La question des snipers, depuis l’aube de la révolution, été posée, sans que des réponses claires et franches n’aient été données par quiconque. Ni l’armée nationale, ni le ministère de l’Intérieur, ni le gouvernement provisoire (1 et 2) et ni la commission d’investigations sur les abus n’ont pu fournir des explications précises et objectives à cette question.
Il est vrai que des vidéos publiées sur le réseau social de Facebook montrant des individus cagoulés tous vêtus en noir planqués sur les toits des immeubles durant les journées ayant suivi celle du 14 janvier et qui ont été vues par la plupart des Tunisiens. Mais est-ce suffisant pour conclure à leur existence ?
En effet, devant cette ambiguïté, la frustration de l’opinion publique reste vive
Donnant la parole, pour la première fois, à un sniper professionnel, l’interview réalisée par Samira Khiari Kchaou au journal « Echourouk » et parue dans la livraison du 25 août, est présentée comme une réponse à Béji Caïd Essebsi.
Or, comme on le constatera, les propos du « sniper » viennent corroborer les déclarations du Premier ministre, au sujet des snipers dans le sens où ce dernier n’a jamais dénié leur existence dans l’absolu mais il a parlé, tout autant que l’Armée nationale et la commission nationale d’investigations sur les abus, dans le sens qu’il n’y a rien qui prouve leur participation en tant que tels contre les manifestants lors des jours de la révolution.
Cette interview vient, toutefois, à temps et à point nommé pour faire des éclairages sur les véritables missions et la formation de ces unités très spéciales et sur le genre d’opérations auxquelles ils sont appelés à participer...
Le sniper interviewé estime que l’amalgame entre les snipers professionnels qui ont pour mission de protéger la patrie et les tueurs à gages criminels doit être levé.
«En Tunisie, le sniper est un agent armé choisi parmi des centaines de personnes de différentes spécialités, qui effectue des entraînements, pendant des années, assurés par des experts. Ces entraînements sont pénibles, car chaque membre est sensé faire le travail de dix personnes, sans oublier les entraînements spéciaux terrestres, marins et par mauvais temps.
Cette préparation physique est une première étape de la préparation psychologique qui précède l’intégration de l’agent au sein de l’unité. Chaque unité se compose de six personnes seulement. La valeur qualitative de cette unité est bien plus importante que la valeur quantitative… Il y a le sniper diurne, le sniper nocturne, le sniper, à la fois, diurne et nocturne et enfin le sniper expert en désamorçage d’explosifs. De nouvelles spécialités ont été ajoutées récemment, celles des opérations de descentes, de plongées et de course-poursuites et celles du secourisme, parachutisme et des dessinateurs techniques.»
Le sniper, d’après lui, est un professionnel qualifié exerçant dans la légalité dans le but de protéger le pays des actes terroristes ou bien pour libérer les otages et sécuriser les navires et avions. De ce fait, son intervention ne peut être spontanée et aucun sniper ne peut agir sans être assisté, sans avoir une mission claire et patriotique et sans avoir un but précis… Le sniper n’est autorisé d’utiliser qu’une seule et unique balle et ne dispose pas d’un stock de cartouches. Car la moindre erreur coûterait la vie à des innocents.
Par ailleurs, le sniper est chargé de missions ponctuelles déterminées dans le cadre de la sécurité nationale. Son camouflage par une tenue qui cache son identité est une condition inéluctable de la spécialité, sinon, il pourrait lui-même devenir une cible. Le sniper est interdit de porter de montre ou bague et doit se conformer à l’abstinence de consommation de tabac et d’alcool.
«Ceux que les gens ont vus sur les toits ne peuvent pas être des professionnels en mission, car un vrai sniper est presque un fantôme, impossible à repérer par un hélicoptère ou à filmer par les téléphones portables. La mission d’un vrai sniper consiste à une seule cible et doit être étudiée par un dessinateur technique et assisté par un observateur, dont le rôle est indispensable dans l’opération. Par exemple, si le toit est peint en blanc, le sniper doit forcément être vêtu en blanc afin de passer inaperçu et de ne pas être visible… ».
