La ville libyenne de Misrata, aux mains des insurgés qui tentent de contenir l'attaque des soldats fidèles à Mouammar Kadhafi, est le théâtre d'un "massacre", affirment lundi des rebelles hospitalisés en Tunisie voisine.
"Il faut aller à Misrata pour se rendre compte du massacre orchestré par Kadhafi", assure Omar Boubaker, ingénieur de 40 ans, touché par balle à la jambe.
Un bateau de l'ONG humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) est amarré dans le port de Sfax, en Tunisie, avec à son bord 71 blessés, dont certains très grièvement, provenant de Misrata et présentant des blessures par balles, des membres fracturés ou des visages défigurés par des brûlures.
"Il y a des cadavres dans les rues (...). Il n'y a plus de place à l'hôpital et les médecins soignent les blessés dans les rues", ajoute Boubaker.
Le port de Sfax, dans le sud-est de la Tunisie, résonne des sirènes des ambulances qui conduisent les blessés libyens aux hôpitaux de la ville.
Abdoullah Lacheeb, grièvement touché au bassin et à l'abdomen et qui a une balle logée dans la jambe, s'indigne de la violence de la répression menée par les troupes fidèles au colonel Mouammar Kadhafi.
"Regardez ce que Kadhafi et ses fils ont fait, juste parce que l'on manifestait pacifiquement. Je pourrais vivre ou mourir mais je pense à ma famille et à mes amis qui sont bloqués dans l'enfer de Misrata. Imaginez, ils lancent des chars contre les civils. Il (Kadhafi) est prêt à tuer tout le monde là-bas", dit-il.
Les autorités de Tripoli nient attaquer des populations civiles et estiment affronter des bandes armées liées à Al Qaïda.
Les événements de Misrata, seule ville d'importance de l'ouest du pays aux mains des rebelles, ne peuvent pas être vérifiés de source indépendante, les autorités libyennes interdisant aux journalistes d'effectuer des comptes rendus impartiaux.
La plupart des blessés arrivés à Sfax jurent que les insurgés ne déposeront pas les armes.
Wael Ali, 25 ans, est de ceux-là.
Couvert de multiples fractures, il parvient néanmoins à soulever son bras et à faire le signe V de la victoire.
"Nous gagnerons ou nous mourrons. C'est notre message à Kadhafi (...). Nous n'avons pas peur de périr au nom de la liberté", lance-t-il.
Un autre blessé demande lui l'aide urgente des pays étrangers.
"Nous ne pouvons plus rien faire contre ce massacre. Nous demandons aux Américains et aux Européens de débarquer sur place et de nous aider à mettre fin à ces crimes", glisse-t-il.
Les frappes de la coalition aériennes ont visé les forces loyalistes dans la ville mais elles n'ont pas permis de mettre un terme aux attaques des unités de Kadhafi. Selon des habitants, des tireurs embusqués sont postés sur des toits et font feu au mortier et à l'artillerie sur leurs maisons.
A Sfax, la population tunisienne réserve un accueil secourable aux évacués de Misrata. Hani, un habitant de la ville attablé à un café, va se rendre dans un dispensaire pour donner son sang au profit des insurgés libyens.
"C'est bien le minimum que l'on puisse faire pour aider nos frères à connaître un jour la liberté dont nous jouissons aujourd'hui en Tunisie", explique-t-il.
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