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samedi 26 mars 2011

La France aidera la Tunisie à maîtriser les technologies, selon Eric Besson

Cinquième ministre français à visiter la Tunisie, après la révolution du 14 janvier, Eric Besson s’est rendu hier, vendredi à Béjà et au Kef, histoire de dire que le développement de la Tunisie profonde constituera désormais une priorité de la France. 

Après une halte à la STEG de Béjà, puis un passage par une ferme privée d’élevage et de céréaliculture à Zaâfrana (le Kef), le ministre français de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique, accompagné de Boris Bouillon, ambassadeur de France à Tunis, et d’une délégation de l’ambassade, a été convié à un déjeuner à la maison d’Hôtes Dar Chennoufi à Sémana (Le Kef) où il a entendu  les exposés des différents responsables régionaux sur les potentialités et les attentes du Kef, une ville plusieurs fois millénaires, celle de Massinissa, et de Jugurtha, mais qui demeure inexploitée par rapport à son réel potentiel. Le gouverneur de la région a déploré, à juste titre, "le manque  de zones industrielles aménagées, le déficit d’exploitation des richesses forestières, une agriculture basée essentiellement sur la céréaliculture, une population rurale dispersée, un solde migratoire négatif, et un taux de chômage élevé, avoisinant le 28%". 
 
 Raoudha Chennoufi, propriétaire de la maison d’Hôtes, a fait constater, quant à elle, que "le tourisme culturel et écologique qui constitue l’un des atouts du Kef, première capitale de la Tunisie, est négligé ; la région ne figure sur aucun catalogue d’Europe". Elle a plaidé pour un développement du Kef à travers son tourisme et son agriculture. La société civile était également présente, à travers notamment l’association "CIRTA, Développement et citoyenneté", dont le Président Koutheir Bouallègue, 
avocat, a demandé un parrainage au ministre, histoire d’encourager cette jeune association née après le 14 janvier, et qui a à cœur à contribuer à l’essor du Kef. Beaucoup d’attentes d’un côté, et des promesses de l’autre. Eric Besson s’est engagé "à connecter les fils pour promouvoir la coopération décentralisée entre la Tunisie et la France", indiquant que tous "les départements ministériels de son pays sont impliqués et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour accompagner la Tunisie sur le chemin de développement". 
"La France va faire plus d’efforts pour aller vers une véritable décentralisation, nous allons le faire parce que c’est la volonté du gouvernement tunisien qui cherche à répondre aux attentes des régions dont on a sous-estimé les besoins de développement", a affirmé plus tard Eric Besson en réponse à une question.

Lors d’une conférence de presse qu’il a donnée hier soir (vendredi), de retour du Kef, à la résidence Dar al-kamila de  la Marsa, le ministre s’est défendu que la France considère ses relations avec Tunisie dans une logique de dominant/dominé. "Même s’il y a un peu de culpabilité par rapport au passé ; et le protectorat continue à faire débat dans tous les milieux, tournons-nous vers l’avenir", a-t-il appelé, relevant que "le peuple tunisien aura son destin en main, les rapports entre les deux pays ne pourront-être que d’égal à égal". Eric Besson a exprimé la volonté et l’engagement de la France de promouvoir un partenariat industriel avec la Tunisie pour l’aider à développer son industrie. "Nous comprenons que la Tunisie ne veuille  plus être considérée qu’en termes de main-d’œuvre moins chère que l’Europe occidentale. La Tunisie aspire à maîtriser les technologies", a indiqué Besson, citant quelques entreprises tunisiennes qui se sont déjà engagées sur cette voie.
 
Le ministre français a souligné en préambule que la Tunisie et la France étaient liées sur le plan industriel, essentiellement dans les domaines de l’automobile et du textile, des filières que les entreprises et le gouvernement français comptent développer davantage. "Les industriels tunisiens et français qui se sont rencontrés hier (jeudi)  se sont engagés à développer leur activités de coopération". Il a reconnu toutefois que "tout n’est pas sur un champ de roses", " il y a des questions légitimes sur la hausse des salaires, posées par les syndicats, lesquelles sous-tendent la compétitivité de la Tunisie et sa place dans le commerce international". Tout en martelant que la France souhaite que les entreprises implantées en Tunisie y restent et s’y développent, Eric Besson s’est totalement abstenu d’avoir une quelconque réaction sur les revendications salariales, estimant que "cette question doit être discutée entre le gouvernement, le patronat et le syndicat en fonction de la stratégie de développement de chaque entreprise".

Au sujet de la coopération énergétique, Eric besson a dit avoir proposé que la STEG adhère au consortium Medgrid  qui vise à promouvoir les interconnexions électriques à travers les énergies renouvelables en Méditerranée, et à favoriser les échanges s Nord/Sud via le plan solaire".

Selon les dires d’Eric Besson, la France n’est en concurrence ni avec les Américains ni avec les Européens en Tunisie. "Tous ceux qui veulent aider et accompagner la Tunisie, si c’est une bonne nouvelle pour la Tunisie, ça l’est pour la France. Tout le monde a besoin que la Tunisie réussisse sa transition et son passage à la démocratie".  "Pendant ces deux jours, je n’ai pas senti un désir de moins de France, mais un besoin de plus de France qui jouera son rôle en matière d’accompagnement de la Tunisie", a-t-il réitéré. Il a rappelé le prêt de 150 millions d’euros accordé par l’AFD à la STEG pour étendre le réseau de gazoduc aux régions périphériques. "Ce n’est pas tout à fait rien pour la Tunisie, et ce n’est pas tout à fait rien pour le budget de la France", a-t-il dit.

La  STEG compte réaliser un parcours de 1713 km de gazoduc pour un investissement de 832 millions de dinars, un projet qui permettra de développer le ravitaillement en gaz de la zone ouest à l’horizon de 2016. L’approvisionnement en gaz de la Tunisie provient de deux sources : 60 % de nos gisements tunisiens et 40 % du gaz algérien, indique-t-on à la STEG de Béja.

Ceci étant, Eric Besson a rendu hommage aux membres du gouvernement provisoire, en qui il a relevé "dévouement et désintéressement", ce qui le rend optimiste quant "à la capacité de la Tunisie à réussir le passage vers des institutions stables et démocratiques". Interrogé sur les relations qu’entretenait la France avec le régime Ben Ali, le ministre a laissé entendre que la France entretient des relations avec les Etats et non avec les gouvernements. "On ne peut pas avoir des relations qu’avec les démocraties, même s’il serait toujours préférable d’avoir affaire à des pays qui partagent les mêmes valeurs que nous".

Sur question relative à l’immigration, un dossier qu’il connait bien ayant été lui-même ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson a déclaré que la France est ouverte à l’immigration légale, professionnelle, dans le cadre du regroupement familial, ou encore celle des étudiants… "l’idée d’une France fermée est un mythe", a-t-il indiqué, qualifiant l’immigration illégale "de piège pour tout le monde à commencer par l’immigrant lui-même, car les 9/10 des immigrés illégaux vont vivre dans les quartiers des immigrés légaux et cela va provoquer beaucoup de problèmes dont la pauvreté qui reste en lien avec la délinquance". 

Tunisie: la Haute commission va être remaniée pour préparer les élections

La Haute commission chargée de préparer les élections cruciales de juillet en Tunisie va être élargie pour mieux représenter les 24 régions du pays et englober tous ceux qui ont contribué à la chute du régime Ben Ali en janvier, a déclaré samedi son président à la presse.
En marge de la seconde réunion à huis clos de cette commission, qui doit élaborer un code électoral avant la fin mars, Yad Ben Achour a indiqué qu'elle allait passer d'environ 70 personnes à 130 pour être véritablement représentative de tous les acteurs de la transition démocratique.
La composition de cet organisme créé en janvier avait soulevé rapidement de très vives critiques, ses détracteurs estimant que sous sa forme actuelle elle était "incompatible avec les objectifs de la révolution et les aspirations du peuple tunisien".
Le 20 mars, la Haute commission n'avait même pas pu terminer sa première réunion qui avait tourné à la foire d'empoigne.
Samedi, M. Ben Achour a promis que tous les partis et sensibilités seront désormais représentés. "Il y aura tout le monde, islamistes, gauche, nationalistes arabes", a-t-il poursuivi.
Chacun des partis qui sont déjà représentés au sein de la Commission par un délégué en auront trois, le puissant syndicat UGTT, acteur essentiel de la révolution, quatre au lieu d'un, tout comme l'ordre des avocats.
L'UGTT et la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) ont été chargés de proposer de nouveaux noms, a-t-il encore indiqué.
Pour répondre aux accusations concernant un "noyautage" de la commission par des personnalités liées au régime de Ben Ali, il a également annoncé que tous ceux qui avaient signé avant sa chute une pétition pour une ré-élection de Ben Ali en 2014 seront exclus de la commission.
Composée de représentants de partis politiques, de la société civile, d'experts en droit constitutionnel, la Haute commission est censée produire un nouveau code électoral et un brouillon de Constitution qui sera présenté à l'assemblée constituante qui sera élue le 24 juillet prochain.

Tunisie. Yves Marek remplacera-t-il Boris Boillon?

Pour redonner un nouvel élan à ses relations avec la Tunisie, ternies par le legs des années Ben Ali et entachées par les ratés de Boris Boillon, un jeune diplomate inexpérimenté, la France aurait-elle opté pour un natif de la Tunisie? Par Samir Bouzidi. 

