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samedi 15 octobre 2011

Tunisie : le Pôle démocratique sur les terres d'Ennahdha

Une militante du Pôle démocratique moderniste distribue des tracts sur le marché de la Marsa (9 octobre 2011) (Thierry Brésillon)
A deux semaines de l'élection de la Constituante (le 23 octobre), les équipes de campagne écument le terrain et multiplient meetings et « tractages ». Dimanche matin, les militants du Pôle démocratique moderniste (PDM) arpentaient les allées boueuses du marché d'un quartier populaire de la Marsa.
A priori, ce n'est pas le public le plus acquis à cette coalition formée autour d'un projet de société moderniste. Le PDM est quasiment la seule formation à défendre sans ambiguïté la laïcité et l'égalité entre hommes et femmes dans tous les domaines. Des thèmes qui passent mal dans un quartier pauvre, où le parti islamiste Ennahdha est dans ses terres. Rencontre intéressante à prévoir entre deux mondes sociologiquement et idéologiquement à l'opposée.

Ambiance bon enfant

L'opération commence sous une averse drue et froide. L'occasion pour les jeunes militantes de se réfugier sous la bâche d'un marchand de légumes et de distribuer les tracts avec les bottes de coriandre, et même de donner un coup de main au vendeur. Le ton est donné : l'ambiance est bon enfant.
Mieux, rares sont ceux qui refusent de prendre le tract. Au contraire, la plupart s'arrêtent et manifestent une réelle curiosité. Mouhaymen Bensaïd, l'un des organisateurs des opérations de terrain raconte :
« Ils veulent d'abord savoir qui nous sommes. Les gens apprécient qu'on vienne les voir et qu'on les écoute. Depuis le mois de Ramadhan, ils n'ont vu qu'Ennahdha. »
Perdus devant l'offre pléthorique (76 listes dans la circonscription de Tunis 2), les futurs électeurs sont sceptiques devant les partis qu'ils jugent plus soucieux de se servir que d'être au service de leurs intérêts.

La Constitution, trop loin de leurs problèmes

Les questions tournent rapidement autour du chômage et des besoins sociaux. Parfois avec des problèmes personnels. Tête de liste dans la circonscription et secrétaire général d'Ettajdid, le principal parti de la coalition, Ahmed Brahim écoute une jeune femme lui parler des difficultés de son frère pour trouver un travail. Il reconnaît :
« La Constitution, ça leur paraît très loin de leur vie et il est difficile de leur expliquer que les élus à la Constituante ne pourront pas régler leurs problèmes. Huit mois depuis la chute de Ben Ali, c'est trop long, ils veulent voir des changements. On doit leur expliquer l'enjeu. »
Mouhaymen Bensaïd a mis au point ses arguments :
« Je commence par leur expliquer simplement que la Constitution, c'est la règle des règles, la mère de lois. Que garantir le droit au logement, à l'éducation gratuite, à la santé dans la Constitution, c'est un acquis irréversible. Là ils commencent à nous écouter. Mais on doit aussi les convaincre de ne pas laisser les candidats leur promettre du rêve. Je leur dis : Même si certains vous donnent de l'argent, prenez l'argent si vous voulez, mais votez pour les bons. »

Laïc = dictature

Une militante a engagé une discussion nourrie avec trois jeunes, prêts à l'écouter mais décidés à voter Ennahdha. Qu'est-ce qui est le plus important pour vous la religion, ou qu'on règle le chômage ?
« L'essentiel c'est d'abord qu'on respecte la religion. Le travail, ça viendra quand la religion sera respectée par l'Etat. Ben Ali était contre l'islam, les laïcs veulent continuer comme lui. »
La réponse :
« Ben Ali n'était pas contre l'islam, il était contre tous les opposants. Tous ceux qui se sont opposés à lui ont été victimes de la répression, qu'ils soient religieux ou laïcs. Nous notre programme, ce n'est pas contre l'islam, c'est que tout le monde soit libre. »
Puis elle analyse :
« Le dialogue est fructueux, je crois qu'ils ont compris que la gauche n'était pas contre la religion. Mais il est clair que nous payons l'instrumentalisation des valeurs modernistes par Ben Ali. »
Ettajdid paie aussi d'avoir apporté, au début des 1990, un « soutien critique » à Ben Ali au moment où il a relancé la répression contre les islamistes. Une posture rapidement abandonnée mais qui contribue à nourrir l'amalgame entre laïcité et dictature.
Dans l'allée centrale, un militant d'Ennahdha distribue ses tracts lui aussi. Echange de poignées de main, de sourires et d'amabilités. L'heure est à la fraternité démocratique.

