A l’appel de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) des dizaines de femmes ont manifesté à Tunis pour réclamer « l’égalité totale et la levée de certaines discriminations en particulier en matière d’héritage ». Car, explique une participante, « tant que les femmes ne jouissent pas de l’égalité successorale, on ne pourra jamais parler d’égalité et de démocratie, cette discrimination est à l’origine de toutes les inégalités dans notre société ». En Tunisie en effet, le droit à l’héritage relève de la loi islamique : les femmes héritent de la moitié de ce qui revient aux hommes, les biens peuvent être en outre répartis entre d’autres membres masculins d’une famille. Un communiqué distribué lors de la manifestation de Tunis, signé du Front des femmes pour l’égalité, a appelé le gouvernement provisoire à « s’inscrire clairement contre toutes le formes de discriminations fondées sur le genre ».
Le statut de la femme tunisienne est pourtant le plus avancé de tous les pays arabes grâce au président Habib Bourguiba qui en 1956 avait interdit la polygamie, légalisé le divorce et accordé le droit de vote aux femmes. Il avait en outre en 1961 légalisé l’avortement, bien avant de nombreux pays européens, dont la France. Il n’avait par contre jamais voulu abroger la loi sur l’héritage.
La Tunisie a été signataire en 1985 de la Convention internationale sur l’élimination de toute forme de discriminations à l’égard des femmes (CEDAW), qui dépend de la Fédération des ligues des Droit de l’homme (FLDH). A ce titre, elle devrait légiférer au plus vite sur l’héritage, demandent les associations féminines. Balkis Mechri-Aallagui, vice président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, cité par le quotidien de Tunis, La Presse, a estimé que l’accent devait être mis sur « la nécessité d’insérer les droits des femmes dans le texte de la Constitution en se référant aux conventions internationales ».
Pou rappel, le 14 avril 2011, les membres de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique ont adopté à une écrasante majorité le principe de la parité homme-femme pour les élections à l’assemblée constituante qui auront lieu le 23 octobre prochain. C’est dont l’Assemblée issue de ce scrutin qui devra mettre tout en œuvre pour que l’égalité entre les hommes et les femmes devienne une réalité et plus particulièrement en matière d’héritage.
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