Dans les cercles des amis de la Tunisie à Paris, c’est un secret de Polichinelle. De source fiable, Boris Boillon, l’actuel ambassadeur de France à Tunis, a failli et sa révocation, encore demandée au Sénat au ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, lors de son audition sur la Libye, par des sénateurs représentants les Français de l’étranger, préoccupés par l’image donnée de la France en Tunisie, serait actée.

Tourner la page des mauvais choix en TunisieContrairement à la rumeur publique, celui que l’on présente comme un proche de Nicolas Sarkozy aurait été en réalité imposé par Jean-David Levitte, l’influent conseiller diplomatique de l’Élysée, contre l’avis du président et du Premier ministre. En privé, M. Sarkozy ne décolèrerait plus contre son proche conseiller.
L’arrivée du charismatique Juppé aux Affaires étrangères et son premier succès diplomatique sur la crise libyenne ont sensiblement modifié les équilibres et ce dernier serait aussi désireux, après le départ de Michèle Alliot-Marie, de tourner la page des mauvais choix en Tunisie.
Il faut dire que la diplomatie française en Tunisie est en panne sèche depuis plusieurs mois. Plus rien ne se passe en dehors des belles intentions affichées par des ministres qui se succèdent au pas de course (Christine Lagarde, Eric Besson, Nathalie Kosciusko-Morizet, Pierre Lellouche…). Les stigmates restent profonds, la francophobie enfle. Et ce n’est pas l’unique engagement pris par la France à ce jour, l’octroi d’une aide d’urgence de 300.000 euros, qui est de nature à envisager des jours meilleurs.



Un brillant joueur d’échec pour corriger 
Pour ouvrir une page nouvelle, le président Sarkozy aurait jeté son dévolu sur un diplomate de carrière et enfant de la Tunisie, dont le père, arrêté par Ben Ali en 1986 a été, de ce fait, 24 ans aveugle et paralysé: Yves Marek.
L’homme ne manque pas d’atouts: cultivé, brillant, discret et efficace. Il a fait ses armes au sein du cabinet d’Edgard Faure (le père de l’indépendance tunisienne).
Ce passionné de jeu d’échecs et de «chkobba», le jeu de cartes populaire en Tunisie (et oui) est resté très attaché à son pays natal où il a des liens solides. Marek est l’auteur de deux ouvrages : ‘‘Edgar Faure l’optimiste’’ et ‘‘Art, échecs et mat’’.
Marek, qui avait quitté en février le cabinet du président du Sénat, Christian Poncelet, et réintégré son administration d’origine : le Quai d’Orsay, est devenu secrétaire général adjoint de la conférence des ambassadeurs.
Âgé de 44 ans, ce diplômé de Sciences-Po et ancien élève de l’Ecole nationale d’administration (Ena, 1987, promotion Fernand Braudel) a entamé son parcours professionnel à la direction des Nations-Unies et des Organisations internationales au ministère des Affaires étrangères (1987-1988), avant de faire une carrière dans la diplomatie. 
Si la nouvelle de sa nomination à Tunis se confirmait, ce serait le premier pas positif de la diplomatie française en Tunisie depuis près de 3 mois.

vendredi 25 mars 2011

Bâtir une économie numérique, entre la Tunisie et la France, objet de la visite d'Eric Besson

 A l’occasion de sa visite en Tunisie, et après son entretien avec son homologue tunisien, Eric Besson, ministre français de l’Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique, s’est rendu, jeudi 24 mars 2011, au siège de la société TELNET à Tunis, accompagné de Boris Boillon, ambassadeur de France en Tunisie.
«La Tunisie ne sera pas à l’avenir simplement un pays qui propose de la main-d’œuvre pour des activités à faible valeur ajoutée, c’est ce que j’ai constaté lorsque j’ai rencontré ce matin quelques chefs d’entreprise tunisien, et voilà TELNET fait l’exemple de plusieurs sociétés tunisiennes à très forte valeur ajoutée», souligne le ministre.

M. Besson a précisé que l’objectif de sa visite en Tunisie est de promouvoir, chacun dans son secteur, l’économie numérique. «On doit essayer ensemble de promouvoir l’économie numérique surtout par les infrastructures même si on a été largement devancé par le monde asiatique», déclare le ministre.
Signalons également que M. Besson a refusé de répondre aux questions des journalistes présents sous prétexte qu’il tiendra un point de presse, vendredi 25 mars 2011, à la résidence de l’ambassadeur de France. Cependant, l'impression qu'on eu c'est que le ministre français veut faire oublier l’ancienne coopération franco-tunisienne et tourner la page des gaffes commises par la diplomatie française ces derniers jours. 

L'Italie versera 150 millions d'Euros pour relancer l'économie tunisienne

«L'Italie est prête à aider au retour volontaire des Tunisiens et à financer des micro-projets en Tunisie", a déclaré le ministre italien des Affaires Etrangères, Franco Frattini peu avant son départ de Tunis au terme d'une visite de travail.


Il a indiqué que l'Italie s'engage à assurer la mise en œuvre de ces projets par le suivi permanent, précisant que depuis janvier 2011, 15 mille tunisiens sont partis clandestinement en direction de l'Italie.

"Nous avons mobilisé les régions italiennes pour des projets de jumelage avec les régions tunisiennes dans le but de soutenir le développement en Tunisie» a-t-il révélé.

Le ministre italien a déclaré avoir reçu, du Gouvernement tunisien, des garanties sur la lutte contre la migration clandestine, affirmant que les contacts avec les membres du gouvernement provisoire ont abouti à un accord sur une meilleure gestion des flux migratoires dans le respect de la dignité humaine.

De son côté, l'Italie se propose d'apporter son aide à la garde des frontières par la fourniture d'équipements et de matériels, ainsi que par la formation; 80 millions d'euros seront mobilisés à cet effet, a-t-il précisé.

Au sujet de la coopération bilatérale, a ajouté M. Frattini, des lignes de crédits supplémentaires d'un montant de 150 millions d'Euros seront versées par le Gouvernement italien pour aider à la relance de l'économie tunisienne, en particulier dans les régions intérieures, par le renforcement de la création des petites et moyennes entreprises.

Il a affirmé que la priorité sera accordée, en matière de coopération, au cours de la prochaine période, à la formation professionnelle, à la lutte contre la pollution maritime et au développement de la pêche.

La Tunisie recèle d'importantes ressources maritimes qu'il convient de préserver, a souligné le ministre, relevant que «l'Italie est prête à financer un projet d'amélioration de l'activité de la pêche».

Le ministre italien a exprimé la volonté d'aider le secteur du tourisme tunisien à retrouver son élan et à encourager les touristes italiens potentiels à revenir en Tunisie. Une série de campagnes de promotion de la destination Tunisie sera lancée à partir du mois d'avril en Italie, a-t-il affirmé.

«L'union Européenne n'a pas été capable de montrer un intérêt concret à la Tunisie en cette conjoncture particulière, l'Italie, deuxième partenaire économique de la Tunisie et qui soutient la révolution tunisienne, l'a fait, a-t-il dit, déjà des projets de coopération bilatérale sont en cours moyennant des investissements de 100 millions d'euros".

Tunisie: les mille et un défis du premier ministre intérimaire

Le premier ministre intérimaire Béji Caïd Essebsi pense maintenir la date des élections au 24 juillet, prévenant que «la révolution ce n'est pas la démocratie, ce n'est que la première porte. Il faut ramer pour aller à la démocratie».

Économie flageolante, spectre du parti tentaculaire de Ben Ali, question lancinante des islamistes, élection à risque dans quatre petits mois: à 84 ans, le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a une longue liste de défis à relever pour gérer une révolution de jeunes et une démocratie naissante.
Plusieurs fois ministre du temps d'Habib Bourguiba mais aussi président de la Chambre des députés sous Ben Ali, Béji Caïd Essebsi ne se sent pas du tout en décalage avec les jeunes qui, dans la rue et sur l'internet, ont poussé Zine El Abidine Ben Ali vers la sortie après 23 ans de règne autocratique: «La génération internet, c'est celle de mes petits-enfants mais la jeunesse, c'est un état d'esprit pas un état civil», dit-il à l'AFP.
À coup de manifestations permanentes, la rue a exigé et finalement obtenu l'élection d'une assemblée constituante, à charge pour le deuxième Premier ministre de l'après-Ben Ali d'organiser ce rendez-vous crucial. La date du 24 juillet a été arrêtée mais beaucoup commencent à juger ce délai trop court.
«C'est difficile mais c'est un délai raisonnable, presque six mois après la révolution du 14 janvier (chute de ben Ali). Il ne faut pas s'éterniser dans le provisoire», concède M. Caïd Essebsi, en poste depuis un mois et qui affirme «ne pas avoir l'intention de changer la date». Pour l'instant.