Diatribe salafiste

Plus bas, l'ambiance est plus tendue. Des salafistes, barbes longues et kamis raccourcis aux chevilles, tiennent des stands de fripes. A la vue de l'appareil photo, l'un d'eux s'énerve. « Pas de photo c'est interdit ! ».
Après lui avoir rappelé que chacun est libre et qu'il n'a pas à faire la loi, l'équipe du Pôle esquive le problème et commence à s'éloigner. Un autre salafistes intervient m'interpelle bruyamment. Cette fois le journaliste est rentré dans la scène. Inutile de tenter de répondre, même en descendant de deux ou trois tons pour désamorcer la tension, rien ne l'interrompt, il continue sa diatribe et cherche l'incident.
Ahmed Brahim qui assiste à la scène se dirige vers lui et assène quelques mots : pour clore l'incident. « Il n'y a rien à négocier avec eux », commente-t-il. Puis tout le monde s'éloigne.
Karim Skik, directeur de la campagne du PDM est déterminé :
« Il ne faut pas répondre à la provocation, mais il faut leur montrer qu'on ne va pas les laisser occuper le terrain. »
Au même moment, deux à trois cents salafistes prennent d'assaut les locaux de Nessma TV coupable à leurs yeux d'avoir diffusé Persepolis.

L'intimidation

Le marché commence à se vider, l'équipe de campagne se dirige vers le parking de l'hypermarché Carrefour à proximité et commence à distribuer ses tracts. Rapidement, la sécurité intervient et veut arrêter la distribution : le parking est privé. Amel Belkhiria, numéro 2 sur la liste, proteste, un vigile tente de lui arracher les tracts de force, elle se défend.
L'action se poursuit devant les portes de l'administration, la discussion est animée entre les agents de sécurité et les militants. Karim Skik raconte la suite :
« Alors que nous voulions partir, les agents nous ont empoignés violemment, moi et Mouhaymen, pour nous faire entrer de force dans les locaux de l'administration et nous bloquer à l'intérieur. Une fois enfermés, on les connaît, ils pouvaient très bien nous tabasser. Nous avons crié pour ameuter la foule et la prendre à témoin. Les gens ont commencé à photographier la scène avec leurs téléphones portables. Les agents de sécurité ont pris des téléphones, y compris le mien pour effacer les photos. Ils ont aussi essayé de nous prendre nos tracts. Ce sont exactement les méthodes des milices de Ben Ali. Avant, c'était comme ça, l'intimidation permanente. »

Demain, faire front contre les islamistes

Mouhaymen Bensaïd fait le bilan de l'action de la journée :
« Je suis optimiste. Les gens nous écoutent, ils apprécient que nous les prenions en considération et comprennent que nous avons propositions économiques et sociales. Notre cible ce sont les indécis. Le PDM commence à rallier les déçus d'autres formations. Mais nous ne perdons pas de vue qu'à la Constituante, il faudra faire front pour un projet de société moderne. »

La Tunisie joue sa liberté

Pendant que la France vit ses dernières heures de primaires citoyennes, la Tunisie retient son souffle, en vue d'une "Constituante" cruciale pour son avenir. Pour la première fois, des citoyens vont pouvoir choisir, en toute liberté, ceux qui auront les pleins pouvoirs pour redessiner les institutions et rédiger la première constitution de l'après-Ben Ali.

