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mardi 15 mars 2011

« Je veux faire de la Tunisie la Suisse du monde arabe »

Dimanche, vous serez à Tunis pour fonder officiellement votre parti, pourquoi cette date ? Le 20 mars 1956, la Tunisie devenait indépendante. Je fais un clin d’œil à Habib Bourguiba en venant créer un Nouveau parti nationaliste tunisien. Je lui dois bien ça. C’est le père de la Nation...

Dimanche, vous serez à Tunis pour fonder officiellement votre parti, pourquoi cette date ?
Le 20 mars 1956, la Tunisie devenait indépendante. Je fais un clin d’œil à Habib Bourguiba en venant créer un Nouveau parti nationaliste tunisien. Je lui dois bien ça. C’est le père de la Nation.
Pensez-vous que Bourguiba correspond à l’attente de la Tunisie d’aujourd’hui ?
Non, 45 % de la population tunisienne a moins de 25 ans. Ils n’ont pas connu Bourguiba mais Ben Ali l’usurpateur et sa coiffeuse arriviste. Bourguiba a été terni par Ben Ali pendant la période où il était ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre, le laissant apparaître sénile et inactif.
Depuis l’annonce de votre candidature dans L’Est républicain, reprise par les médias tunisiens, que s’est-il passé ?
Ma consommation téléphonique a explosé. Les messages de soutien ont afflué, les critiques aussi… Quelques-uns m’ont traité de « fils de bourge » avec ma chemise blanche et ma montre suisse, d’autres m’ont conseillé de rester chez moi, mais c’est normal. Cela peut être choquant dans la Tunisie vivant le chaos de voir un type au look européen débarquer avec ses idées pour le pays. Mais les gens vont apprendre à me connaître.
Qui vous contacte et que vous disent-ils ?
Un peu tout le monde, des gens modestes, des mineurs de Gafsa, des habitants de Tataouine, des hommes d’affaires, beaucoup de binationaux, des jeunes surtout et même des femmes voilées. J’ai retrouvé des amis que j’avais perdus de vue depuis le lycée et qui sont établis en Chine ou au Canada. C’est surréaliste et très encourageant. Tous les soirs, après la clôture de Wall street, à 22 h 15, je mange puis je m’accorde une bonne heure de tchatche avec mes interlocuteurs sur Facebook. Je suis ému. On me demande comment je vais apporter de l’argent à la Tunisie. Comment je vais combler le fossé entre la Tunisie profonde et la bourgeoisie. Quels sont les liens avec les islamistes.
« Je suis un nationaliste libéral »
Quels sont-ils justement et où vous situez-vous sur l’échiquier politique ?
Je suis nationaliste libéral, un parti de droite mais généreux quant à la redistribution des fruits de la croissance économique que je vais générer. Mais la gauche et la droite ça ne veut rien dire en Tunisie. Je ne conçois pas ce pays évoluant dans un rapport de lutte des classes. Les islamistes, je les considère à l’extrême droite. Ce sont des alliés potentiels et je les respecte. Ils sont les garants des valeurs de l’islam. Moi, je suis musulman mais mon parti est laïque. Je représente la modernité et le catalyseur des forces vives de la Nation. Avec eux nous formons une force inouïe. Je n’attends rien des forces de gauche sinon des polémiques à n’en plus finir…
Pensez-vous avoir réellement le temps de vous faire connaître de la population ?
L’autre jour, le site web Kapitalis m’a consacré un article. Le lendemain j’avais une centaine de demandes de renseignements. Là je vais me rendre 10 jours en Tunisie pour déposer les statuts du NPNT, tenir la première assemblée générale, nommé les derniers chefs de sections dans les gouvernorats. Je me rendrai aussi dans deux villes. Sidi Bouzid où tout a commencé et le Kef, qui est la région céréalière car le blé est l’emblème du parti. Des élections auront lieu le 24 juin pour créer une assemblée constituante qui sera chargée de revoir la constitution. Les rumeurs les plus fondées situent la date de l’élection présidentielle à la mi-novembre. J’ai largement le temps de militer et de rencontrer les habitants de 24 villes. J’irai au contact des gens, avec ma chemise blanche aux manches longues.
Quelle est votre ambition pour la Tunisie ?
Je veux en faire la Suisse du monde arabe. Si je suis élu, je vais me transformer en VRP pour trouver les fonds d’un plan Marshall. Et ce que je sais faire en temps que gestionnaire de patrimoine, je vais le faire pour la Tunisie. Pour 10 millions d’habitants, on peut gouverner depuis une salle de marché. Ben Ali a détourné 5 milliards de dollars. Un seul placé dans un fond de spéculation peut rapporter 1 million de dollars par jour. C’est peu et beaucoup à la fois. Cela permettrait de lancer les projets locaux et de créer un fonds des générations futures, pour financer les dépenses de santé et de scolarité des enfants qui ne sont pas encore nés. Car je veux aussi que la Tunisie se forge un vivier intellectuel, en particulier par les mathématiques, toujours dans le but ultime de générer des retombées économiques.
Paradoxalement, depuis la Révolution, la fuite des jeunes Tunisiens s’amplifie ?
C’est dommage. Ils n’ont rien à gagner à venir en Europe où l’on ne veut pas d’eux. Ils seront humiliés, exploités, méprisés, logés dans des taudis pour un salaire de misère payé au noir. C’est une perte de temps. Ils bousillent leur jeunesse au lieu de la consacrer à leur pays. Mais sont-ils prêts à l’entendre ?

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