La nouvelle démocratie tunisienne s'affirme comme un modèle de parité : le principe de l'égalité entre hommes et femmes est acquis pour l'élection de l'Assemblée constituante. Un grand pas en avant, et « un modèle d’innovation pour la région et même au-delà », même si la vigilance reste de mise.
Les Tunisiennes vont-elles gagner à la révolution ? nous posions la question il y a trois mois, à la chute du régime de Ben Ali. Aujourd'hui, la réponse apparaît positive.
La Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique (1) a décidé d'imposer la parité homme-femme pour l'élection de l'Assemblée constituante, le 24 juillet. Sur leurs listes, les partis devront faire figurer en alternance des candidats hommes et femmes. Celles qui ne respecteront pas la parité seront invalidées. Alors que la disposition originale prévoyait une proportion minimale de 25%, les débats ont abouti à ce principe de listes "chabadabada", finalement adopté à une large majorité.
Réactions enthousiastes
Dans le journal La Presse, Abdelhamid Largueche, historien et membre de la Haute instance, dit son émotion devant cette avancée : « J’ai eu l’intime conviction que nous nous sommes projetés dans le futur en enjambant d’un seul pas une ligne jugée par beaucoup infranchissable. »
« Les femmes ont participé à la révolution, sur le même pied d’égalité, elles participeront désormais à forger l’avenir politique de la Tunisie », se réjouit Sophie Bessis, Secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).
Un choix salué dans des termes semblables par la représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton : « La Tunisie a aujourd’hui l’occasion de renforcer davantage l’égalité entre les hommes et les femmes et de mettre fin à toutes les formes de discrimination, en droit et dans les faits, à l’encontre des femmes. »
Modèle à suivre
C'est aussi une responsabilité que prend la Tunisie, au regard de sa place de modèle pour l'égalité dans le monde arabe, souligne Catherine Ashton : « En accordant à ces principes une place centrale dans les réformes politiques en cours, la Tunisie peut véritablement devenir un modèle d’innovation pour la région et même au-delà. »
Cette étape importante ne marque pas la fin d'un processus dans le pays, au contraire. « Nous devons maintenant travailler à la participation de toutes les femmes aux élections du 24 juillet. Tout doit être fait pour que la nouvelle constitution tunisienne consacre l’égalité et la non-discrimination entre hommes et femmes », insiste Khadija Chérif, Secrétaire générale de la FIDH. D'autant que, selon certaines critiques, la composition de l'Assemblée constituante ne respectera pas forcément la parité annoncée : la multiplication des petites listes pourrait conduire à ce que beaucoup ne comptent qu'un élu... la tête de liste, qui pourrait bien souvent être un homme.
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