La Révolution est en train de glisser vers l’insurrection. L’Etat doit se remettre debout. Et, passer à l’action.
Trois semaines en temps de crise, c’est une éternité. Le Premier ministre, lors de sa première interview après sa prise de fonctions rappelait qu’un état de grâce dure 100 jours. Mais la Tunisie à l’heure stresse à la manière de Napoléon pressant ses généraux de finir la campagne de Russie: «vous pouvez tout me demander sauf du temps!». Premier ministre d’un gouvernement transitoire n’est pas un emploi. C’est un «job». C’est un poste «intérimaire». Il agit sous la contrainte de l’urgence et la tyrannie du chrono. Le temps presse car le compte à rebours du 24 juillet est déjà enclenché. Nous voulons découvrir la suite.
Une fonction. Deux responsabilités
Premier ministre, c’est une fonction. Et, deux responsabilités. Béji Caïd Essebsi sait qu’il doit s’installer à la barre. Il a la responsabilité de conduire le pays à bon port. A présent, de son poste de timonier, il va superviser les déplacements de ses ministres, dans les régions de l’intérieur. Ces derniers vont monter au filet avec un plan de redressement économique, élaboré avec une expertise 100% tunisienne. La démarche est louable. La stratégie risque de ne pas être payante. Winston Churchill, en circonstance similaire, a promis: «des larmes, du sang et de la sueur».
Les extrémismes de droite et de gauche attaquent le gouvernement sur deux flancs et risquent de le prendre en étau. En communiquant sur le moyen terme, le gouvernement sera pris de court par les extrémismes lesquels sont à pied d’œuvre. Ils sont dans les quartiers populaires et font du dépannage de circonstance, avec de l’assistance sociale. En embrigadant les esprits. Ils sont dans les usines et attisent la surenchère revendicative. Ils pilotent les conquêtes sociales. Le gouvernement s’emploie à sévir l’intérêt national, les courants politiques font du clientélisme.
Le gouvernement peut apaiser les opérateurs économiques. Les partis mobilisent l’opinion. Ils peuvent cisailler l’action du gouvernement. Le Premier ministre doit donc agir en Toréador, c'est-à-dire que l’arène doit retourner dans le champ de l’Etat, pas des courants activistes. On est sur les charbons.
On attend la suite
Le Premier ministre a fait preuve de fermeté. Il ne partagera pas ses prérogatives. Et, de pédagogie. Assis face à un sit-inner il lui a administré la preuve que dans cette posture, c’est la Tunisie qui se retrouvera par terre et l’économie au tapis. Il a pris l’initiative d’appeler un patron à «l’Intérieur» pour remettre de l’ordre dans la maison. Le challenge, en bonne logique, sera de faire revenir la sécurité dans la rue. L’armée ne sera jamais qu’un rempart face à l’ennemi extérieur. La police seule peut s’occuper de ramener la discipline et de mettre fin à la désobéissance civile, véhiculée par le turban et la salopette. Le «sit-in» et la «ferveur» sont les deux instruments de la contre-révolution pour paralyser l’Etat. Béji Caïd Essebsi a appelé à restaure le lustre de l’Etat. Nous espérons qu’il voulait- dire son autorité. Il est nécessaire de barrer la route à l’avancée rampante des extrémismes. A Menzel Bourguiba, les émeutiers tiennent le haut du pavé. Au sud, le contre-modèle a déjà installé le nouvel ordre social.
Nous espérons qu’en reconstituant ses munitions, l’Etat ne vas pas simplement se contenter de riposter mais d’organiser la contre-offensive. Il doit reconquérir l’espace public, qui lui revient de droit. Sinon, il sera doublé par les contre-pouvoirs. Et adieu la Tunisie.
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