En visite à Tunis dans le cadre d'une tournée dans le monde arabe, le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero a peu après son arrivée dans la capitale tunisienne donné le ton: "La démocratie est la seule langue que doivent parler les peuples aujourd'hui".
"La mondialisation n'est pas seulement économique, mais politique aussi. La liberté est aussi forte que le commerce", a-t-il lancé, avant d'ajouter: "Nous sommes dans un moment historique. Le vent de la liberté et de la démocratie qui a soufflé sur la Tunisie va souffler partout".
A ses yeux, "ce qui a commencé en Tunisie peut changer la carte du monde et des relations internationales dans la période à venir", a-t-il estimé.
Premier chef de gouvernement à se rendre en Tunisie depuis la chute du régime Ben Ali, le dirigeant socialiste s'adressait à la presse à l'issue de ses entretiens avec le président par intérim Fouad Mébazzaâ et le tout nouveau Premier ministre Béji Caïd Essebsi qu'il a qualifié "d'homme d'expérience, mais qui a des idées jeunes et de modernité".
Ancien ministre de Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante, M. Caïd Essebsi a succédé à Mohamed Ghannouchi, démissionnaire dimanche, au lendemain des violences qui ont secoué la capitale tunisienne. Le jour de sa prise de fonctions a été marquée par une cascade de démissions, pas moins de sept membres du gouvernement transitoire.
Venu à Tunis pour "encourager le processus historique de changement que traverse la Tunisie", José Luis Zapatero s'est dit "particulièrement ému" de s'y trouver "au moment où ce pays retrouve la liberté et la démocratie".
"Nous sommes là pour écouter et aider à construire un avenir fait de démocratie, de liberté et de dignité", a-t-il ajouté en excluant "toute idée d'ingérence et encore moins de donner des leçons".
Il a affiché la détermination de l'Espagne "d'être cette fois-ci non seulement au rendez-vous, mais au premier rang pour défendre la démocratie au Maghreb, en Afrique et partout".
"L'Europe doit être à la hauteur des circonstances et de ce mouvement qui se produit avec tant d'intensité de la Tunisie, à l'Egypte, à la Libye et ailleurs", a-t-il suggéré.
Concernant plus précisément la Tunisie, il a fait état du "ferme engagement" de l'Espagne et de l'Union européenne "pour accompagner ce changement et ouvrir de meilleures perspectives économiques".
Madrid est prête à débloquer une enveloppe des 300 millions d'euros, via des crédits de la Banque européenne d'investissement (BEI) pour faciliter la reprise économique en Tunisie.
Cette annonce intervient alors que l'agence de notation Fitch vient d'abaisser la note de la Tunisie, rétrogradée à BBB- en raison des incertitudes économiques et politiques du pays, et dans la foulée des violences du week-end.
Prévoyant que les changements en cours dans le monde arabe "vont s'étendre", Zapatero a pour sa part estimé qu'ils étaient à même de renforcer le projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM), car "le regard d'avenir des pays du Maghreb est tourné vers le Nord, vers l'Europe".
José Luis Zapatero a également assuré Tunis du soutien de Madrid pour faire face à "la situation grave" qui prévaut à ses frontières du fait du flux massif de réfugiés qui fuient la Libye.
Après avoir acheminé un premier avion transportant 30 tonnes d'aides alimentaire, l'Espagne va en affréter un second et envisage de mobiliser un navire pour rapatrier les réfugiés vers leur pays d'origine, a-t-il déclaré.
Avant de regagner Madrid, M. Zapatero devait rencontrer des représentants de l'opposition tunisienne et les présidents des trois commissions mises en place après la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui en Arabie Saoudite le 14 janvier.
Il s'agit de la commission des réformes politiques, de celle chargée d'enquêter sur les abus commis lors du mouvement de contestation sociale et d'une troisième qui se penche sur les affaires de corruption dans lesquelles sont impliqués les responsables de l'ancien régime.
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