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samedi 28 mai 2011

Le document de présentation de la Tunisie distribué au G8


Le document de présentation de la Tunisie distribué au G8

Lors d’une séance consacrée «au printemps arabe», le Premier Ministre tunisien Béji Caïd Essebsi, présentera vendredi, un plan économique nécessitant un apport de 25 milliards de dollars (environ 34,5 milliards de dinars) sur 5 ans, dont 5 milliards de dollars à court terme (6,9 milliards de dinars).

Pour aider les journalistes dans leur tâche, les organisateurs du sommet distribueront le texte suivant sur la Tunisie:

« Le peuple tunisien a, en un temps très court, et par la seule force de ses convictions démocratiques, réalisé une révolution pacifique qui fera date dans l’histoire de l’humanité. Les slogans lancés au cours de la révolution par notre peuple tunisien, et par sa jeunesse en particulier, ont puisé leurs sources dans les valeurs universelles : liberté, justice et démocratie. En tant que peuple majoritairement musulman, il a montré que l’Islam et la Démocratie sont deux notions parfaitement compatibles.

Aujourd’hui, la Tunisie se retrouve à un tournant de son histoire. Le pays est au seuil d’un processus de démocratisation fondamental qui peut s’appuyer sur des grands acquis, mais qui doit également faire face à de graves dangers qui risquent de grever le processus de transition démocratique. La Tunisie compte sur ses propres forces pour faire aboutir ce processus, mais elle a aussi besoin du support volontariste de la communauté internationale pour réussir sa transition économique et sociale.

A cette fin, la Tunisie a engagé un Programme de développement économique ambitieux articulé autour de cinq priorités :

• améliorer la gouvernance publique,
• accélérer l’équipement en infrastructures,
• développer le capital humain,
• Approfondir l’intégration économique dans les marchés internationaux,
• moderniser le secteur financier pour financer la croissance.

Le support du G8 sera déterminant pour la mise en œuvre de ce programme et donc pour la réussite de la transition économique, politique et sociale de la Tunisie.

La Tunisie est également persuadée qu’un partenariat réel passe par une meilleure compréhension entre les peuples. Elle appelle à l’établissement de programmes en faveur des jeunes dans le cadre d’échanges culturels et d’échange de jeunes volontaires ; en particulier,

• la participation dans les réseaux et programmes de l'Union Européenne dans le domaine de l’enseignement et de la recherche et la reconnaissance mutuelle des diplômes,

• la mise en place d’un partenariat de mobilité touchant notamment les étudiants, les enseignants, les chercheurs et les personnes d’affaires (bourses d’études, stages, etc.),

• une gestion concertée des flux migratoires dans une approche de co-développement.

La Tunisie mesure pleinement l’effort qu’elle sollicite auprès de la Communauté internationale et elle prendra naturellement toutes les dispositions pour assurer à la fois une efficacité et une transparence maximale pour cette aide. La Tunisie entend engager un véritable partenariat avec les bailleurs internationaux, fondé sur un dialogue régulier, avec des engagements mutuels par étapes.

I - Un rendez-vous avec l’Histoire

Le peuple tunisien a, en un temps très court, et par la seule force de ses convictions démocratiques, réalisé une révolution qui fera date dans l’histoire du monde arabe, voire de l’Humanité. Les slogans lancés au cours de la révolution par le peuple tunisien, et par sa jeunesse en particulier, ont puisé leurs sources dans les valeurs universelles : liberté, dignité, justice et démocratie. En tant que peuple majoritairement musulman, il a montré qu’Islam et Démocratie ne sont pas deux notions incompatibles.

La Tunisie souhaite écrire une nouvelle page de son histoire, en bâtissant sur les valeurs légitimes de cette révolution, une société moderne, saine, équilibrée et ouverte, fondée sur:

• Une stabilité politique saine et durable, basée sur une démocratie avec des institutions solides, au service du peuple et seulement de ce dernier, simples et transparentes, ne tolérant ni la corruption ni le clientélisme,

• Un équilibre juste dans le développement des régions du pays et entre les couches sociales afin d'endiguer les fractures structurelles économiques et sociales (pauvreté et chômage) et d’accroître le bien être de la population tunisienne,

• Un rôle actif d'intégration et de développement dans la région euro-méditerranéenne, du monde arabe et du Maghreb, véhiculant les valeurs de sa révolution et avec une ouverture marquée a tous les acteurs.

La Tunisie se retrouve aujourd’hui à un tournant de son histoire. Le pays est au seuil d’un processus de démocratisation fondamental qui s’appuie sur des acquis mais qui doit également faire face à de graves dangers. Les conséquences économiques sociales et surtout politiques d’un échec seraient en effet désastreuses pour la Tunisie et ses voisins les plus proches, en Afrique du Nord comme en Europe. La Tunisie compte sur ses propres forces pour faire aboutir ce processus, mais elle a besoin en même temps du support volontariste de la communauté internationale pour réussir sa transition économique et sociale : la révolution tunisienne est un bien public mondial, son échec constituerait une perte pour l’humanité.

La Tunisie possède des atouts importants pour réussir cette transition : taux d’alphabétisation élevé, classe moyenne développée, statut très avancé pour les femmes et haut niveau d’éducation de la population. En outre, la compétitivité de l’économie Tunisienne, s’ajoutant à un positionnement stratégique dans le bassin méditerranéen, positionne la Tunisie comme un carrefour économique majeur. Ces atouts ont été consolidés par les acquis de la révolution tunisienne: disparition d’un système mafieux qui ponctionnait l’économie et entravait la libre concurrence et la liberté d’investissement, liberté d’expression sans entrave, instauration d’un dialogue national entre toutes les sensibilités politiques, et choix de la parité totale sur les listes électorales.