Conscient qu'il est temporairement en poste jusqu'aux élections et sous surveillance permanente des jeunes «gardiens» de la révolution de janvier, il n'écarte toutefois pas l'hypothèse d'un report «s'il y a un consensus le plus large possible»
Car, à part le vieux mouvement islamiste Ennahda récemment légalisé, les tout nouveaux partis légalisés qui ont fleuri «ne sont pas au meilleur de leur forme» pour se préparer au scrutin, dit-il.
Pour lui, la nouvelle Tunisie n'en est qu'au début: «La révolution ce n'est pas la démocratie, ce n'est que la première porte. Il faut ramer pour aller à la démocratie». «Il y a évidemment des risques de dérives, ceux qui sont aux responsabilités doivent être vigilants. Nous le sommes», assure-t-il, non sans exclure de possibles «accidents de parcours».
Avec ses deux millions de membres revendiqués, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali, pourrait-il constituer un obstacle sur la route de la démocratie, bien que dissous sur le papier par la justice? Béji Caïd Essebsi ne le pense pas même s'il «peut renaître de ses cendres» sous une autre appellation. «Certains y travaillent».
Est-ce un risque pour la démocratie balbutiante? «Pas du tout», assure-t-il dans une quasi-plaidoirie pour l'ancien parti qu'il estime avoir été dévoyé par le clan Ben Ali: «Beaucoup de patriotes en ont été écartés, et dans le RCD, il n'y a pas que des monte-en-l'air».
«Ce n'est pas en trois ou quatre mois qu'il se refera une virginité», dit-il encore, en excluant une chasse aux sorcières: «Je ne crois pas à la justice expéditive et collective», et préconisant juste un «coup de tamis» de l'appareil judiciaire.
Quant au péril islamiste dans un pays arabo-musulman pionnier sur le droit des femmes, il n'y croit pas. «Ce courant ne peut être combattu que par un mouvement d'idées. La majorité des Tunisiens, si on leur propose un autre choix que la dictature ou l'islamisme, iront vers des formations moyennes», analyse-t-il.
C'est lui qui en tout cas s'est récemment et personnellement opposé à la légalisation du mouvement islamiste Hezb et Tahrir, «un parti xénophobe».
Malgré une croissance «presque à zéro», le libéral Béji Caïd Essebsi sait enfin que l'avenir démocratique du pays se joue largement sur sa capacité à répondre aux revendications sociales de millions de gens en désespérance: «La Tunisie retravaille et nos exportations ont augmenté de 5% pendant la période de la révolution».

Les Tunisiens appellent les Algériens à la rescousse

Convaincre Tunis Air de baisser le prix des billets d’avion, promouvoir une nouvelle image de la Tunisie ou reporter les échéances bancaires des professionnels du tourisme : alors que la saison a déjà commencé et que les touristes ont déserté les stations balnéaires, toute la Tunisie se mobilise pour sauver le poumon de son économie.

19 mars 2011. C’est le premier jour des vacances de printemps, mais Tabarka n’affiche pas, comme à l’accoutumée, l’animation d’une ville balnéaire. Les vingt-trois établissements hôteliers de la cité, recevant en pareille période chaque jour plus de 1500 Algériens ayant pris l’habitude de séjourner dans cette station, située à 20 km du désertique poste-frontière d’Oum T’boul (El Taref), sont, au grand dam des Tunisiens et des professionnels du tourisme, vides. Même les Anglais, les Italiens et les Français ne sont pas venus. Trois jours après la première virée, Tabarka reste toujours aussi déserte. Les Algériens tournent, à l’instar des Européens qui ont tout annulé, le dos à un peuple en train de faire sa mue. Ainsi, deux mois après le déclenchement de la Révolution du jasmin, le tourisme, secteur moteur de l’économie tunisienne, peine à repartir.
Selon de nombreux professionnels rencontrés à Tabarka, Hammamet, Sousse et Monastir, la saison est compromise. Sachant que par rapport à l’année dernière, 40% de réservations pour la haute saison sont annulés. Accueillant en moyenne  sept millions de touristes par an, dont deux millions de Libyens, plus d’un million d’Algériens et plus  de quatre millions d’Européens, dont 1,4 million de Français, la Tunisie, qui ne baisse pas les bras, engage une course contre la montre, ne serait-ce que pour atténuer l’énorme déficit qui met en péril le poumon de l’économie tunisienne. Ainsi, la plupart des hôtels des régions touristiques sont fermés et les quelques unités ouvertes tournent à 30% de leurs capacités. Même si elle inquiète, la désaffection des touristes algériens, qui ont mis, pour de nombre d’entre eux, le cap sur le Maroc et la Turquie, ne décourage pas pour autant les Tunisiens.

Limiter la casse

Habib Bouslama, Slim Zghal, Mohamed Ali Miled, respectivement patrons du Thalassa hôtel de Monastir, du Nahrawess de Hammamet nord, et Houda hôtels de Hammamet Yasmine, rencontrés en marge du workshop qui a regroupé les 21 et 22 mars plus de 100 voyagistes algériens et tunisiens à Sousse, assurent : «Pour faire face à la situation difficile que traverse actuellement le secteur touristique, les perspectives alarmantes qui s’annoncent pour la haute saison et se déclinent à travers le net recul de l’activité des compagnies aériennes charter, l’apport de nos frères algériens est indispensable. Leur retour en force est le meilleur soutien à la révolution du 14 janvier qui n’a pas voulu céder aux fortes pressions des tours opérateurs et transporteurs européens. Lesquels n’ont montré aucune disposition pour aider la Tunisie et relancer le secteur, regrettent-ils. L’urgence est donc de vendre le produit pour préserver des millions d’emplois. Même s’il est illusoire de gagner cette année de l’argent, nous devons tout entreprendre pour limiter la casse. Pour cela, nous comptons énormément sur les Algériens. Les rumeurs propagées par les sbires de l’ancien régime faisant croire que la Tunisie n’est plus ce havre de paix et de quiétude sont dénuées de tout fondement.»

Billets à la baisse

De leur côté, les professionnels du tourisme, défenseurs acharnés des prix préférentiels pour les Algériens, ajoutent : «Promouvoir autrement la Tunisie post-révolution se traduira par des actions ciblées et des campagnes agressives en Algérie, qui fournit plus d’un million de touristes. Une action promotionnelle dont l’ambition est de présenter une autre et nouvelle image de la Tunisie plurielle.» Mieux encore, nos interlocuteurs promettent de tout faire pour convaincre les dirigeants de Tunis Air, n’étant plus sous l’emprise des Trabelsi, de réduire les prix des billets d’avion sur les dessertes algériennes. L’objectif étant aussi de booster l’activité des voyagistes algériens que la récession n’a pas épargnée. «La baisse d’activité s’est répercutée sur notre chiffre d’affaires, confie Sofiane, gérant de Cesar Travels. A la même époque, l’année dernière, nous avions enregistré plus de quarante réservations.
En ce mois de mars, le nombre de réservations est insignifiant. Il n’a pas dépassé les quatre réservations.» Ses collègues, ATS (Algérien Travel Services), MTS (Mecca Travel Services), dans la même situation, ont dans certains cas été contraints de licencier. Spécialiste de la destination Tunisie, Samir Benbaouche, gérant de Koutama Voyages, estime que la révision à la baisse du prix du billet et de la location hôtelière sont un signe fort des partenaires tunisiens. Car ces derniers tiennent à montrer que les manifestants, en dehors des biens du clan Ben Ali, n’ont porté aucun préjudice à l’imposante infrastructure hôtelière de Tabarka, Sousse, Monastir et Hammamet.

Les 10 mots de la révolution tunisienne - 2. "Dégage"

Envoyés spéciaux du Nouvelobs.com en Tunisie, nos trois reporters ont rapporté dans leur besace des petites provisions linguistiques : dix mots qui résument l'incroyable changement opéré dans ce petit pays depuis le 14 janvier dernier. > Par Nathalie Funès, Céline Lussato et François Reynaert

 2 DEGAGE

L'histoire officielle de la révolution tunisienne se souvient du premier "dégage !". Celui de la rue hurlante qui avait poussé Ben Ali à prendre la poudre d'escampette et le premier avion venu dans l'après-midi du vendredi 14 janvier. Elle a oublié le second. C'était à l'aube du lundi 18 janvier, 48 heures après la fuite du raïs. Comme si rien ne s'était passé, Alya Abdallah, la sémillante présidente de la Banque de Tunisie, quinqua à la coupe au carré et au cou perlé, comme on en croise des centaines sur la rive-droite parisienne, s'apprête à rejoindre ce matin là son bureau moquetté, rue de Turquie, dans le centre de Tunis. Mais son chauffeur doit stopper la berline avant d'être arrivé au parking. Plusieurs centaines de salariés l'attendent avec un cérémonial désormais bien rodé. Hymne national à fond, épaules recouvertes du drapeau tunisien et panneaux ornés du mythique mot : "Dégage !". La dame n'essaye même pas de négocier. Marche arrière toute. Il y a quelques semaines encore elle était dépeinte dans les gazettes comme la "businesswoman" montante, celle qui faisait la pluie et le beau temps dans le monde des affaires tunisiennes. Elle n'est plus aujourd'hui que l'épouse détestée du non moins détesté ministre des Affaires étrangères de Ben Ali (Abdelwaheb Abdallah) et l'employée de l'encore plus détesté beau-frère (Belhassen Trabelsi). Deux "Dégages !" en deux jours, c'était parti. La liste désormais est longue comme un jour sans baklava. Ministres, gouverneurs, patrons, fonctionnaires... Tous les "bénalistes" sautent les uns après les autres sous les hourras et les "dégage !". Les révolutionnaires égyptiens ont tenté d'importer le mot. Mais à en croire une mauvaise langue de Tunis qui tient à ce que le terme reste une marque déposée de son pays, ils prononceraient "dégaze !".

