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dimanche 20 mars 2011

AVEC LES RÉFUGIÉS EN TUNISIE

Ancien médecin généraliste à Pulversheim, le docteur Samuel Saltzmann, directeur de la branche française d’une ONG internationale, a passé un peu moins d’une semaine dans un camp de réfugiés en Tunisie, à quelques kilomètres de la frontière libyenne. Il raconte.

Le docteur Samuel Saltzmann est désormais au service du Comité d’action pour les Chrétiens persécutés (CACP). Le travail de cette ONG chrétienne se fait en grande partie avec des partenaires locaux. C’est l’un d’eux, fin février, qui l’a prévenu de l’imminence d’une situation d’urgence à la frontière entre la Libye et la Tunisie. Le docteur Saltzmann s’est rendu sur place au milieu du mois de mars.
La majorité des réfugiés du camp de Choucha, près de la ville tunisienne de Ben Guerdane, sont des travailleurs étrangers : « Beaucoup de Bengalis sont là mais aussi des Maliens, des Ghanéens ». Le contact avec les Libyens est plus limité : « La plupart sont en voiture et ne s’arrêtent pas au camp. Par crainte des mercenaires, toutes les automobiles qui passent la frontière sont fouillées de fond en comble ».
La population du camp, de l’ordre de 20 000 personnes lors du séjour du docteur Saltzmann mais qui a augmenté depuis, est soumise à un va-et-vient incessant : « Tous les jours, il y a près de 1 000 personnes qui partent et 2 000 qui arrivent. »
L’évacuation vers l’Égypte a débuté, de même que le rapatriement des Bengalis vers leur pays d’origine. Beaucoup de ces derniers refusent cependant de quitter le camp en raison des maigres espoirs de travail que leur offrirait un retour au Bangladesh.
L’approvisionnement du camp s’organise sous la férule de l’armée tunisienne qui coordonne l’action des ONG présentes.
« Je dois dire que le travail des Tunisiens est remarquable, la nourriture est en quantité suffisante », dit le docteur Saltzmann.

« C’est leur contribution à la révolution »

La vie au camp est surtout rythmée par les distributions de nourriture qui, compte tenu du nombre de personnes, se déroulent bien. « Il y a parfois des tensions, c’est sûr, surtout à cause du manque d’eau et des difficultés de communication entre les réfugiés de différentes nationalités ».
Samuel Saltzmann se dit impressionné par l’importance des dons des Tunisiens : « Ils considèrent que c’est leur contribution à la révolution, ils attachent une grande importance à l’accueil fait aux réfugiés ».
Les membres du CACP ont aidé à servir la nourriture et ont préparé 6 000 repas par jour. « Aujourd’hui, les grosses structures comme le PAM (ndlr : Programme alimentaire mondial qui relève des Nations Unies) ont pris le relais. »
Pour autant, l’organisation reste prête à agir : « Tout dépend de ce qui va se passer dans les prochains jours, il est probable que de nombreux Libyens fuient vers la frontière égyptienne ». En cas de nécessité, une intervention rapide est envisagée, l’organisation disposant de deux contacts à Tripoli.

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