Ces atouts ont déjà séduits plus de 3000 entreprises internationales, ce qui fait de la Tunisie le premier pays d’implantation des entreprises étrangères au sud de la Méditerranée. Appuyées et soutenues par leurs employés, ces entreprises, comme leurs homologues tunisiennes, ont fait preuve d’une admirable capacité de résilience et d’adaptation au contexte socio-économique, avec l’instauration d’un nouveau dialogue social et d’une approche citoyenne. Elles ont pour la plupart d’entres elles maintenu leurs recrutements et leurs projets d’investissements

Néanmoins, la Tunisie doit répondre à deux défis structurels, l’un économique l’autre social, et dont la résolution est un pré-requis à sa stabilité. Premièrement, le chômage des jeunes qui a atteint un niveau historique (30% de chômage parmi la population 20-24 ans) doit être réduit rapidement pour redonner espoir à la jeune génération tunisienne. Deuxièmement, les disparités économiques et sociales régionales doivent être résorbées en encourageant la redistribution des richesses et en désenclavant les zones rurales.

La Tunisie doit en outre surmonter une situation critique à court terme. Les incertitudes nées de la transition ont eu un impact conjoncturel négatif sur l’économie tunisienne avec un coût estimé à près de 5% du PIB du pays. Les prévisions de croissance sont faibles, le budget de l’Etat et la balance commerciale ont été négativement affectés et les investissements directs étrangers ont diminué. Enfin, les répercussions de la situation en Libye induisent plus de 200 millions de dollars de pertes par mois – la Lybie étant jusqu’à l’année dernière le deuxième partenaire commercial de la Tunisie. La Tunisie a également assuré le transit de plus de 300 000 personnes en deux mois, a soigné dans ses hôpitaux des milliers de blessés, et doit supporter le coût du retour des milliers de tunisiens auparavant employés sur le sol Libyen et venus grossir les rangs des chômeurs.

II - auquel nous invitons la communauté internationale

Le peuple tunisien s’est engagé aujourd'hui avec détermination dans la construction d’un État démocratique, stable et prospère, fondé sur des institutions pérennes. La Tunisie a engagé toutes ses ressources dans cette transition ; elle n’y parviendra toutefois pas seule.

Les transitions démocratiques engendrent souvent « une courbe en J » : une perte de croissance liée à une instabilité temporaire, avant une reprise politique et économique. La Tunisie a besoin de l’aide de la communauté internationale afin d'éviter la phase de décroissance initiale que son économie et sa société ne peuvent pas se permettre. En l’absence d’aide internationale, le risque est grand que la Tunisie n’entre dans un cercle vicieux, la pauvreté et augmentation du chômage entraînant l’instabilité politique et l’isolationnisme qui, à leur tour, induiraient l’accroissement de la pauvreté et du chômage. Au niveau international, la conséquence en serait la propagation des extrémismes, ainsi que la multiplication des vagues de migrations.

L’aide de la communauté internationale est nécessaire à la fois pour contribuer aux investissements structurels vitaux pour la Tunisie et pour l’aider à faire face aux risques économiques de court terme.

Cette aide doit se décliner en:

• aide immédiate,
• soutien à un plan de développement économique et social sur 5 ans,
• soutien à l’accès aux marchés et au développement du partenariat,
• soutien au rapprochement et au dialogue entre les peuples.

C’est de cette manière que le G8 et l’ensemble de la communauté internationale pourront prendre toute leur part à ce rendez-vous avec l’Histoire que la Tunisie a provoqué.

III - tout en nous engageant

La Tunisie mesure pleinement l’effort qu’elle sollicite auprès de la Communauté internationale et elle prendra naturellement toutes les dispositions pour assurer à la fois une efficacité et une transparence maximale pour cette aide. En particulier:

• Les fondamentaux économiques de la Tunisie sont sains et les perspectives à moyen et long terme très encourageantes : l’appui ponctuel du G8 permettra de relancer la dynamique économique du pays, freinée par un contexte politique et international particulièrement difficile.

• La Tunisie s’appuiera sur des organismes stables et au professionnalisme reconnu pour piloter l’utilisation des fonds. Le pilotage reposera notamment sur la Caisse des dépôts et sur le fond intergénérationnel, ainsi que sur les administrations dédiées aux infrastructures et à l’emploi. La pérennité de l’administration tunisienne et la qualité de ses fonctionnaires — qui ont su par le passé mettre en œuvre des programmes de développement aux résultats très positifs — représentent une garantie réelle de continuité des projets lancés.

• La Tunisie mettra en place un dispositif dédié et centralisé de reporting, assurant une communication régulière à l’attention des bailleurs de fonds internationaux. L’attribution des marchés se fera dans le respect des meilleures pratiques internationales.

CONCLUSION

La Tunisie est à l’avant-garde de la transition démocratique arabe. Sa population a atteint un haut niveau d’éducation. Le statut, exceptionnel pour le monde arabe, qu’y a acquis la femme est un grand facteur d’espoir. Le succès de cette transition offre l’opportunité de démontrer qu’il est possible de bâtir une démocratie, stable et ouverte sur le monde, dans le monde arabe.

Le plan de développement économique et social élaboré par la Tunisie et présenté au G8 est un projet cohérent, répondant à une stratégie de long terme, permettant de générer une croissance durable et partagée. Le soutien du G8 sera déterminant pour en assurer le succès. »

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