RAS JEDIR (Tunisie) - Plus de 38.000 personnes, essentiellement des Tunisiens et des Egyptiens, ont fui la Libye vers la Tunisie par le principal point de passage frontalier de Ras Jedir depuis le début de l'exode le week-end dernier, a indiqué à l'AFP la protection civile.
Depuis le début "18.000 Tunisiens, 15.000 Egyptiens, 2.500 Libyens, 2.500 Chinois, les autres étant d'autres nationalités" ont franchi la frontière, a déclaré le colonel Malek Mihoub de la protection civile.
L'exode de Libye, où le leader Mouammar Kadhafi est en proie à une contestation sans précédent en 42 ans de pouvoir, avait commencé le 20 février.
Il s'est accentué tout au long de la semaine, en particulier après que le fils du dirigeant libyen, Seif Al-Islam, eut accusé lundi des éléments extérieurs d'avoir fomenté la révolte dans son pays, citant nommément les Egyptiens et les Tunisiens comme étant derrière ce "complot".
Un pic a été enregistré samedi, selon des journalistes de l'AFP sur place, alors que plus de 7.800 migrants de plus de 20 nationalités différentes ont franchi le poste frontière vendredi, selon l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM).
Vendredi soir, le dirigeant libyen, qui a perdu le contrôle de l'est du pays, avait menacé d'ouvrir "tous les dépôts d'armes pour armer le peuple".
L'OIM a indiqué qu'elle comptait organiser un transfert des Egyptiens vers le littoral tunisien afin de les rapatrier chez eux par bateau, estimant que des milliers restaient toujours bloqués en Tunisie.
Vendredi le Croissant-Rouge tunisien avait lancé un appel à l'aide à l'Egypte pour organiser le rapatriement de ses ressortissants alors que les capacités d'accueil dans la première ville après la frontière, Ben Guerdane, sont dépassées.
"Le consulat d'Egypte à Tunis nous a dit que les Egyptiens allaient organiser 17 vols et envoyer un navire vers Zarzis", dans le sud tunisien, a déclaré dans la matinée à l'AFP Monji Slim, président du comité régional du Croissant-Rouge de Ben Guerdane.
Il a exprimé l'espoir que cette promesse soit tenue. "Des milliers d'Egyptiens continuent d'arriver à la frontière, les gens sont très mal logés, on n'a pas assez de matelas ni de couvertures et la capacité d'accueil est limitée", a-t-il dit.
L'agence officielle égyptienne Mena avait annoncé vendredi soir que deux navires étaient en route pour la Tunisie afin de rapatrier les Egyptiens.
L'OIM, qui a évalué à 50.000 le nombre de migrants ayant franchi les frontières terrestres de la Libye depuis lundi, a lancé un appel aux donateurs pour recueillir 11 millions de dollars afin de financer leur prise en charge.
Parallèlement, l'entrée en Libye de toute aide médicale restait bloquée.
"Pour le moment, on ne peut pas passer", a déclaré à l'AFP un médecin de l'organisation Médecins sans frontières (MSF) Mathieu Bichet. L'ONG a fait "toutes les démarches officielles pour rentrer en Libye et il faut attendre l'accord des autorités, ce qui est très peu probable, même les blessés ne passent pas", a-t-il ajouté.
MSF a indiqué vendredi qu'"en raison de l'insécurité, voyager par la route vers Tripoli - où il est estimé que les besoins médicaux sont immenses - est aujourd'hui quasiment impossible". Une équipe qui a essayé de se rendre dans la capitale libyenne s'est faite refouler à l'aéroport, a dit M. Bichet, tandis que des équipes sont présentes dans l'est du pays.
Le Croissant-Rouge a indiqué également qu'il ne pouvait faire entrer de convoi.
La répression de la contestation a fait plusieurs centaines de morts.
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