Mardi, le premier ministre tunisien a conditionné la réussite des élections au « rétablissement de la sécurité ». Il promet des mesures sécuritaires « fermes ».
Les violences qui secouent les régions déshéritées du centre et du sud-ouest de la Tunisie offrent au premier ministre de transition, Béji Caïd Essebsi, un prétexte tout trouvé pour justifier, à un mois et demi des élections, un nouveau tour de vis sécuritaire et répressif. Mardi, avec son habituelle brutalité verbale, Essebsi a promis une application stricte de l’état d’urgence sous lequel le pays est placé, de décret en décret, depuis le 14 janvier. Une décision commandée, selon lui, par les récents affrontements entre clans rivaux à Metlaoui, une ville du bassin minier, à Sbeïtla, dans le centre ouest, et à Douz, dans le Sud-Ouest. Ces violences ont fait au moins deux morts et plusieurs dizaines de blessés. Les villes concernées vivent désormais au rythme du couvre-feu nocturne. À Sidi Bouzid, berceau de la révolution, règne aussi une atmosphère délétère. Au point que les habitants ont expulsé, mardi, le chef de district de la garde nationale, jugé « incapable de rétablir la sécurité ».
Mais, avec les mesures sécuritaires annoncées, le premier ministre tunisien espère surtout bâillonner les protestations sociales, qui n’ont pas connu de trêve depuis le 14 janvier. L’état d’urgence interdit « toutes les manifestations, toutes les grèves et toutes les réunions qui peuvent toucher à la sécurité du pays », a martelé Caïd Essebsi, en menaçant d’assignation à résidence « toute personne connue pour des activités intérieures touchant à la sécurité intérieure ». Le gouvernement « ne tolérera pas les pratiques qui paralysent le quotidien des Tunisiens », a-t-il conclu, presque dans les mêmes termes que le 8 mai, lorsqu’une opportune vague de violences, suivie d’un ressac répressif, avait préparé le terrain au report des élections, initialement prévues le 24 juillet. Toujours au nom du rétablissement de la sécurité, le chef du gouvernement de transition a décrété l’interdiction de toute activité syndicale des forces de l’ordre. Plusieurs centaines de policiers manifestaient au même moment sous ses fenêtres, place de la Casbah, à Tunis, pour réclamer la démission du ministre de l’Intérieur et du chef d’état-major de l’armée tunisienne, qu’ils accusent d’être à l’origine des troubles et de la recrudescence de violence. Pour Caïd Essebsi, cette initiative relève d’un intolérable « appel à l’insurrection ».
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