Nombre total de pages vues

lundi 23 mai 2011

Tunisie - Kamel Jendoubi explique pourquoi il faut reporter au 16 octobre les élections de la Constituante

Dans une conférence de presse tenue à Tunis, dimanche 22 mai 2011 dans l’après-midi, l’Instance supérieure indépendante des élections a estimé à quatre mois et demi de travail continu la période nécessaire pour préparer les conditions matérielles d’élections libres, démocratiques et transparentes.

Elle s’est basée dans son estimation sur l’évaluation de l’espace-temps imparti à chaque opération du processus électoral à partir de l’installation des différentes structures de l’Instance électorale jusqu’à la déclaration des résultats définitifs. C’est ce qui explique sa proposition de la date du 16 octobre pour la tenue des élections de la Constituante.
Kamel Jendoubi, président de l’Instance supérieure indépendante des élections, a énuméré les étapes nécessaires avant la tenue des élections et insisté sur l’impératif de disposer d’une structure indépendante par rapport à l’administration publique sur les plans administratif, financier et technique.

« Il faut près de 30 jours pour mettre sur pied la structure complète de l’Instance avec ses sections régionales et locales ainsi que ses départements techniques et financiers », a expliqué Boubaker Ben Thabet, secrétaire général de l’Instance.
Pour ce qui est des autres tâches, M. Jendoubi a insisté sur le fait que « la logistique disponible actuellement (état des listes électorales, répartition des bureaux de vote, absence d’agents formés pour un tel processus, etc.) ne permet pas à l’Instance de garantir la tenue d’élections répondant aux aspirations des Tunisiens. »
Il a, notamment, fait référence à la maîtrise de l’opération depuis le début. « Il nous faut disposer de structures complètement indépendantes du ministère de l’Intérieur’, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il s’agit de mettre sur place tout un édifice en mesure de chapeauter et contrôler l’opération électorale d’une manière indépendante. »

Par ailleurs, le président de l’Instance électorale a précisé que son équipe s’est également inspirée des expériences comparées dans d’autres pays. « Nous avons également disséqué l’opération électorale en plusieurs phases, dont l’exécution est indépendante de l’administration publique. Il y a un impératif de rompre avec les pratiques de l’ancien régime. Or, ces opérations nécessitent des espaces-temps minimums sous lesquels on ne saurait descendre, à l’image de l’inscription des électeurs et les diverses réclamations », a-t-il expliqué.
Kamel Jendoubi a toutefois souligné que « la situation actuelle ne permet certes pas d’élections de la Constituante à la date du 24 juillet, mais que la date du 16 octobre n’est qu’une proposition ». Il a espéré l’installation d’un débat politique fructueux et consensuel autour de cette question. « Il s’agit de l’avenir de la Tunisie et nous sommes dans l’obligation d’être fidèles aux principes de la Révolution, notamment, la souveraineté du peuple à travers des élections libres, transparentes et démocratiques », a-t-il conclu.

Les propos de Kamel Jendoubi ont déjà suscité plusieurs réactions dans la classe politique, dont plusieurs composantes ne sont pas chaudes à ce report. Ainsi, le dirigeant d’Ennahdha, Ali Laridh, s’est indigné ‘d’une absence de consultations préalables approfondies avant l’annonce d’une telle proposition’. Il s’est interrogé pourquoi a-t-on organisé une conférence de presse un dimanche, contrairement aux usages. Il est vrai que nous avons été conviés, nous autres journalistes dimanche matin à cette conférence.
Pour sa part, le Parti démocratique progressiste (PDP) refuse ce report et ‘appelle le Premier ministre et le Président par intérim à entamer des consultations pour tracer une feuille de route claire en mesure de faire sortir le pays de cette impasse politico-économique’. Idem pour le CPR de Moncef Marzouki qui ne voit rien de bon en ce report.

D’autres formations comme le Parti du travail patriotique démocratique, Afek Tounes, le Mouvement des patriotes démocrates, l’Alliance nationale pour le progrès et la prospérité, le Parti réformiste tunisien trouvent que ce report est en harmonie avec leurs agendas et leur permet de mieux s’implanter dans le pays.
L’UGTT, quant à elle, estime que ce report n’est pas si grave et qu’il va servir le processus démocratique et la transparence.
Un grand débat en perspective.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire