Un mois après sa révolution, la Tunisie repart au combat. Cette fois, pour faire revenir les touristes, secteur lourd de l'économie du pays. Mehdi Houas, un entrepreneur franco-tunisien, devenu ministre du Tourisme, évoque la nouvelle Tunisie, libre et motivée. ...
- Le tourisme est bien sûr vital pour la Tunisie... « Il représente 7 % du PIB, plus de trois milliards d'euros par an. 350 000 familles en vivent directement 350 000 autres vivent de l'artisanat presque autant sont dans le commerce. Un bon tiers de la Tunisie vit de ce secteur. On a besoin de l'Europe, d'être un partenaire, de reconstruire un cercle vertueux. On n'a pas envie d'être un boulet mais d'être un moteur, même petit... »
- Qu'advient-il des hôtels détenus par Ben Ali et les Trabelsi ?« Sur 550 hôtels, vingt-cinq leur appartiennent. Ils reviennent à l'État s'il ne s'avère pas qu'ils ont été volés... »
- Que pensez-vous des liaisons de la France et Mme Alliot-Marie avec la Tunisie de Ben Ali ?« Je n'ai pas à me prononcer sur cette affaire. Tout a été déjà dit. Cette révolution a surpris tout le monde, la France en particulier. Ben Ali et son clan ont étouffé ces relations sous prétexte d'une guerre contre l'islamisme. Il avait réussi à convaincre les Occidentaux de le laisser tranquille... »
- Quelle image gardez-vous de la révolution ?« Celle des premiers Tunisiens qui ont été tués par des tirs à balles réelles. Et ceux qui ont pris leur suite en connaissant les risques. Il n'y avait plus de retour en arrière possible dans cette révolte pour la dignité, contre l'injustice. » -
- Pourquoi vous êtes-vous engagé dans la nouvelle Tunisie ?« Quand on m'a appelé, j'étais dans mon bureau à Paris. J'ai pris ma décision en une demi-minute. Je n'avais pas le droit de rater ce rendez-vous avec l'Histoire, avec un peuple merveilleux. Je suis totalement à la disposition de cet État mais il faut transformer l'essai. »
- Depuis un mois, comment se déroule la transition ?« Il n'y a aucun doute sur la maturité de ce peuple. Le pays a totalement changé, comme la presse. Les conventions internationales sur les libertés ont été signées dans les deux semaines après la révolution. On retrouve des gestions de conflits sociaux légitimes, comme en France. Inimaginable il y a deux mois ! La transformation se déroule à une allure extraordinaire. Il s'agit de relancer la machine économique qui s'était grippée. Et il faut que tous s'habituent à ce changement. »
- Le chef du gouvernement, M. Ghannouchi, est l'ancien Premier ministre de Ben Ali, n'est-ce pas un frein ?« Je le pense sincère quand il dit qu'il ne connaissait pas la profondeur des dégâts causés par Ben Ali. Il a envie de se racheter et d'accompagner le virage démocratique. Les ministres liés à l'ancien régime ont été limogés. Le gouvernement de transition prend ses responsabilités avec la création de commissions indépendantes sur les élections, la spoliation des biens et la corruption. Ça donne un certain crédit, même si nous faisons face aussi à de gros problèmes sociaux. »
- Comment réconcilier la société tunisienne ?« L'État mafieux a mis la pression sur beaucoup de gens. Il n'y aura pas de chasse aux sorcières. Ceux qui ont réellement volé ou corrompu répondront de leurs actes. Les autres méritent qu'on tourne la page et s'inscrivent dans la construction de la Tunisie de demain. » •
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