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vendredi 9 septembre 2011

Tunisie. Afflux de candidats à la Constituante

Dans un contexte social et sécuritaire préoccupant, 105 partis politiques ont déposé près de 500 listes de candidats pour l’élection de l’Assemblée constituante du 23 octobre.
L’inquiétude grandit en Tunisie à moins d’un mois et demi de l’élection de l’Assemblée constituante, fixée au 23 octobre. Le dépôt des listes de candidatures s’étant achevé hier – plus de 500 listes présentées par plus d’une centaine de partis agréés –, l’instance supérieure pour les élections (Isie) aura quatre jours pour valider les candidatures avant de les rendre publiques, le 12 septembre. En revanche, l’enregistrement sur les listes électorales accuse un certain retard. Selon son président, Kamel Jendoubi, seulement 3,8 millions de personnes se sont enregistrées sur les 7 millions d’électeurs que compte la Tunisie.
Le nombre impressionnant de partis légalisés – 105 sur 145 ayant demandé leur agrément – a de quoi donner le tournis à cette majorité de Tunisiens qui n’ont connu, durant près de cinquante ans, qu’un seul parti, le Néo-Destour qui s’est transformé en Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) au pouvoir. Les quelques partis plus ou moins tolérés – huit en tout – par l’ex-président Ben Ali quand ils n’étaient pas réprimés, à qui il était contraint de concéder quelques sièges au Parlement, n’existaient que pour justifier aux yeux des partenaires occidentaux de la Tunisie un pluralisme politique qui n’en était que la caricature.
brouiller les pistes
Aujourd’hui, de nombreux Tunisiens se demandent si cette multiplicité de partis politiques, dont la plupart n’ont d’existence que sur le papier, ne répond pas à un souci de brouiller les pistes, voire de discréditer à terme un processus démocratique encore en construction. Et cela même s’ils sont également nombreux ceux qui estiment qu’une bonne partie de ces formations disparaîtront au lendemain des premières élections législatives réellement pluralistes de l’histoire de la Tunisie.
Plus préoccupante pour les partis démocrates et progressistes, à savoir ceux qui ont été en pointe contre la dictature de Ben Ali, est la situation socio-économique. Le secteur du tourisme, qui fait vivre près de 3 millions de personnes, a connu une saison catastrophique. À peine 2,7 millions de touristes, dont une partie de binationaux, au lieu des 4,5 millions enregistrés en 2010, soit une baisse de plus de 46 %. La chute des recettes a été du même ordre. Dans les autres secteurs, en plus des entreprises étrangères qui ont fermé, estimant « exorbitantes » les revalorisations de salaires de 150 euros à 200 euros par mois, l’activité industrielle et commerciale est marquée par un certain ralentissement, alors que le taux de chômage est d’environ 20 % et touche une majorité de diplômés universitaires (plus de 100 000 jeunes). Et cela sans compter une hausse des prix des denrées de base. Le tout sur fond d’une dette extérieure estimée à 20 milliards d’euros à fin 2011, soit la moitié du PIB (44 milliards d’euros) et d’une balance commerciale négative. Et pour ne rien arranger, la Tunisie est sous la menace d’une baisse de sa note par les agences de notation.
Qui plus est, la Tunisie, qui a fait état d’un besoin de 25 milliards de dollars, lors du sommet du G8, est toujours en attente de l’aide promise. Dans cette situation, le parti islamiste Ennahda, grâce à l’argent en provenance des pays du Golfe, en profite pour avancer ses pions en multipliant toutes sortes d’aides – aide sociale, aide et fournitures scolaires, soins gratuits, prêts gratuits – en direction des pauvres, et cela tout en promettant de sortir la Tunisie du marasme social dans laquelle elle se trouve.

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