 1 JE VOUS AI COMPRIS

Attention, lecteurs, nous allons parler arabe : "Ana fhamtkom". Vous avez compris ? Non ? Eh bien moi si, puisque précisément, ces deux mots veulent dire ceci : "je vous ai compris". Quand on les prononce, désormais, en Tunisie, tout le monde comprend de quoi on parle. L'expression, répétée plusieurs fois, a été au centre du dernier discours de Ben Ali, celui qu'il a prononcé le 13 janvier, veille de sa fuite piteuse. Pour le conseiller qui écrivit le texte (et dont on ignore toujours le nom), la référence ne pouvait qu'être évidente : "je vous ai compris" est le slogan, certes un peu creux, mais plein de panache, que De Gaulle lance, en 1958, depuis un balcon d'Alger, à une foule venue l'acclamer en liesse. Le conseiller aurait pu se douter que l'histoire peut être farce. En 2011, personne n'a applaudi le discours. La liesse est venue le lendemain lorsque le peuple a appris que le vieux tyran qui, décidément, n'avait jamais rien compris à rien, avait enfin dégagé le terrain. Et "ana fhetkom", est devenue une expression culte, employée désormais par dérision, et reprise dans des raps, des slams, des chansons, des blagues.

Depuis le début des émeutes qui allaient mettre fin au régime, Ben Ali avait prononcé deux autres discours. Le deuxième, celui du 10, était celui des gros mensonges. Après avoir pillé le pays avec son clan pendant 23 ans, le président promettait tout, 300.000 emplois dans les mois à venir, le bonheur pour tout le monde, le rasage gratis à volonté. "Ben voyons" avait soupiré la Tunisie. La première allocution, le 28 décembre, juste après les premières manifestations de masse, avait été d'une autre tonalité. Une idée y revient sans cesse : "j'agirai avec fermeté". En arabe, le tyran répète l'adverbe plusieurs fois : "avec fermeté, avec fermeté". Il se croyait encore le maître, il pensait jouer une fois de plus de sa seule arme politique : le coup de crosse. Hasard de la prise de son, alors même qu'il parle, on entend distinctement, derrière lui, une sonnerie de téléphone. Il faut croire qu'aucun technicien apeuré n'avait eu le courage de lui demander de faire une deuxième prise. Dès le lendemain, sur facebook, personne ne parlait du texte, mais tout le monde commentait le coup de fil, en se tapant sur les cuisses: "qui c'était au téléphone ? Sans doute sa coiffeuse, elle devait lui rappeler l'heure de la permanente !". Un, deux, cinq ans avant, personne n'osait seulement écrire le nom du despote sans trembler. Et là, les rires, les moqueries, les blagues à n'en plus finir. "Quand on a vu circuler ça, nous explique un journaliste, on a compris que les jeunes n'avaient plus peur. On a compris que pour le régime, c'était la fin."

jeudi 24 mars 2011

TUNISIE LA RÉVOLTE DU JASMIN ( Mankai Ezzedine ) تونس الشعبية ثورة ياسمين


Viva la revolución de Tunez y Egipto!


El embajador de Túnez en España El pueblo ha sido humillado por la esposa del expresidente

La Tunisie gèle les avoirs de Kadhafi

La Tunisie a gelé les avoirs du colonel Mouammar Kadhafi, a indiqué jeudi à l'AFP une source proche du Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi.
"Ce n'est pas une décision unilatérale et la Tunisie ne fait que se conformer à une décision de l'ONU", selon cette source s'exprimant sous couvert d'anonymat, qui n'a pas donné davantage de précisions sur les avoirs éventuels que possèderait le dirigeant libyen, ni sur la date à laquelle cette décision a été prise.
Depuis le début de l'insurrection populaire contre le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, et surtout celui de l'intervention militaire internationale contre lui, la Tunisie est restée d'un grand mutisme sur la situation chez son voisin, avec lequel il entretient des rapports économiques très importants.
Il revient "aux Libyens de décider" s'ils veulent se débarrasser du régime du colonel Kadhafi, a en outre déclaré jeudi à l'AFP M. Essebsi, en exprimant des regrets à propos de l'intervention militaire en Libye.
S'ils s'en débarrassent, "c'est leur affaire, nous prendrons acte et nous continuerons à travailler (avec la Libye, ndlr). Nous reconnaissons les Etats, les régimes ne sont pas éternels", selon lui.
La Libye est un partenaire essentiel pour la Tunisie, le second après l'Union européenne. 1.200 entreprises tunisiennes y vendent leurs produits, soit 7% des exportations totales tunisiennes, et le commerce bilatéral a représenté en 2010 environ 1,2 milliard de dinars (environ 600 millions d'euros).
Sans oublier les quelque deux millions de touristes libyens qui viennent s'amuser ou se faire soigner en Tunisie dans des cliniques privées.
Selon la revue tunisienne Réalités, la Libye est le quatrième investisseur arabe en Tunisie, et un grand pourvoyeur de produits pétroliers.

L'emploi au coeur du plan de relance de l'économie en Tunisie

Entretien Challenges.fr Saïd Aïdi, le ministre tunisien de l'Emploi dévoile les points forts du plan de relance de l'économie que le premier ministre du gouvernement provisoire, Béji Caïd  Essebsi, doit annoncer dans quelques jours. 

 

Le Premier ministre du gouvernement provisoire tunisien, Béji Caïd Essebsi, doit annoncer dans quelques jours le contenu d'un plan de relance de l'économie. Le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi nous en révèle les grandes lignes. Venu du privé, Saïd Aïdi, 50 ans, était auparavant, directeur général pour le Moyen-Orient et l'Afrique de HR Access (multinationale spécialisée dans des logiciels de ressources humaines), qui compte 600 salariés à Tunis. Il est devenu ministre le 27 janvier, lors du deuxième gouvernement de l'après Ben Ali et a conservé son poste au sein de la troisième équipe.
Depuis la révolution, de nombreux chômeurs se rendent tous les jours au ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi pour réclamer un travail. Comment cela se passe-t-il ?
- Après le 14 janvier, pendant trois semaines, 1.000 chômeurs par jour venaient au ministère. Cela a ensuite diminué. Aujourd'hui, ils étaient une centaine. Nous les recevons tous et les écoutons. Ils demandent plus de transparence et plus d'équité, mais font preuve d'une certaine impatience en souhaitant être recrutés tout de suite.
A combien évaluez-vous le nombre de demandeurs d'emplois ?
- Il était de 500.000 avant la révolution, dont 150.000 diplômés du supérieur. En juin il s'élèvera à 700.000, en comptant les diplômés de l'année et les pertes d'emploi dues à la révolution et à la guerre en Libye. Le taux de chômage atteignait 13,6% au début de l'année. Mais, d'une région à l'autre, les disparités sont énormes.
Comment lutter contre ce chômage ?
- La création d'emploi et le rééquilibrage régional seront les points forts du plan de relance qui va être annoncé dans quelques jours. Pour les 15.000 recrutements de la fonction publique en 2011, nous allons mettre en place une discrimination positive en fonction de l'âge, de l'année du diplôme et du lieu d'habitation.
Un habitant de Gafsa diplômé en 2002 aura alors plus de chance qu'un habitant de Tunis venant d'obtenir sa maîtrise ?
- Oui, mais le recrutement ne sera pas uniquement social. Il répondra aussi à des critères de compétences. De plus, nous créerons le statut de stagiaire de la fonction publique pendant un an, pour 10.000 chômeurs diplômés. Car ce n'est pas rendre service à l'individu ni encore moins à l'administration que de recruter une personne diplômée en 2002 et qui n'a pas travaillé depuis. Il faut les réinsérer et les préparer aux métiers de la fonction publique. Nous allons aussi développer la notion de citoyen en les faisant participer à l'organisation des élections. Ils seront payés 200 dinars (100 euros) par mois. Et ils pourront intégrer la fonction publique en 2012, en passant des tests d'aptitude. Les jeunes de la société civile seront associés aux commissions de délibération. Enfin, nous mettrons en place un numéro vert à appeler pour toute revendication.
Le concours qui permet de devenir professeur, le Capes, et dont le fonctionnement est très critiqué, en particulier par les diplômés chômeurs qui campent depuis un mois devant le ministère de l'Education, sera-t-il supprimé ?
- Le principe du Capes n'est pas mauvais, mais c'est vrai que, sous le régime précédent, il s'achetait. Ce n'est plus le cas. Le problème est complexe, l'Education nationale réfléchit encore aux critères de sélection.
Le projet annoncé par le gouvernement précédent de verser un revenu minimum à des chômeurs diplômés en échange d'un travail d'intérêt général à mi-temps est-il maintenu ?
- Non, venant du privé, je sais que les "stages photocopieuses" ne servent à rien. Nous l'avons remplacé fin février par le programme Amal -"espoir" en arabe-, dans le secteur privé. Il concernera 50.000 jeunes, qui percevront 200 dinars (100 euros) par mois en échange de stages ou de formations dans des secteurs porteurs, comme l'agroalimentaire, la santé ou les nouvelles technologies. En partenariat avec le privé, nous avons défini une trentaine de projets créateurs d'emplois, comme la numérisation du patrimoine de la bibliothèque nationale, dans lesquels ils pourront être embauchés.
Combien coûtera le programme Amal ?
- 60 millions de dinars (30 millions d'euros) d'allocations, déjà prévus dans le budget de l'Etat. La formation et la mise en place de projets, d'un montant de 120 millions de dinars (60 millions d'euros), devraient être financées par la Banque mondiale, la Banque africaine pour le développement et l'Agence française pour le développement.
Ces mesures suffiront-elles à réduire le chômage ?
Pour préserver les effectifs, nous proposons aussi des allégements fiscaux aux entreprises, qui ont subi des dégâts pendant la révolution. Et pour créer des emplois, nous allons développer les micro-entreprises. Pendant des années la prise d'initiative des Tunisiens a été brimée. Ils devraient reprendre confiance. Nous allons simplifier les procédures pour les entreprises de moins de 5 personnes. Cela pourrait créer de 15.000 à 20.000 emplois. Au final, nous devrions atteindre un niveau de chômage socialement acceptable dans deux à trois ans.
Pensez-vous que la situation économique du pays en 2011 sera catastrophique ?
- Elle sera dure, mais pas catastrophique. Tous ces jeunes diplômés doivent être considérés comme une opportunité. Nous avons de toute façon l'obligation de réussir. Car la portée de cette révolution du peuple - réalisée sans figure emblématique, ce qui est une première mondiale - dépasse la seule Tunisie.

