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dimanche 9 octobre 2011

Tunisie: des islamistes radicaux s'en prennent à la chaîne privée Nessma et à une faculté de Sousse

Des islamistes radicaux ont voulu s'attaquer dimanche au siège de la chaîne privée tunisienne Nessma qui avait diffusé ces derniers jours le dessin animé "Persepolis", un film qu'ils ont jugé hostile à leurs convictions religieuses, selon le directeur de la station, Nabil Karoui. La veille, ils s'en étaient pris à la faculté des lettres de Sousse (150km au sud-est de Tunis) à la suite du refus de sa direction d'inscrire une étudiante portant le niqab et refusant de l'enlever pour s'identifier.
Ces incidents surviennent alors que le pays s'apprête à élire le 23 octobre une Assemblée constituante, neuf mois après la chute du régime autoritaire de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali.
"Persepolis", réalisé par Marjane Satrapi avec Vincent Paronnaud, est adapté de la bande dessinée de la jeune femme, Iranienne installée en France, dans laquelle elle raconte son enfance en Iran après la révolution islamique. Il a obtenu le prix du jury au festival de Cannes en 2007.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur Hichem Meddeb, les forces de l'ordre ont barré la route aux assaillants qui se dirigeaient vers les locaux de la chaîne située près du centre de Tunis. Il a fait état de près de 30 arrestations en soulignant "la détermination des autorités à s'opposer aux fauteurs de troubles".
Le patron de la station, Nabil Karoui, a dénoncé "une atteinte à la liberté d'expression", disant avoir reçu des menaces de mort adressées à lui-même et aux membres de sa famille. "Ces extrémistes veulent imposer une nouvelle dictature, mais nous continuerons notre tâche conformément à notre ligne éditoriale indépendante", a-t-il lancé sur la radio Mosaïque FM.
La veille, des troubles avaient éclaté à la faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse, attribués à "des fanatiques religieux", suite au refus de l'administration d'inscrire une étudiante portant le niqab et qui ne voulait pas dévoiler son visage pour identification. Selon l'agence officielle TAP, quelque 200 personnes ont envahi la faculté en brandissant des pancartes qui appellent au droit de porter le niqab, voile intégral islamiste.
Le doyen de la faculté, Moncef Abdeljelil, cité par la TAP, a fait état d'une "violente agression" perpétrée contre le secrétaire général de l'établissement universitaire qui a semé "un climat de frayeur et de panique dans les rangs des étudiants et des enseignants". Au cours d'une réunion d'urgence, le doyen et plusieurs enseignants ont appelé à la promulgation d'une circulaire interdisant le port du niqab dans les différents établissements universitaires. Au début de l'année universitaire, une note prohibant le port du niqab avait été publiée par le conseil scientifique de cette faculté.
A Tunis, plus de 200 femmes répondant à un appel lancé sur les pages des réseaux sociaux du Web ont manifesté samedi pour dénoncer "les forces rétrogrades et les fanatiques". Scandant des slogans hostiles au port du niqab qui "porte préjudice à l'identité de la femme tunisienne", elles ont appelé à mettre fin aux campagnes d'intimidation et à lutter contre le fanatisme religieux.
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que le Pôle démocratique moderniste (PDM), qui rassemble plusieurs partis et personnalités indépendantes, ont "fermement condamné" ces violences qui "portent atteinte à l'intégrité de la faculté".

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