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vendredi 10 juin 2011

Tunisie, Caid Essebsi appelle à des coopérations économiques d’égal à égal

Les membres de la Chambre Tuniso-américaine du commerce se sont réunis ce matin à Tunis pour débattre des relations économiques entre les USA et la Tunisie. Le premier ministre, Beji Caid Essebsi, Amal Bouchammaoui Hammami, présidente du TACC, et Gordon Grey, ambassadeur américain à Tunis, ont présidé le débat.

«  Mardi prochain, nous accueillerons une délégation d’hommes d’affaires américains pour parler des échanges commerciaux et investissements entre nos deux pays. Le sénateur Mac Cain sera également de retour en Tunisie ce mois-ci. L’administration américaine a exprimé son soutien à la transition démocratique en Tunisie, et nous nous y attelons. Par la même occasion, je félicite la première élection démocratique au sein de la TACC qui a permis d’élire une femme à la tête de son conseil », a dit l’ambassadeur américain dans son intervention.
Il a également évoqué la crise libyenne qui a eu le soutien indéfectible de la Tunisie, et a attiré l’attention sur le volume des échanges commerciaux qui étaient de l’ordre de 3 milliards de dollars chaque année, entre la Tunisie et la Libye, et qui à cause de ce conflit vont manquer à la Tunisie. 

Dans son allocution, Beji Caid Essebsi a exprimé l’importance qu’il accordait aux chambres de commerce, pour leur rôle important à relever l’économie. «  Les relations tuniso- américaines ne datent pas d’hier. Nous avons été le premier pays à avoir reconnu l’indépendance des USA, et eux étaient parmi les premiers à avoir reconnu celle de la Tunisie », a-t-il dit.

Concernant la politique économique à emprunter dans le futur, le premier ministre s’est montré très optimiste : «Avant les pays avaient affaire aux régimes, maintenant je pense que le monde a compris qu’il faut s’adresser directement au peuple. On ne demande d’ailleurs pas l’aumône mais on demande de l’équité dans les affaires », dit-il, en faisant allusion à la coopération avec l’Europe qui selon lui, ne profite qu’à l’Europe. Beji Caid Essebsi a, à deux reprises lors de cette rencontre, affirmé que la première préoccupation est de faire régner l’ordre et la sécurité, pour rassurer les éventuels investisseurs étrangers et a appelé les hommes et femmes d’affaires présents lors de ce débat, «à aider la Tunisie, à passer ce cap délicat ».

Le mois dernier au sommet du G8 à Deauville, Beji Caid Essebsi a rencontré le président américain Barack Obama, une rencontre qui a  suscité beaucoup d’interrogations quant à la teneur des discussions. Interrogé à ce sujet, le premier ministre répond : «J’ai dit au président Obama, je vous donne la chance historique et rare de traiter avec un peuple arabo-musulman qui réussira sa transition démocratique. On va vous donner la preuve qu’une démocratie est possible dans un pays arabe et musulman, et que la notion de démocratie n’est pas contradictoire avec l’Islam ». Il ajoute que la Tunisie et ses partenaires vont tous dans le même sens «on ne demande pas de l’aide financière mais on veut que les portes soient ouvertes, aux produits tunisiens, à la Tunisie », a-t-il dit.

Un homme d’affaires tunisien présent lors du débat a émis quelques réserves quant à l’image que reflète la Tunisie actuellement, à travers les grèves et les sit-in à répétition. Il s’est adressé au premier ministre : « Le plus grand investisseur étranger en Tunisie est L’Emirati Tecom-DIG de Tunisie Telecom, or cette compagnie est en grève depuis plus de 4 semaines, et ce n’est pas rassurant pour les investisseurs tunisiens. Pourquoi ne pas instaurer une loi qui interdise les grèves et les sit-in jusqu’au 23 octobre 2011 ?». Ce à quoi Beji Caid Essebsi répond qu’il a avait déjà appelé dans son discours de la veille, les travailleurs à ne plus tenir de grèves, mais que l’instauration d’une loi ne changerait rien si la volonté de s’y soumettre n’y ait pas. Par ailleurs, il a dit que l’affaire de Tunisie Telecom est en cours d’examen et que bientôt elle sera résolue.

Un autre sujet de taille, les investissements dans les régions défavorisées. Une intervenante a précisé que les investisseurs venaient visiter pour investir, mais qu’ils se ravisaient dès qu’ils découvraient la réalité des lieux. Manque d’infrastructure et manque de moyens de divertissement sont la triste réalité des régions intérieures. Une autre intervenante a proposé qu’il fallait que la Tunisie attire les investisseurs à venir investir dans les activités touristiques qui plairaient au touriste américain, selon des normes qui leurs conviendraient.

Le premier ministre s’est dit être conscient  de ces faiblesses et que le programme national préparé, à juste titre, est orienté vers les régions : «125 milliards de dollars est le coût de ce programme qui s’étalera sur 5 ans et qui consiste à équiper les régions pour attirer les investisseurs », a-t-il dit, avant d’ajouter «  nous sommes un gouvernement provisoire qui ne durera que quelques mois, nous faisons de notre mieux, et j’espère que le prochain gouvernement travaillera dans la continuité ».

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