Jusqu'ici, la Tunisie a fait un sans-faute pour gérer la transition. Grâce à la maturité d'un peuple qui a su s'auto-limiter, au gouvernement provisoire qui a su tenir le gouvernail, et à quelques figures de sagesse exemplaires comme Yadh Ben Achour. Son comité de juristes a fait voter une loi électorale et a su tenir les deux bouts d'une instance où siège une myriade d'organisations allant des communistes aux islamistes.
Ce parcours de l'après-révolution doit être salué. Il est admirable. Les Tunisiens peuvent être non seulement fiers de leur révolution mais aussi du chemin parcouru depuis. Ils ont tous les atouts pour réussir l'après. Un petit pays, plutôt éduqué, plutôt sécularisé, et une économie prometteuse, qui ne repose pas sur l'exploitation d'hydrocarbures mais sur l'ouverture : le tourisme. On aimerait croire que cela suffira. Mais voilà que se profile le plus difficile. Dans cette démocratie balbutiante, les Tunisiens doivent choisir les rédacteurs de leur avenir parmi cent listes où surnagent cinq grands partis, dont le parti islamiste Ennahda, sans doute le plus connu. Le délai a été court pour rattraper ces écarts de notoriété.
Les premières enquêtes situent les islamistes entre 20 % et 30 %. Mais le danger réside moins dans le score d'Ennahda que dans le manque de lucidité des politiques qui lui font face. A l'exception du tout nouveau parti Doustourna de Jawhar Ben Mbarek (jeune, juriste et laïque), tous semblent avoir renoncé à mener une bataille sémantique capitale : éviter que l'islam apparaisse comme la religion de l'Etat tunisien.
Ce sera l'obsession inavouée des élus d'Ennahda, souvent avocats et maîtres dans l'art du double discours. "Démocrates" quand ça les arrange mais à l'affût pour poser, ici ou là, des formulations "théocrates" dans la Constitution. Avant même d'entamer les négociations, ils sont parvenus à assimiler la "laïcité" à une forme d'athéisme, voire à de la colonisation occidentale. Qu'en sera-t-il pendant et après ?
Selon un scénario bien rodé et bien connu, Ennahda se présente déjà comme un "juste milieu" comparé aux excès salafistes qui se déchaînent. Après avoir attaqué des maisons closes et le film de Nadia El Fani, Laïcité Inch' Allah, les voilà qui s'en prennent à la chaîne de télévision privée Nessma... pour avoir diffusé le très beau film de Marjane Satrapi, Persepolis, qui raconte la prise de pouvoir des intégristes en Iran et représente Dieu dans une scène. Le directeur de la chaîne, Nebil Karoui, a commencé par tenir bon, avant de commettre une volte-face spectaculaire. Allant jusqu'à présenter ses excuses pour avoir porté atteinte au "sacré". Cette capitulation en rase campagne envoie un signal terrible. L'intimidation paie, et rien ne lui résiste. A moins d'un sursaut, laïque et déterminé, la liberté d'expression - si chèrement acquise - est en sursis en Tunisie.

La gauche tunisienne juge que les islamistes menacent la laïcité

Les islamistes tunisiens, privés de parole sous le régime de Zine Ben Ali, se servent de l'espace de liberté créé par la révolution de janvier pour tenter d'imposer leur vision de la société aux dépens des valeurs laïques du pays, estime le secrétaire général du mouvement Ettajdid (gauche).

