TUNISIA, Tunisia — Plus d'une centaine de personnes ont manifesté dimanche à Tunis pour réclamer la libération d'un haut fonctionnaire de police, Samir Feriani, arrêté depuis deux semaines pour avoir dénoncé de "graves dysfonctionnements" au sein du ministère de l'Intérieur, a-t-on constaté sur place. Un semblable appel a été lancé par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch.
Les manifestants, dont sa femme Leïla et ses enfants, ont dénoncé l'arrestation fin mai de M. Feriani, réclamé sa libération et appelé au départ du ministre de l'Intérieur Habib Essid. Entouré d'un important dispositif de sécurité, le petit cortège parti du théâtre municipal a gagné le ministère, sans incident.
Samir Feriani avait publié dans le journal "L'Expert" des lettres dans lesquelles il dénonçait notamment la nomination à des postes sensibles au ministère "de personnes impliquées dans des crimes à Kasserine (centre-ouest), avec preuves à l'appui" ainsi que dans des violations des droits de l'Homme. Il a également demandé l'ouverture d'une enquête sur la destruction d'archives de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) "impliquant clairement (l'ex-président Zine El Abidine) Ben Ali avec le Mossad israélien".
Dans cette lettre, il demandait en outre "des rapports précis sur les opérations sales commanditées par les services tunisiens", citant notamment la tentative de meurtre du journaliste français de "Libération", Christophe Boltanski, le 12 novembre 2005 sur ordre de M. Ben Ali.
L'affaire Samir Feriani est depuis en cours d'instruction auprès du tribunal militaire de Tunis. Selon l'un de ses avocats, Me Mohamed Abbou, M. Feriani est accusé notamment d'"atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat" et de "diffusion d'informations de nature à troubler l'ordre public".
Dans un communiqué, HRW exhorte les autorités tunisiennes à libérer le haut fonctionnaire de police et à cesser les poursuites dont il fait l'objet devant la juridiction militaire. "A un moment où de nombreux Tunisiens pensent que les responsables qui ont terrorisé la population sous Ben Ali détiennent encore d'importants pouvoirs dans l'appareil sécuritaire", Sarah Leah Whitson, qui dirige le département Moyen-Orient/Afrique du Nord à HRW, juge que "le gouvernement provisoire devrait plutôt encourager ceux qui tirent la sonnette d'alarme, et non pas utiliser les lois discréditées du régime déchu pour les emprisonner".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire