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dimanche 27 février 2011

Le Premier ministre tunisien par intérim jette l'éponge

Mohamed Ghannouchi a démissionné dimanche de ses fonctions de Premier ministre en Tunisie pour faciliter la tenue d'élections censées solder l'ère Zine ben Ali.

Il a été remplacé par Beji Caïd Essebsi. Ce dernier a notamment été ministre des Affaires étrangères du temps d'Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante.
Des milliers de Tunisiens se sont rassemblés aux abords du parlement pour célébrer la démission de Mohamed Ghannouchi, Premier ministre depuis 1999 et perçu à ce titre comme un cacique du régime de Zine ben Ali, renversé par un soulèvement populaire le 14 janvier.
"Nous sommes très heureux mais ce n'est pas assez", a déclaré un homme parmi la foule disant s'appeler Ahmed. "Nous ne voulons plus rien voir de ce gouvernement."
Selon les chiffres du gouvernement, cinq personnes sont mortes depuis vendredi dans des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants exigeant le départ de Mohamed Ghannouchi.
"Ma démission fournira une meilleure atmosphère pour la nouvelle ère", a expliqué Mohamed Ghannouchi en ajoutant qu'il voulait empêcher que les troubles politiques ne fassent de nouvelles victimes.
Il a ajouté: "Ma démission est au service du pays. Je ne suis pas un homme de répression."
Il a réitéré la promesse du gouvernement de transition d'organiser des élections d'ici le 15 juillet.
Alors que des personnes manifestaient leur joie, les forces de l'ordre ont tiré en l'air pour disperser des centaines de jeunes Tunisois qui jetaient des pierres et brisaient des vitrines de magasins.
D'après un journaliste de Reuters, des militaires ont bloqué un quartier commerçant de la capitale, théâtre de ces affrontements. Aucun blessé n'a été signalé.
Pour des analystes, le départ du Premier ministre peut désamorcer la tension dans la rue mais risque aussi de produire un effet inverse.
"L'espoir est qu'en faisant cette concession, les manifestations se calment, ce qui permettrait au gouvernement de préparer les élections", estime ainsi Kamran Bokhari, directeur pour le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est du cabinet Stratfor, spécialisé dans l'évaluation des risques politiques.
"Mais le risque aussi existe qu'elle donne des ailes aux forces de l'opposition pour exiger de nouvelles concessions."
Un responsable de la grande centrale syndicale UGTT, qui demande des réformes sociales depuis la chute de Zine ben Ali, a déclaré à l'agence Reuters que le départ du Premier ministre était "un pas dans la bonne direction".
Pour sa part, un porte-parole du principal mouvement islamiste Ennahda (Renaissance) a estimé que ce geste pouvait ouvrir la voie à un élargissement du gouvernement de transition. Ennahda, interdit sous l'ère Ben Ali, s'était plaint d'être tenu écarté de l'équipe formée par Mohamed Ghannouchi.
La "révolution du jasmin" a inspiré des soulèvements populaires dans de nombreux autres pays arabes.

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