 

Les 10 mots de la révolution tunisienne - 1. "Je vous ai compris"

1 JE VOUS AI COMPRIS

Attention, lecteurs, nous allons parler arabe : "Ana fhamtkom". Vous avez compris ? Non ? Eh bien moi si, puisque précisément, ces deux mots veulent dire ceci : "je vous ai compris". Quand on les prononce, désormais, en Tunisie, tout le monde comprend de quoi on parle. L'expression, répétée plusieurs fois, a été au centre du dernier discours de Ben Ali, celui qu'il a prononcé le 13 janvier, veille de sa fuite piteuse. Pour le conseiller qui écrivit le texte (et dont on ignore toujours le nom), la référence ne pouvait qu'être évidente : "je vous ai compris" est le slogan, certes un peu creux, mais plein de panache, que De Gaulle lance, en 1958, depuis un balcon d'Alger, à une foule venue l'acclamer en liesse. Le conseiller aurait pu se douter que l'histoire peut être farce. En 2011, personne n'a applaudi le discours. La liesse est venue le lendemain lorsque le peuple a appris que le vieux tyran qui, décidément, n'avait jamais rien compris à rien, avait enfin dégagé le terrain. Et "ana fhetkom", est devenue une expression culte, employée désormais par dérision, et reprise dans des raps, des slams, des chansons, des blagues.
Depuis le début des émeutes qui allaient mettre fin au régime, Ben Ali avait prononcé deux autres discours. Le deuxième, celui du 10, était celui des gros mensonges. Après avoir pillé le pays avec son clan pendant 23 ans, le président promettait tout, 300.000 emplois dans les mois à venir, le bonheur pour tout le monde, le rasage gratis à volonté. "Ben voyons" avait soupiré la Tunisie. La première allocution, le 28 décembre, juste après les premières manifestations de masse, avait été d'une autre tonalité. Une idée y revient sans cesse : "j'agirai avec fermeté". En arabe, le tyran répète l'adverbe plusieurs fois : "avec fermeté, avec fermeté". Il se croyait encore le maître, il pensait jouer une fois de plus de sa seule arme politique : le coup de crosse. Hasard de la prise de son, alors même qu'il parle, on entend distinctement, derrière lui, une sonnerie de téléphone. Il faut croire qu'aucun technicien apeuré n'avait eu le courage de lui demander de faire une deuxième prise. Dès le lendemain, sur facebook, personne ne parlait du texte, mais tout le monde commentait le coup de fil, en se tapant sur les cuisses: "qui c'était au téléphone ? Sans doute sa coiffeuse, elle devait lui rappeler l'heure de la permanente !". Un, deux, cinq ans avant, personne n'osait seulement écrire le nom du despote sans trembler. Et là, les rires, les moqueries, les blagues à n'en plus finir. "Quand on a vu circuler ça, nous explique un journaliste, on a compris que les jeunes n'avaient plus peur. On a compris que pour le régime, c'était la fin."

Tunisie : génération révolution !

Le départ de Ben Ali et la fin de la dictature est d'abord le triomphe de toute une jeunesse. De notre envoyé spécial à Tunis.

Peut être le moment ne sera-t-il pas inscrit dans les livres d'histoire. Pourtant, ce qui s'est passé le premier vendredi de mars, à la Kasbah de Tunis, la belle place blanche enserrée de ministères qui surplombe la vieille ville, a marqué un vrai tournant dans le cours de la Révolution de Jasmin. Dans la joie et sous la pluie - signe de prospérité dans un pays qui en voit trop peu- dans des transports d'émotion, pleurs, chants, youyous, on a démonté les tentes, pliés les calicots et on est remonté dans les cars pour repartir dans sa fac, sa ville ou son village : les organisateurs avaient décrété la levée du « sit in » qui n'avait pratiquement pas cessé ici, depuis les événements de janvier. Officiellement, cette fin de mouvement marquait une victoire. Les centaines de jeunes qui campaient depuis des jours sous l'œil débonnaire de quelques militaires assoupis sous leur char étaient venus avec des demandes précises – en gros la mise à l'écart des politiciens trop compromis avec la dictature et un certain calendrier électoral 

La démission, le week-end précédent, après des manifestations de masse et une répression violente, d'un premier ministre qui avait trop servi Ben Ali (Mohammed Ghannouchi) ; puis le discours du président de la République, la veille au soir, promettant l'élection en juillet d'une « assemblée constituante » l'avaient montré : toutes ces revendications avaient abouti.
Seulement, chacun a bien senti qu'il se jouait autre chose derrière cette apparente fin en triomphe. La Kasbah, avec ses airs de Woodstock 2011 en version arabe, avec ses guitares, ses chansons, ses tentes de fortune, ses filles voilées rigolant avec ses néo-gauchos, ses provinciaux et ses tunisois, ses posters de Che Guevara collés à côté du drapeau national et ces badauds venant en famille goûter le bonheur inouï de pouvoir enfin parler librement de l'avenir d'un pays libre, c'était aussi d'une certaine manière, la Révolution acte I : c'est à dire l'union, dans un joyeux chahut, de l'étudiant de la capitale et du chômeur de Kasserine, le mariage de toute une jeunesse, la génération facebook et la génération Bouazizi (1). Les tentes pliées, et la marche électorale commencée, la Tunisie passe à l'acte II, celui que les politologues appelleront la « transition démocratique ». Nul doute qu'il soit nécessaire. Nul doute qu'avec ses effets de tribune, ses constitutions de partis et ses manœuvres politiciennes, il se jouera autrement. Quel rôle y prendront donc ces jeunes qui furent les héros de l'acte I ? C'est toute la question.
A gros traits, on dira qu'il existe déjà, pour attirer à eux les uns et les autres, au moins deux grands pôles prêts à agir. Le premier, ce sont les islamistes, et surtout le grand parti qui les représente ici, Ennahdha (la renaissance), dont Rachid Ghannouchi, le vieux leader, vient de rentrer triomphalement de 20 ans d'exil, auréolé de ce cadeau inestimable que Ben Ali et l'imbécillité de ses alliés occidentaux lui ont donné : la gloire du persécuté. Il ne faut jamais oublier ce fait indiscutable. En Tunisie, un nombre énorme de citoyens a une sainte horreur des islamistes et de ce qu'ils représentent. Nul n'a oublié à quels délires a pu conduire la lutte contre eux, dans une dictature où le simple fait de porter le voile, la barbe ou de faire sa prière pouvait valoir les pires ennuis. Quand on rencontre Hichem, un des leaders « jeunes » de Ennahdha, la première chose qu'il nous raconte, les larmes dans les yeux, ce sont ces années de lutte ; ce camarade torturé par les flics il n'y a pas six mois ; ce père, emprisonné pendant 17 ans, qu'il n'a presque jamais vu qu'à travers un parloir. De ces combats, nous affirme-t-il, il a gardé un principe : « la première chose qui compte pour nous, c'est la liberté. D'ailleurs, le Prophète ne dit pas autre chose » Et tout en parlant, il sort son téléphone portable pour y chercher dans l'appli « coran » les versets qui le prouvent. Hichem, est un jeune étudiant moderne, chaleureux, sympathique, à l'image même que cherche à donner pour l'instant un mouvement qui, officiellement, regarde plus vers le très modéré parti AKP de Turquie que vers l'Iran d'Ahmaninejab. Est-ce une façade ? Est-ce un discours mensonger fait pour endormir la méfiance du peuple avant de chercher à rafler le pouvoir ?
Notre second pôle le craint. Eux, pour l'instant, ne sont pas rassemblés dans un parti structuré, mais rassemblés par des valeurs, la laïcité, l'égalité de la femme, le combat pour les droits de l'homme. De ce côté là non plus, il ne manque pas de gens qui ont résisté à la tyrannie avec un courage magnifique, des militants historiques ou des jeunes, comme Sofiane Chourabi, un des célèbres bloggeurs qui, depuis dix ans, s'est toujours montré prêt à tous les risques pour poster sur la toile telle ou telle vidéo montrant la vérité de la dictature. D'ailleurs, le virus ne l'a pas quitté. Il arrive à notre rendez vous avec un œil au beurre noir, souvenir cuisant d'un récent tabassage par la police, qui voulait l'empêcher de filmer, lors de la répression qui a suivi les manifs du samedi d'avant. Tout de même, ajoute-t-il en riant, les choses ont un peu changé : cette fois il a pu porter plainte, et le porte parole du ministère lui a téléphoné personnellement pour s'excuser. Lui, comme nombre de ses amis, rêve d'une Tunisie à la démocratie exemplaire, pluraliste, où la religion serait respectée, mais cantonnée à la sphère privée. Et pour commencer le travail, il vient de lancer avec d'autres une association qui va bientôt organiser dans les facs, les lycées des ateliers tentant d'apprendre à la jeunesse les bases de la vie politique.
Il y a de quoi faire, de ce côté-là, on part de zéro. C'est le point paradoxal de cette histoire. Toute cette jeunesse, en allant affronter dans la rue les matraques d'un régime policier, a montré qu'elle était capable de faire de la politique dans son sens le plus noble. Après des années où on n'a gavé le pays que de mensonges ou de football, elle n'a aucune idée de la façon dont on peut la faire dans sa pratique la plus quotidienne. « Pour qui aller vous voter ? » demande-t-on à tous ceux et celles qu'on rencontre, les étudiants de la fac, les chômeurs d'une lointaine banlieue. Et tous de répondre, avec une franchise désarmante : « comment voulez vous qu'on sache, on ne sait même pas qui se présente ?». Ils ont pour eux une base solide : cette liberté chèrement acquise, qu'ils ne voudraient voir volée par personne. Ils ont des désirs clairs : un métier, une économie qui fonctionne, la fin du chômage. Mais aucune idée sur ceux qui pourraient les aider à les accomplir.

