcité en danger, alors qu'il jurait qu'elle devait être plus “positive” et vantait les "racines chrétiennes de la France". Il serrait la main de Tom Cruise, icône de la scientologie, et voulait détecter les délinquants avant la maternelle, une idée qui revient presque chaque année, relancée par un second couteau de l'UMP différent à chaque fois...

Ennahdha promet tout, attendons de voir

Les "islamistes" que j'ai rencontrés et interviewés lors de mon travail sont des enfants de cœur à côté de ce qui est dit et fait par de nombreux hommes et femmes politiques en Europe. Nourredine Bhiri, porte-parole d'Ennahdha, prenait tellement soin à dire les bons mots et à ne pas déraper que si je n'avais pas posé la question, il n'aurait même pas prononcé le mot “islam” :

"Nous voudrions mettre l'accent sur le fait que l'Etat est un état civil et que l'ordre politique est républicain. Et aussi sur l'égalité sans considération de religion, de race, de sexe ni d'aucun autre aspect. Aussi le respect de la vie de tout le monde, et la liberté de conscience.

Moi : Vous allez mettre tout ça dans la constitution?
 
"Oui. Aussi le droit à l'éducation, à la santé, à la justice sociale, ainsi que la liberté d'expression et la liberté d'association. Le respect aussi de la propriété privée et publique et nous voudrions établir des relations internationales basée sur le respect mutuel." (lire ici l'interview entière sur Iloubnan.info).

Ennahdha est un enfant politique de la Tunisie, même s'il a été interdit, comme d'autres partis, sous Ben Ali. Son programme économique est un mix délirant entre liberté des marchés, état providence et communisme. Il promet tout, est d'accord avec tout le monde et ouvert à tout ou presque, disant à chacun ce qu'il veut entendre. Aux islamistes, le parti parle de 6e califat, aux anciennes puissances coloniales il jure liberté de marché, et aux électeurs service sociaux gratuits...

Ennahdha ne sait pas très bien comment faire avec les médias qui ne lui pardonnent rien et l'attendent au tournant à chaque faux pas. Les membres disent un peu tout et n'importe quoi et peuvent facilement être piégés.

Lors d'un sommet, Hamadi Jebali, futur Premier ministre, a parlé malencontreusement de “6e califat”. Souad Abdurahim, égérie non voilée a fait une sortie sur “les mère célibataires" qui seraient "une infamie". Elle a provoqué un tel tollé que du coup, elle “ne donne plus d'interview car elle est très occupée en ce moment, merci”.

Mais comparé aux propos de Nicolas Sarkozy sur la "pédophilie génétique", à ceux de Brice Hortefeux sur la présomption de culpabilité, à ce que peut vomir Claude Guéant dès qu'il ouvre la bouche, à la responsabilisation des malades de Laurent Wauquiez, à Christine Boutin qui brandissait la Bible à l'Assemblée comme argument contre l'homosexualité... Ennahdha me semble être des centristes bien sages.

Laissons la Tunisie créer son propre modèle
  
Les politiciens des pays du nord de la Méditerranée ne sont pas toujours de francs démocrates. Les atteintes graves aux libertés sont régulières en Europe et s'enchaînent à un rythme de plus en plus inquiétant. Les déclarations ahurissantes de racisme et de haine de certains politiques sont devenues tellement nombreuses qu'on s'y est habitué. Scandales, émeutes, corruption au sommet, atteinte à la liberté de la presse, lois d'exception, atteintes aux droits, népotisme et copinage, pas un mois ne s'est écoulé ces dernières années sans qu'il n'arrive au moins un de ces exemples-là en Europe.

La Tunisie n'a pas a être jugée sur des critères qui seraient ceux d'autres "démocraties", ceux de Sarkozy, de Bush, de Berlusconi ou de la Grèce. Elle est en train de créer un nouveau modèle qui pourrait bien devenir une référence. "Ce qui fait aujourd'hui le cyber-activiste en Tunisie va faire le cyber-citoyen de demain partout dans le monde" dit Khelil ben Osman.

Ramla Jaber de Tunisia-live est en train, avec d'autres, de réinventer le journalisme en Tunisie, tous s'activent pour monter des projets d'open gouvernance et ce journalisme citoyen qui feront demain école dans le monde entier.

Réduire la démocratie tunisienne naissante à la "victoire des islamistes" est une insulte à la révolution, à la liberté et au lecteur qui est en droit d'être informé de la réalité par une information non polluée par les fantasmes d'islamisation initiés par la sphère de l'extrême droite

dimanche 20 novembre 2011

Tunisie - Bochra Bel Haj Hmida quitte Ettakatol et refuse de participer au complot


L’avocate Bochra Bel Haj Hmida, tête de liste d’Ettakatol à Zaghouan, vient d’annoncer sa démission officielle de ce parti et sa décision de faire, désormais, partie de l’opposition, dans un communiqué publié sur son profil Facebook. Information qu'elle a confirmée à l'un de ses proches par SMS. Elle est actuellement à l'étranger et il nous a été impossible de la contacter directement.
Interrogé par Business News, Mustapha Ben Jâafar nous a déclaré qu'il s'agit d'un faux compte Facebook. Affirmation que nous mettons en doute, vu que tout semble indiquer qu'il s'agit du vrai compte de Mme Ben Hamida et qu'il n'a pas été piraté. 

Elle évoque cinq raisons à l’origine de cette démission.
En effet, Mme Bel Haj Hmida signale que le refus d’Ettakatol de l’accord proposé par Ennahdha n’est que pure imagination.
Elle dénonce d’autre part, le fait que les leaders du mouvement Ennahdha aient choisi, lors d’une réunion à la demeure de Rached Ghannouchi, Moncef Marzouki en tant que président de la République le jour même de l’annonce des résultats des élections.
Elle précise également que « la mise en scène » concernant les tractations qui durent depuis des semaines n’a été orchestrée que pour occuper les médias puisqu’Ennahdha avait fixé dès le départ les portefeuilles ministériels qu’elle allait léguer aux autres partis politiques.
Selon Bochra Bel Haj Hmida, le programme d’Ennahdha est basé sur la répartition des rôles entre elle et le CPR. Les deux partis se répartissant les tâches alors qu’ils sont les deux faces d’une même pièce de monnaie. En effet, le communiqué précise que les deux partis veulent que l’Assemblée Constituante dure plus de 3 ans. Ennahdha, même si elle refuse, en apparence, cette proposition du CPR, fera en sorte que cela se passe ainsi , en comptant sur le CPR et les prérogatives du futur président de la République de faire retarder les discussions au sein de l’Assemblée Constituante ainsi que la promulgation des lois, pour que la rédaction de la nouvelle constitution prenne plus d’un an.

Par ailleurs, Mme Bel Haj Hmida estime qu’en « faisant participer d’Ettakatol et, plus précisément, Mustapha Ben Jaâfar à cette mise en scène, cela constitue un coup de poignard porté à tous les militants des droits de l’Homme et un enterrement de toute aspiration démocratique et moderniste au sein de la société une manière de mener le pays vers l’abîme.