Trois jeunes gens attablés au café de Tunis, juste devant le bâtiment du ministère de l'Intérieur. Ils ne parlent pas de filles ou de foot mais... du discours du 3 mars au soir du président Fouad Mbazaâ! Ils se demandent pourquoi les gens, tout autour, sont tellement contents de cette apparition et de ce discours dont ils ont retenu un mot-clef, répété à satiété en Tunisie ces dernières semaines: une Assemblée Constituante.
Et comme leur table est tout près de la mienne, j'entends évidemment tout. L'un d'entre eux demande à ses deux compagnons: ''Qu'est-ce que ça veut dire une Assemblée Constituante? Et à quoi sert-elle?'' Pas de réponse! Et c'est certainement le cas de beaucoup de Tunisiens qui ne savent pas du tout ou pas assez à propos de cette chose.
Sans autre forme de procès, je me suis tourné vers eux et j'ai dit ''Assalam alaykoum... pardon j'ai tout entendu... si vous voulez, je vais essayer de vous dire ce que c'est que cette Assemblée.'' Ils ne demandaient pas mieux (entre parenthèses, avez-vous remarqué que les Tunisiens sont devenus plus que jamais disposés à écouter et à apprendre?).
Et ici, je vais simplement reprendre ce que j'ai dit à ces jeunes gens: Une Assemblée Constituante est une institution collégiale avec pour tâche la rédaction d'une Constitution, c'est-à-dire le texte fondamental d'organisation des pouvoirs publics d'un pays. Il est à remarquer que la façon dont les membres de l'assemblée sont choisis dépend des circonstances et des pays. En Tunisie aujourd'hui, ils seront élus pour cette tâche d'écriture d'une Constitution entièrement nouvelle qui devra être entérinée par un référendum.
En vérité, il s'agit de l'une des plus importantes revendications du peuple tunisien après sa révolution contre l'ancien régime déchu le 14 janvier 2011, et c'est pour cela que son annonce le 3 mars par le président Mbazaa a tellement de sens. D'autant plus que des précisions ont été apportées sur la situation politique que beaucoup estimaient se complaire dans le brouillard.
Ces précisions sont à retenir:
- Engagement de Mbazaa à poursuivre sa mission après le délai du 15 mars 2011 et jusqu'au déroulement des élections.
- Adoption d'une organisation provisoire des pouvoirs publics, composée du président de la République par intérim et d'un gouvernement transitoire qui prendra fin le jour où l'Assemblée Constituante entamera ses travaux.
- Election libre, pluraliste et transparente de l'Assemblée Nationale Constituante le dimanche 24 juillet prochain.
- Fin mars, la Commission de la Réforme politique et de la transition démocratique présentera un projet de texte légal pour un système électoral spécial dans le but d'élire cette Assemblée démocratiquement et conformément aux principes de la Révolution.
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