Protéger les réfugiés, aider la Tunisie (Communiqué de France Terre d'Asile)

 Paris, le 23 mars 2011 – Chaque jour, de nouveaux réfugiés arrivent aux frontières tunisiennes et égyptiennes. La majorité des arrivants sont des travailleurs migrants, employés en Libye avant que les violences n’éclatent dans le pays. Par ailleurs, parmi les nouveaux arrivants, nombreux sont ceux qui pourraient relever du mandat du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et qui auraient besoin d’une protection internationale.
C’est notamment le cas des Somaliens, des Erythréens et de la plupart des Soudanais, dont beaucoup n’étaient pas recensés par le HCR en Libye.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, un grand nombre de réfugiés subsahariens bénéficiaires d’une protection internationale n’ont pas pu quitter la Libye. Cette situation nous amène à appuyer la démarche du Haut Commissaire António Guterres, qui a saisi le président de la Commission européenne et les Etats membres pour leur demander de trouver une solution à la situation des réfugiés fuyant la Libye, y compris par la réinstallation d’un certain nombre de réfugiés, au-delà des quotas déjà définis par les Etats membres.

Réfugiés somaliens - camp de Choucha (frontière tuniso-libyenne)
« Nous demandons à l’Union européenne, aux Etats-Unis, au Canada, à l’Australie, aux Nations unies et aux agences internationales, de l’aide et la réinstallation »

Nous appelons la France à contribuer à cet effort au nom d’une double solidarité à exercer d’une part envers les personnes nécessitant une protection internationale, et d’autre part envers les jeunes démocraties tunisienne et égyptienne, qui ne sauraient supporter seules les conséquences d’une dégradation durable de la situation en Libye.
Plus concrètement, nous rappelons que les Etats membres ont l’obligation (découlant de la ratification de la Convention de Genève) de garantir l’accès au territoire et à une procédure d’asile aux personnes fuyant leur pays et nécessitant une protection internationale, y compris d’examiner la possibilité de mettre en œuvre la directive sur la protection temporaire.

mercredi 23 mars 2011

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Crisis humanitaria: 320 mil refugiados en la frontera con Túnez y Egipto

La falta de información precisa dificulta la planificación de la ayuda. Los organismos de Naciones Unidas reportan escasez de alimentos y medicinas en las ciudades en donde se desarrollan los combates

Las dificultades para brindar ayuda humanitaria a la población libia es cada vez más difícil. Diferentes organizaciones de ayuda intentan introducir al país cargamentos de provisiones médicas y alimenticias el miércoles.

El trabajo en la frontera es fundamental, ya que solamente el sábado, el día en que Francia comenzó los ataques, unas 2.823 personas cruzaron la frontera hacia Egipto. Otras 1.500 emprendieron el éxodo hacia Túnez durante el fin de semana.

En cuanto a la situación de falta de comestibles, La situación en el país es crítica, ya que la gente teme salir de sus casas por las incesantes balaceras entre partidarios y detractores del dictador libio.

Las tiendas permanecen cerradas, y el único recurso es utilizar las reservas que tengan en sus casas. Aquellas que se mantienen abiertas muestran incrementos de hasta el 110% para el pan y 88%, el arroz.

El Programa Mundial de Alimentos logró introducir unas 1.500 toneladas de comida en el este de Libia. Esta cantidad permite alimentar a unas cien mil personas por el lapso de un mes. Además, prepararon otras seis mil para enviar en caso de emergencia.

La organización mantiene en la frontera entre Libia y Túnez dos cocinas operando con plena capacidad, que permiten proveer de unas 25 mil comidas diarias. En la frontera con Egipto, 16 mil personas ya han recibido raciones de emergencia

La Agencia de Naciones Unidas para los Refugiados contribuyó, a la vez, con otras diez mil raciones diarias en las fronteras. El lunes despachó un avión con destino a la ciudad egipcia de Alejandría, para luego trasladar los recursos a la ciudad fronteriza de Sallum.

La aeronave transportaba seis refugios prefabricados, sábanas, cocinas y bolsas de dormir, junto con carpas, con la intención de proveer de un techo a unas 50 mil personas en la frontera con Egipto. El Fondo de Naciones Unidas para los Niños contribuyó, a su vez, con docenas de letrinas.

La situación sanitaria también atraviesa un caos absoluto. La falta de insumos lleva a los hospitales de las zonas de combate al borde de tener que cerrar sus puertas. Los analgésicos y la anestesia son los principales faltantes.

La organización internacional Médicos sin Fronteras denunció que se les denegó el acceso para tratar a los heridos. Dijo, incluso, haber recibido informes de personas que comentaban las enormes dificultades para acceder a un tratamiento médico.

La asociación logró transportar unas 33 toneladas de material médico a las fronteras, 16 de ellas han arribado a Túnez. Sin embargo, las condiciones de seguridad en el país han hecho imposible el traslado de los médicos a las zonas afectadas. En varias oportunidades intentaron acceder a Ras Lanuf, pero debieron volver sus pasos. El equipo de cirugía se encuentra a la espera en Alejandría.

La Organización Mundial de la Salud, por su parte, ha aprovisionado la ciudad tunecina de Djerba con unas seis toneladas de provisiones médicas. Entre ellas, se incluyen medicamentos y equipamiento para tratar a unas 50 mil personas durante tres meses.

La leçon d’humanité de Béji Caïd Essebsi


Dans une interview accordée au magazine français Marianne2, le Premier ministre tunisien du gouvernement de transition fait le point sur une situation régionale issue de la "Révolution" tunisienne, des réfugiés de Ras Jedir et de l’intervention militaire des puissances occidentales en Libye. Le constat est incroyable, selon les termes repris par Marianne2 !
Ce constat étonne tant par son réalisme que par le ton utilisé. M. Béji Caïd Essebsi n’y va pas par quatre chemins pour mettre en valeur le mérite et le courage de cette Tunisie nouvelle. Il n’y va pas également de main morte pour accabler une Europe trop refermée sur elle-même et qui se veut pourtant "humanitaire" à souhait.
Une sorte de diatribe contre cette Europe qui se dit submergée par les réfugiés (ou les immigrés illégaux selon les convictions de chacun). Une leçon pour cette Europe si riche mais incapable de porter secours à des personnes en perdition.
M. Béji Caïd Essebsi le dit : «la Libye est une affaire intérieure tunisienne»… et ce n’est pas pour le pétrole !!!
«Attention, pour nous la Libye ce n’est pas l’étranger, c’est une affaire intérieure. Les mêmes familles vivent des deux côtés de la frontière. Presque chaque ville de Tunisie possède son quartier tripolitain. Nous avons reçu plus de 160.000 réfugiés en quelques semaines. Nous n’avons pas crié à l’invasion. Nous leur avons porté secours dans la limite de nos moyens. Les habitants des régions frontalières les ont reçus chez eux. On ne nous a pas signalé de mécontentement local».
L’Europe devrait donc méditer sur ce qui se passe actuellement à Ras Jedir et en Libye. Qu’est-ce que Lampedusa face au drame humanitaire qui se passe actuellement à ciel ouvert sur la frontière tuniso-libyenne ? Rien, si ce n’est que cela se déroule en toute humilité ! Lampedusa n’est rien comparé à Ras Jedir ! Une bonne leçon d’humilité !
«Vous, en France, quand dans un moment de crise, 5.000 Tunisiens débarquent à Lampedusa, très, très loin de votre territoire, vous y voyez un cataclysme. Marine le Pen court à Lampedusa. Il vaut mieux rester calme. Ce sont des drames humains accidentels qui ne tirent pas à conséquence irrémédiable. On fait avec. Vous réalisez : 160.000 immigrés survenant soudainement chez nous, toute proportion gardée, c’est l’équivalent d’un million d’immigrés en France en quelques jours. Je n’ose même pas imaginer la panique. Je ne donne de leçon à personne mais je crois que la démocratie consiste justement à régler sans heurt les problèmes qui surgissent naturellement dans une société. A propos de cette vague d’immigration, j’ai entendu des voix nous féliciter, « Vous êtes des héros », m’a-t-on dit. J’ai répondu, merci mais les héros sont fatigués, tout cela coûte cher et nous sommes un petit pays en difficulté économique. Aidez nous un peu en attendant que la Libye entre dans une ère de stabilité».

