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mardi 28 juin 2011

Tunisie: les islamistes d'Ennahdha se retirent de la commission des réformes politiques

Le mouvement islamiste tunisien Ennahdha a annoncé lundi qu'il se retirait définitivement de la Haute instance chargée des réformes politiques et de la transition démocratique. Son président, Rached Ghannouchi, lui a notamment reproché de s'ériger en assemblée parlementaire, alors qu'elle ne dispose pas, selon lui, de légitimité issue des urnes.
Cette instance est l'une des trois commissions mises en place au lendemain de la chute du régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier dernier en Arabie saoudite à la suite d'un soulèvement populaire. La principale tâche qui lui a été assignée est la préparation de l'élection d'une Assemblée constituante.
Les représentants d'Ennahdha avaient récemment suspendu leur participation à cette instance pour protester contre le report au 23 octobre prochain de l'élection de la Constituante, initialement prévu le 24 juillet. Ils l'avaient néanmoins réintégrée après des consultations avec le gouvernement et les autres partis politiques.
Sur le fond, Ennahdha reproche à la Haute instance de s'ériger en assemblée parlementaire, alors qu'elle ne dispose pas, selon lui, de légitimité issue des urnes. Anticipant ce départ, le président de l'instance, le juriste Yadh Ben Achour, avait assuré le week-end dernier à Tunis que le retrait du mouvement islamiste n'aurait aucun impact sur le travail de l'organe qu'il dirige. "Nous respectons son opinion, mais nous allons poursuivre la mission qui nous est dévolue", a-t-il déclaré.
Cheikh Ghannouchi a estimé que la Haute instance avait "dévié" de sa mission en tentant "d'imposer loin de tout consensus ni de consultation" un ordre du jour qui pourrait encore une fois mettre en cause la nouvelle échéance électorale du 23 octobre.
Outre la controverse sur le financement des partis, l'un des points de contentieux porte sur la question de la normalisation avec Israël. Le mouvement islamiste voulait que le refus de toute normalisation avec l'Etat hébreu soit inscrit dans le projet de pacte républicain en cours de discussion.
Dans un communiqué, Ennahdha a accusé lundi "une minorité dominante" ainsi que M. Ben Achour d'avoir "trahi l'esprit de consensus" sur lequel a été fondé cet organe. Toutefois, le mouvement islamiste laisse entendre qu'il peut réintégrer l'instance "au cas où celle-ci révisait son attitude pour faire prévaloir le principe du consensus".
Le chef d'Ennahdha a par ailleurs exprimé ses "regrets" à la suite de la manifestation violente survenue dimanche à Tunis lors de la projection d'un film sur la laïcité intitulé "Ni Allah ni maître". "Nous refusons toute forme de violence et respectons la liberté de culte", a martelé Rached Ghannouchi, tout en dénonçant les "provocations" dont ferait l'objet son mouvement.
"Certains tirent des sonnettes d'alarme en présentant Ennahdha comme un ogre qui menace les droits de la femme et le tourisme", s'est-il insurgé. Il y a perçu "un harcèlement qui conduirait à l'exclusion du mouvement, voire à de nouveaux procès à l'instar de ceux montés par le régime de Ben Ali contre les islamistes"

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