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samedi 19 mars 2011

LIBYE-TUNISIE: Le manque d’informations entrave la réponse humanitaire


RAS JEDIR, 19 mars 2011 (IRIN) - Alors que les Nations Unies viennent d’autoriser une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye et « toutes les mesures nécessaires », mis à part l’invasion, « pour protéger les populations et les zones civiles », les agences humanitaires présentes juste de l’autre côté de la frontière tunisienne essaient de se préparer à toute une série de cas de figure différents.

« La situation est vraiment étrange, » a dit Fakhreddine Sraoulia du Croissant Rouge Tunisien. « Nous devons être prêts à [faire face] au pire scénario, qui pourrait être l’arrivée de plusieurs milliers de personnes ou un retour aux scènes de chaos que nous avons vues à la frontière il y a deux semaines. Mais d’un autre côté, ce n’est peut être pas ce qui va se passer. »

Une augmentation brutale du nombre de réfugiés pourrait être provoquée aussi bien par une recrudescence des violences que par une amélioration, une accalmie de la situation.

« Nous ne sommes pas présents de l’autre côté et c’est difficile pour nous d’estimer qui nous allons accueillir dans les jours et les mois qui viennent, » a dit Firas Kayal, porte-parole de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au camp de transit de Choucha , situé à 25 kilomètres à l’intérieur de la Tunisie.

« Nous faisons de la planification d’urgence, tout en concentrant nos efforts sur le problème que nous avons ici, » a t-il dit à IRIN. « Nous continuons à penser que seuls 15 à 20 pour cent des travailleurs migrants de Libye ont quitté le pays. Les choses pourraient bien sûr changer de façon dramatique ; il nous faut donc être prêts. »

A Choucha, les ressources sont vraiment mises à rude épreuve, mais les organisations non gouvernementales (ONG) et les agences onusiennes disent se préparer à l’arrivée éventuelle de milliers de travailleurs migrants et de réfugiés de plus. L’Organisation internationale des migrations (OIM) dit avoir besoin de fonds supplémentaires pour augmenter la cadence des évacuations.

« Lundi [14 mars], l’OIM a évacué près de 4 000 migrants vers le Bangladesh, le Mali, le Soudan et d’autres pays à partir de Choucha, » a dit Mohammed Abdiker, directeur des opérations de l’OIM. « Cependant, la nuit d’avant, 7 850 personnes avaient fui la Libye. Le calcul n’est pas compliqué. Il faut vraiment accélérer les évacuations pour faire face à un afflux d’arrivants qui ne va pas s’arrêter dans un proche avenir. »

Selon des renseignements donnés à l’OIM par le gouvernement ghanéen, les groupes évacués comprenaient 800 Ghanéens chassés de leur domicile vers les plages de la cité libyenne de Misrata. Les migrants auraient reçu l’ordre de quitter le pays sous les deux jours.
« Nous voulons pouvoir évacuer 6 000 personnes par jour, » a ajouté M. Abdiker. « Mais pour ce faire, l’OIM a besoin de toute urgence de donateurs qui fournissent de nouveaux fonds substantiels, d’autant plus qu’on nous signale de plus en plus de migrants ayant besoin d’aide, en Libye comme à l’extérieur. »

Stockage de réserves

Afin de répondre à une augmentation dramatique du nombre de nouveaux arrivants, les organisations humanitaires font des réserves de nourriture, de fournitures médicales et d’articles non-alimentaires, dans le camp et aux abords du camp.

Cette semaine, 47 tonnes d’approvisionnement du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) - dont des kits d’hygiène et des rations nutritionnelles pour les enfants – sont arrivées à la ville frontalière de Ben Guerdane. L’UNICEF est en train d’installer 300 dalles de latrines et 80 toilettes chimiques. Choucha a aussi reçu un chargement de 319 tentes et en attend 3 600 supplémentaires.

A deux kilomètres de Choucha, s’est ouvert un camp de transit d’une capacité de 7 000 places, financé par les Emirats Arabes Unis ; le camp commence à se remplir.

Save the Children, qui a commencé à travailler à Choucha cette semaine, s’efforce de développer dans le camp des espaces mieux adaptés aux enfants, en cas de nouvel exode de familles venant de Libye. L’organisation aura bientôt six travailleurs qualifiés pour gérer les installations et distribue des lampes de poche aux familles à leur arrivée.

L’UNICEF prévoit de faire un recensement pour établir le nombre de familles installées dans le camp et a commencé à vacciner les moins de cinq ans contre les maladies les plus risquées.

Les ressortissants d’Afrique sub-saharienne

Au cours des derniers jours, le pourcentage de travailleurs migrants et de réfugiés de pays d’Afrique sub-saharienne arrivant au camp a augmenté. Selon le HCR, entre 40 et 50 familles se sont installées cette semaine dans la zone du camp de Choucha adaptée aux enfants.

Un bébé, le premier de Choucha, est né au camp le 13 mars.

« Il est important d’avoir au camp un espace destiné aux enfants et aux familles, » a dit à IRIN Mary, une Ghanéenne mère de deux enfants. « Quand de nouvelles familles arrivent, nous pouvons rester ensemble, plutôt qu’à l’autre bout du camp qui est surtout pour les hommes. »

Les ONGs se préparent également à un afflux de personnes souffrant de stress et de traumatismes.

Selon le Corps médical international (IMC), des informations non confirmées indiquent que des femmes sub-sahariennes auraient été séparées de leur famille et victimes d’attaques sexuelles alors qu’elles tentaient d’atteindre la frontière tunisienne.

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