Béji Caïd Essebsi : «la Libye est une affaire intérieure tunisienne»

Interrogé par notre reporter Guy Sitbon, le premier ministre tunisien récemment nommé, Béji Caïd Essebsi, analyse la situation dans la région avec une grande sérénité, malgré ce constat incroyable : 160 000 immigrés libyens en Tunisie, ça représente l'équivalent de un millions d'immigrants en France. 

Le bouillonnement arabe a fait émerger beaucoup de visages mais peu de figures emblématiques. L’histoire retiendra le nom du jeune diplômé, Mohammed Bouazizi, qui en se donnant la mort a donné vie aux révolutions et celui de Béji Caïd Essebsi, premier ministre de la Tunisie depuis trois semaines. Il s’est mis en tête de façonner de toutes pièces une démocratie dans un pays arabe et musulman. Du jamais vu de mémoire d’éternité. A peine établi au pouvoir, une guerre d’envergure éclate à ses frontières. Si el Béji, comme on l’appelle respectueusement, est un ami de vieille date, il ne me raconte pas d’histoires.

Marianne : Vous commencez mal votre mandat, Si el Béji, une guerre civile à vos frontières.
Béji Caïd Essebsi (BCE) :Il faut voir les choses dans la durée, et non pas au jour le jour.  L’important est d’éviter une partition de la Libye en deux pays ou plus.

Etes-vous pour ou contre l’intervention militaire des puissances occidentales ?
BCE: Nous soutenons la légalité internationale. La Ligue Arabe en a fait autant.

Oui mais la Ligue Arabe a l’air de se rétracter.
BCE: L’actuel secrétaire de la Ligue Arabe est candidat aux prochaines élections présidentielles en Égypte, ils ne faut pas l’oublier. Si le monde était bien fait, ces opérations en Libye auraient dû être conduites par la Ligue Arabe. Regardez, aucun État arabe n’a bougé.

Vous non plus, la Tunisie non plus.
BCE
: Attention, pour nous la Libye ce n’est pas l’étranger, c’est une affaire intérieure. Les mêmes familles vivent des deux côtés de la frontière. Presque chaque ville de Tunisie possède son quartier tripolitain. Nous avons reçu plus de 160.000 réfugiés en quelques semaines. Nous n’avons pas crié à l’invasion. Nous leur avons porté secours dans la limite de nos moyens. Les habitants des régions frontalières les ont reçus chez eux. On ne nous a pas signalé de mécontentement local.
Vous, en France, quand dans un moment de crise, 5.000 Tunisiens débarquent à Lampedusa, très, très loin de votre territoire, vous y voyez un cataclysme. Marine le Pen  court à Lampedusa. Il vaut mieux rester calme. Ce sont des drames humains accidentels qui ne tirent pas à conséquence irrémédiable. On fait avec. Vous réalisez : 160.000 immigrés survenant soudainement chez nous, toute proportion gardée, c’est l’équivalent d’un million d’immigrés en France en quelques jours. Je n’ose même pas imaginer la panique. Je ne donne de leçon à personne mais je crois que la démocratie consiste justement à régler sans heurt les problèmes qui surgissent naturellement dans une société. A propos de cette vague d’immigration, j’ai entendu des voix nous féliciter, « Vous êtes des héros », m’a-t-on dit. J’ai répondu, merci mais les héros sont fatigués, tout cela coûte cher et nous sommes un petit pays en difficulté économique. Aidez nous un peu en attendant que la Libye entre dans une ère de stabilité.

Comment voyez-vous les choses évoluer en Libye ? Pourquoi n’intervenez-vous pas ?
BCE: Je suis un disciple de Bourguiba. Il disait souvent : « il ne faut pas insulter l’avenir ». Ce que je retiens de la crise libyenne et ce qui m’accable, ce sont les massacres. Un gouvernement, une armée tire sur son peuple comme on ne le ferait pas contre un peuple ennemi. Nul n’a plus le droit de tuer son peuple. Cela doit cesser. Il faut une solution claire et nette. Un État, un gouvernement, l’ordre public.

En démocratie ?
BCE: L’histoire obéit à des cycles. Le temps des colonisations, les vagues de décolonisation, la phase des dictatures. Cette page des dictatures est tournée. En Tunisie comme partout ailleurs, nous sommes heureusement entrés dans l’ère de la liberté, l’ère de la démocratie. Nous avons donné le départ, d’autres ont suivi. D’autres encore sont pour l’instant sur le bord de la route. Tous seront touchés, d’une manière ou d’une autre. Une époque historique est révolue. Ceux qui ne le voient pas le paieront très cher.

Mais ni vous, ni moi, ni qui que ce soit d’autre n’avait prévu ce bouleversement.
BCE: Je ne l’avais pas prévu parce que je connais l’histoire. Or, il n’existe aucun précédent à ce phénomène. Ni les révolutions de 1848 en Europe, ni la chute du communisme. Je ne l’avais pas prévu mais j’étais depuis longtemps persuadé que la marmite bouillait et que le couvercle sauterait. Comment ? Quand ? Seuls les événements pouvaient le dire. Ils l’ont dit.

La fuite de Ben Ali vous a-t-elle surpris ?
BCE: Oh, non ! Je connaissais un peu le bonhomme. Inculte et lâche. Trop corrompu pour s’intéresser à autre chose qu’à sa fortune. Les hommes d’argent n’ont souvent pas d’autre cause que l’argent.

Avec toutes ces secousses, l’ordre public en Tunisie fait parfois défaut, non ? Vous contrôlez insuffisamment votre police, non ?
BCE: Vous savez, la sécurité je sais un peu de quoi il en retourne. Longtemps ministre de l’intérieur, j’y ai passé dix ans de ma carrière. L’autorité en régime de liberté n’est plus ce qu’elle était en dictature. Tout ce que tu dis est vrai mais tout entre dans l’ordre lentement. N’est ce pas Valéry qui disait « L’ordre pèse toujours sur l’individu, le désordre lui fait désirer la police ou la mort » ? Les Tunisiens me font confiance. Dès que j’ai pris mes fonctions, les manifestants ont évacué paisiblement la place du gouvernement. Les actes de délinquance se font plus rares, vous l’avez vous-même observé. Mais la confiance est chose fragile. On la perd aussi vite qu’on l’a gagné. Nous donnons aujourd’hui la priorité aux zones sud-est, la Dorsale d’où est partie la révolution et qui ont été amplement délaissées jusque là. N’est-il pas dit « les derniers seront les premiers » ? Nous préparons les premières élections libres. L’assemblée constituante désignera un président et un nouveau gouvernement s’en suivra.

Vous ne craignez pas que les élections révèlent un pays plus proche de l’islamisme qu’on ne le croit ? Que la démocratie ne ressemble pas aux démocrates ?
BCE: On n’autorisera pas ceux qui veulent se prévaloir de la liberté pour écraser la liberté. Je dois recevoir quelqu’un, j’ai été content de te voir, revenez me voir quand vous voulez.

Tunisie – La polémique Nessma TV


La chaîne Nessma TV crée l’événement et suscite la polémique. Depuis le talk show avec la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, la chaîne se trouve l’objet, non seulement d’une grande polémique, mais elle reçoit même, depuis quelques jours, des menaces diverses par fax anonymes, enregistre des rassemblements hostiles devant le siège de la chaîne appelant, entre autres, à sa fermeture pure et simple.
C’est ce qu’a déploré, Nabil Karoui, directeur de Nessma TV lors d’une conférence de presse tenue mercredi 23 mars 2011 au siège de la chaîne et au cours de laquelle il a répondu en toute franchise à toutes les questions, même les plus embarrassantes : la venue d’Hillary, bien entendu, la situation à l’intérieur de Nessma, les griefs contre Cactus Prod et son patron Sami Fehri, la question de l’audimat, l’émission du 30 décembre sur Sidi Bouzid, les relations entre Nessma et le gouvernement transitoire... Sans oublier la fameuse et, désormais, célèbre phrase « notre père Ben Ali ».

Dans son speech introductif, Nabil Karoui a tenu à mettre l’accent sur le fait que la Révolution a surpris tout le monde, plus précisément le paysage médiatique dont Nessma qui a dû se transformer, du jour au lendemain, en chaîne de news et de politique. C’est dire que tout le personnel a dû faire un recyclage et une mise à niveau en un temps record afin d’épouser les nouveaux temps, être au diapason des nouvelles donnes et répondre aux nouvelles attentes des téléspectateurs.
Etant une chaîne maghrébine, par essence, Nessma est en train d’effectuer un retour progressif à la grille normale et habituelle incluant les variétés, le sport, les documentaires, les « formats », un journal télévisé le soir.
N’étant pas une chaîne publique avec des recettes émanant des factures de la STEG et des subventions de l’Etat, Nessma a des contraintes publicitaires qui représentent ses ressources exclusives. D’où son souci de présenter des programmes diversifiés de qualité et de ne pas se limiter aux émissions d’ordre, uniquement, politique.