Evoquant les blessures fatales qui ont coûté la vie à plusieurs martyrs, l’interlocuteur répond qu’un sniper ne vise ni la poitrine, ni le cœur, mais uniquement la tête, et n’utilise qu’une seule balle pour éliminer, par exemple, un terroriste détenant un otage. Donc l’emplacement des balles nous informe, lors de l’autopsie, s’il s’agit de l’œuvre d’un sniper ou pas. A ce propos, la balle tirée par un sniper reste dans la tête de la victime, donc s’il y avait eu autopsie des martyrs, retrait des balles et examens d’ADN, les résultats seraient très clairs et les martyrs auraient donné les preuves matérielles de l’identité de leurs tueurs, sauf que, malheureusement, ces examens n’ont pas été accomplis …
Concernant les têtes éclatées de certains martyrs, il a répondu qu’il y a seulement deux éventualités : que la balle ait été tirée d’une distance trop faible, ou bien que la balle tirée soit une balle blanche de couleur argentée qui, une fois introduite dans la tête de la victime, elle l’éclate. Ces balles sont d’ailleurs interdites par les conventions internationales.
Venant à la question cruciale à savoir, s’il avait participé lui-même aux évènements, il a de suite répondu : « Impossible, si on m’avait demandé d’accomplir une aussi sale besogne, je n’aurais pas accepté, car je suis un sniper professionnel. Mon rôle, ma culture et ma formation font de moi un bouclier de la patrie, qui élimine les terroristes afin de sauver la vie d’otages et non pas de tuer les manifestants !».
Expliquant ce qui s’est réellement passé, il a affirmé qu’il s’agissait d’une tuerie anarchique illégale, semblable à celle qui a eu lieu en Libye, perpétrée par des sbires et non des professionnels, sinon on aurait constaté des manquants parmi l’équipe. Selon les vidéos parues sur Facebook, on avait vu l’arrestation et l’exécution de quatre tueurs, s’ils étaient des snipers, on aurait bien aimé que leur identité soit divulguée et que leurs dépouilles soient montrées au peuple… D’autres ont été arrêtés et on ne sait absolument rien sur leur sort et nul ne sais s’il y a eu enquête.
Pour conclure, le sniper interviewé a déclaré qu’en tant que professionnel, son métier a été gelé par le régime de Ben Ali, car ce dernier redoutait cette unité qu’il a exploitée lors de l’opération du 7 novembre 1987 avant de la marginaliser.
Il est vrai que des vidéos publiées sur le réseau social de Facebook montrant des individus cagoulés tous vêtus en noir planqués sur les toits des immeubles durant les journées ayant suivi celle du 14 janvier et qui ont été vues par la plupart des Tunisiens. Mais est-ce suffisant pour conclure à leur existence ?
En effet, devant cette ambiguïté, la frustration de l’opinion publique reste vive
Donnant la parole, pour la première fois, à un sniper professionnel, l’interview réalisée par Samira Khiari Kchaou au journal « Echourouk » et parue dans la livraison du 25 août, est présentée comme une réponse à Béji Caïd Essebsi.
Or, comme on le constatera, les propos du « sniper » viennent corroborer les déclarations du Premier ministre, au sujet des snipers dans le sens où ce dernier n’a jamais dénié leur existence dans l’absolu mais il a parlé, tout autant que l’Armée nationale et la commission nationale d’investigations sur les abus, dans le sens qu’il n’y a rien qui prouve leur participation en tant que tels contre les manifestants lors des jours de la révolution.
Cette interview vient, toutefois, à temps et à point nommé pour faire des éclairages sur les véritables missions et la formation de ces unités très spéciales et sur le genre d’opérations auxquelles ils sont appelés à participer...
Le sniper interviewé estime que l’amalgame entre les snipers professionnels qui ont pour mission de protéger la patrie et les tueurs à gages criminels doit être levé.
«En Tunisie, le sniper est un agent armé choisi parmi des centaines de personnes de différentes spécialités, qui effectue des entraînements, pendant des années, assurés par des experts. Ces entraînements sont pénibles, car chaque membre est sensé faire le travail de dix personnes, sans oublier les entraînements spéciaux terrestres, marins et par mauvais temps.
