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lundi 28 mars 2011

Les 10 mots de la révolution tunisienne - 5. "Martyr"

 5- MARTYR

"Où sont les promesses pour les martyrs ?" scandent les manifestants de la Kasbah de Tunis trois semaines après la révolution qui aboutit au départ de Ben Ali le 14 janvier. "N'oublions pas Mohammed Bouazizi", chantent-ils en référence à ce vendeur ambulant qui s'immola le 17 décembre à Sidi Bouzid.
Les "martyrs" de la révolution sont ces manifestants tués par les forces de l'ordre lors des manifestations contre le régime de Ben Ali. Début février, le chef de la mission du Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU évoquait le nombre de 219 et le gouvernement promettait de verser 20.000 dinars à leur famille.
"Martyr". Un mot à connotation si religieuse dans un pays plutôt laïc. Mais un mot employé au plus près de sa signification première. Car si, dans l'histoire, le martyr est celui qui accepte d'aller jusqu'à se laisser tuer pour sa foi, dans la révolution tunisienne il désigne ceux qui ont été tués pour avoir cru dans l'avènement d'un nouveau régime.
Ces martyrs, en très grande majorité des hommes, souvent jeunes – moins de 25 ans – ont été la plus part du temps visés en plein cœur ou dans la tête par des membres de la garde nationale.
Ce fut le cas de Marwan Jamli, tué d'une balle dans le cœur lors de la manifestation du 8 janvier à Théla dans le gouvernorat de Kasserine. Pas celui de Saihi Wajdi, quelques jours plus tard dans la même ville. Non, "le snipper qui visa Saihi préféra l'artère fémorale..." explique son frère, chez eux, à Théla.
Dans leur maison où vivent les sept frères dont un est marié avec des enfants, il fait froid. Il n'y a ni chauffage ni eau chaude et dehors le thermomètre, à la mi-journée, n'affiche que trois degrés. Dans cette maison, dans la ville, c'est la misère. Mais le frère de Saihi souligne qu'avec deux hommes salariés dans le foyer ils ne sont pas si mal lotis...
Surtout, il compte sur le fait que les choses changent. "Théla a une tradition de révolution vous savez. Les émeutes du pain en 1983 sont parties de chez nous et même en 1907 nous sommes parmi les premiers à avoir manifesté contre la France..." dit-il. "Il y a eu trop de morts, trop de martyrs, il faut nous écouter à présent et sinon nous retournerons dans la rue. Au moins pour leur mémoire". De la capitale à la petite ville du gouvernorat de Kasserine, on n'oublie pas les martyrs de la révolution.

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