Répondant, ensuite, aux questions des journalistes, très nombreux, M. Karoui a fait preuve d’un esprit fair play et sans tabous essayant de n’éluder aucun point.
Concernant la rencontre avec Hillary Clinton, il a précisé que la demande est venue des Américains, par le biais de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, qui ont choisi notre pays et une chaîne maghrébine pour ce passage télévisé. La chaîne pouvait-elle refuser une pareille offre, s’est interrogé et exclamé M. Karoui ? « Ni Tarak Ben Ammar, ni Silvio Berlusconi n’ont été impliqués dans ce sujet », a-t-il martelé.
Passant au déroulement de la rencontre et au contenu, le directeur de Nessma a dit et redit qu’il ne s’agit ni de conférence de presse, ni d’interview politique, mais bel et bien d’un talk show comme on en fait sur la plupart des chaînes européennes et américaines.
Concernant les questions, il a affirmé que vu le temps consacré, les circonstances et la nature de cette rencontre, il n’en pouvait être autrement et, pour un talk show, elles ont été plutôt assez politisées. Quant aux invités, il a assuré qu’il n’y a eu aucune exclusion, mais étant donné le nombre limité de places, la chaîne ne pouvait donner une suite favorable à tous ceux qui ont exprimé le désir d’y participer. Nébil Karoui a ainsi démenti formellement qu’il y a eu exclusion préméditée du journaliste Sofiane Chourabi (présent dans la salle) lequel a accepté cette explication comme il l’a dit lui-même sur les ondes de la Radio nationale mercredi après-midi. Quant à la blogueuse-journaliste Emna Ben Jemâa, Nébil Karoui a indiqué qu’il y avait 25 blogueurs dans la salle et qu’il fallait donc faire des choix.

Expliquant, ensuite la célèbre phrase : « Ben Ali, notre père », Nabil Karoui a indiqué que partant du principe qu’il fallait prononcer ce « sésame » obligatoire pour tous les médias, il a voulu « assumer » pour tous les autres personnels de la chaîne, ce qui ne veut nullement dire que c’est une conviction personnelle. Une « taxe » que d’aucuns savent dans le milieu et tous les téléspectateurs témoignent que les journalistes de Nessma TV n’ont pas été « poussés » à la surenchère benalienne, contrairement à leurs confrères d’autres médias et d’autres télés.
Passant à la campagne hostile et dénigrante dont Nessma fait l’objet depuis quelques jours, le directeur de la chaîne en a parlé sur un ton amer. C’est stressant pour tout le personnel que de se sentir harcelé et menacé dans son intégrité. Des rassemblements presque quotidiens devant le siège, des fax anonymes comportant des messages abjects et des menaces directes.
Mais là où ça dépasse tout entendement, c’est quand des voix s’élèvent pour réclamer, purement et simplement, la fermeture de la chaîne, et ce au vu et au su de tous !

Evoquant le volet de Cactus Prod, Nabil Karoui n’y est pas allé de main morte accusant cette entreprise et son directeur Sami Fehri (un épiphénomène, dit-il) d’avoir bénéficié de tous les privilèges parce qu’il est le protégé de Belhassen Trabelsi.
Et d’ajouter que Cactus prenait toutes les émissions sans appels d’offres, utilisait le matériel de la télévision nationale sans contrepartie et bénéficiait des prime time engrangeant, ainsi, des recettes publicitaires colossales. « D’ailleurs, nous allons porter plainte contre Cactus Prod et son directeur » a-t-il lancé avant de conclure ce point en disant : « Citez moi une seule émission produite par Cactus à une autre chaîne que celle nationale qui constituait pour lui, une véritable vache à lait ».
Au sujet de l’audimat et des 12,5%, seulement, « accordés » par Sigma Conseil à Nessma TV, Nabil Karoui n’a pas été tendre, non plus, là-dessus. « Hassan Zargouni, qui roulait pour les Trabelsi, ne représente que lui-même. Techniquement, il ne vaut rien », a-t-il affirmé.

Parlant de la relation entre Nessma et le gouvernement transitoire tunisien, le directeur de la chaîne a indiqué que l’image des activités du Président de la république ou du Premier ministre sont, désormais, regardées par le monde entier, d’où l’impératif d’en faire une image positive et attrayante. Et c’est à titre bénévole et gratuit que l’entreprise Karoui&Karoui, Samia Cherif d’Ecom Event et Fatma Belhaj Ali de Tunisiana constituent une sorte de pool et travaillent ensemble pour la communication du gouvernement.

Traitant du problème de la quarantaine d’employés remerciés, M. Karoui a précisé qu’ils étaient en fin de contrat et que pour des contraintes budgétaires et vu les temps difficiles avec zéro recette pendant plus de deux mois, la direction a décidé une compression légitime et compréhensible des dépenses.
Répondant, enfin, à des critiques adressés par les facebookeurs à l’encontre de Jamel Arfaoui, le directeur de la chaîne a tenu à préciser qu’il est solidaire avec les journalistes et les employés de Nessma et que les plateaux des débats nécessitent une variété et une diversification des avis et des approches.

Bon à noter, que ledit plateau de débat quotidien, présenté par Elyès Gharbi et animé par les deux journalistes Soufiane Ben Hamida et Jamel Arfaoui, est préparé, de main de maître par un trio professionnel de charme, en l’occurrence Myriam Kada, Insaf Boughdiri et Rim Saïdi, qui se trouvent dans les coulisses, mais contribuent concrètement et efficacement au contenu et à la réussite de ces plateaux. Il est vrai que les trois consoeurs ont bien roulé leurs bosses dans le journalisme.

Zapatero afirma que la Alianza de Civilizaciones permitió apoyar a la oposición en Túnez

La Alianza de Civilizaciones permitió a España apoyar a la oposición tunecina al régimen de Zine el Abidine Ben Ali años antes de la caída de éste, según ha puesto en valor este martes el presidente del Gobierno, José Luis Rodríguez Zapatero.

En la sesión de control al Gobierno en el Senado, Zapatero ha vinculado este gesto, unido a la ausencia de grandes intereses económicos en el pequeño país magrebí, al hecho de que él fuera el primer jefe del Gobierno europeo (y occidental también) en viajar a Túnez tras la salida de Ben Ali, algo que no fue "casualidad".
   El presidente se ha pronunciado así en respuesta a una pregunta del senador del PNV Iñaki Anasagasti, que le ha echado en cara que la Alianza de Civilizaciones, proyecto que Zapatero patrocinó junto al primer ministro turco, Recep Tayyip Erdogan, "no casa bien" con la operación militar en Libia en la que España participa.

   Anasagasti ha recordado que España "tradicionalmente se ha llevado muy bien con los autócratas" del mundo árabe para "proteger sus intereses económicos, cortar las posibles oleadas de inmigrantes y para evitar amenazas contra la seguridad".
   Ha considerado que el Gobierno "necesita definir sus objetivos estratégicos generales y sus prioridades de política exterior más alla de las necesidades comerciales" no sólo en el Magreb y Oriente Medio, "también en América y Venezuela".
   Y esa política, ha añadido, tendrá que incluir "la defensa de principios valientes de democracia y no sólo poner en marcha iniciativas desteñidas que ayuden a tranquilizar conciencias como la Alianza de Civilizaciones".
   Y la democracia, ha continuado, "no puede tolerar" la existencia de  "un rey empresario muy corrupto", en alusión a Mohamed VI de Marruecos, que ha hecho un anuncio de reformas que la gente en la calle no considera suficiente.
   Anasagasti también ha acusado a España y a la UE de no haber movido "nunca un dedo para animar a Ben Ali a que flexibilizara su régimen".
   Es ahí cuando Zapatero ha echado en cara a Anasagasti estar mal informado, porque él nombró a un prestigioso pensador político y opositor a Ben Ali, Mohamed Charfi, como uno de los sabios del grupo que permitió poner en marcha el proyecto de la Alianza de las Civilizaciones.
   Esa decisión, ha relatado el presidente, "molestó mucho a Ben Ali". La mujer de Charfi, Fauzia, quien formó parte del Gobierno provisional de transición, se entrevistó con Zapatero durante la visita de éste al país el pasado 2 de marzo y le agradeció personalmente el "reconocimiento y apoyo" que dio a su marido nombrándole miembro de ese grupo de sabios, lo que supuso "un respaldo a la oposición democrática de Túnez".
POSICIÓN "ACTIVA" DE ESPAÑA
   Zapatero ha defendido la posición "activa" adoptada por España de "apoyo" a quienes están protagonizando los cambios democráticos en el mundo árabe y de "estímulo" a los países que han anunciado reformas y entre los que citó a Marruecos, cuyo "importantísimo plan" avanzado por el rey el Gobierno de España "saluda".
   El presidente, que pidió a Anasagasti ser "respetuoso" con Mohamed VI, ha indicado que el Gobierno español "espera un Marruecos democrático de transición que siga las reformas democráticas" como en su día los españoles consiguieron avances democráticos en este país "con la colaboración de todos".
   Tras el debate y una vez en el pasillo, Zapatero ha parado a Anasagasti para precisarle que España sí ha ayudado a Túnez, a lo que el senador peneuvista ha respondido que él no tiene por qué saberlo si el presidente no informa de lo que ha hecho, según explicó a Europa Press el propio senador del PNV.
   Unos minutos después, el jefe del Ejecutivo fue preguntado por los periodistas acerca de esa breve conversación y Zapatero respondió que le había dicho lo mismo que le había contado en el Pleno de la Cámara sobre Túnez. Al ser cuestionado por el gesto que había hecho el senador, que parecía estar enfadado, Zapatero zanjó el asunto asegurando que ambos se llevan bien.