Cette préparation physique est une première étape de la préparation psychologique qui précède l’intégration de l’agent au sein de l’unité. Chaque unité se compose de six personnes seulement. La valeur qualitative de cette unité est bien plus importante que la valeur quantitative… Il y a le sniper diurne, le sniper nocturne, le sniper, à la fois, diurne et nocturne et enfin le sniper expert en désamorçage d’explosifs. De nouvelles spécialités ont été ajoutées récemment, celles des opérations de descentes, de plongées et de course-poursuites et celles du secourisme, parachutisme et des dessinateurs techniques.»
Le sniper, d’après lui, est un professionnel qualifié exerçant dans la légalité dans le but de protéger le pays des actes terroristes ou bien pour libérer les otages et sécuriser les navires et avions. De ce fait, son intervention ne peut être spontanée et aucun sniper ne peut agir sans être assisté, sans avoir une mission claire et patriotique et sans avoir un but précis… Le sniper n’est autorisé d’utiliser qu’une seule et unique balle et ne dispose pas d’un stock de cartouches. Car la moindre erreur coûterait la vie à des innocents.
Par ailleurs, le sniper est chargé de missions ponctuelles déterminées dans le cadre de la sécurité nationale. Son camouflage par une tenue qui cache son identité est une condition inéluctable de la spécialité, sinon, il pourrait lui-même devenir une cible. Le sniper est interdit de porter de montre ou bague et doit se conformer à l’abstinence de consommation de tabac et d’alcool.
«Ceux que les gens ont vus sur les toits ne peuvent pas être des professionnels en mission, car un vrai sniper est presque un fantôme, impossible à repérer par un hélicoptère ou à filmer par les téléphones portables. La mission d’un vrai sniper consiste à une seule cible et doit être étudiée par un dessinateur technique et assisté par un observateur, dont le rôle est indispensable dans l’opération. Par exemple, si le toit est peint en blanc, le sniper doit forcément être vêtu en blanc afin de passer inaperçu et de ne pas être visible… ».
Evoquant les blessures fatales qui ont coûté la vie à plusieurs martyrs, l’interlocuteur répond qu’un sniper ne vise ni la poitrine, ni le cœur, mais uniquement la tête, et n’utilise qu’une seule balle pour éliminer, par exemple, un terroriste détenant un otage. Donc l’emplacement des balles nous informe, lors de l’autopsie, s’il s’agit de l’œuvre d’un sniper ou pas. A ce propos, la balle tirée par un sniper reste dans la tête de la victime, donc s’il y avait eu autopsie des martyrs, retrait des balles et examens d’ADN, les résultats seraient très clairs et les martyrs auraient donné les preuves matérielles de l’identité de leurs tueurs, sauf que, malheureusement, ces examens n’ont pas été accomplis …
Concernant les têtes éclatées de certains martyrs, il a répondu qu’il y a seulement deux éventualités : que la balle ait été tirée d’une distance trop faible, ou bien que la balle tirée soit une balle blanche de couleur argentée qui, une fois introduite dans la tête de la victime, elle l’éclate. Ces balles sont d’ailleurs interdites par les conventions internationales.
Venant à la question cruciale à savoir, s’il avait participé lui-même aux évènements, il a de suite répondu : « Impossible, si on m’avait demandé d’accomplir une aussi sale besogne, je n’aurais pas accepté, car je suis un sniper professionnel. Mon rôle, ma culture et ma formation font de moi un bouclier de la patrie, qui élimine les terroristes afin de sauver la vie d’otages et non pas de tuer les manifestants !».
Expliquant ce qui s’est réellement passé, il a affirmé qu’il s’agissait d’une tuerie anarchique illégale, semblable à celle qui a eu lieu en Libye, perpétrée par des sbires et non des professionnels, sinon on aurait constaté des manquants parmi l’équipe. Selon les vidéos parues sur Facebook, on avait vu l’arrestation et l’exécution de quatre tueurs, s’ils étaient des snipers, on aurait bien aimé que leur identité soit divulguée et que leurs dépouilles soient montrées au peuple… D’autres ont été arrêtés et on ne sait absolument rien sur leur sort et nul ne sais s’il y a eu enquête.
Pour conclure, le sniper interviewé a déclaré qu’en tant que professionnel, son métier a été gelé par le régime de Ben Ali, car ce dernier redoutait cette unité qu’il a exploitée lors de l’opération du 7 novembre 1987 avant de la marginaliser.
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