L'élection d'une Assemblée constituante le 23 octobre prochain, premier scrutin organisé dans le sillage du "printemps arabe" qui a déferlé en Afrique du Nord et au Proche-Orient, a été précédée de vifs débats en Tunisie entre les islamistes et les organisations laïques, qui ont dégénéré cette semaine en violences.
La police a tiré des grenades lacrymogènes vendredi pour disperser un rassemblement d'islamistes, dont de nombreux salafistes, venus dénoncer la diffusion par la chaîne de télévision Nessma du film franco-iranien "Persepolis", dans lequel Allah est représenté, ce que l'islam proscrit.
Pour Ahmed Ibrahim, le secrétaire-général du mouvement Ettajdid, les organisations laïques doivent unir leurs forces pour créer un contre-poids au parti islamiste Ennahda, qui, en s'efforçant de renvoyer une image modéré, est présenté comme le favori du scrutin du 23 octobre.
"Aujourd'hui en Tunisie, il y a une mouvance moderniste qui cherche à renforcer les libertés et les valeurs progressistes", déclare-t-il dans une interview à Reuters. "Il y a une seconde mouvance qui souhaite utiliser les sentiments religieux du peuple et qui tente d'imposer un certain contrôle et un mode de vie bien spécifique."
Ce n'est pas la première fois qu'Ettajdid s'oppose ouvertement à Ennahda. Le parti d'Ibrahim a défendu l'égalité du droit à l'héritage entre les hommes et les femmes, un principe rejeté par le mouvement islamiste, et il a plus récemment pris fait et cause pour la chaîne de télévision qui a diffusé le film d'animation de Marjane Satrapi.
La communauté laïque tunisienne "ne doit pas sous-estimer les risques posés par Ennahda", met en garde Ibrahim. "Le mode de vie moderne est menacé (...) Nous avons conscience de la gravité de la situation."
LIBERTÉ ET TENSIONS
Le mouvement de contestation populaire qui chassé Ben Ali du pouvoir qu'il occupait depuis 23 ans a inspiré des soulèvements similaires en Egypte, Libye, Syrie et au Yémen, redessinant le paysage politique de la région.
Plus de six mois après la révolution tunisienne, les Etats voisins regardent avec attention le processus de transition et la construction d'un nouvel Etat tunisien.
Interdit et réprimé sous le régime Ben Ali, le parti Ennahda apparaît comme le grand gagnant de la révolution et part en position de grand favori pour le scrutin.
Le chef de file d'Ennahda, Rachid Ghannouchi, a assuré que son parti ferait preuve de tolérance face aux valeurs morales libérales. "Un double-langage" pour Ibrahim qui y voit une stratégie de dissimulation des véritables intentions et projets des islamistes.
Ancien professeur d'université et opposant de longue date à Ben Ali, Ibrahim a brièvement occupé après la révolution les fonctions de ministre de l'Enseignement supérieur avant de démissionner lors de la chute du gouvernement de transition.
Selon lui, les désaccords avec le parti islamiste ne "doivent pas empêcher une coexistence au sein de l'Assemblée constituante, dans le respect des règles du jeu démocratique".
"La démocratie passe par la coexistence avec tous sans exception, y compris avec Ennahda", a-t-il ajouté.
"Nous souhaitons renforcer le front moderniste au sein de l'Assemblée constituante face à tout mouvement fondamentaliste cherchant à faire reculer le pays et à anéantir tous les gains acquis (lors de la révolution)."
Ettajdid est membre d'une coalition électorale, baptisée le Pôle démocratique moderniste (PDM) et mise en place en vue du scrutin du 23 octobre.

dimanche 9 octobre 2011

Tunisie: des islamistes radicaux s'en prennent à la chaîne privée Nessma et à une faculté de Sousse

Des islamistes radicaux ont voulu s'attaquer dimanche au siège de la chaîne privée tunisienne Nessma qui avait diffusé ces derniers jours le dessin animé "Persepolis", un film qu'ils ont jugé hostile à leurs convictions religieuses, selon le directeur de la station, Nabil Karoui. La veille, ils s'en étaient pris à la faculté des lettres de Sousse (150km au sud-est de Tunis) à la suite du refus de sa direction d'inscrire une étudiante portant le niqab et refusant de l'enlever pour s'identifier.
Ces incidents surviennent alors que le pays s'apprête à élire le 23 octobre une Assemblée constituante, neuf mois après la chute du régime autoritaire de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali.
"Persepolis", réalisé par Marjane Satrapi avec Vincent Paronnaud, est adapté de la bande dessinée de la jeune femme, Iranienne installée en France, dans laquelle elle raconte son enfance en Iran après la révolution islamique. Il a obtenu le prix du jury au festival de Cannes en 2007.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur Hichem Meddeb, les forces de l'ordre ont barré la route aux assaillants qui se dirigeaient vers les locaux de la chaîne située près du centre de Tunis. Il a fait état de près de 30 arrestations en soulignant "la détermination des autorités à s'opposer aux fauteurs de troubles".
Le patron de la station, Nabil Karoui, a dénoncé "une atteinte à la liberté d'expression", disant avoir reçu des menaces de mort adressées à lui-même et aux membres de sa famille. "Ces extrémistes veulent imposer une nouvelle dictature, mais nous continuerons notre tâche conformément à notre ligne éditoriale indépendante", a-t-il lancé sur la radio Mosaïque FM.
La veille, des troubles avaient éclaté à la faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse, attribués à "des fanatiques religieux", suite au refus de l'administration d'inscrire une étudiante portant le niqab et qui ne voulait pas dévoiler son visage pour identification. Selon l'agence officielle TAP, quelque 200 personnes ont envahi la faculté en brandissant des pancartes qui appellent au droit de porter le niqab, voile intégral islamiste.
Le doyen de la faculté, Moncef Abdeljelil, cité par la TAP, a fait état d'une "violente agression" perpétrée contre le secrétaire général de l'établissement universitaire qui a semé "un climat de frayeur et de panique dans les rangs des étudiants et des enseignants". Au cours d'une réunion d'urgence, le doyen et plusieurs enseignants ont appelé à la promulgation d'une circulaire interdisant le port du niqab dans les différents établissements universitaires. Au début de l'année universitaire, une note prohibant le port du niqab avait été publiée par le conseil scientifique de cette faculté.
A Tunis, plus de 200 femmes répondant à un appel lancé sur les pages des réseaux sociaux du Web ont manifesté samedi pour dénoncer "les forces rétrogrades et les fanatiques". Scandant des slogans hostiles au port du niqab qui "porte préjudice à l'identité de la femme tunisienne", elles ont appelé à mettre fin aux campagnes d'intimidation et à lutter contre le fanatisme religieux.
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que le Pôle démocratique moderniste (PDM), qui rassemble plusieurs partis et personnalités indépendantes, ont "fermement condamné" ces violences qui "portent atteinte à l'intégrité de la faculté".

Des islamistes tunisiens occupent l'université de Sousse

Des islamistes tunisiens ont envahi samedi l'université de Sousse, dans le nord-est du pays, pour protester contre le  refus d'inscription opposé par les autorités universitaires à une étudiante voilée.
                                 
«Le secrétaire général de l'université a été aggressé ce matin avec beaucoup de violence par un groupe d'extrémistes religieux», a déclaré Moncef Abdoul Djalil, doyen de la faculté de lettres et de sciences humaines de l'université de Sousse, une ville située à environ 150 km au sud de Tunis, sur la côte méditerranéenne.
                                 
Selon cet universitaire cité par l'agence de presse officielle TAP, quelque personnes ont manifesté devant la faculté de lettres avant d'envahir le bâtiment en brandissant des banderoles réclamant le droit des étudiantes à porter le niqab. «Cet incident grave a provoqué un mouvement de terreur et de panique dans les rangs des étudiants et des enseignants», a ajouté le doyen.

Des témoins ont raconté à Reuters qu'un important déploiement de forces de sécurité avait été mis en place après l'incident autour du bâtiment universitaire pour empêcher tout nouvel incident. La Tunisie, dont «la révolution de jasmin» a chassé du pouvoir le président Zine ben Ali le 14 janvier, organisera le 23 octobre des élections constituantes, premier scrutin dans la région depuis le déclenchement du printemps arabe.
                                 
L'affaire du "niqab" de Sousse illustre les tensions religieuses susceptibles de dominer les élections, qui opposent laïques et islamistes. Les islamistes modérés d'Ennahda pourraient arriver en tête au soir du 23 octobre.  Sous le règne de Ben Ali, des milliers de personnes soupçonnées d'appartenir à un groupe politique islamiste ou qui observaient un islam strict ont été arrêtées. Le ministère de l'Education a décidé d'interdire le niqab, qui recouvre l'ensemble du visage, à l'université à compter du début de l'année universitaire.