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lundi 14 mars 2011

Tunisie : la France multiplie les rencontres pour redorer son blason

C’est à « un dialogue d’égal à égal, respectueux du chemin parcouru par le peuple tunisien, que nous nous sommes livrés », ont assuré Mehdi Houas, ministre tunisien du Commerce et du tourisme, et Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, au terme d’une rencontre à Bercy, le 11 mars. Les deux responsables politiques, le Français - né à Tunis - et le Tunisien – né à Marseille et fondateur de Talan, une société française dans les nouvelles technologies - se sont félicités de leur entrevue qui aura duré une heure.
Pierre Lellouche avait déjà annoncé qu’il se rendrait les 17 et 18 mars à Tunis, lors d’une réunion, le 9 mars, avec une trentaine d’entreprises françaises affectées par les révolutions arabes. A cette occasion, il avait souligné la mobilisation des services du Trésor, « en liaison avec le Quai d’Orsay », évoquant au passage les difficultés des entreprises : « interruption des paiements », problèmes de trésorerie de PME, etc.
La France compte en Tunisie 1 250 entreprises, dont 500 filiales, employant quelque 110 000 personnes. « Comme la Tunisie ne peut pas tout faire seul, la France et l’Europe peuvent l’accompagner », a expliqué Pierre Lellouche. Le ministre a révélé qu’une « délégation du Trésor se trouvait la veille à Tunis » et souligné la nécessité que la Tunisie « puisse accéder au statut avancé de l’Union européenne », un dossier, a-t-il rappelé qu’il avait eu l’occasion de pousser dans ses fonctions précédentes de ministre des Affaires européennes.
Depuis la démission de Michèle Alliot-Marie du Quai d’Orsay, la France fait profil bas et cherche à redorer son blason. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Alain Jupé, est aussi annoncé à Tunis. En fait, la France se livre à un ballet de membres de son gouvernement en Tunisie, depuis la visite, le 22 février, des ministres de l’Economie et des Affaires européennes, Christine Lagarde et Laurent Wauquiez. Leur ont ainsi déjà succédé, le 2 mars, Frédéric Lefebvre, secrétaire d’Etat au Commerce, à l’artisanat et aux PME, et, les 6 et 7 mars, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre responsable de l’Ecologie.
En charge aussi du tourisme, Frédéric Lefebvre a convenu de l’importance de relancer le secteur pour sauver la saison printanière et estivale en Tunisie. L’an dernier, les Français y représentaient 20 % des touristes, soit 1,4 million. Donc, l’enjeu est considérable, d’autant qu’une partie de la manne touristique s’envole aujourd’hui avec la révolution en Libye. En 2010, les Libyens constituaient un total de deux millions de touristes, a rappelé, à Paris, Mehdi Houas, selon lequel « l’année en cours sera difficile pour tout le monde ». Fidèle à ce qu’il avait déclaré le 9 février, le ministre tunisien demeure partisan d’une hausse des salaires de 15 %, « une mesure de justice sociale et de remise à niveau », selon lui, « ce qui ne veut pas dire que les tarifs doivent être augmentés de 15 % », a-t-il précisé, en insistant sur le fait qu’il ne fallait pas « brader la destination Tunisie ».
Bien au contraire, six semaines seulement après avoir rejoint le gouvernement, Mehdi Houas exhorte la profession à « préparer les années 2012, 2013 et 2014 sur des bases solides, afin de sortir la Tunisie du simple tourisme balnéaire ». Et d’insister encore sur la nécessité d’améliorer le service pour parvenir à un tourisme plus haut de gamme, à l’instar du Maroc (plus de 10 millions de touristes l’an dernier), qui bénéficie ainsi d’un tourisme plus rémunérateur (950 euros dépensés par touriste, contre 369 euros en Tunisie).
A Tunis, Nathalie Kosciusko-Morizet a examiné un certain nombre de projets dans l’intérieur du pays, dans les zones minières, les quartiers défavorisés ou touchant à la formation en logistique des jeunes. L’Agence française de développement (AFD) doit être mobilisée. Petit pays de 10,5 millions d’âmes, « la Tunisie compte 500 000 chômeurs, dont 170 000 diplômés de l’enseignement supérieur », selon Mehdi Houas, qui estime que, « le pays bien géré, sa production intérieure peut doubler, tripler ». Aussi, est-il important de « rassurer les entreprises étrangères » et « de le faire de façon transparente et sincère ». Pas question non plus de se livrer à une chasse aux sorcières dans le cadre des affaires touchant aux familles Ben Ali-Trabelsi de l’ancien président et de son épouse. Il faut, selon lui, « régler les problèmes de façon transparente au cas par cas et solder le passé de façon équitable ».
Répondant à une question de moci.com sur les promesses que la France a faites aux lendemains de la « révolution du jasmin » (14 janvier) en matière d’aide à la formation et l’organisation d’opérations extérieures (participation de sociétés tunisiennes dans des salons…), le ministre tunisien a promis la mise en place d’un plan d’actions dans les deux mois à venir. A Paris, Pierre Lellouche a aussi pointé « les produits contrefaits qui arrivent par conteneurs en Tunisie ». Pour mettre fin au commerce parallèle et protéger l’artisanat local, la France peut aussi apporter « son savoir-faire », assure-t-il.

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