Le gouvernement provisoire de Tunisie a décrété samedi un couvre-feu dans la capitale et ses environs au terme d'une troisième journée de manifestations.
Dans un communiqué, les ministres de l'Intérieur et de la Défense ont déclaré que le couvre-feu pour la région de Tunis avait commencé samedi et serait en vigueur chaque nuit de 21 h à 5 h.
Cette décision, qui survient après trois jours consécutifs d'affrontements entre protestataires et policiers anti-émeute, témoigne des efforts du gouvernement pour ramener l'ordre en Tunisie à la suite du soulèvement populaire qui a mis fin, en janvier, aux 23 ans de règne du président El Abidine Ben Ali.
Le nouveau couvre-feu rappelle une mesure similaire mise en place par le régime de Ben Ali avant sa chute dans sa tentative pour réprimer ce qui a été surnommé la «révolution du jasmin» et qui a donné naissance au printemps arabe.
Selon l'agence de presse tunisienne TAP, le gouvernement provisoire a décidé d'instaurer un couvre-feu en raison «d'actes de violence, de pillages et d'attaques commis contre des biens publics et privés» vendredi et samedi.
Samedi, TAP a également rapporté que le président Fouad Mebazaa avait retiré au ministre de l'Intérieur Fahat Rajhi la direction de la Haute commission de la Tunisie sur les droits de l'homme.
Le ministre Rajhi avait provoqué la surprise au sein du gouvernement en affichant sur Facebook une vidéo dans laquelle il affirmait que l'armée se préparait à prendre le pouvoir advenant la victoire d'un parti islamiste aux élections de juillet.
Le gouvernement et plusieurs formations politiques ont dénoncé les propos de l'ancien juriste, soutenant que c'était irresponsable de les tenir à un moment où la Tunisie s'acheminait vers la démocratie.
Les commentaires de Fahat Rajhi ont alimenté les trois jours de contestation. Samedi, des centaines de manifestants ont défilé devant le ministère de l'Intérieur en scandant des slogans anti-gouvernementaux, exprimant ainsi leur crainte pour la santé de la démocratie tunisienne.
Comme pour les protestations précédentes, les forces de l'ordre ont lancé des grenades lacrymogènes afin de disperser la foule.
Le ministre Rajhi a par ailleurs présenté ses excuses aux journalistes ayant été malmenés et dépouillés de leur équipement lors des autres manifestations. Il a promis d'ouvrir une enquête pour identifier les responsables de ces abus.
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