Cinq mois après la chute de Ben Ali, la Tunisie nouvelle se cherche encore, tout le pays respire un air de liberté et d'inquiétude mêlée. Mais nul doute que la raison l'emporte sur la ferveur révolutionnaire, maintenant que les élections viennent d'être fixées au 23 octobre.
De notre envoyé spécial. Les bougainvillées n'ont rien perdu de leur couleur, et à première vue, la Tunisie n'a pas changé. Cela reste le pays le plus souriant du Maghreb, mais «maintenant, nous éprouvons un sentiment généralisé de bonheur», confie Fadhel Moussa, doyen de la faculté des sciences juridiques de Tunis, avec une candeur qui n'est pas de la naïveté. Comment pourrait-il en être autrement, après s'être délivré d'un État policier qui aura duré 23 ans ? Cette «Révolution du jasmin» déclenchée en Tunisie le 14janvier par la chute de Ben Ali, est un soulèvement que personne n'avait vu venir, ni les Tunisiens eux-mêmes, les premiers surpris, ni les analystes et experts de tous bords.
Une révolte sans leader
Une révolte sans leader ni opposition incarnée par une figure de proue identifiable. «C'est rare dans l'histoire, et vraiment extraordinaire pour le monde arabe, où le culte du raïs, le chef, est poussé à son comble», souligne Samir Annabi, avocat et membre de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution. Imprévue et sans tête, la révolution a été aussi relativement pacifique. Seuls les biens et les résidences ont été dévastés, pendant que les plus hauts dignitaires ont été mis en prison. «Papa, donne les Trabelsi, ils ont fait tant de mal», suppliait la fille du président déchu, en l'incitant à lâcher la mafia dont il s'entourait, rapporte le majordome de la raïssa Leila Ben Ali, qui raconte dans un livre stupéfiant la vie du despote et de son clan dans les palais de Carthage et de Sidi Dhrif livrés aux meddeb, les voyants, et aux affairistes les plus véreux(*).
Elections le 23 octobre
«Qui commande dans ce putain de pays ?» avait l'habitude de crier Leila Trabelsi du temps de son pouvoir. La question se pose toujours aujourd'hui, dans des termes plus courtois, en attendant les élections annoncées pour le 23octobre par le premier ministre, Beji Caïd Essebsi. Un chef de gouvernement provisoire de 84 ans pour un pays à la moyenne d'âge proche de 29ans: l'équation tunisienne ne se résume pas à ces deux chiffres, mais ils montrent le vide et le bilan du «benalisme», qui laisse un pays exsangue malgré une croissance de 3,8% l'an dernier.
Un double atout
La Tunisie détient, cependant, un double atout. Elle est, et restera, la fille aînée des révolutions arabes, de l'Égypte au Yémen. Et même si l'insurrection libyenne à ses portes fragilise en retour la jeune démocratie tunisienne, cela lui vaut la reconnaissance du monde. Les femmes de Tunisie représentent, enfin, une force sans équivalent au sud de la Méditerranée. La polygamie y est interdite, et l'égalité des salaires une réalité, car sur ce terrain les Tunisiennes sont en avance sur la France. «Mais ce statut de la femme est plus inscrit dans le marbre que dans les mentalités», note une jeune juriste docteur en droit public, Salwa Hamrouni Gaddes, qui rappelle qu'une fille ne touche encore que la moitié de l'héritage par rapport au fils. Depuis la révolution, barbes et foulards islamiques ont fleuri dans l'administration, où ils étaient jusqu'ici interdits, et il ne faudrait pas que «les barbus» en cueillent tous les fruits.
Une révolte sans leader
Une révolte sans leader ni opposition incarnée par une figure de proue identifiable. «C'est rare dans l'histoire, et vraiment extraordinaire pour le monde arabe, où le culte du raïs, le chef, est poussé à son comble», souligne Samir Annabi, avocat et membre de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution. Imprévue et sans tête, la révolution a été aussi relativement pacifique. Seuls les biens et les résidences ont été dévastés, pendant que les plus hauts dignitaires ont été mis en prison. «Papa, donne les Trabelsi, ils ont fait tant de mal», suppliait la fille du président déchu, en l'incitant à lâcher la mafia dont il s'entourait, rapporte le majordome de la raïssa Leila Ben Ali, qui raconte dans un livre stupéfiant la vie du despote et de son clan dans les palais de Carthage et de Sidi Dhrif livrés aux meddeb, les voyants, et aux affairistes les plus véreux(*).
Elections le 23 octobre
«Qui commande dans ce putain de pays ?» avait l'habitude de crier Leila Trabelsi du temps de son pouvoir. La question se pose toujours aujourd'hui, dans des termes plus courtois, en attendant les élections annoncées pour le 23octobre par le premier ministre, Beji Caïd Essebsi. Un chef de gouvernement provisoire de 84 ans pour un pays à la moyenne d'âge proche de 29ans: l'équation tunisienne ne se résume pas à ces deux chiffres, mais ils montrent le vide et le bilan du «benalisme», qui laisse un pays exsangue malgré une croissance de 3,8% l'an dernier.
Un double atout
La Tunisie détient, cependant, un double atout. Elle est, et restera, la fille aînée des révolutions arabes, de l'Égypte au Yémen. Et même si l'insurrection libyenne à ses portes fragilise en retour la jeune démocratie tunisienne, cela lui vaut la reconnaissance du monde. Les femmes de Tunisie représentent, enfin, une force sans équivalent au sud de la Méditerranée. La polygamie y est interdite, et l'égalité des salaires une réalité, car sur ce terrain les Tunisiennes sont en avance sur la France. «Mais ce statut de la femme est plus inscrit dans le marbre que dans les mentalités», note une jeune juriste docteur en droit public, Salwa Hamrouni Gaddes, qui rappelle qu'une fille ne touche encore que la moitié de l'héritage par rapport au fils. Depuis la révolution, barbes et foulards islamiques ont fleuri dans l'administration, où ils étaient jusqu'ici interdits, et il ne faudrait pas que «les barbus» en cueillent tous les fruits.
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