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dimanche 26 juin 2011

Tunisie : Ennahdha compte sur les femmes et prédit le chaos si…



Les dividendes de la révolution en Tunisie pourraient s’envoler si les élections étaient de nouveau reportées ou fondre sous l’effet des violences d'inspiration politique, avertit Rached Ghannouchi, le chef d'Ennahdha, le principal parti islamiste.

Dans une interview au quotidien britannique « The Guardian », il a prévenu que le report du scrutin - du 24 Juillet to 23 Octobre – pourrait ne pas être le dernier, et la tenue d'une élection au début de l'année scolaire et universitaire dans un contexte de contestation estudiantine et de grèves ouvrières pourrait fournir une occasion pour fomenter le chaos. Il a estimé que le report du scrutin est une tentative menée par les partis qui ont cohabité avec la dictature de Ben Ali pour regagner leurs positions. «Ils tentent d'échapper aux urnes. Ceux dont le poids est faible, ne veulent pas monter sur la balance."
Ennahdha et le Parti démocratique progressiste ont conclu des compromis pour maintenir le processus électoral sur les rails, étant convaincus que la transition démocratique est plus importante que le résultat. Ennahdha accepté à contrecœur le report de l'élection, après que tous les autres partis l’ont accepté, mais elle n’est pas convaincue du bien-fondé des raisons invoquées.
"Il est maintenant question d'organiser des élections présidentielles ou d’introduire des amendements à la constitution et d'organiser un référendum, ou encore de convertir le Conseil pour la réalisation des objectifs de la révolution en un parlement ayant vocation à légiférer. En fait, il accomplit déjà cette mission bien avant l'élection de l'assemblée constituante, ce qui montre que cette assemblée est, aux yeux de certaines personnes, une chose indésirable ", affirme Rached Ghannouchi.
Il n'existe pas de sondages d'opinion fiables sur ce qui va arriver aux 80 partis politiques en Tunisie. Le chef d’Ennahdha a indiqué que le représentant dominant de l’ancien échiquier politique était le parti Ettajid, l'ancien parti communiste tunisien pour lequel son parti était l'ennemi numéro un. "Ils n'ont pas confiance dans leur capacité à croiser le fer avec Ennahdha , et c’est pourquoi ils appellent de leurs vœux des reports de scrutin, l’un après l'autre . Fixer la date des élections pour le début de l'année universitaire pourrait être pour un motif de les reporter à nouveau, parce que pareille date coïncide avec une grande instabilité et une agitation estudiantine et ouvrière ", a-t-il dit.
Ghannouchi estime que la révolution est irréversible: «Le peuple tunisien s’est libéré et n'acceptera jamais un nouveau dictateur, sous n'importe quel nom, islamique ou autre. Mais il y a une peur du chaos, si la période de transition est longue et si le pays perd du temps. ».
Le tourisme a diminué de moitié et le chômage a doublé depuis le soulèvement. La vie de la plupart des Tunisiens est plus difficile maintenant, mais, dit-il, les Tunisiens retrouvent le sourire. «Ils se sentent en confiance, et ceci est visible sur le plan psychologique : Il ya moins d'accidents de la route, le taux des divorces est en baisse, et moins de gens sont traités en psychiatrie. Les Tunisiens sont plus confiants dans l’avenir et il y a davantage de solidarité et de cohésion sociale. "
D’autre part, Il s’est déclaré confiant dans la capacité de son parti à fonctionner dans une société pluraliste de la démocratie multipartite.
"Quand la loi électorale a été discutée, il était prévu que la disposition relative à la parité homme-femme dans les listes des partis devrait semer l'embarras dans les rangs des islamistes. C’est le contraire qui s’est produit, parce que nous étions en mesure de mobiliser davantage de femmes se réclamant de notre mouvement dans les zones rurales que tout autre parti pouvait le faire ", a-t-il conclu.

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